Le Socialisme et la Guerre/Chapitre 4

Éditions en langues étrangères (p. 44-52).


CHAPITRE IV

L’HISTOIRE DE LA SCISSION ET LA SITUATION ACTUELLE DE LA SOCIAL-DÉMOCRATIE RUSSE

La tactique du P.O.S.D.R., ci-dessus exposée, en ce qui concerne la guerre, est le résultat certain de trente années de développement de la social-démocratie russe. Il est impossible de comprendre correctement cette tactique, de même que la situation actuelle de la social-démocratie dans notre pays, sans réfléchir à l’histoire de notre parti. Aussi devons-nous rappeler au lecteur les faits essentiels de cette histoire.

Comme tendance idéologique, la social-démocratie est née en 1883, lorsque pour la première fois furent exposées systématiquement à l’étranger, par le groupe « Libération du travail31 », les conceptions social-démocrates appliquées à la Russie. Jusqu’au début des années 90 la social-démocratie était restée un courant d’idées, sans lien avec le mouvement ouvrier de masse en Russie. Au commencement des années 90 l’essor social, l’effervescence et le mouvement gréviste des ouvriers ont fait de la social-démocratie une force politique active, indissolublement liée à la lutte (économique comme politique) de la classe ouvrière. Et c’est depuis lors que commence la scission de la social-démocratie en « économistes » et « iskristes ».

LES « ÉCONOMISTES » ET LA VIEILLE « ISKRA »
(1894-1903)

L’« économisme » fut un courant opportuniste dans la social-démocratie russe. Sa raison d’être politique se réduisait au programme : « Aux ouvriers, la lutte économique ; aux libéraux, la lutte politique ». Son principal appui théorique était ce qu’on appelait le « marxisme légal » ou le « strouvisme », qui « reconnaissait » un « marxisme » parfaitement épuré de tout esprit révolutionnaire et adapté aux nécessités de la bourgeoisie libérale. Invoquant l’état arriéré de la masse des ouvriers de Russie, désireux d’ « aller avec les masses », les « économistes » bornaient leurs tâches et l’ampleur du mouvement ouvrier à la lutte économique et au soutien politique du libéralisme, sans s’assigner des tâches politiques indépendantes, ni aucune tâche révolutionnaire.

La vieille Iskra32 (1900-1903) mena victorieusement la lutte contre l’ « économisme » au nom des principes de la social-démocratie révolutionnaire. Toute l’élite du prolétariat conscient s’était rangée aux côtés de l’Iskra. À quelques années de la révolution la social-démocratie formula le programme le plus conséquent et le plus intransigeant. Et la lutte des classes, l’action des masses au cours de la révolution de 1905 ont confirmé ce programme. Les « économistes » s’adaptaient au retard des masses. L’Iskra formait une avant-garde ouvrière capable de mener les masses en avant. Les arguments actuels des social-chauvins (sur la nécessité de compter avec les masses, sur le caractère progressif de l’impérialisme, sur les « illusions » des révolutionnaires, etc.) avaient déjà tous été formulés par les économistes. La Russie social-démocrate avait fait connaissance il y a vingt ans avec la refonte opportuniste du marxisme adapté au « strouvisme ».

MENCHÉVISME ET BOLCHÉVISME (1903-1908)

L’époque de la révolution démocratique bourgeoise suscita une nouvelle lutte de tendances au sein de la social-démocratie, lutte qui fut le prolongement direct de la précédente. L’ « économisme » s’était mué en « menchévisme ». La défense de la tactique révolutionnaire de la vielle Iskra donna naissance au « bolchévisme ».

Dans la période orageuse de 1905-1907 le menchévisme s’affirma un courant opportuniste soutenu par les bourgeois libéraux, et qui réalisait les tendances de la bourgeoisie libérale dans le mouvement ouvrier. L’adaptation de la lutte de la classe ouvrière au libéralisme, telle fut son essence. Au contraire, le bolchévisme assignait comme tâche aux ouvriers social-démocrates de dresser pour la lutte révolutionnaire la paysannerie démocratique en dépit des flottements et des trahisons du libéralisme. Et les masses ouvrières, ainsi que l’avaient reconnu plus d’une fois les menchéviks eux-mêmes, suivirent pendant la révolution les bolchéviks, dans tous les mouvement d’importance.

