Le Parnasse contemporain/1866/La Saint-Jean

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]I. 1866 (p. 282).


LA SAINT-JEAN


Timide, il me souvient qu’un jour je l’ai menée
Sur la terrasse haute au splendide coup d’œil,
Où jadis un château gothique sous l’orgueil
De ses tours a tenu la plaine dominée.

C’était en juin, le mois le plus doux de l’année,
Le soir de la Saint-Jean… Les étoiles, au seuil
Du ciel bleu, surgissaient pâles et comme en deuil,
La plaine de grands feux s’étant illuminée.

Sur les hauteurs, avec des rougeurs de tison,
D’autres brasiers lointains enfumaient l’horizon :
Et le fleuve, au milieu, déroulait ses méandres ;

Et, tandis qu’à mon bras pesait un bras peureux,
Sans ombre scintillaient des fanaux amoureux
Vers les blondes Héros invitant des Léandres.


LÉON VALADE