Le Socialisme et la Guerre/Chapitre 3

Éditions en langues étrangères (p. 35-43).


CHAPITRE III

LA RECONSTITUTION DE L’INTERNATIONALE

Comment reconstituer l’Internationale ? Mais, tout d’abord, quelques mots sur le point de savoir comment il ne faut pas reconstituer l’Internationale.

LA MÉTHODE DES SOCIAL-CHAUVINS
ET DU « CENTRE »

Oh, les social-chauvins de tous les pays sont de grands « internationalistes » ! Dès le début de la guerre ils sont chargés du souci de l’Internationale. D’une part, ils assurent que les bruits sur la faillite de l’Internationale sont « exagérés ». En réalité, il ne s’est rien passé d’extraordinaire. Ecoutez Kautsky : tout simplement l’Internationale est « un instrument du temps de paix » ; il est bien naturel qu’en temps de guerre cet instrument ne se soit guère montré à la hauteur. D’autre part, les social-chauvins de tous les pays ont trouvé un moyen très simple — et surtout internationaliste — pour sortir de la situation. Le moyen n’est pas compliqué : il faut seulement attendre la fin de la guerre ; jusqu’à la cessation de la guerre les socialistes de chaque pays auront à défendre leur « patrie » et à soutenir « leurs » gouvernements ; la guerre finie, on « s’amnistiera » les uns les autres, on reconnaîtra que tout le monde avait raison, qu’en temps de paix nous vivons comme des frères, tandis qu’en temps de guerre, sur la base précise de telles ou telles résolutions, nous appelons les ouvriers allemands à exterminer leurs frères français, et inversement.

Sur ce point se rejoignent également Kautsky, Plékhanov, Victor Adler et Heine. Victor Adler écrit que « cette dure époque, une fois révolue, notre premier devoir sera de ne pas se faire des chicanes ». Kautsky affirme que, « jusqu’à présent, des voix de sérieux socialistes ne se sont fait entendre d’aucune part, qui feraient craindre » pour le sort de l’Internationale. Plékhanov dit qu’il est « désagréable de serrer des mains (de social-démocrates allemands) maculées du sang d’hommes innocemment tués ». Mais il offre aussitôt l’« amnistie » : « il serait parfaitement opportun ici, écrit-il, de soumettre le cœur au bon sens. Au nom de son œuvre grandiose, l’Internationale devra tenir compte même des regrets tardifs ». Heine qualifie dans les Sozialistische Monatshefte16, la conduite de Vandervelde de conduite « courageuse et fière » et la cite en exemple aux gauches allemands.

En un mot, quand la guerre sera finie, nommez une commission composée de Kautsky et de Plékhanov, de Vandervelde et d’Adler, et une résolution « unanime » dans l’esprit d’une amnistie mutuelle sera rédigée en un tour de main. La controverse sera heureusement estompée. Au lieu d’aider les ouvriers à voir clair dans ce qui s’est passé, on les trompera au moyen d’une « unité » apparente paperassière. L’union des social-chauvins et des hypocrites de tous les pays sera appelée la reconstitution de l’Internationale.

Inutile de se le dissimuler : le danger d’une pareille « reconstitution » est très grand. Les social-chauvins de tous les pays y ont tous également intérêt. Tous ne veulent pas que les masses ouvrières elles-mêmes de leur pays voient clair dans la question de savoir : le socialisme ou le nationalisme. Tous ont également intérêt à se dissimuler mutuellement les péchés. Tous ne peuvent rien proposer que ce que propose Kautsky, ce virtuose de l’hypocrisie « internationale ».

Or, l’on ne se rend guère compte de ce danger. Nous avons vu, durant l’année de guerre, nombre de tentatives faites pour renouveler les liens internationaux. Nous ne parlerons pas des conférences de Londres et de Vienne17, où des chauvins avérés s’étalent réunis pour aider les états-majors généraux et la bourgeoisie de leurs « patries ». Nous voulons parler de la conférence de Lugano18, de Copenhague19, de la conférence internationale des femmes20 et de la conférence internationale des jeunes21. Ces assemblées étaient animées des meilleures intentions. Mais elles n’ont point remarqué le danger signalé. Elles n’ont pas arrêté la ligne de combat des internationalistes. Elles n’ont pas montré au prolétariat le danger qui le menaçait du côté de la méthode social-chauvine de « reconstitution » de l’Internationale. Tout au plus se sont-elles bornées à reprendre les vieilles résolutions, sans indiquer aux ouvriers qu’à défaut d’une lutte contre les social-chauvins la cause du socialisme est sans espoir. Tout au plus n’ont-elles fait que marquer le pas.

