Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 260).
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CCVI


Tous tes lauriers d’amour en ces vingt ans cueillis
Pourris, ne seront plus qu’une innommable pâte !
Tout se corrompt ainsi, ma chère, tout se gâte :
La reine en son palais, l’oiseau dans le taillis.
 
La pêche, qui pendait, toute d’or, au treillis,
Devient blette et noircit pendant que je la tâte…
Il faut que le hasard arrive en grande hâte
Qui doit nous réunir encor ! Car tu vieillis.

Dans peu ta vénusté sera toute dissoute.
Tu n’avais déjà plus ce duvet qui veloute
Le fruit, quand il se gonfle encor sur l’espalier…

Ah ! oui, que ce hasard merveilleux se dépêche
Et que le vent arrière active son voilier,
Car déjà tu blettis, tiens, comme cette pêche !…