Agence Gutenberg (p. 164-173).


XX


— Eh bien, Sentinelli, quelles nouvelles ? demanda fiévreusement Christine.

Le comte qui lui servait de secrétaire venait d’entrer, apportant le courrier.

La reine était depuis quelques jours au palais de Fontainebleau que Mazarin lui avait assigné comme résidence, préférant ne pas la voir à Paris.

Assise sur un fauteuil armorié en face de la fenêtre, elle contemplait la forêt que flagellait la pluie de novembre.

C’est l’ambition qui l’avait ramenée en France. Depuis qu’elle avait rompu avec l’Espagne dont l’ambassadeur à Rome, della Cueva, l’avait calomniée, elle rêvait d’enlever Naples, à cette puissance et d’en devenir la reine. Après le pays des neiges, le pays du soleil.

De son côté, Mazarin désirait arracher plusieurs États d’Italie au joug espagnol et son intérêt se concentrait sur Naples. Quant au peuple et à l’aristocratie de cette ville, ils brûlaient également de secouer ce joug.

Le Cardinal consentirait-il à prêter une armée française pour assurer cette conquête ? Voilà ce que Christine était venue lui demander.

Elle attendait également le marquis Monaldeschi à qui elle avait confié, un mois plus tôt, la mission de négocier secrètement avec la noblesse napolitaine son soulèvement contre l’Espagne.

Comme à son premier voyage, l’absence avait ranimé et exalté un amour que l’habitude aurait pu émousser.

— Le courrier annonce-t-il enfin le retour de Rinaldo ? demanda encore la reine avec impatience.

Sentinelli se tenait debout devant elle, toujours silencieux, l’air hésitant.

— Mais parle donc enfin ! Lui serait-il arrivé malheur ?

— Non, non, Madame. Monaldeschi doit rentrer dans deux jours et sans doute en parfaite santé. Mais le courrier apporte d’autres nouvelles qui agréeront moins à Votre Majesté.

— Lesquelles ?

— Vous ne serez point reine de Naples, Madame !

— Comment ? Que dis-tu ?

— L’Espagne, Madame, est au courant de tous vos plans…

— Comment le sais-tu ?

— J’en ai ici la preuve !

Et Sentinelli frappa sur un paquet de lettres.

— Qui donc a osé ?

— Qui serait-ce sinon celui auquel vous avez confié la conduite de cette affaire ?

— Monaldeschi ? Tu mens, Comte ! Tu es jaloux de lui, tu l’as toujours été, depuis le jour où je l’ai distingué. Vos rivalités, vos perpétuelles querelles ont depuis un an empoisonné mon séjour à Rome, changé ma maison en une infernale pétaudière. Je ne veux pas t’écouter. Va-t-en !

Christine était pâle, tremblante.

Mais Sentinelli demeurait immobile, le visage impassible.

— Ah ! Madame, puisque je vous dis que je possède ici la preuve de sa trahison. J’avais depuis longtemps mes soupçons. En voyant dans ce courrier des lettres à son adresse avec le timbre d’Espagne, j’ai cru de mon devoir de les ouvrir.

— Donne !

Christine ouvrit nerveusement quelques lettres, les parcourut puis les jeta dédaigneusement sur la table. Et après un silence :

— Si Monaldeschi semble, en effet, m’avoir mal servi dans cette affaire qu’il faudra éclaircir, toi, Sentinelli, tu te conduis de bien vilaine façon en trahissant un ami qui a fait ta fortune…

— Qui a fait ma fortune ? fit le Comte d’un ton étrange.

— N’est-ce pas à cause de lui que tu es ici, lui qui m’a sauvé la vie et que j’ai aimé parce qu’il m’aimait ? Une haine pareille et sans raison pour un homme qui ne t’a fait que du bien me répugne comme la vue d’un crapaud dans une source… Va-t’en, te dis-je !

Sentinelli fit quelques pas vers la porte, puis, se retournant soudain, se précipita aux pieds de la reine.

