Le Parnasse contemporain/1869/Le Courant

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]II. 1869-1871 (p. 201).




ALBERT MÉRAT

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HORS DES MURS

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LE COURANT


Il faudrait, pour quitter la ville, un vieux bateau,
Suivant l’eau lentement, sans voiles & sans rames.
Sur des nuages blancs aussi blancs que des femmes,
Le ciel d’été, l’azur étendrait son manteau.

Serré dans le granit comme dans un étau,
Le fleuve mord ses bords & glisse en courtes lames ;
Et la ville aux toits bleus tout pailletés de flammes
Parade bruyamment comme sur un tréteau.

Plus de quai ; des maisons d’un étage, des rives ;
Les saules, les bouleaux, les aubépines vives,
Un coin du bien-aimé paysage français.

Les peupliers sont hauts, les collines sont bleues ;
Où donc est la rumeur de foule où je passais ?
Je ne sais pas combien j’ai pu faire de lieues.