Le Parnasse contemporain/1869/Violettes d’avril

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]II. 1869-1871 (p. 308).


SONNET


Violettes d’avril, campanules sauvages.
Fraise au goût parfumé, marguerites des bois,
Verveines & lilas qui mêlez à la fois
Vos fleurs & vos senteurs dans l’ombre des bocages :

Iris des ruisseaux clairs semés de coquillages,
Joubarbes égayant le chaume des vieux toits,
Beaux rosiers qui donnez des roses chaque mois,
Tapis doux à fouler, mousse des frais rivages ;

Vous avez à mes yeux un charme sans pareil.
Que j’aime mieux pourtant, le matin, au réveil,
Arrêter mes regards sur ma divine amie :

Dans le satin moiré je l’admire, en vainqueur.
Son bras rond replié, mollement endormie,
Seins nus, cheveux épars & pâle de langueur.