— Madame, Madame, s’écria-t-il, pardonnez-moi ! Mais c’est le profond attachement que je porte à Votre Majesté, c’est le souci de votre bonheur qui m’ont poussé.

Christine, avec mépris, retira sa jupe dont Sentinelli avait saisi les plis.

— Je sais. Tu es, dis-tu, amoureux de moi. Mais ne vois-tu pas, misérable, que ton soi-disant amour m’offense et me dégoûte ? Peux-tu entretenir le moindre espoir de supplanter un rival dont tu sembles le valet ?

Sentinelli se redressa, pâle, la lèvre sarcastique.

— Je n’ai aucun espoir, Madame, sauf celui de ne pas vous laisser jouer par un coquin sans scrupules qui abuse depuis trop longtemps de votre confiance et de votre bonté.

— Que veux-tu dire encore ? Ne m’as-tu pas assez torturée ?

— Lisez, Madame.

Et il déposa sur la table une liasse de lettres dont l’une était ouverte. Les yeux de la reine tombèrent sur cette phrase, de l’écriture de Rinaldo : « Quelle volupté d’oublier dans vos beaux bras d’albâtre la carcasse noire et poilue à laquelle je suis rivé !… ».

— Ces lettres, poursuivit rapidement Sentinelli, sont adressées à une dame romaine qui, s’apercevant de l’indignité du Sire, vient de rompre avec lui et les renvoie pour les lui rendre !

Mais Christine ne semblait pas entendre, les doigts crispés sur la lettre. Ses yeux étincelaient. De pâle elle était devenue livide. Tout son corps tremblait. Elle semblait respirer avec peine.

Enfin elle se leva, jeta la lettre par terre, la piétina avec rage puis se dirigeant lentement vers la fenêtre en titubant, s’y appuya les mains aux tempes.

Au bout d’un instant, à demi-voix, comme pour elle-même : — Pourtant il m’a aimée… Il m’a aimée quand il me croyait pauvre, sans foyer, poursuivie…

— Ah ! Madame ! soupira le comte d’un ton plein de sousentendus.

— Quoi ? Que prétends-tu, serpent ? s’écria Christine en marchant sur lui les poings levés.

— Rien, Madame, rien ! fit-il, épouvanté par les traits bouleversés de la reine, par ses yeux de folle.

— Si, si ! Tu sais quelque chose ! rugit-elle. Parle ! Rinaldo ne m’a-t-il pas aimée, fugitive et traquée ? Parle sur le champ. Sans quoi, je te fais tuer ici-même !

— Il savait qui vous étiez, Madame, balbutia le comte.

— Comment ? Que dis-tu ? Tu mens, misérable chien ! Je vais te faire étriper, écarteler !

Sentinelli tremblait lui aussi, de tous ses membres.

— Nous venions d’Upsal, murmura-t-il, nous avions assisté à la cérémonie de votre abdication… Maître Goefle, votre orfèvre, nous avait introduits dans la salle…

— Alors, la scène dans la forêt ?

— Le mannequin qui effraya votre cheval ? C’est lui qui l’avait dressé, Madame. Tout était préparé, combiné… J’ai dû me taire… Il m’aurait tué… Depuis je dois défendre ma vie, sans cesse en danger… Il me hait.

Sentinelli leva les yeux vers Christine et se tut, la bouche ouverte. Elle était effrayante, méconnaissable, le visage presque noir, les traits contractés de désespoir et de rage, les yeux égarés.

Elle leva le bras et de toutes ses forces lança à Sentinelli un soufflet qui le fit chanceler.

Alors, se tournant soudain, celui-ci s’enfuit vers la porte et disparut.



Ce que fut cette nuit-là pour Christine, Dieu seul l’a su. Et le diable. Le grand amour de sa vie souillé, bafoué. Son immense orgueil outragé. L’humiliation de s’être donnée à un immonde valet qui ne la désirait même pas. Toutes les douleurs de son adolescence tragiquement ressuscitées, avec la honte de s’être laissée berner. Dix fois elle voulut se jeter par la fenêtre de ce palais. Mais la soif de la vengeance la retint. Malheureuse Christine ! Il ne lui restait plus rien, même pas le souvenir.

