PhilomélaJ. Hetzel, libraire-éditeur (p. 173-174).

LE THÉ



Je n’ai jamais aimé cette ivresse bruyante
Qui dérange les plis de notre dignité ;
La grande Muse porte un péplum bien sculpté,
Et le trouble est banni des âmes qu’elle hante.


L’observance du rite et la sobriété
Décorent tes amants, ô Muse triomphante !
Pourtant, dans les langueurs que la veillée enfante,
Ma débile nature aime l’abus du thé.

La porte close, afin que nul importun n’entre,
Je bois la liqueur chaude et me couche à plat ventre
Dans mon alcôve, ainsi qu’une bête en son antre ;

Tandis qu’une amoureuse aux baisers vipérins,
Blanche comme l’étoile éprise des marins,
Se fait un oreiller frémissant de mes reins.