Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« En ce à quoy longuement l’homme s’est préparé »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 39).
XXX.


En ce à quoy longuement l’homme s'est préparé
Il s'en aproche bien avec plus d'asseurance,
Avecque plus d'effort il luy fait resistance,
D'un magnanime ceur au dedans remparé :

Au contraire celuy n'est jamais asseuré
Qui du mal à venir ne prevoit l'accointance,
Aincois au moindre choc d'une courte souffrance,
Fremit comme le flot par le vent altere ;

Afin donc que la peur de la mort ne te domte,
Repenses y souvent, & tu n'en tiendras comte
Comme d'un point fatal à chacun ordonné ;

Sur tout ne pleure point le meurdre, ou le carnage
Que la mort fait sur nous, ce n'est point être sage
De regretter l'estat auquel tout homme est né.