La révolution de 1905 a vérifié, consolidé, approfondi et trempé la tactique social-démocrate révolutionnaire intransigeante en Russie. L’action ouverte des classes et des partis avait maintes fois révélé la liaison de l’opportunisme social-démocrate (« menchévisme ») avec le libéralisme.

LE MARXISME ET LE COURANT DE LIQUIDATION
(1908-1914)

L’époque contre-révolutionnaire posa de nouveau à l’ordre du jour, sous une forme absolument nouvelle, la question relative à la tactique opportuniste et révolutionnaire de la social-démocratie. Le courant principal du menchévisme, en dépit des protestations formulées par nombre de ses meilleurs représentants, a provoqué un courant de liquidation, l’abdication de la lutte pour une nouvelle révolution en Russie, l’abandon de l’organisation et de l’action illégales, des railleries méprisantes sur l’action clandestine, le mot d’ordre de république, etc. C’est dans le groupe de littérateurs légaux de la revue Nacha Zaria (MM. Potréssov, Tchérévanine, etc.) que s’est constitué un noyau indépendant du vieux parti social-démocrate, noyau que soutenait par mille moyens, exaltait et choyait la bourgeoisie libérale de Russie, désireuse de détacher les ouvriers de la lutte révolutionnaire.

Ce groupe d’opportunistes fut exclu du parti par la conférence du P.O.S.D.R. de janvier 191233, qui rétablit le parti malgré la résistance éperdue de toute une série de groupes et groupuscules fonctionnant à l’étranger. Pendant plus de deux ans (début de 1912-milieu de 1914) la lutte se poursuivit acharnée entre les deux partis social-démocrates : le Comité Central élu en janvier 1912 et le « Comité d’organisation » qui ne reconnaissait pas la Conférence de janvier et voulait rétablir le parti d’une manière différente, en maintenant l’unité avec le groupe Nacha Zaria. Une âpre bataille se livrait entre les deux journaux ouvriers quotidiens (Pravda34 et Loutch35 avec leurs successeurs) et entre les deux fractions social-démocrates à la IVe Douma d’État (« fraction O.S.D.R. » des pravdistes ou marxistes et la « fraction social-démocrate » des liquidateurs avec Tchkhéidzé à leur tête).

Tout en défendant la fidélité aux enseignements révolutionnaires du parti et prêtant appui au départ de l’essor du mouvement ouvrier (après le printemps de 1912 surtout) ; tout en groupant l’organisation légale et illégale, la presse et le travail d’agitation, les « pravdistes » rallièrent autour d’eux l’immense majorité de la classe ouvrière consciente, tandis que les liquidateurs, qui n’œuvraient comme force politique qu’en tant que groupe de Nacha Zaria, s’appuyaient entièrement sur les éléments bourgeois libéraux.

Les versements, ouvertement effectués par les groupes ouvriers aux journaux des deux partis, étant à l’époque le mode de cotisation adapté aux conditions russes (le seul qui fût légalement permis et librement contrôlé par tous), mode de cotisation pratiqué par la social-démocratie, ont confirmé nettement la source prolétarienne de la force et de l’influence des « pravdistes » (marxistes), libérale bourgeoise chez les liquidateurs (et leur « C.O. » ). Voici des données brèves sur ces cotisations, imprimées en détail dans le livre Le marxisme et le courant de liquidation36, et en abrégé, dans le journal social-démocrate allemand Gazette populaire de Leipzig37 en date du 21 juillet 1914.

Nombre et versements effectués aux journaux quotidiens de Pétersbourg, marxistes (pravdistes) et liquidateurs, du 1er janvier au 13 mai 1914 :

Pravdistes Liquidateurs
Nombre de cotisations Somme roubles Nombre de cotisations Somme roubles
Des groupes ouvriers 2.873 18.934 671 5.296
Des personnes autres que les groupes ouvriers 713 2.650 453 6.760

Ainsi notre parti groupait en 1914, autour de la tactique social-démocrate révolutionnaire, les 4/5 des ouvriers conscients de Russie. Durant toute l’année 1913 le nombre des cotisations versées par les groupes ouvriers s’élevait à 2.181 chez les pravdistes et à 661 chez les liquidateurs. Du 1er janvier 1913 au 13 mai 1914 la somme est de 5.054 cotisations versées par les groupes ouvriers chez les « pravdistes » (c’est-à-dire dans notre parti) et 1.332, c’est-à-dire 20,8%, chez les liquidateurs.

