Le Parnasse contemporain/1869/Neige blanche

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]II. 1869-1871 (p. 301-302).
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C. ROBINOT-BERTRAND

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NEIGE BLANCHE

DES HAUTS SOMMETS


Qu’elle est belle avec ses grands yeux,
Ses yeux profonds, mystérieux
Comme le ciel où se déplie
L’ombre des soirs silencieux !
Un amour insensé me lie !

Neige blanche des hauts sommets,
Son âme froide n’a jamais
Compris les tourments de ma vie :
O morts paisibles, désormais
C’est à vous que je porte envie !

Ainsi je racontais mes maux
Aux rochers, aux sombres rameaux,
Éveillant la nuit endormie ;
Et partout j’entendais ces mots :
— Qu’elle est cruelle, ton amie !


Au bord du fleuve, au fond des bois,
J’allais seul, & pleurant parfois,
Sans rayon & sans poésie,
J’allais errant, — lorsque sa voix !…
Combien mon âme fut saisie !

Lorsque sa voix !… Souffles des cieux,
Chœurs des Esprits harmonieux,
Célébrez ma joie infinie,
Dites le mot délicieux
Par qui ma peine fut bannie !