Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Amphiloque


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Sommaire

AMPHILOQUE (S.) Amphilochius, archevêque d’Icone en Lycaonie, a été l’un des plus illustres prélats du IV siécle, & l’un des plus grands défenseurs de la foi orthodoxe, contre les hérétiques. Il étoit originaire de Cappadoce ; & après avoir professé la rhéthorique durant quelque temps, il fréquenta ensuite le barreau, & fit la fonction d’avocat et de juge. Depuis il se retira dans la solitude d’Ozizale en Cappadoce, & vers l’an 344 il fut élu évêque d’Icone. C’est ainsi qu’est nommé son église, dans le premier concile général assemblé à Constantinople, où Amphiloque se trouva l’an 381. Il assista encore aux conciles tenus en la même ville les années 385 & 394. Il eut beaucoup de part à l’amitié de S. Grégoire de Nazianze & de S. Basile. L’un & l’autre lui écrivirent diverses lettres, que nous avons encore ; le dernier composa, à sa priere, le traité du S. Esprit, & plusieurs épîtres pour résoudre ses difficultés. Nous en avons trois qui portent le nom de canoniques. Amphiloque instruisit lui-même l’église par divers traités, cités non-seulement par Theodoret, par S. Jérôme, par Leon de Byzance, par S. Cyrille d’ Alexandrie & par S. Jean de Damas ; mais encore par le concile général d’Ephèse, & par le second concile de Nicée. On croit communément que la vie de S. Basile, qu’on lui attribue, n’est pas de lui. Ce saint prélat sachant que l’empereur Théodose, qui avoit fait assembler à Constantinople un concile, pour tâcher de réunir les ariens avec les catholiques, écoutoit quelques courtisans qui favorisoient les évêques errans, & craignant qu’il ne se laissât séduire par ces esprits artificieux, il osa lui demander qu’il leur interdît la liberté de s’assembler, même à la campagne : l’empereur qui leur avoit déja fait cette défense, mais pour les villes seulement, trouva cette demande trop dure. Le saint évêque ne se rebuta point, & quelques jours après il alla au palais avec d’autres évêques pour saluer l’empereur. Lorsqu il fut entré dans l’appartement de Théodose, qui étoit avec Arcadius son fils, depuis peu associé à l’empire, & déclaré Auguste, il salua Théodose, & ne fit pas semblant de voir le jeune prince. Théodose crut qu’il n’y songeoit pas, & l’avertit de venir saluer son fils & de le baiser. Le Saint s’approcha du jeune prince, & lui fit quelques caresses, comme à un autre enfant ; mais ne lui rendit point les respects qu’on avoit accoutumé de rendre aux empereurs, & s’adressant â Théodose, il lui dit que c’étoit assez qu’il lui eu rendu ses respects sans les rendre encore à Arcade. Théodose se mit en colere, comme d’une injure qu’on lui faisoit en la personne de son fils, & commanda qu’on chassât l’évêque de sa chambre. Comme on le poussoit donc pour le faire sortir, il se retourna vers Théodose & s’écria : « Vous voyez, seigneur, que vous ne pouvez souffrir l’injure qu’on fait à votre fils, & que vous vous emportez de co1ere contre ceux qui ne le traitent pas avec respect ; ne doutez pas que le Dieu de l’univers n’abhorre de même ceux qui blasphêment contre son fils unique, en ne lui rendant pas les mêmes honneurs qu’à lui, & qu’il ne les haïsse comme des gens ingrats à leur bienfaiteur & à leur Sauveur. » Théodose comprit alors, & admira l’adresse de ce saint évêque : il le rappella, lui demanda pardon, & publia peu de temps après des loix, par lesquelles il défendoit aux hérétiques de tenir des assemblées, de faire aucune ordination, & d’enseigner leur doctrine. On croit que la premiere de ces loix est celle qui est datée du 25 juillet 383, & adressée à Posthumien, préfet du prétoire en Orient ; l’autre est du 3 septembre suivant. S. Amphiloque fit aussi la guerre aux Massaliens ou Euchites, ainsi appelés, parcequ’ils faisoient consister dans l’oraison seule toute toute l’essence de la religion, & présida au concile de Side, métropole de Pamphilie, assemblé contre ces hérétiques illuminés. Il y a apparence qu’il mourut après l’an 394, & selon M. de Tillemont, avant l’an 403 ; puisqu’il n’est fait aucune mention de lui dans les troubles que causa la déposition de S. Jean Chrysostome, qui dit dans son traité des hommes illustres qu’Amphilochius avoit composé un traité du Saint Esprit, qu’il lui avoit lu ; mais ce traité est perdu. M. Cotelier a donné une lettre synodique d’Amphilochius, qui est véritable. On lui attribue encore le poëme à Seulecus, petit-fils de l’enpereur Trajan ; mais il est plutôt de S. Grégoire de Nazianze. L’on n’a que des fragmens de tous les autres ouvrages d’Amphilochius, & huit homélies données par le P. Combefis sous son nom, que M. de Tillemont croit supposées. Il falloit que S. Jérôme fît grand cas d’Amphiloque, puisque dans sa lettre 84 à Magnus, il semble l’égaler aux Basiles & aux Grégoires de Nazianze, pour l’érudition sacrée & profane. Les Grecs & les Latins l’ont mis au nombre des Saints, & honorent sa mémoire le 23 de novembre. Sa vie que nous avons dans Surius, est assurément une piéce supposée. M. Hermant a recueilli la suite de ses actions, en écrivant la vie de S. Basile & de S. Grégoire de Nazianze. On poura aussi consulter S. Jérôme, Théodoret, Sozomene, Possevin, Bellarmin, &c. Tillemont, mem. pour l’hist. eccl. Du-Pin, biblioth. des aut. ecclés. IV siécle.

