Le Tombeau de Jean de La FontaineMercure de France (p. 103-104).
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LE COQ


Je suis le dur à cuire,
Le hobereau, le sire
Que la fortune ingrate aux changeantes amours
Avec tous les cadets relègue aux basses-cours.
Ma toque cependant est celle d’une altesse,
Mes pieds éperonnés proclament ma hardiesse,
Et la victoire sonne au cuivre de ma voix.
Que viens-tu donc, jaloux de ma vieille noblesse,

Douter de ce qui fut et de ce que tu vois ?
Lorsque dans le fumier je détourne une perle,
Tu dis que j’en fais fi. Me prends-tu pour le merle
Que tu ne cites point même une seule fois ?
Bonhomme qui connus le monde où l’on caquette.
Crois-tu que chez un coq il ne soit de coquette
Apte à trôner ailleurs qu’en un pot de bouillon,
Et que, pour se parer d’un pleur d’huître perlière,
Il faille s’appeler Madame de Bouillon,
Montespan ou La Vallière ?