Le Parterre (Guaita)

Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 261-263).


Le Parterre


Parterre ensorcelé, fleuri de tristes rêves,
Où souffle un vent évocateur de maux sans trêves,

Un vent triste et bougon qui, sur les pauvres fleurs,
En guise de rosée, épand de larges pleurs ;

Et sous un ciel éteint, sinistrement tournoie,
Imbu de ton relent, ô ma défunte joie ;


Et roule les clartés des jours qui ne sont plus :
— Valse pâle de feux-follets irrésolus ! —

Et comme, au vent du nord, vont les feuilles des roses,
Mêle dans l’air le vol de mes pensers moroses…



En un tout petit coin, des Illusions d’or
Daignaient fleurir à part et me sourire encor :

Grâce à cette oasis, tu me semblais bien douce,
Ô terre de la ronce et terre de la mousse !

Pauvre jardin, fascinateur comme l’aimant,
Où revenaient mes pas inévitablement ;

Où penchait le front las de ma mélancolie
Qui va pleurant, qu’elle médite ou qu’elle oublie !

Ta palissade est effondrée, et tout manant,
Tout seigneur, tout bourgeois peut entrer, maintenant !

Ma terre n’est plus mienne, et je vais fuir loin d’elle :
Chacun peut y cueillir le myrthe et l asphodèle !


FIN