Le matin suivant elle était calme, les traits comme pétrifiés.

Elle envoya chercher le Père Le Bel, prieur du couvent voisin des Mathurins, aumônier du roi ! C’était un homme au maintien digne, au regard droit et bon.

— Mon Père, lui dit-elle, je vous ai fait venir pour savoir si les religieux de France savent, comme les Italiens, observer le secret de la confession ?

— Madame, répondit-il, nous autres prêtres sommes en cette matière aveugles et muets. Quant à moi, Dieu m’a fait cette grâce d’effacer incontinent de ma mémoire ce qui m’est confié sous le sceau de la confession. Vous connaissez la parole de l’Evangile : Sacramentum regis abscondere bonum est.

— Parfait, mon Père. Prenez donc ces papiers, conservez-les précieusement et rapportez-les moi dès que je vous les demanderai. Bientôt sans doute.

Et elle lui remit une liasse de lettres cachetées en trois endroits. Le confesseur était convoqué avant l’arrestation du coupable.

Le religieux fut mandé au Palais dès le surlendemain 10 novembre. On le conduisit dans la galerie aux Cerfs, galerie d’une très grande longueur, ornée de tableaux représentant les treize palais royaux, et éclairée par vingt fenêtres en plein cintre. Toute la forêt d’automne, paisible et ensoleillée, entrait par ces fenêtres.

Christine, appuyée sur une longue canne d’ébène comme sur un sceptre funèbre, debout dans une embrasure, riait et plaisantait avec un jeune et élégant cavalier d’une singulière beauté dont les yeux et les dents étincelaient. L’expression de la reine n’avait rien que d’ordinaire, mais une flamme étrange brillait dans ses prunelles.

À l’extrémité de la galerie trois gardes semblaient attendre, la main sur le pommeau de leur épée.

— Soyez le bienvenu, mon Père, dit Christine au religieux, et veuillez me donner les papiers que je vous ai confiés.

Elle fit sauter les cachets de la liasse, choisit quelques lettres, les parcourut du regard et une à une les passa à Monaldeschi, sans même lever les yeux sur lui.

Le jeune homme rougit, pâlit, puis ses traits se décomposèrent affreusement.

— Ah ! Madame, balbutia-t-il, ce n’est pas possible… Ces lettres ne sont pas de moi… On a imité mon écriture…

— Tu mens ! Tais-toi, dit Christine d’une voix basse et dure. Mais cela n’est rien. Et la machination dont tu m’as abusée, est-elle fausse également ? Le mannequin dressé dans la forêt ? L’abominable subterfuge par lequel tu m’as volé mon amour ? Toi, faquin, moi, reine de Suède.

— Ah ! je suis trahi ! s’écria le misérable avec un désespoir plein de rage.

Et grinçant des dents :

— Sentinelli, immonde coquin…

— Tu oses parler de trahison, toi, l’architraître ?

Monaldeschi se jeta aux pieds de la reine et comme Sentinelli l’avant-veille, saisit les plis de sa robe pour y cacher son visage :

— C’est vrai, je n’en ai pas le droit ! sanglota-t-il, je suis impardonnable… Mais pardonnez-moi, parce que je vous ai tout de même aimée et que vous êtes miséricordieuse !

— Relève-toi, chien, fit-elle d’un ton sec en lui arrachant sa robe et en le repoussant du pied. Te souviens-tu qu’il y a trois ans, avant mon abdication, j’ai fait trancher la tête à mon historiographe Messenius et à son fils parce qu’ils avaient publié un pamphlet contre moi ? Ne m’as-tu pas dit maintes fois qu’ils méritaient la mort ?

— Madame, je vous en conjure, écoutez-moi !

— C’est bien, parle !

Tous deux se mirent à marcher en long et en large par la galerie, lui, entremêlant les supplications aux excuses, avec des larmes et des gestes désespérés ; elle, l’écoutant avec une grande patience, sans aucun signe de colère ni de haine.