LA SITUATION AU SEIN DE L’OPPOSITION

Il est hors de doute que la situation au sein de l’opposition social-démocrate allemande offre le plus vif intérêt pour tous les internationalistes. La social-démocratie allemande officielle, qui a été le parti le plus fort, un parti dirigeant au sein de la IIe Internationale, a porté un coup sensible entre tous à l’organisation internationale des ouvriers. Cependant l’opposition s’est avérée la plus forte dans la social-démocratie allemande. Parmi les grands partis européens, c’est dans la social-démocratie allemande que les camarades demeurés fidèles au drapeau du socialisme ont été les premiers à élever une vigoureuse protestation. C’est avec joie que nous avons lu les revues Lichtstrahlen22 et Die Internationale23. C’est avec encore plus de joie que nous avons appris la diffusion en Allemagne de proclamations révolutionnaires illégales, comme, par exemple : « L’ennemi principal se trouve dans votre propre pays. » Cela montrait que l’esprit du socialisme est vivace parmi les ouvriers allemands, qu’il existe encore des hommes, en Allemagne, capables de défendre le marxisme révolutionnaire.

C’est dans la social-démocratie allemande que s’est affirmée, avec le plus de relief, la scission dans le socialisme de nos jours. Nous voyons se manifester là, de façon saisissante, trois tendances : les opportunistes chauvins, qui, nulle part, n’avaient atteint ce degré de déchéance et de reniement comme en Allemagne ; le « centre » kautskiste, qui s’est montré là parfaitement impuissant à remplir un rôle autre que celui de serviteur des opportunistes ; et la gauche, qui représente les seuls social-démocrates en Allemagne.

Ce qui naturellement nous intéresse le plus, c’est la situation au sein de la gauche allemande. Nous y voyons nos camarades, espoir de tous les éléments internationalistes.

Quelle est donc cette situation ?

La revue Die Internationale avait parfaitement raison, lorsqu’elle affirmait que tout dans la gauche allemande est encore en fermentation ; qu’il y aura encore de grands regroupements ; qu’il y a dans son sein des éléments plus résolus et d’autres qui le sont moins.

Nous ne prétendons pas le moins du monde, bien entendu, nous, internationalistes russes, nous mêler des affaires intérieures de nos camarades les gauches allemands. Nous comprenons qu’eux seuls sont tout à fait compétents pour fixer leurs méthodes de lutte contre les opportunistes, en tenant compte des circonstances de temps et de lieu. Seulement nous estimons que nous avons le droit et le devoir d’exprimer ouvertement notre opinion sur la situation.

Nous sommes convaincus que l’auteur de l’éditorial de la revue Die Internationale avait parfaitement raison lorsqu’il affirmait que le « centre » kautskiste était plus préjudiciable au marxisme que le social-chauvinisme ouvertement déclaré. Estomper maintenant les divergences, prêcher sous couleur de marxisme aux ouvriers ce que prêche le kautskisme, c’est endormir les ouvriers, c’est être plus nuisible que les Sudekum et les Heine qui posent la question de front et obligent les ouvriers à voir clair.

La fronde contre les « instances », que Kautsky et Haase se permettent depuis quelque temps, ne doit induire personne en erreur. Les divergences entre eux et les Scheidemann ne sont pas des divergences de principe. Les uns estiment que Hindenburg et Mackensen ont déjà vaincu, et que l’on peut à présent se payer le luxe de protester contre les annexions. D’autres estiment que Hindenburg et Mackensen n’ont pas encore vaincu, et que, par suite, il faut « tenir jusqu’au bout ».