MARXISME ET SOCIAL-CHAUVINISME (1914-1915)

La grande guerre européenne de 1914-1915 a permis à tous les social-démocrates européens, et aussi russes, de vérifier leur tactique sur la base d’une crise d’importance mondiale. Le caractère réactionnaire, spoliateur, esclavagiste de la guerre, du côté du tsarisme, est infiniment plus éclatant que du côté des autres gouvernements. Toutefois le principal groupe de liquidateurs (le seul qui, en dehors du nôtre, exerce, grâce à ses relations avec les libéraux, une influence sérieuse en Russie), s’est tourné vers le social-chauvinisme ! Détenant assez longtemps le monopole de la légalité, ce groupe de Nacha Zaria s’est mis à prêcher aux masses dans le sens de la « non-résistance à la guerre », des vœux de victoire à la triple (aujourd’hui quadruple) entente, en accusant l’impérialisme allemand de tous les « péchés extrabudgétaires », etc. Plékhanov qui, à partir de 1903, avait fourni de multiples exemples de son absence de caractère extrême en politique et de son passage aux côtés des opportunistes, occupait encore plus nettement la même position, exalté qu’il était par toute la presse bourgeoise de Russie. Plékhanov s’était laissé aller au point de déclarer que la guerre du tsarisme était une guerre juste, et de faire publier dans les journaux officiels d’Italie une interview, pour entraîner celle-ci à la guerre !!

Le bien-fondé de notre point de vue sur le courant de liquidation et l’exclusion du principal groupe de liquidateurs de notre parti, a été ainsi parfaitement confirmé. Le programme réel des liquidateurs et la portée réelle de leur orientation ne consistent pas seulement aujourd’hui dans l’opportunisme en général, mais en ce qu’ils défendent les privilèges et prérogatives impérialistes des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie grands-russes. C’est l’orientation de la politique ouvrière libérale nationaliste. C’est l’union d’une partie des petits bourgeois radicaux et d’une fraction minime d’ouvriers privilégiés avec « leur » bourgeoisie nationale contre la masse du prolétariat.

LA SITUATION ACTUELLE
DANS LA SOCIAL-DÉMOCRATIE RUSSE

Comme nous l’avons dit déjà, ni les liquidateurs, ni toute une série de groupes à l’étranger (Plékhanov, Alexinski, Trotski et d’autres), ni les social-démocrates dits « nationaux » (c’est-à-dire non grands-russes) n’ont reconnu notre conférence de janvier 1912. Parmi les nombreuses injures dont ils nous accablaient, celle nous taxant d’ « usurpation » et de « scissionnisme » revenait le plus souvent. Notre réponse consistait à citer des chiffres exacts et susceptibles d’une vérification objective, chiffres qui prouvaient que notre parti groupait les 4/5 des ouvriers conscients de Russie. Ce n’est pas peu, si l’on tient compte de toutes les difficultés du travail illégal dans une époque de contre-révolution.

Si l’ « unité » avait été possible en Russie sur la base de la tactique social-démocrate, sans l’exclusion du groupe Nacha Zaria, pourquoi nos nombreux adversaires ne l’avaient pas faite même entre eux ? Depuis janvier 1912 il s’est passé trois longues années et demie, et durant cette période nos adversaires n’ont pu créer, malgré tout leur désir, un parti social-démocrate contre nous. Ce fait est la meilleure défense de notre parti.

