Les Amours de Tristan/Les Médecins téméraires


LES MEDECINS TEMERAIRES.

SONNET.



VOYANT deſſouz vn Ciel ma Clorinde en langueur,
Mille Amours deſolez pleurent de ſon martire,
S’entrediſans tout bas, que la meſme rigueur
Qui change ſes beautez, deſtruira leur Empire.

Aprochez, Medecins, & veillez vn peu dire
Si cette eſmotion doit tirer en langueur :
Si vous estes ſçauants vous le pourrez bien dire
Selon le batement & du poulx & du Cœur.

Mais quoy ? vous abuſez de voſtre priuilege ;
C’est trop vous arreſter deſſus ces monts de neige,
De qui le feu ſecret bruſle tous les humains.

Il vous eſt bien permis d’approcher de ſa couche,
Mais non pas de tenir plus d’vn inſtant vos mains
En des lieux où des Rois voudroient mettre la bouche.