Le kautskisme ne mène contre les « instances » qu’une lutte apparente, précisément pour estomper après la guerre, devant les ouvriers, le débat de principe et escamoter la chose par la 1001e résolution boursouflée dans un esprit gauchiste indéterminé, où les diplomates de la IIe Internationale sont passés maîtres.

On conçoit fort bien que dans sa lutte difficile contre les « instances », l’opposition allemande doive utiliser aussi cette fronde sans principe du kautskisme. La pierre de touche pour tout internationaliste doit demeurer l’attitude négative à l’égard du néo-kautskisme. Celui-là seul est un véritable internationaliste, qui combat le kautskisme, qui comprend que le « centre », même après le prétendu tournant de ses chefs, reste au point de vue principe l’allié des chauvins et des opportunistes.

Notre attitude envers les éléments hésitants au sein de l’Internationale, en général, a une importance considérable. Ces éléments — des socialistes de nuance pacifiste surtout — existent dans les pays neutres comme aussi dans certains pays belligérants (en Angleterre, par exemple, le Parti ouvrier indépendant24). Ces éléments peuvent être nos compagnons de route. Un rapprochement avec eux contre les social-chauvins est indispensable. Mais il ne faut pas oublier que ce sont seulement des compagnons de route ; que pour le principal et l’essentiel, lors du rétablissement de l’Internationale, ces éléments ne seront pas pour nous, mais contre nous, qu’ils suivront Kautsky, Scheidemann, Vandervelde, Sembat. Aux délibérations internationales on ne peut limiter son programme à ce qui est acceptable pour ces éléments. Sinon nous serons nous-mêmes prisonniers des pacifistes hésitants. Il en fut ainsi, par exemple, à la conférence internationale des femmes à Berne. La délégation allemande, qui partageait le point de vue de la camarade Clara Zetkin, avait pratiquement joué à cette conférence le rôle de « centre ». La conférence féminine n’avait dit que ce qui était acceptable pour les déléguées du parti hollandais opportuniste Troelstry et pour les déléguées de l’I.L.P. (Parti ouvrier indépendant), qui, — ne l’oublions pas — à la conférence des chauvins de « l’entente » à Londres, avait voté pour la résolution de Vandervelde. Nous exprimons à l’I.L.P. notre plus vif respect pour sa lutte courageuse contre le gouvernement anglais pendant la guerre. Mais nous savons que ce parti ne se plaçait ni ne se place sur le terrain du marxisme. Or nous estimons que la tâche principale de l’opposition social-démocrate à l’heure actuelle est d’arborer le drapeau du marxisme révolutionnaire, de dire aux ouvriers avec fermeté et précision notre point de vue sur les guerres impérialistes, de formuler le mot d’ordre d’actions révolutionnaires de masse, c’est-à-dire passer de l’époque de guerres impérialistes à l’inauguration d’une époque de guerres civiles.

Les éléments social-démocrates révolutionnaires existent, en dépit de tout, dans maints pays. Ils existent en Allemagne, en Russie, en Scandinavie (orientation influente représentée par le camarade Höglund), dans les Balkans (parti des « tesniaki » bulgares25), en Italie, en Angleterre (une portion du parti socialiste britannique26), en France (Vaillant lui-même a reconnu dans l’Humanité27 avoir reçu des lettres de protestation des internationalistes, sans toutefois en publier une seule intégralement), en Hollande (tribunistes28), etc. Cimenter ces éléments marxistes — si peu nombreux qu’ils soient au commencement — rappeler en leur nom les paroles désormais oubliées du socialisme authentique, appeler les ouvriers de tous les pays à rompre avec les chauvins et se ranger sous le vieux drapeau du marxisme : telle est la tâche du jour.