Toute l’histoire des groupes social-démocrates en lutte contre notre parti, est l’histoire de la désagrégation et de la décadence. En mars 1912 tous sans exception s’étaient unis pour dire du mal de nous. Mais dès le mois d’août 1912, lors que fut constitué ce qu’on est convenu d’appeler le « bloc d’août » contre nous, ce fut la désagrégation parmi eux. Une partie des groupes se détache d’eux. Ils ne peuvent créer un parti, ni un Comité Central. Ils ne constituent qu’un Comité d’organisation « pour rétablir l’unité ». Mais en réalité ce C.O. s’est avéré un rempart impuissant du groupe des liquidateurs en Russie. Pendant toute la durée de ce prodigieux essor du mouvement ouvrier en Russie et des grèves de masse de 1912-1914, le seul groupe de tout le bloc d’août qui ait fait un travail dans les masses, reste le groupe Nacha Zaria, dont les relations libérales constituent la force. Au début de 1914 le « bloc d’août » est formellement abandonné par les social-démocrates lettons (les social-démocrates polonais n’en faisaient pas partie), tandis que Trotski, un des chefs du bloc, en est sorti inofficiellement, en créant de nouveau un groupe à part. En juillet 1914, à la conférence de Bruxelles, à laquelle participaient le comité exécutif du B.S.I., Kautsky et Vandervelde, il s’est constitué contre nous le « bloc de Bruxelles38 », dont les Lettons ne firent pas partie, et dont s’étaient aussitôt détachés les social-démocrates polonais, l’opposition. Après la guerre ce bloc se désagrège. Nacha Zaria, Plékhanov, Alexinski, An39, chef des social-démocrates du Caucase, deviennent des social-chauvins déclarés, qui prêchent la défaite souhaitable de l’Allemagne. Le C.O. et le Bund prennent la défense des social-chauvins et des principes du social-chauvinisme. La fraction Tchkhéidzé, bien qu’elle ait voté contre les crédits militaires (en Russie même les démocrates bourgeois, les troudoviks, ont voté contre), reste le fidèle allié de Nacha Zaria. Nos social-chauvins extrêmes, Plékhanov avec Alexinski et consorts, sont parfaitement satisfaits de la fraction Tchkhéidzé. Il se fonde à Paris un journal Naché Slovo (autrefois Golos40), avec le concours principalement de Martov et de Trotski qui désirent allier la défense platonique de l’internationalisme à la revendication absolue de l’unité avec Nacha Zaria, le C.O. ou la fraction Tchkhéidzé. Après 250 numéros de ce journal, celui-ci est obligé de reconnaître lui-même sa désagrégation : une partie du comité de rédaction gravite vers notre parti ; Martov reste fidèle au C.O. qui blâme publiquement Naché Slovo pour son « anarchisme » (comme les opportunistes en Allemagne, David et consorts, « Internationale Korrespondenz41 », Legien et consorts accusent le camarade Liebknecht d’anarchisme) ; Trotski déclare rompre avec le C.O., mais il veut marcher avec la fraction Tchkhéidzé. Voici le programme et la tactique de lia fraction Tchkhéidzé, exposés par un de ses leaders. Dans le no 5 du Sovrémenny Mir42 de 1915, revue dont l’orientation est celle de Plékhanov et d’Alexinski, Tchkhenkéli écrit : « Dire que la social-démocratie allemande a été capable d’empêcher l’action militaire de son pays et ne l’a pas fait, reviendrait à souhaiter secrètement qu’elle trouve sur les barricades non seulement son dernier soupir, mais aussi celui de sa patrie, ou bien à considérer les objets placés à côté à travers un télescope anarchiste[1] ».

Ces quelques lignes traduisent toute la substance du social-chauvinisme : la justification du principe de la « défense de la patrie » dans la guerre actuelle, et les railleries — avec l’assentiment des censeurs militaires — sur la propagande et la préparation de la révolution. Il ne s’agit pas de savoir si la social-démocratie allemande a été capable d’empêcher la guerre, non plus si les révolutionnaires peuvent, en général, garantir le succès de la révolution. Il s’agit de savoir s’il faut se comporter en socialistes ou « expirer », effectivement, dans les bras de la bourgeoisie impérialiste.

LES TÂCHES DE NOTRE PARTI

La social-démocratie russe est née à la veille de la révolution démocratique bourgeoise (1905) dans notre pays, et elle s’est consolidée à l’époque de la révolution et de la contre-révolution. Le retard de la Russie explique l’abondance extrême de courants et de nuances de l’opportunisme petit-bourgeois chez nous, tandis que l’influence du marxisme en Europe et la solidité des partis social-démocrates légaux avant la guerre ont fait de nos libéraux exemplaires des quasi-admirateurs de la théorie et de la social-démocratie « sensées », « européennes » (non révolutionnaires), « légales » « marxistes ». La classe ouvrière en Russie ne pouvait constituer son parti autrement que dans une lutte décisive de trente années contre toutes les variétés de l’opportunisme. L’expérience de la guerre mondiale, qui a déterminé la faillite honteuse de l’opportunisme européen et affermi l’alliance de nos libéraux-nationaux avec le courant de liquidation social-chauvin, nous confirme encore plus dans la certitude que notre parti continuera à suivre la même voie révolutionnaire conséquente.

