Le Parnasse contemporain/1876/La Madeleine du Corrège

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]III. 1876 (p. 334-335).


LA MADELEINE DU CORRÉGE


La Vierge n’est plus folle. Un malaise d’amour
La tient presque mourante au fond d’une vallée
Et pèse avec langueur sur sa gorge troublée
Comme le vent du soir sur un raisin trop lourd.

Son œil à demi clos veut oublier le jour.
Vénus mélancolique, à l’ombre d’une allée
Sous un effort de vie elle tombe accablée,
Car son cœur était large et le temps était court.


La voilà donc pieds nus la belle pécheresse
Pieds nus, cheveux en pleurs, et la tiède paresse
Gonfle en les déroulant les anneaux de sa chair ;

Sur l’autel orageux où flamboyait cette âme
Les cendres pour une heure ont étouffé la flamme
Qui parfume la lampe et dort sans un éclair.