Les délibérations avec les programmes dits « d’action » se bornaient jusqu’ici à proclamer plus ou moins intégralement un programme de simple pacifisme. Le marxisme n’est pas le pacifisme. Lutter pour la cessation la plus rapide de la guerre est chose indispensable. Seulement, lorsqu’on appelle à la lutte révolutionnaire, la revendication de la « paix » prend un sens prolétarien. Sans une série de révolutions la paix dite démocratique est une utopie petite-bourgeoise. Seul le programme marxiste serait un véritable programme d’action, car il fournit aux masses une réponse complète et lumineuse à la question de savoir ce qui s’est passé, réponse qui explique ce que c’est que l’impérialisme et comment il faut le combattre ; qui déclare ouvertement que la faillite de la IIe Internationale a été amenée par l’opportunisme, et appelle ouvertement à fonder une Internationale marxiste sans et contre les opportunistes. Seul un programme qui montrerait que nous avons confiance en nous-mêmes, confiance dans le marxisme, que nous déclarons à l’opportunisme une lutte à mort, seul un tel programme nous gagnerait tôt ou tard la sympathie des véritables masses prolétariennes.

LE PARTI OUVRIER SOCIAL-DÉMOCRATE DE RUSSIE
ET LA IIe INTERNATIONALE

Le P.O.S.D.R. s’est depuis longtemps séparé de ses opportunistes. Maintenant les opportunistes russes sont devenus par-dessus le marché des chauvins. Cela ne fait que nous confirmer dans l’opinion que cette séparation est nécessaire dans l’intérêt du socialisme. Nous avons la conviction que les divergences actuelles entre social-démocrates et social-chauvins ne sont nullement moindres qu’elles n’étaient entre socialistes et anarchistes, au moment où les social-démocrates se séparaient de ces derniers. L’opportuniste Monitor, dans Preussische Jahrbücher[1], avait dit avec juste raison que l’unité actuelle est avantageuse aux opportunistes et à la bourgeoisie, car elle oblige les gauches à se soumettre aux chauvins et empêche les ouvriers de voir clair dans les controverses et de créer un parti réellement ouvrier, réellement socialiste. Nous avons la conviction la plus profonde que, dans l’état actuel des choses, la séparation d’avec les opportunistes et les chauvins est le premier devoir d’un révolutionnaire, de même que la séparation d’avec les jaunes, les antisémites, les unions ouvrières libérales, etc., était nécessaire justement pour instruire au plus vite les ouvriers arriérés et les entraîner dans les rangs du parti social-démocrate.

La IIIe Internationale, à notre avis, devrait se créer précisément sur cette base révolutionnaire. Pour notre parti la question ne se pose pas de l’utilité d’une rupture avec les social-chauvins. Elle a été résolue pour lui sans retour. Seule existe pour lui la question de savoir si la chose est réalisable dans un proche avenir, à l’échelle internationale.

On conçoit parfaitement que pour fonder une organisation marxiste internationale, il faut que la volonté s’affirme de créer des partis marxistes indépendants dans les différents pays. L’Allemagne, pays du mouvement ouvrier le plus ancien et le plus puissant, a une importance décisive. Le proche avenir montrera si les conditions sont déjà mûres pour constituer une nouvelle Internationale marxiste. Si oui, notre parti adhérera avec joie à cette IIIe Internationale, épurée de l’opportunisme et du chauvinisme. Sinon, cela signifiera que pour cette épuration il faut une évolution encore plus ou moins longue. Alors notre parti formera l’opposition extrême à l’intérieur de l’Internationale existante, jusqu’à ce qu’une base se crée dans les différents pays pour une association ouvrière internationale placée sur le terrain du marxisme révolutionnaire.

Nous ne savons ni ne pouvons savoir comment se fera le développement dans les prochaines années, sur le plan International. Mais ce que nous savons à coup sûr, ce dont nous sommes fermement convaincus, c’est que notre parti dans notre pays, au sein de notre prolétariat travaillera inlassablement dans cette direction et, par toute son activité journalière, il créera une section russe de l’Internationale marxiste.

En Russie également, il ne manque pas de social-chauvins avérés, non plus que de groupes du « centre ». Ces gens lutteront contre la formation d’une Internationale marxiste. Nous savons que Plékhanov se place sur le même terrain de principe que Sudekum et que, dès maintenant, il lui tend la main. Nous savons que ce qu’on appelle le « Comité d’organisation30 », dirigé par Axelrod, prêche le kautskisine sur le terrain russe. Sous couleur d’unité de la classe ouvrière, ces gens-là prêchent l’unité avec les opportunistes et, par leur truchement, avec la bourgeoisie. Mais tout ce que nous savons du mouvement ouvrier actuel, en Russie, nous donne pleine assurance que le prolétariat conscient de Russie restera comme par le passé avec notre Parti.

