Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Mithridate


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Sommaire

MITHRIDATE, trésorier de Cyrus, roi de Perse. Ce prince lui donna les vases du temple de Jérusalem, que Nabuchodonosor en avoit enlevés, afin qu’il les remît à Sassabasar prince de Judas. * Esdrasy, 1, 8. Il y en eut un autre de même nom, qui avec Beselam Thabéel, & quelques autres, écrivirent au roi Artaxerxès contre les Juifs, pour les empêcher de rebâtir le temple de Jérusalem. * Esdras, IV.

MITHRIDATE I, originaire de Perse, étoit de la famille royale. Il se retira en Cappadoce, pour éviter la fureur d’Antigone roi d’Asie ; & s’étant renfermé dans un fort château, il jetta les premiers fondemens du royaume de Pont. Il eut des successeurs, dont on ne fait pas les noms, jusqu’à

M1THR1DATE II, nommé Evergete, cinquiéme roi de Pont après Mithridate I. Celui-ci fut allié des Romains, & leur fournit des vaisseaux dans la guerre qu’ils avoient contre les Carthaginois, les Romains lui donnerent la Phrygie : il fut assassiné par ses officiers à Sinople. Son fils aîné Mithridate, surnommé Eupator ou Denys, dont il est parlé dans l’article suivant, lui succéda.