S’arrêtant enfin devant le moine, elle lui dit :

— Vous êtes témoin, mon Père, que j’ai donné à ce traître tout le temps qu’il a voulu pour se justifier, et que je ne cède à aucun mouvement inconsidéré. Puis elle ajouta du ton du juge qui articule une sentence :

— Maintenant, je me retire et vous laisse cet homme ; disposez-le à la mort et prenez grand soin de son âme !

— À la mort, Madame ? s’écria le Prieur épouvanté, tandis que Monaldeschi se tordait les bras en gémissant. Y pensez-vous ?

— Je ne pense qu’à cela depuis deux jours, mon Père, et c’est en mon âme et conscience que je l’ai jugé, répondit doucement Christine.

— Qui donc a le droit de juger, sinon Dieu, notre père céleste… ? Vous êtes femme, Madame, avec un tendre cœur de femme. Ayez pitié de ce malheureux !

— C’est justement mon cœur de femme qui l’a condamné, mon Père. Ce misérable est cent fois plus criminel que les bandits attachés à la roue. Et il le sait. C’est de sa conscience que je le sauve car elle deviendrait son bourreau… Et c’est à Dieu, par votre entremise, à lui pardonner, mon Père.

Sans un regard en arrière, elle quitta la galerie et passa dans le salon voisin.

En même temps, les trois gardes tirèrent leur épée, mouvement qui équivalait à la hache levée de l’exécuteur, et se rapprochèrent de Monaldeschi.

Celui-ci se jeta dans les bras de l’un d’entre eux qui avait été son ami :

— Intercède pour moi ! conjura-t-il.

Celui-ci accepta, mais revint presque aussitôt.

— La reine m’a durement congédié, fit-il, en m’enjoignant d’en finir. Allons, marquis ! songe à ton âme puisqu’il te faut mourir !

Mais le condamné se cramponnait à la vie. Voyant la pitié peinte sur le visage du prieur, il se traîna à ses pieds en l’adjurant d’intercéder une fois encore auprès de la reine, tandis que les sbires lui piquant les reins de la pointe de l’épée, le pressaient de se confesser.

Le bon moine, plus mort que vif, y consentit et se rendit chez la reine. Il la trouva seule étendue sur son lit, le visage serein et sans nulle émotion. Il s’agenouilla auprès d’elle et, le cœur plein de sanglots, la conjura par les douleurs et les plaies du Christ de se montrer clémente et de pardonner.

— C’est le plus beau privilège des rois ! lui dit-il.

Mais Christine resta froide, inexorable. Le Père Le Bel tenta donc un autre argument plus décisif :

— N’oubliez pas, Madame, que vous n’êtes pas dans votre pays où vous déteniez la toute-puissance. Vous vous trouvez en France, dans la maison d’un hôte qui est le roi de France. N’aurait-il pas bonne raison de s’offenser d’une exécution faite dans son palais et sans son aveu ?

La reine blessée dans son orgueil, se redressa de toute sa hauteur : — Le droit de justice m’appartient, mon Père, et il m’est loisible de l’exercer en tout temps et en tous lieux. Le roi de France n’a rien à y voir et je ne dois qu’à Dieu seul compte de mes actions…

— Mais vous pourriez, Madame, remettre le coupable entre les mains des juges qui instruiraient son procès… Christine se leva, brusquement :

— Retournez vers cet homme, mon Père, et occupez-vous de son âme…

Et elle lui tourna le dos.

Le pauvre moine, les larmes aux yeux, vint retrouver le condamné qui, voyant l’entretien se prolonger, avait repris quelque espoir et s’accrocha à lui comme un naufragé à une épave. Il l’embrassa et lui murmura à l’oreille :

— Je ne puis plus rien que prier pour vous et avec vous.

Le malheureux chancela en poussant deux ou trois grands cris.