NOTES

  1. Annuaire de Prusse29. (N. R.)

16. La revue Sozialistische Monatshefte, organe central des opportunistes de la social-démocratie allemande et l’un des organes de l’opportunisme international. Pendant la guerre impérialiste mondiale (1914-1918), elle occupa une position social-chauvine. Parut à Berlin de 1897 à 1933. — 36.

17. La Conférence de Vienne des socialistes d’Allemagne et d’Autriche se tint en avril 1915. La résolution adoptée par la conférence approuvait la position des social-chauvins allemands et autrichiens. — 37.

18. Il s’agit de la conférence italo-suisse des socialistes, qui se tint le 27 septembre 1914, à Lugano. — 37.

19. La Conférence de Copenhague des socialistes des pays neutres (Suède, Norvège, Danemark et Hollande) se tint du 17 au 18 janvier 1915, afin de rétablir la IIe Internationale. La Conférence décide d’adresser à leurs gouvernements, par l’intermédiaire des représentants parlementaires des partis socialistes des pays neutres, la proposition d’intervenir en qualité de médiateurs entre les puissances belligérantes et d’obtenir la cessation des hostilités. — 37.

20. La Conférence socialiste internationale des femmes sur la question de l’attitude à observer vis-à-vis de la guerre, se tint du 26 au 28 mars 1915 à Berne. La Conférence fut convoquée sur l’initiative des organisations féminines près le Comité Central du P.O.S.D.R., avec le concours de la dirigeante du mouvement international des femmes, Clara Zetkin. Y assistaient des représentantes de l’Angleterre, Allemagne, France, Hollande, Suisse, Italie, Russie et Pologne, en tout 25 délégués. Au nombre des déléguées de Russie on comptait N. Kroupskaïa et Inès Armand.

Le compte rendu de la Conférence socialiste internationale des femmes a paru en annexe dans le no 42 du Social-Démocrate du 1er juin 1915. — 37.

21. La Conférence socialiste internationale des jeunes sur la question de l’attitude à observer vis-à-vis de la guerre se tint du 4 au 6 avril 1915 à Berne. Y assistaient les représentants des organisations de la jeunesse de 10 pays : Russie, Norvège, Hollande, Suisse, Bulgarie, Allemagne, Pologne, Italie, Danemark et Suède. La Conférence décida d’organiser une fois par an une Journée Internationale des Jeunes ; elle élut un Bureau International de la jeunesse socialiste qui, conformément aux décisions de la conférence, commença à publier une revue, Jugend-Internationale. Lénine et K. Liebknecht collaborèrent à cette revue. — 37.

22. Lichtstrahlen [Rayons de lumière], revue mensuelle, organe du groupe des social-démocrates de gauche d’Allemagne (« Socialistes internationaux d’Allemagne »). Parut sous la direction de J. Borhardt, à intervalles irréguliers, de 1913 à 1921, à Berlin. — 37.

23. Die Internationale, revue fondée par Rosa Luxembourg et Fr. Mebring. Il ne parut qu’un seul numéro en avril 1915, à Berlin ; rééditée à Munich en 1922 aux Editions « Futurus ». — 37.

24. Le Parti ouvrier indépendant d’Angleterre (Independent Labour Party), fondé en 1893. À la tête du parti se trouvaient James Kair-Hardie, R. MacDonald, d’autres encore. Prétendant à l’indépendance politique vis-à-vis des partis bourgeois, le Parti ouvrier indépendant était en réalité « indépendant du socialisme, mais dépendant du libéralisme » (Lénine). Au cours de la guerre impérialiste mondiale (1914-1918) le Parti ouvrier indépendant commença par lancer un manifeste contre la guerre (13 août 1914). Ensuite, en février 1915, à la Conférence de Londres des socialistes des pays de l’Entente, les Indépendants se joignent à la résolution social-chauvine adoptée à la conférence. Depuis lors les chefs des Indépendants, se retranchant derrière des phrases pacifistes, occupent une position social-chauvine. Après la fondation de l’Internationale communiste, en 1919, sous la pression des masses radicalisées du parti, les leaders du Parti ouvrier indépendant décident de sortir de la IIe Internationale. En 1921 les Indépendants adhèrent à l’Internationale dite 2½ et, après sa désagrégation, ils rejoignent à nouveau la IIe Internationale. — 39.