MITHRIDATE III, roi de Pont, commença à regner l’an 123 avant J.C. 631 de la fondation de Rome, âgé de 11 ans selon les uns, ou de 13 selon les autres. Il regna 60 ans, & en vécut environ 72. Il est célebre par les guerres qu’il soutint contre les Romains. C’étoit selon le portrait que nous en a laissé Velleïus Paterculus, un prince ardent à la guerre, d’une valeur extraordinaire, toujours grand par son courage, & quelquefois par sa fortune ; capitaine également habile à former des desseins, & à les exécuter ; soldat dans les combats ; & enfin un autre Annibal pour sa haine contre les Romains. Ayant fait mourir deux enfans que le roi de Cappadoce fils d’Ariarathe, avoit eus de sa sœur Laodice, il s’empara de la Cappadoce, & en fit déclarer roi son fils âgé de huit ans, auquel il donna le nom d’Ariarathe, sous le gouvernement de Gordius. Alors Nicomede, roi de Bithynie, craignant que Mithridate étant maître de la Cappadoce, n’envahît ses états, suborna un jeune homme afin qu’il se dît troisiéme fils d’Ariarathe, & envoya à Rome Laodice sœur de Mithridate, qu’il avoit épousée après la mort de son mari Ariarathe, pour assurer le sénat qu’elle avoit eu trois enfans, & que celui qui se présentoit étoit le troisiéme. Mithridate ayant su se servir du même stratagême en envoyant à Rome Gordius, pour assurer le sénat que celui à qui il avoit fait tomber la Cappadoce étoit fils d’Ariarathe, le sénat pour les accorder, ôta la Cappadoce à Mithridate, & la Paphlagonie à Nicomede, & déclara libres les peuples de ces deux provinces. Les Cappadociens extrêmement attachés à leur roi, ne voulurent point jouir de cette liberté, & envoyerent à Rome des ambassadeurs, pour déclarer que leur nation ne pouvoit vivre sans roi. Les Romains leur laisserent la liberté de choisir pour roi qui ils voudroient, à l’exception de Gordius envoyé par Mithridate. Ils choisirent Ariobarzane, qui dans la suite s’opposa aux grands desseins que Mithridate avoit sur toute l’Asie. Ce prince beaucoup inférieur aux troupes romaines, ne put ouvertement se déclarer contre Ariobarzane ; il conçut néanmoins dès ce temps-là une secrette haine contre les Romains, & prit la résolution de leur faire la guerre. Il engagea Tigrane, roi d’Arménie, à faire la guerre à Ariobarzane. Ce dernier fut vaincu & obligé de se retirer à Rome avec ses effets, & Ariarathe rétabli sur le trône : de sorte que Mithridate devint encore maître de la Cappadoce l’an 664 de la fondation de Rome, 90 ans avant J.C. Ariobarzane eut recours au sénat, de qui il obtint un puissant secours pour se rétablir dans ses états. Mithridate fit de nouveau alliance avec Tigrane, eut recours aux Cimmériens, aux Gallo-Grecs, aux Sarmates & aux autres barbares qui habitoient le long du Tanaïs, du Danube, & de la Palumeotide, fit venir des troupes d’Egypte & de Syrie, & équipa une flotte de 300 vaisseaux. Quoiqu’il eût assez de force pour résister aux Romains, il ne voulut point attaquer Nicomede roi de Bithynie, qui faisoit de grands dégâts sur ses états, mais il se contenta d’en faire ses plaintes au sénat. N’ayant pas reçu la satisfaction qu’il attendoit, Mithridate se crut en droit d’attaquer ses voisins alliés du peuple Romain, & envoya aussitôt son fils Ariarathe avec une armée pour se mettre en possession du royaume de Cappadoce. Il en chassa Ariobarzane, & défit Altinius, qui voulut s’opposer à son passage. Mithridate, enflé de ce succès, s’opposa à Nicomede, de la conduite duquel il se plaignit aux Romains, à qui il demanda satisfaction des outrages qu’il en avoit soufferts. Ce prince, irrité des menaces des Romains, prit le parti de se venger par les armes ; & ayant pour cet effet amassé une armée de 250000 hommes de pied, de 40000 chevaux, 300 vaisseaux de guerre, & cent barques avec toutes les provisions nécessaires, chargea Archélaüs & son frere Néoptolémus de la commander sous ses ordres. Ces généraux ayant attaqué Nicomede, défirent son armée, & l’obligerent de prendre la fuite. Mithridate profitant de sa fuite, s’empara de la Phrygie, de la Mysie, de l’Asie, de la Carie, de la Lycie, de la Pamphylie, de la Paphlagonie, & de plusieurs autres provinces d’Asie ; établit des gouverneurs dans toutes les villes, & fit égorger en un seul jour tous les citoyens Romains qui étoient en Asie. Ensuite ayant attaqué Rhodes, mais sans succès, il.passa la mer, se saisit de la Thrace, de la Grece, de la Macédoine, & emporta plusieurs villes considérables, sur-tout Athènes l’an 667 de Rome, & 87 avant J.C. Il menaçoit déja l’Italie, lorsque Sylla commandé pour lui aller faire la guerre, reprit Athènes, & battit les capitaines de Mithridate, avec lequel on fit la paix l’an 670 de Rome, & 84 avant J.C. Le roi de Pont recommença bientôt la guerre, & remporta de grands avantages, dont il ne jouit pas long-temps ; car Lucullus lui fit lever le siége de Cyzique, & le défit en diverses occasions, l’an de Rome 682 & 683, 72 & 71 avant J.C. Il se rétablit après le départ de Lucullus, & assembla une nouvelle armée ; mais il fut défait & mis en fuite par Pompée l’an 689 de Rome, & 65 avant J.C. Alors il se retira en Arménie auprès de son gendre Tigrane, qui fut défait par le même Pompée : de sorte que Mithridate s’enfuit vers le Bosphore Cimmérien, sans qu’on pût l’atteindre. Ayant appris que son fils Pharnacés s’étoit déclaré roi, il se perça le sein de désespoir, après avoir éprouvé que le poison auquel il s’étoit accoutumé, ne pouvoit lui donner la mort qu’il cherchoit. Cet événement arriva dans le château de Panticapée près du Bosphore Cimmérien, la CLXXIX olympiade, l’an 690.de Rome, & 64 avant J.C. Ce prince étoit savant, aimoit les gens de lettres, avoit beaucoup voyagé, parloit plusieurs îangues, & avoit même composé un traité de arcanis morborum, que Pompée fit porter à Rome, & que son affranchi Læneus traduisit en latin. C’est lui qui composa cette sorte de contre-poison, qui de son nom, est encore nommé Mithridate. Sa cruauté & son humeur sanguinaire ont noirci l’éclat de ses bonnes qualités. * Appianus, de bello Mithrid. Tite-Live, l. 67, 77, & seq. Florus, l. 3, c. 5. Velleïus Paterculus, l. 2. Aulu-Gelle, l. 17, c. 17. Pline, l. 24, c. 2 ; l. 37, c. 1, &c. Plutarque, aux vies de Sylla, de Lucullus & de Pompée. Dion, &c. Du Pin, histoire profane, tom. II.

MITHRIDATE I, cinquiéme roi des Parthes, succéda à son frere Phraate I, & ayant subjugué les Bactriens & les Médes, étendit les limites de ce royaume, depuis le mont Caucase, jusqu’au fleuve de l’Euphrate. * Justin, l. 41, cap. ult.

MITHRIDATE II, huitiéme roi des Parthes, surnommé le Grand, succéda à son pere Artabane, & augmenta encore le royaume des Parthes. Il défit les Scythes, & fit la guerre à Artavasde roi d’Arménie. Son frere Orodés le détrôna, & s’empara du royaume. * Appian. Parthicor.


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