AMPHILOQUE, fils d’Amphiaraüs & d’Eriphyle, fut un célébre devin. Il accompagna Alcméon son frere à la seconde guerre de Thèbes ; quelques-uns disent qu’il l’aida à se défaire d’Eriphyle ; mais la plupart des auteurs sont d’un autre sentiment. L’autel qu’on lui consacra dans Athènes contribua beaucoup moins à la gloire de son nom, que l’oracle qu’il avoit à Mallus en Cilicie, où les consultans passoient la nuit dans le temple, & ce qu’ils songeoient, devoit être l’éclaircissement de ce qu’ils vouloient savoir. Pausanias assure que de son temps il n’y avoit point d’oracle aussi fidéle que celui-là. Amphiloque avoit été avec Mopsus le fondateur de cette ville où se rendoit cet oracle : ce fut après la guerre de Troyes. Ces deux fondateurs se querellerent & s’entretuerent en duel : quelques-uns assurent pourtant qu’Amphiloque fut tué par Apollon. Il joignit ensemble la royauté & la prophétie ; car il fut roi d’Argos : il est vrai qu’il ne put pas se maintenir dans le royaume ; il en sortit mécontent, & alla fonder une ville dans le golfe d’Ambracie. Plutarque rapporte un oracle d’Amphiloque rendu à un certain Thespesius, lequel ayant demandé aux dieux s’il vivroit mieux qu’il n’avoit fait (car il avoit vécu dans le désordre) fut, par-là que cela arriveroit après sa mort : en effet ayant été tué, il ressuscita trois jours après, & mena depuis une bonne vie. Il ne faut pas confondre notre devin avec cet Amphiloque dont Pline fait mention dans son X liv. chap. 22, & dont une oye fut amoureuse : celui-ci étoit natif d’Olene. Cela arriva dans Ægée ville d’Achaye. * Homer. Odyss. l. 15. Pausan. l. 5. Apollod. l. 3. Strab. l. 7. Thucydide. Xiphilin. Plin. l. 13 & 16. Tite-Live, l. 45. Elien, hist. animal. l. 5. Athen. l. 15. Bayle, dict. crit. 2 édit.

AMPHILOQUE, étoit, selon Lucien, fils d’un scélérat, qui avoit tué sa mere. Il exerça en Cilicie le métier de devin, & disoit la bonne aventure à tous venans, moyennant une récompense très-modique ; ce qui fait dire à Lucien, qu’il avoit ôté la pratique à Apollon. Le même Lucien dans le Menteur, fait parler un certain Eucrate, au sujet d’Amphiloque : « Comme je revins, dit-il, d’Egypte, ayant entendu parler de l’oracle d’Amphiloque, qui répondoit clairement & ponctuellement sur tout ce qu’on desiroit savoir, pourvu qu’on le donnât par écrit à son prophéte, j’eus la curiosité de le consulter en passant. » * Lucien, au dialogue intitulé, Assemblée des Dieux.

AMPHILOQUE, philosophe Athénien, a laissé un ouvrage d’agriculture, selon le témoignage de Varon qui le cite, lib. 1, de re rustica, c. I.


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