Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/Introduction/Chapitre III-3


 
Traduction de James Darmesteter

Édition : Musée Guimet. Publication : Ernest Leroux, Paris, 1892.
Annales du Musée Guimet, Tome 21.


INTRODUCTION
CHAPITRE III
LE CULTE
iii. - Les offrandes
Hôm et Paràhôm (Haoma-Parahaoma) ; urvaràm, êsm-bôi (aèsmὸ baoidhi) ; darûn (myazda) ; - zôhr (zaothra) ; – goshodà (gâush-hudhào) ; jiv (gâush jìyya) ; myazda.


Les offrandes sont d’origine animale ou d’origine végétale.
Les offrandes d’origine végétale sont :
1o Le Hôm ou Haoma. Le Haoma est une plante jaune aux nœuds très rapprochés[1], douée de vertus mystiques, comme le Soma indien. Le Haoma jaune ou Haoma terrestre est le représentant d’un Haoma céleste, le Haoma blanc ou Gaokerena qui doit, à la résurrection, donner l’immortalité aux hommes (Dâdistân, XLVIII, 16) : le Haoma jaune, quand il est préparé pour le sacrifice, est le chef des plantes guérissantes (Bundahish, XXIV, 18)[2]. L’objet du sacrifice est la consommation du Parahaoma (Paràhôm), qui est le liquide formé en pilant le Haoma et l’urvarãm, mêlés avec le lait consacré ou jivâm (gâush jîvya) et l’eau bénite, zôhr ou zaothra. Le Parahaoma concentre donc en lui toutes les vertus des eaux, des plantes et de la vie animale : de là sa vertu suprême.
2o L’urvarãm[3], littéralement « la plante », est une petite tige de grenadier qui est pilée avec le Hôm dans le mortier (Hâ XXVII) et fournit un des éléments du Parâhôm (voir 1o).
3o Le bois et l’encens, êsm-bôê (aêsmô baoidhi), offerts au feu (voir Yasna, LXII).
4o Le darûn, petit pain, non levé, rond, un peu plus grand qu’une pièce de cinq francs, dont il y a quatre ou six selon l’office[4]. Le darûn joue à peu près le rôle du pain de la communion : il est consommé par le Zôt à la fin du Srôsh Darûn (Hâ VIII, 4) : il est désigné dans le Yasna, non sous son nom propre de draonô, mais sous le terme général qui désigne toutes les offrandes consommées, myazda.
Le darûn est généralement accompagné d’une offrande de beurre ou de viande, gôshôdà, représentant l’offrande animale.


Les offrandes animales sont :
1o La viande, gôsht, en zend gâush-hudhâo, transcrit aujourd’hui gôshôdà. La viande, sous forme atténuée de graisse, paraît unie au pain du darûn dans le Yasna ; Hà VIII, 4, kiryâ. Elle était jadis offerte d’une façon plus réelle dans un service tombé en désuétude, l’âtash zôhr (voir Vendidad, VIII, Appendice).
2o Le lait, jiv ou jivâm[5], gâush jîvya, qui est un des éléments constituants du Paràhôm ou du zὸhr. Le jivâm n’est pas réellement du lait pur, mais de l’eau où l’on a versé une goutte de lait.
3o Des fruits et des fleurs dans les Àfrîngân.
Le mot myazda est employé d’une façon générale pour désigner les offrandes consommées, darûn, gôshὸdà et jivâm’, soit prises ensemble, soit considérées chacune à part. Dans les Àfrîngân et le Srôsh Darùn, les fruits et les fleurs font aussi partie du myazda. À présent, dans le langage ordinaire, on entend par myazd exclusivement l’offrande de fruits et de fleurs[6].
À ces offrandes, animales et végétales, il faut ajouter l’eau bénite ou libation (zaothra, zôhr), un des éléments essentiels du Paràhôm (voir p. lxxvi).





  1. Voir la planche II.
  2. Voir Vendidad XX, 4.
  3. Abrégé de urvarãm hadhànaèpatãm « la plante de Hadhànaêpata » : le Hadhânaêpata est le grenadier : telle est aujourd’hui du moins la plante employée.
  4. Six pour le Srôsh Darûn. Deux des pains darûn sont marqués de neuf marques en trois rangées parallèles, chaque rangée représentant humat, hûkht ou hvarsht (bonne pensée, bonne parole, bonne action). Les pains non marqués sont dits frasast, parce qu’ils sont consommés en prononçant le mot frasasti (page 76, note 2) : Haug, Essays, 396, donne à tort ce nom aux darûns marqués.
  5. Transcrit le zend gãm jîvyãm, accusatif comme urvarãm. — Le Yasna III, 3, a une autre forme de l’offrande animale, gãm baoiryãm, dont malheureusement la traduction pehlvie est perdue. Le Nîrangistàn cite souvent une offrande animale, bôr, dont le sens reste à déterminer et qui pourrait représenter baoiryãm.
  6. La traduction pehlvie prend déjà myazda dans ce sens restreint, Y. XXXIV, 3 a.