25. Les tesniaki, parti ouvrier social-démocrate révolutionnaire de Bulgarie, fondé en 1903 après la scission du parti social-démocrate. Le fondateur et le chef des « tesniaki » fut D. Blagoïev, et puis ils eurent pour dirigeants les disciples de Blagoïev, G. Dimitrov, V. Kolarov, d’autres encore. En 1914-1918, les « tesniaki » s’élèvent contre la guerre impérialiste. En 1919, ils adhèrent à l’Internationale communiste et fondent le Parti communiste bulgare, transformé par la suite en Parti ouvrier bulgare (communiste). — 40.

26. Le Parti socialiste britannique (British Socialist Party), fondé en 1911, à Manchester. Son noyau fut la Fédération social-démocrate née en 1884 (elle avait à sa tête Hyndmann, Harry Quelch, Thomas Mann, etc.), et dont le nom sera changé plus tard en celui de Parti social-démocrate. Le Parti socialiste britannique fit de la propagande et de l’agitation dans l’esprit marxiste ; il fut un parti « non opportuniste, réellement indépendant des libéraux » (Lénine). Les effectifs peu nombreux de ce parti et son éloignement des masses lui conféraient un certain caractère sectaire.

Au cours de la guerre impérialiste mondiale (1914-1918), deux tendances s’y sont manifestées : l’une, ouvertement social-chauvine avec Hyndmann à sa tête ; l’autre, internationaliste avec à sa tête A. Ynkpin, F. Rothstein et d’autres. En avril 1916 la scission se produisit dans le parti. Hyndmann et ses partisans s’étant trouvés en minorité abandonnèrent le parti. Depuis lors, à la tête du Parti socialiste britannique se placèrent des éléments internationalistes, qui combattirent la guerre impérialiste. Le Parti socialiste britannique fut l’initiateur de la création du Parti communiste anglais, qui prit corps en 1920 ; la majorité de ses organisations adhérèrent au parti communiste. — 40.

27. L’Humanité, quotidien fondé par Jean Jaurès en 1904, comme organe du Parti socialiste français. Pendant la guerre impérialiste mondiale (1914-1918) le journal appartint à l’aile d’extrême droite du Parti socialiste français, et occupa une position social-chauvine. Peu après la scission du parti socialiste au congrès de décembre 1920, et la formation du parti communiste français, le journal en devient l’organe ; il paraît à Paris jusqu’à ce jour comme organe central du Parti communiste. — 40.

28. Les tribunistes, groupe de gauche du parti ouvrier social-démocrate hollandais, qui, à partir de 1907, éditaient le journal Tribune. En 1909 les tribunistes sont exclus du parti ouvrier social-démocrate hollandais, et ils organisent un parti distinct (Parti social-démocrate de Hollande). Les tribunistes n’étaient pas un parti révolutionnaire conséquent, mais ils représentaient l’aile gauche du mouvement ouvrier de Hollande.

En 1918 ils fondent le Parti communiste de Hollande. À partir de 1909, la Tribune est l’organe du Parti social-démocrate de Hollande, et à dater de 1918, celui du Parti communiste. Le journal parut depuis 1930 jusqu’à 1940 sous le titre Volksdachblad. — 40.

29. L’Annuaire de Prusse (Preussische Jahrbücher), revue mensuelle conservatrice, organe des capitalistes et des agrariens allemands. Parut à Berlin de 1858 à 1935. — 42.

30. C.O., Comité d’organisation. Centre dirigeant des menchéviks ; constitué en 1912 à la conférence d’août des menchéviks-liquidateurs et de tous les groupes et tendances hostiles au parti ; il fonctionna jus qu’aux élections du Comité central du parti menchévik, août 1917. — 43.