Le Parnasse contemporain/1869/La Ville

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]II. 1869-1871 (p. 203-204).
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LA VILLE


Nos coteaux, les plus purs de tous & les plus doux,
Que, n’eût été la Grèce, auraient choisis les faunes,
Au bas de leurs sentiers poudrés de sables jaunes
Ont comme une hydre énorme éparse à leurs genoux.

La Ville nous fascine, étant moins près de nous,
Avec ses tours aussi royales que des trônes ;
Horizontale, bleue & blanche entre les cônes
Des châtaigniers plus verts & des chênes plus roux.

D’ici l’on ne voit rien que les langueurs farouches
Du monstre aux mille bras puissants, aux mille bouches,
Dont le grand soleil d’août ensanglante les yeux.


Elle est plus dangereuse ainsi ; mais, pour nous prendre,
Il faudrait que le ciel fût moins silencieux ;
Il faudrait que le bois ne sût pas nous défendre.