Le Remords (Émile Van Arenbergh)

Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 27).


Le Remords


Caïn fuyait : — des voix emplissaient le ciel pâle,
Épouvantant son cœur inquiet et subtil ;
Il sentait dans le vent qui l’assiégeait d’un râle
D’inexorables mains le poussant vers l’exil.

Il fuyait, — et vers lui des sanglots, des huées
Montaient dans la clameur des forêts et des mers ;
Il fuyait, — écoutant les meutes des nuées
Gronder déjà là-bas sous le fouet des éclairs.

Il fuyait, — et soudain il se cacha la face,
Quand le soleil, de meurtre empourprant tout l’espace,
Roula, tête sanglante, au fond du gouffre noir ;

Et le ciel écarlate, éclaboussé du crime,
Semblait teindre Caïn du sang de sa victime,
— Et le Maudit fuyait, tout rouge dans le soir.