Comment l’idée de défendre sa vie ne lui vint-elle pas ? Il portait une cotte de mailles sous son pourpoint et, comme tout gentilhomme, était armé d’une dague. Ne pouvait-il tuer ou blesser les sbires ? Tuer, par exemple, son bourreau Sentinelli qui avait causé sa perte et venait d’entrer dans la galerie pour se repaître de sa vengeance ?

Faut-il croire qu’il descendit jusqu’à supplier ce faux ami d’aller implorer pour lui la miséricorde de la reine, leur maîtresse ? Le beau favori n’était plus qu’une loque sans courage ni dignité.

Il s’abattit aux pieds du religieux pour commencer sa confession, entremêlant dans son trouble les mots français, latins, italiens et son confesseur n’était pas moins troublé que lui.

C’est alors que le capitaine des gardes rentra, pâle d’un ordre implacable :

— Es-tu enfin confessé, marquis ? demanda-t-il. À l’instant il te faut mourir.

Et l’épée haute, il le poussa jusqu’à la muraille, lui donnant un grand coup de pointe dans la poitrine comme pour l’y clouer. Mais la lame s’émoussa contre la cotte de mailles. Monaldeschi la saisit de la main droite pour parer le coup et le fer lui coupa trois doigts. Dès lors la tuerie tourna à la boucherie. Le Père Le Bel éperdu suivait le moribond pour lui donner l’absolution, l’adjurant de souffrir la mort pour ses péchés et de pardonner à ses assassins.

Sentinelli s’approchant à son tour lui porta un coup d’épée en plein visage, ce beau visage dont il avait été si jaloux. Monaldeschi tomba un genou en terre, en criant :

— Mon père ! Mon père !

Le religieux qui pleurait le bénit une seconde fois. Alors le mourant s’étendit sur le parquet comme sur un billot et de sa main sanglante indiqua qu’il fallait lui couper la gorge.

Mais les assassins étaient si troublés qu’ils ne firent que la lui taillader, « la chicoter », selon l’expression d’un témoin.

Le malheureux se tourna sur le côté droit et ne parla plus. Mais il râla encore un quart d’heure, tandis que le Père Le Bel, à genoux près de lui, continuait à l’exhorter et récitait le De Profundis.

L’odieux Sentinelli lui remua alors les bras et les jambes pour s’assurer qu’il était bien mort, le fouilla et ne trouva dans sa poche qu’un poignard et un petit livre de l’Imitation de Jésus-Christ.

Il était quatre heures de l’après-midi. L’exécution avait duré deux heures.

Enfin tous s’en allèrent, comme ils en avaient reçu l’ordre.

La nuit tombait quand Christine survint à pas muets, drapée dans un long manteau noir. Elle s’agenouilla près du cadavre, prit entre ses mains la tête mutilée, souleva les paupières sur ces yeux bleu-vert qu’elle avait tant aimés et dont le regard fixe, plein de douleur et d’effroi, semblait la poursuivre, baisa les belles lèvres couvertes d’une écume de sang. Puis, s’écroulant en travers du corps, elle éclata en longs sanglots sans larmes, qui la secouaient de durs et violents spasmes.

Était-ce Rinaldo qu’elle pleurait ou son grand amour, lui aussi assassiné ?

Le lendemain, elle était de nouveau calme et ne fit d’autre allusion au drame que pour s’assurer que Monaldeschi serait inhumé dans l’église d’Avon et pour envoyer au Père Le Bel cent livres destinées à des messes pour l’âme du défunt.

Mais ses traits s’étaient figés en une sèche précision de lignes qui avaient perdu souplesse et velouté.

Ebba, sa chère Ebba, était morte deux mois plus tôt, en couches, sans avoir pu la revoir. À trente ans, la jeunesse de Christine était finie.

Une tendre et longue amitié avec le cardinal Azzolino fut la consolation de sa vie à Rome, où elle vécut, paisible et pacifié, jusqu’à l’âge de soixante-trois ans. Elle mourût en pleine connaissance, avec courage et tranquillité.

Mais plus jamais elle n’aima.

FIN
Cet ouvrage a été écrit en 1938