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CHAPITRE III
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Les Principes du Jeu et le Style


La plus grande partie de ce chapitre s’adresse surtout aux débutants, mais il serait sans doute utile à bien des joueurs d’apprendre à nouveau les premiers principes du jeu. Beaucoup seraient devenus de toute première force s’ils avaient débuté avec une bonne méthode, mais il n’est jamais trop tard pour perdre de mauvaises habitudes ; malheureusement peu de joueurs ont assez de raison pour abandonner un jeu défectueux et le remplacer par un style correct ; il est évident que la période d’apprentissage est fastidieuse, mais les résultats que vous obtiendrez valent bien ces quelques instants d’ennui.

Les Dohertys disaient que deux choses surtout leur avaient apporté le succès : suivre la balle des yeux presque jusqu’au moment où elle frappe la raquette et avoir un bon style. Tout le monde est à même d’observer la première de ces règles et chacun doit s’efforcer d’acquérir un style correct.

Avant toute chose il faut savoir tenir sa raquette. On a beaucoup parlé d’une prise qui s’appliquerait indifféremment au coup droit et au revers. R. F. Doherty avait cette habitude et comme il fut un des grands maîtres du jeu, beaucoup de joueurs pensent qu’ils doivent suivre son exemple. Mais, en réalité, il n’existe pas un joueur sur cent qui trouve cette prise naturelle ; abandonnez donc immédiatement l’idée qu’il soit indispensable de tenir sa raquette de cette façon. Personnellement, je ne l’ai jamais employée. Je change toujours la position de ma main pour le revers et c’est là une règle presque générale.

Tenez votre raquette naturellement pour le coup droit, de façon à pouvoir attaquer la balle le plus franchement possible ; tenez toujours le manche avec souplesse et ne serrez fortement qu’au moment de frapper la balle.

Le pouce doit être placé à plat sur la face la plus large du manche, celle qui se trouve dans le même plan que le cœur de la raquette. Cela vous donne un prise normale, mais il est impossible de formuler une règle générale, car beaucoup de bons joueurs, spécialement ceux qui mettent du « lift » dans leur drive ou qui prennent la balle tout à fait au sommet du bond placent le pouce plus en arrière, alors que d’autres le posent plus en avant.

Très peu de jeunes filles savent tenir leur raquette correctement pour le revers, c’est la raison pour laquelle ce coup est en général si mal exécuté.

L’erreur ordinaire et la cause principale de cette faiblesse, c’est que l’on place en général le poignet devant la raquette au lieu de le placer derrière. La façon de tenir la main pour le revers est difficile à expliquer. Essayez le moyen suivant : Tendez votre bras devant vous, la paume de la main en dessous, courbez le coude jusqu’à ce que l’avant-bras soit à angle droit avec la partie supérieure du bras ; placez la raquette dans la main de façon à ce qu’elle soit perpendiculaire au sol, vous aurez ainsi la prise correcte pour le revers en plaçant le pouce derrière le manche. Il maintiendra ainsi la raquette et, par suite, la balle sous un meilleur contrôle, ce qui permet de la diriger et de la placer avec plus de précision.

Les débutants éprouvent souvent une difficulté pour changer la position de la main lorsqu’ils veulent passer du coup droit au revers et vice versa.

En prenant la raquette par le milieu, dans la main gauche, vous trouverez le changement aisé. C’est la meilleure manière de tenir sa raquette lorsque l’on attend la balle.

Je remarque que souvent les débutants tiennent le manche tout à fait par le bout, ce qui ajoute encore une difficulté ; la meilleure place pour la main est à environ deux centimètres et demi au-dessous du cuir et plus bas encore lorsque l’on a un revers faible. Personnellement, ma main est placée tout à fait au bout, ce qui donne une allonge supérieure ; les coups sont de cette façon plus décisifs, mais aussi plus difficile à exécuter et c’est pour cela que je ne recommande pas aux débutants de suivre mon exemple.

Connaissant maintenant les prises correctes, il vous reste à apprendre à frapper la balle.

Les « ground strokes », ou coups du fond, formant le sujet du chapitre suivant, nous ne parlerons pas ici de la façon d’exécuter tel coup particulier.

Les commençants ont toujours tendance à se tenir très près de la balle, gênant ainsi leur coup et nuisant à leur style. Jamais vous n’aurez un bon style si vous ne vous tenez pas suffisamment éloigné de la balle ; portez votre raquette franchement en arrière, accompagnez le coup jusqu’au déploiement complet du bras et continuez votre mouvement jusqu’à ce qu’il s’arrête naturellement.

Veillez à reposer toujours fermement sur vos pieds lorsque vous exécutez un coup ; restez toujours d’aplomb en frappant, sans jamais perdre votre équilibre.

Lorsqu’une balle vous dépasse, reculez en courant sur le côté, ou tournez-vous complètement. N’ayez jamais le corps tout à fait de face au filet lorsque vous jouez du fond du jeu. Tournez le corps à droite pour le drive et à gauche pour le revers. Ne perdez jamais la balle des yeux, fixez-la aussi longtemps que vous le pourrez, c’est une habitude indispensable à prendre et qui facilitera énormément vos progrès ; lorsque vous agirez ainsi machinalement, vous serez surpris de la facilité avec laquelle vous exécuterez tous les coups.

Au début, n’essayez pas que votre balle rase le filet. Une bonne longueur vaut mieux que la rapidité qui viendra en son temps. Une balle a une bonne longueur lorsqu’elle tombe à environ cinquante centimètres de la ligne de fond.

Les jeunes joueuses ont en général le don d’imitation et peuvent grandement perfectionner leur style en observant et en imitant les grands joueurs.

Efforcez-vous d’acquérir un bon style, cela rendra le jeu plus facile et plus attrayant.

On peut compter les joueurs qui, ayant un mauvais style, sont parvenus à devenir des champions.

En terminant cette série de conseils, j’insiste sur la nécessité de considérer le tennis comme un sport sérieux ; il est regrettable de voir des enfants traiter ce jeu comme une plaisanterie. D’une façon générale, lorsqu’une chose en vaut la peine, il faut s’y adonner avec toute l’énergie dont on est capable.