Écrit en juillet-août 1915.

Imprimé en automne 1915
en brochure, édition de la rédaction
du journal « Social-Démocrate », Genève.

NOTES

  1. « S.M. » 15, no 5, P. 148. Trotski a déclaré récemment qu’il considère comme sa tâche de relever le prestige de la fraction Tchkhéidzé au sein de l’Internationale. Il est certain que Tchkhenkéli de son côté s’attachera avec la même énergie à relever, au sein de l’Internationale, le prestige de Trotski…

31. Premier groupe marxiste russe organisé par G. Plékhanov à Genève, en 1883. Il fit un gros travail pour diffuser le marxisme en Russie. Pour l’activité de ce groupe et son rôle historique voir le premier chapitre de l’Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’U.R.S.S., pp. 11, 19, 29. — 44.

32. Premier journal marxiste illégal politique pour toute la Russie, fondé par Lénine en 1900. Après le IIe congrès du P.O.S.D.R. : organe central du Parti. Parlant de la vieille Iskra, Lénine entend l’Iskra du no 1 au no 51. À partir du no 52, les menchéviks firent de l’Iskra leur journal de fraction. — 45.

33. Il s’agit de la 6e conférence nationale du Parti, qui se tint à Prague du 18 au 30 janvier 1912. Elle groupa les organisations bolchéviques et donna corps à une existence indépendante du Parti bolchévik. Par décision de la conférence les menchéviks furent exclus du Parti, et l’on mit fin une fois pour toutes à l’unification nominale des bolchéviks dans un seul parti avec les menchéviks. La conférence de Prague a marqué le début d’un parti de type nouveau. (Histoire du Parti communiste (boichévik) de l’U.R.S.S., pp. 151-159, éd. fr.). — 47.

34. La Pravda, quotidien bolchévik légal édité à Pétersbourg, a été fondée conformément aux indications de Lénine et sur l’initiative de Staline, en avril 1912.

« La Pravda de 1912, disait Staline, a été la pose des fondements de la victoire du bolchévisme en 1917. »

En plus de deux ans depuis la parution du premier numéro (5 mai 1912), le gouvernement tsariste interdit la Pravda huit fois, mais elle continua à paraître sous d’autres titres. À la veille de la guerre impérialiste, le journal est suspendu le 21 juillet 1914.

La publication de la Pravda fut reprise après la révolution de Février, le 18 mars 1917. Elle parut comme organe central du Parti bolchévik.

Le 28 mars, à une séance élargie du Bureau du Comité Central du P.O S.D.R., J. Staline est introduit à la rédaction de la Pravda. À son retour en Russie, avril 1917, Lénine en assume la direction. Le 18 juillet 1917, la rédaction de la Pravda est saccagée par les junkers et les cosaques. Après les journées de juillet, Lénine ayant passé à l’action illégale, c’est Staline qui est rédacteur en chef de l’organe central.

En juillet-octobre 1917, la Pravda, poursuivie par le Gouvernement provisoire, dut maintes fois changer de nom. Elle parut alors sous le nom de Listok Pravdg [Feuille de la Pravda], Prolétari, Rabotchi [Ouvrier], Rabotchi Pout [Le Chemin de l’Ouvrier], A partir du 9 novembre le journal reprit son vieux nom : Pravda. — 47.

35. Loutch, quotidien légal des menchéviks-liquidateurs, parut à Pétersbourg de septembre 1912 à juillet 1913. Il fonctionna « aux frais des amis riches d’origine bourgeoise » (Lénine). — 47.

