Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 90-93).


LE NAUFRAGE.


Il y a quelques années qu’un bateau à vapeur périt… C’était, je crois, le Rothsay-Castle.

Un Matelot, nommé John, était près du gouvernail avec son fils, le petit Henri. Le gouvernail est une grande pièce de bois ou une grande rame qui est attachée sur le derrière d’un vaisseau, et qui sert à le faire aller d’un côté ou d’un autre, suivant que cela est nécessaire.

Le père, donc, était près du gouvernail avec son enfant, qu’il tenait par la main. L’orage commençait, et l’on craignait une tempête : déjà les vents soulevaient les eaux ; elles couvraient une partie du vaisseau, et, en se retirant, elles avaient déjà emporté quelques personnes dans la mer. Il n’était plus possible de rester à la même place ; John tenait toujours son fils par la main, et il courut vers les cordages du vaisseau, sur lesquels il monta pour n’être pas enlevé lui-même par les eaux. Mais, hélas ! son pauvre enfant ne pouvait le suivre, et il s’écriait en pleurant : « Mon Père, mon Père, ne me quitte pas ! » John, qui vit qu’il n’était pas possible de le faire monter avec lui, lâcha la main du pauvre petit Henri. Vous plaignez sans doute ce malheureux enfant ! mais écoutez le reste de l’histoire.

Quand le jour fut venu, le matelot John se trouva sur terre avec quelques personnes qui avaient été sauvées, et alors il se rappela qu’il avait abandonné son fils, et il se lamenta et pleura bien fort… Mais sachez, mes chers enfants, que Dieu veillait sur le petit Henri.

Il fut enlevé du vaisseau par les vagues, et les eaux le portèrent sur une planche à laquelle il s’accrocha, et sur laquelle il arriva jusqu’à terre. Il fut donc sauvé par un miracle de Dieu. Il ne savait pas que son Père avait été sauvé comme lui, et il disait en se désolant : « Que vais-je devenir, puisque je n’ai plus de père ? » On le porta, presque évanoui, dans la maison où était John, et on les mit tous deux dans le même lit, sans savoir que c’étaient le père et le fils. Quand ils se reconnurent, ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Vous jugez, mes chers amis, de leur bonheur !

En lisant l’histoire de ce pauvre petit Marin, vous vous rappellerez encore les paroles de l’Écriture, qui dit :

Quand mon Père et ma Mère m’auraient abandonné, l’Éternel me recueillera.