Le Parnasse contemporain/1876/Crépuscule

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]III. 1876 (p. 371).
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CRÉPUSCULE


Et je songe, ô mon Dieu, qu’il sera bientôt soir.
SAINTE-BEUVE.


N’avoir qu’une pensée et ne pouvoir la dire,
Souffrir d’un mal unique et n’oser le montrer,
Et sentir en son cœur les nœuds se resserrer,
Et voir de devant soi l’espoir qui se retire !

— Chaque jour vient plus lourd et plus vide s’en va ;
Comme au soir, sur la plage, après la grande houle
Le flot de ma jeunesse à petit bruit s’écoule ;
Le ciel s’est refermé dont mon désir rêva.

O tristesse, ô langueur, ennui muet et morne !
Pas d’astre à l’horizon, pas de phare à l’écueil,
Rien ! ces immensités et profondeurs de deuil
S’étendent dans la nuit sans mesure et sans borne