Les Anacréontiques/La Science du Vieillard

LIII

LA SCIENCE DU VIEILLARD


 
Lorsque je vois danser un chœur de jeunes gens,
Je rajeunis ; j’oublie alors le poids des ans,
Et, bien que vieux, je vole à la danse et je mêle
Aux pieds légers mes pas tremblants.
Fais pour moi refleurir tes roses, ô Cybèle !
J’en veux ceindre mes cheveux blancs.
Loin de moi la froide vieillesse !
Ma jeunesse renaît auprès de la jeunesse !
Des beaux fruits de Bacchus versez-moi la liqueur ;
Je veux qu’on voie en sa vigueur
Comment danse un vieillard cher au Dieu de la lyre,
Habile dans l’art du bien dire,
Habile à boire, habile à rire,
Et qui de la jeunesse a gardé dans son cœur
La verve radieuse et le riant délire !