Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ58.

Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 369-372).

HÂ 58 (SP. 57)

Ce Hâ, consacré à l’éloge de la prière, termine la littérature gâthique : « on le considère comme gâthique, dit le Cim i Gâsân, parce qu’il achève les Gâthas » 1[1]. Il semble avoir fait partie du Nask Hâdhôkht (le sixième des Nasks gâthiques), car il reçoit l’épithète de Hadhaokhta, hâtôktig 2[2]. Il est désigné aussi sous le nom de Fshûsha-mâthra « Formule de prospérité » ou « Formule du Fshûsha », à cause des mots fshûshé, fshûmâo qui y jouent un grand rôle (§ 4). Le Hà LVIII reçoit ce nom de Fshùsha-mathra dans le Nîrangistân, § 22, n. 3.

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1. C’est notre bien, c’est notre vœu 1[3] que nous réalisons 2[4], en offrant cette prière au beau germe 3[5] ; cette prière, compagne de Dévotion (Ashi) 4[6],

compagne de Piélé parfaite (Ârmaiti)" ; cette prière qui a pour germes bonne pensée^, bonne parole el bonne action.

2 (4). Que la Prière nous protège delà haine des Daêvas el des hommes ! A celle prière nous consacrons nos biens et nos corps, pour qu’elle les protège, les garde, les enlretienue et veille sur eux. 3(6). Nous nous réjouissons dans la prière’, ôAhura Mazda ; nous prenons plaisir en la prière* : nous acceptons la prière. Nous consacrons à la prière nos biens et nos corps, pour qu’elle les protège, les garde, les entretienne et veille sur eux. Accordez ma prière, comme j’accorde la vôtre ’. 4 (3). Celui qui fait prospérer les êtres ’" est saint, victorieux, excellent : et nous aussi faisons œuvres de prospérité " ! Il est le père des animaux et du Bien ’-, et de l’homme de bien ’^ et de toute la création vouée au bien ’* ; il est manifestement bon et nous imitons ’^ à votre égard sa grandeur, sa bonté, sa beauté.

.5. àrinaitîsh-hàjfet : le Comtneûtaire semble entendre par là la vertu du iiiaitre imrfait (cf. XLIII, 6, u. 20).

6. « C’esl-à-dire que son germe est là où bonne pensée est à demeure ». 7. « Nous désirons la prière des autres ».

8. Nous l’accordons, « quand les hommes accomplissent des bounes œuvres ». 9. Cité de la Gàtha Ushtavaiti : XLIV, 1 6 ; cf. Y, X, 20, 62, texte et note. 10. fsliùmâo, un des noms d’Ahura (Yt. 1, 13), traduit [ibld.) jl’ Ij’IS^ j’-*tx.> rljsl « celui qui fait grandir, c’est-à-dire qu'il fait grandir le bien pour les bons >>. — fsliùmùo, fsLùsh.i, fsliénjjliim (p. 230, n. 40), fshuj’.îs, dérivent Lolis de fsbiu « nourrir, faire grandir » (inversion du sscr. pusL).

11. fsbùsLé careliercmalii, apamân fshùsh kartàr nîvâkih « et nous faisons fshùs/t, c’est-à-dire du bien ». fshùshé est un pluriel de fshùsli, ou mieux un neutre fskùsbab, l’abstrait de fsliùmào.

12. ashanliàcà, traduit en pehlvi comme ashahjàcà (cf. la leçon de Pt’ asbaahâca, le groupe nli représentant souvent liy) : ahlàifih artvahisht « la sainteté, ou [comme nom propre] Ardibahisht ».

13. asljaonascà ; d’après le Commentaire, s’applique aux dieux, désigne <i les autres Izeds » (qu’Ardibahisht : apdnk yazdàn).

