Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/Vispéred/Karda 14.




KARDA 14 (SP. 16-17)


Ce Karda vient dans le Vd. Sadé après la Gâtha Ahunavaiti.

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0. Nous sacrifions à Ahura Mazda, saint, maître de sainteté 1 [1] ; etc…

Nous sacrifions à la Gâtha Ahunavaiti, sainte, maître de sainteté ;


1. avec les vers 2[2], avec les stances 2[2], avec le sens 3[3] ;

avec les questions et les contre-questions 4[4] ;

avec les paroles qui se répètent deux fois 5[5] ;

récitée avec bonne récitation 6[6], offerte en sacrifice avec bonne offrande 6[6] ;
2 (7). avec la connaissance, l’évidence, le désir, le pouvoir, la maîtrise, les faveurs que donne Ahura Mazda 7[7] à l’esprit qui le confesse pleinement, à la conviction fervente, à l'âme dévouée 8[8].
3 (Sp. XVII, 1). Nous sacrifions à l’Ahuna vairya 9 [9], saint, maître de sainteté.

Nous sacrifions au Génie de l’Ahu et du Ratu 10 [10], saint, maître de sainteté ; c’est à savoir Ahura Mazda qui est l’Ahu et le Ratu (4 fois).
4 (3). Nous sacrifions à l’ensemble de la Gâtha Ahunavaiti.

11 [11] Nous sacrifions aux chapitres et aux vers, aux mots et aux stances de la Gâtha Ahunavaiti ; à l’acte de les chanter, de les réciter, de les entonner, de les offrir en sacrifice.


Nous te sacrifions, ô Feu, fils d’Ahura Mazda ; saint, maître de sainteté v. Note 11...

Yêńhê hâtàm..
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  1. 1. Même début que dans le Karda précédent (c’est-à-dire Hâ LXXI, 2-3).
  2. a et b 2. mat-afsmanàm mat-vacastashtîm, Ivatâ gâs, Ivatâ vajdast. Le mot gâs, dérivé de gàtha, désigne tantôt les Gâthas, tantôt les vers : ainsi il est dit dans le Cîm î Gâsân, § 50, que l’ensemble des Gâthas contient 278 vajtasht et 1016 gâs, c’est-à-dire 278 strophes et 1016 vers, ce qui est le chiffre exact. Le sens littéral de gàtha est chant, ce qui explique les divers emplois du mot. — Le sens littéral de afsman semble être « mesure », car le mot est ailleurs traduit patmân (v. p. 308, n. 75). — vacastashti est littéralement une « construction de mots » (cf. latin textus et grec έπέων τέκτων : Études iraniennes, II, 116-118.
  3. 3. âzaiñtîm, shnâsagîhî zand « la connaissance, du zend » ; voir l’Introduction, ch. ii.
  4. 4. mat-peresvîm mat-paiti-peresvîm : Ivatâ pûrsishnîh Ivatâ apâj pûrsishnîh. J’ai traduit littéralement sans comprendre. S’agit-il des questions adressées dans les Gâthas par les divers interlocuteurs dans les cas où il y a dialogue ? Car le fait qu’il y a dialogue n’est pas toujours évident de soi et l’on a vu, au cours de notre traduction, qu’il faut souvent les indications des gloses marginales pour le reconnaître. Mais la glose pehlvie ajoute, après la traduction littérale, le mot nîrang, de sorte que ces termes ont rapport au rituel : désigneraient-ils simplement le ton avec lequel il faut prononcer, selon les cas ? Ce passage rappelle celui de l’Âbân Yasht, § 91, où le bon Âthravan est dit parshtô-vacah paitiparshtô sravah : voir l. l. cf. Vd. XVIII, 51 ; Aîrang., § 84.
  5. 5. mat-vaghzhihyâ patbyasca : autre expression technique obscure : le pehlvi traduit Ivatâ gavishnîh pun patmân « avec la parole en mesure » et définit bîshâmrût, c’est-à-dire les paroles que l’on répète deux fois. On sait que dans les Gâthas la première strophe de chaque Gâtha est dite deux fois au commencement de la Gâtha et répétée deux fois à la fin de chacun des Hâs qui la composent, vaghzhibyà est un duel et pourrait, en effet, avoir rapport à cette loi.
  6. a et b 6. C’est-à-dire : la Gâtha récitée correctement et avec le cérémonial voulu. — huframaretàm framaremnàm, bufrâyashtàm frayaèzyantàm ; pun khûp frâj karîtûnishnîh frâj ôshmaram ; pun khûp frâj yazbakhûnishnih frâj yazbakhûnam. Les deux membres de phrase sont formés de la même façon, d’un abstrait en ta dépendant d’un participe présent passif.
  7. 7. hvahmi dàm… yat ahurahê mazdâo. — hvahmi est littéralement « avec sa connaissance… d’Ahura Mazda ». — dàm, dânish « connaissance, science » : cithré, padtâkîh, les signes, l’évidence à laquelle on reconnaît le vrai, le bien ; zaoshè, kâmak « le désir », c’est-à-dire l’objet désiré.
  8. 8. zarazdâtôit aňhuyat baca : « d’une conscience qui fait aller (ravâk dahishnih ; Yasna XXII, note 19) [la religion] ».
  9. 9. L’Ahuna vairya qui ouvre la Gâtha Abunavaiti et lui donne son nom.
  10. 10. Qui réunit les qualités d’ahu et de ratu (les deux mots essentiels de l’Ahuna). Cf. Vp. II, 7, 18.
  11. 11. Comme au Karda précédent, fin.