Les Amours de Tristan/Le prélude

Les Amours de TristanP. Billaine, A. Courbé (p. 1).

LE PRÉLVDE,
SONNET.


 

IE n’eſcry point icy l’embrazement de Troye,
Ses larmes, ſes ſouspirs, & ſes cris éclatans,
Ny l’effroy qui ſaiſit ſes triſtes habitans
Lors que des Grecs vainqueurs ils ſe virent la proye.

I’y dépeins ſeulement les pleurs dont ie me noye,
Le feu qui me conſume, & les deuoirs conſtans
Qu’auecque tant de ſoing i’ay rendus ſi long temps
À celle dont l’orgueil au ſepulcre m’enuoye.

Außi ie n’atten pas que le bruit de mes vers,
Portant ma renommée au bout de l’Vniuers,
Eſtande ma memoire au delà de ma vie :

I’en veux moins acquerir d’honneur que d’amitié,
Les autres ont deſſein de donner de l’enuie,
Et le point où i’aſpire eſt de faire pitié.