Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 110-113).
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LE
GÂTEAU ET LE PETIT GARÇON.

Histoire arrivée en janvier 1838.


On voit souvent ceux qui ont été heureux devenir malheureux, et ceux qui ont été riches devenir pauvres ; alors Dieu inspire quelquefois de bons sentiments aux riches, afin qu’ils viennent au secours des pauvres, comme vous allez le voir.

Une Dame, qui s’appelait madame GIRARD, eut le malheur de voir mourir son mari ; puis elle perdit sa fortune, et resta avec une petite fille nommée Annette, qui tomba malade six mois après la mort de son Père.

Cette pauvre petite devint presque aveugle. Sa Mère la mena auprès d’un Médecin pour qu’il la guérît ; mais elle fut obligée de vendre tout ce qui lui restait encore pour le payer ; toutes deux n’avaient donc plus que les robes qu’elles portaient sur elles. Pendant deux jours, elles n’eurent à manger qu’un morceau de pain de seigle ; un soir elles sortirent de la maison, ayant bien faim, et ne sachant ce qu’elles allaient devenir !…

Elles s’assirent sur un des bancs de pierre qu’on voit près des Tuileries, belle promenade de Paris. Le femme d’un Avocat, madame JANIN passait près de là avec son fils, nommé Raoul, petit garçon de cinq ans, bon et généreux. Il tenait un gâteau à la main, et il l’offrit à la petite fille, qui lui parut pauvre et malheureuse. La petite Annette, qui avait bien faim, comme je vous l’ai dit, prit bien vite le gâteau, et le dévora. En voyant cela, madame Janin, maman de Raoul, s’arrêta devant la mère et l’enfant ; elle s’intéressa à elles, les questionna, et elle apprit qu’elles étaient bien malheureuses.

Le soir même, elle alla les voir, les consola, leur porta de l’argent et de la nourriture ; et comme elle raconta leur histoire à plusieurs Dames riches de ses amies, la petite Annette et sa Mère reçurent bientôt des secours, et par la bonté de Dieu, qui est le père de la veuve et de l’orphelin, elles eurent tout ce qu’il faut pour vivre. Beaucoup de personnes leur fournirent du travail ; et vous savez, mes chers amis, que ceux qui travaillent ne manquent de rien, si Dieu bénit leur travail et s’ils ont de l’ordre et de l’économie. Le bon petit Raoul allait voir souvent la petite Annette, qui l’appelait son Bienfaiteur, et remerciait Dieu tous les jours de lui avoir fait connaître cet aimable enfant.