14. asliàvairj àoscà stùisli : aklài/ih kàmakdnic sll, « le monde de ceux qui désirent le bien ». Autrement dit, le pehlvi voit dans vairyàosca un dérivé de var « désirer », peut-être un génitif de vairya (vairyào pour vairyayào) : il est probable que l’on a affaire à un adjectif féminin asbàvairi, qui est à asbavan ce que le féminin védique ritàvari est à ritàvaii, où vari est un simple suffixe possessif. 15. yènbc vé masàaasca... cai-eliereiuabi ; litt. « duquel nous faisons pour vous la uraadeur, etc. » Celui qui fait prospérer les Aires’", puisse-t-il nous garder ! puisset-il veiller sur nous, avec noire vertu et nos bonnes œuvres, avec notre libéralité et notre générosité, avec la clémence’ « et le feu d’Ahura Mazda’ » ! 5 (13). Comme vous nous avez créés, ô Amesha-Speiïtas, protégez-nous ! Protégez-nous, [dieux] bons ! Protégez-nous, [déesses] bonnes —" ! Protégez-nous, Amesha-Spefitas, bons souverains, qui donnez le bien ! « Je ne connais nul tel que vous : dans ma vertu, protégez-moi donc-’! » 6 (lû). Nous livrons à l’Esprit du Bien nos pensées, nos paroles, nos actions, nos troupeaux, nos hommes, pour garder nos troupeaux au complet, nos biens intacts, nos troupeaux intacts, nos hommes intacts, toutes les productions de Bien intactes et au complet Puissions-nous voir un jour les lumières créatrices —— du créateur qui a tout créé, Ahura Mazda ! 7 (19). Hommage à toi, ô Feu d’Ahura Mazda ! Puisses-tu venir à noire secours à l’heure de la grande épreuve —’! A grand confort et à grande joie donne-nous Haurvatât et Ameretàt —* !

8 (21). Nous sacrifions à l’ensemble des Staota yêsnya —% et à leurs stances sublimes, une aune.

Nous proclamons ton corps le plus beau des corps, ô Mazda Ahura : [nous venons à toi] vers ces espaces lumineux, cette hauteur des hauteurs, là où l’on dit qu’est le soleil.

16. Le fshûmâo, Ahura : note 10.

17. Je supplée « notre, nos » : les bonnes œuvres et les charités du fidèle le protégeront dans les deux mondes. — ashâcâ vâstrâcâ ; aslia désigne en particulier le sacrifice îzislm, vàstra (v. p. 123, n. 9) les autres bonnes œuvres, Icdr n karfak apdrlk. — fràràticà vidùshyàcà (J » ) : voir p. 332, n. 4. 18. Ainiti, akhiih, « absence de vengeance, de haine » (an-itî ; cf. vasé-iti, kàmak khihiUan, LUI, 9) : cf. XXX, 11, n. 39.

19. Le feu de l’épreuve finale par laquelle passent tous les hommes ; cf. XXX, 11, n. 39.

20. Amesha-Spefitas mâles et femelles : v.. page 175, note 1. 21. Citation des Gàthas : Y. XXXIV, 7 c ; voir texte et note. 22. Littéralement : « voir dans les lumières créatrices », c’est-à-dire arriver aux lumières infinies, au ciel d’Ahura.

23. Cité du Yasna Haptaiihâiti, XXXVI, 2, 6. 24. Les deux Amesha-Spefitas qui le nourriront dans le Paradis : Yasht I, 25 ; cf. XLV, 5 ; XXXIL 15.

25. Voir Yasna LV, Introduction.

26. Cité du Yasna Haptanhàiti XXXVI, 6, 14.

Nous sacrifions aux Staota yêsnya qui ont été créés au début du monde.


« Ici le Zôt se lave la main et verse l’eau dans un vase de terre 27[7] ».







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  1. 1. kartak i bûn Tat sôidhish bûndakih i gâsân râi gàsànik câsht.
  2. 2. Hâ suivant, § 31, note 10.
  3. 1. sôidhish (ou mieux saoidhish, K4 ; de su), sût. — verethrem, kâmak ; de var « désirer ».
  4. 2. dademaidè ; litt. « nous prenons pour nous (v. p. 247, n. 42) ce bien, ce vœu, qui est la prière, etc. ».
  5. 3. hu-cithrem ; ayant son germe dans la piété ; voir la fin de la phrase. — Glose : il donne à la Religion ce qu’il faut et (en retour) reçoit d’elle (le bien) pour lui-même ».
  6. 4. ashish-hàget : le Commentaire semble entendre par là la vertu du disciple respectueux : amat tarsakâsîh î hêrpatastàn obdûnand « quand l’on fait soumission respectueuse à l’enseignement ». — hàget, ham rasishnih.
  7. 27. danâ jîvâk Zôt yadâ pun pâtyâp kartan u mid dar skôrak kartan (skôrak ).