36. « Le marxisme et le courant de liquidation. Recueil d’articles sur les problèmes fondamentaux du mouvement ouvrier actuel, 2e partie », a été publié en juillet 1914, par les Editions du Parti « Priboï ». On y trouve plusieurs articles de Lénine, dirigés contre les liquidateurs. En se référant à ce recueil. Lénine fait allusion à ses articles : « La classe ouvrière et la presse ouvrière » et « Réponse des ouvriers au sujet de la formation de la fraction ouvrière social-démocrate de Russie à la Douma d’Elat » (voir Lénine, Œuvres, 4e éd., t. 20. pp. 338-348 ; 503-509). — 47.

37. Le Journal populaire de Leipzig (Leipziger Volkszeitung), organe quotidien de l’aile gauche de la social-démocratie allemande. Parut de 1894 à 1933. Fr. Mehring et Rosa Luxembourg firent longtemps partie du Comité de rédaction. De 1917 à 1922 la Leipziger Volkszeitung fut l’organe des « Indépendants » allemands. Après 1922, il est l’organe des social-démocrates de droite. — 47.

38. Le bloc du « 3 juillet » (bloc de Bruxelles) a été conclu pendant la conférence d’ « unification » convoquée à Bruxelles, du 16 au 18 juillet 1914, par le Comité exécutif du Bureau socialiste international, en vue d’un échange d’opinions sur la possibilité de refaire l’unité du P.O.S.D.R. Étaient représentés à la conférence : le Comité Central du P.O.S.D.R. (les bolchéviks) ; le Comité d’organisation (les menchéviks) avec les organisations y affiliées : le Comité régional du Caucase et le groupe « Borba » (les trotskistes) ; la fraction social-démocrate de la Douma (les menchéviks) ; le groupe « Edinstvo » de Plékhanov ; le groupe « Vpériod » ; le Bund ; la social-démocratie du Territoire letton ; la social-démocratie de Lituanie ; les social-démocrates polonais ; l’opposition social-démocrate polonaise ; le P.P.S. (la « gauche »).

Bien que la conférence eût dû se borner à un échange d’opinions et ne pas prendre de décisions obligatoires, on mit aux voix la résolution de Kautsky sur l’unification du P.O.S.D.R. Les bolchéviks et les social-démocrates lettons refusèrent de voter cette résolution, mais celle-ci fut néanmoins adoptée à la majorité des voix.

« Sous couleur de « réconcilier » les bolchéviks avec les liquidateurs, sous couleur de faire « la paix dans le Parti », la IIe Internationale exigea des bolchéviks qu’ils missent fin à leur critique de la politique conciliatrice des liquidateurs. Mais, intransigeants, les bolchéviks refusèrent de se soumettre aux décisions de la IIe Internationale opportuniste : ils ne firent aucune concession ». (Histoire du Parti Communiste (bolchévik) de l’U.R.S.S., p. 174.) — 50.

39. An, chef des menchéviks caucasiens, N. N. Jordania. — 50.

40. Golos, journal quotidien des menchéviks-trotskistes ; parut à Paris de septembre 1914 à janvier 1915. Le journal occupa une position centriste.

Aux premiers jours de la guerre impérialiste mondiale (1914-1918) le Golos fit paraître des articles de Martov contre les social-chauvins. Après révolution à droite opérée par Martov, le journal assuma de plus en plus la défense des social-chauvins, préférant « l’unité avec les social-chauvins à un rapprochement avec des hommes qui observent une attitude intransigeante envers le social-chauvinisme ». (Lénine.)

À partir de janvier 1915, au lieu du Golos, commença à paraître le journal Naché Slovo. — 51.

42. Internationale Korrespondenz, revue hebdomadaire allemande de tendance social-chauvine traitant des problèmes de politique internationale et du mouvement ouvrier. Parut de 1914 à 1917, à Berlin. — 51.

42. Sovrémenny Mir, revue mensuelle littéraire, scientifique et politique. Parut à Pétersbourg de 1906 à 1918. Les menchéviks, G. Plékhanov de ce nombre, en furent les plus proches collaborateurs. Les bolchéviks y collaborèrent dans la période du bloc avec le groupe plékhanovien de menchéviks-partiitsy, et au début de 1914.

En mars 1914, Sovrémenny Mir a publié un article de Lénine « Encore une destruction du socialisme » (voir Lénine, Œuvres, 4e éd., t. 20, pp. 167-188). Au cours de la guerre impérialiste mondiale (1914-1918), la revue devient l’organe des social-chauvins. — 51.