Le Vote des femmes/Madame Curie et sa découverte

V. Giard & E. Brière (p. 190-191).


Mme CURIE ET SA DÉCOUVERTE


Quand Mlle Sklodowska fut reçue docteur es-sciences physiques, sa thèse avait pour objet, la recherche des substances radio-actives. Après son mariage avec M. Curie, la fille du savant Sklodowski continua ses recherches sur les substances radio-actives, trouva le radium ; et, cette manifestation du génie féminin embarrassa le sexe masculin.

Le syndicat de la presse parisienne ayant décidé de répartir les cent mille francs du prix Osiris entre les deux inventions qui avaient fait à l’époque le plus d’honneur à la science française ; 60.000 francs furent donnés à Mme Curie pour le radium, 40.000 francs à M. Branly pour la télégraphie sans fil.

En dépit du prix Osiris, récompense sonnante décernée à Mme Curie pour sa découverte, les hommes mirent la main sur la victoire scientifique obtenue par elle.

À ceux qui reprochent au sexe féminin de manquer de génie, de ne rien inventer, il est à présent démontré que les découvertes faites par les femmes sont mises à l’actif des hommes.

M. Curie, qui fut associé à Mme Curie pour partager avec M. Becquerel les cent mille couronnes du prix Nobel, n’était pas complice des gens déterminés à déposséder sa compagne du résultat de son labeur pour le gratifier de son mérite. En une conférence à la Sorbonne, il déclara que le radium avait été découvert par son épouse ; qu’il n’avait abandonné ses travaux en cours pour se joindre à elle, qu’après qu’elle fut parvenue à isoler le corps nouveau.

Lorsque les roues d’une lourde voiture eurent enlevé à la vie M. Curie, il fallut bien avouer la vérité, en nommant professeur à la Sorbonne et en faisant monter dans la chaire créée en l’honneur du radium, la savante jusque-là tenue dans l’ombre dissimulée derrière un homme.

Seulement, n’est-ce pas une anomalie de charger la femme d’enseigner les sciences et de lui interdire de faire les lois ?