Le Livre des sonnets/Notes et Variantes

Le Livre des sonnetsAlphonse Lemerre (p. 163-216).


NOTES

ET VARIANTES




Page ix, ligne 18.

Colletet ne ſavait pas que le mot de ſonnet tel que l’emploient Thibaut de Champagne & Guillaume de Lorrïs s’applique indiſtinctement à toute eſpèce de chant. Pour les trouvères comme pour les troubadours le ſonnet eſt ce qui ſonne. « Les Provençaux, dit Ginguené, appelaient ſonnets des pièces dont le chant était accompagné du ſon des inſtruments. » (Hiſtoire littéraire de l’Italie, 1811, tome Ier, page 295.) Le poème de quatorze vers à forme fixe, que nous appelons Sonnet, eſt abfolument étranger à la vieille poéſie provençale, & c’eſt en Italie qu’il faut en chercher les premiers types. On connaît, il eſt vrai, un ſonnet provençal attribué à Guilhem des Amalrics, troubadour du xive ſiècle. Mais ce Guilhem des Amalrics fut imaginé au xvie par Jehan de Notre-Dame, & le prétendu ſonnet de ce Guilhem n’eſt que la fin d’un vieux chant, coupée & remaniée ; c’eſt un octain ſuivi de deux tercets.


Page xxi, ligne 14.


Sonnet de Annibal Caro



Eran l’aer tranqillo & l’onde chiare,
Soſpiraua Fauonio, & fuggia Clori,
L’alma Ciprigna innanzi à i primi albori,
Ridendo, empiea d’amor la terra e’l mare ;

La rugiadoſa Aurora in ciel più rare
Facea le ſtelle, & di più bei colori
Sparſe le nubi e i monti ; uſcia già fuori
Febo, qual più lucente in Delfo appare :

Quando altra Aurora un più uezzoſo hoſtello
Aperſe, & lampeggiò ſereno & puro
Il Sol, che ſol m’abbaglia, & mi disface.

Volſimi ; e’n contro à lei mi parue oſcuro
(Santi lumi del Ciel, con noſtra pace)
L’oriente, che dianzi era ſi bello.

(Rime… in Venetia, Appreſſo Aldo Manutio. M. D. LXXII.)


Page xxxiii, ligne 22.

Voici le fonnet compoſé pour Louis XIII par Claudio Achillini.


Lodafi il Ré Luigi


Il Grande, il Vittorioſo, il Giuſto.



Sudate, o Fochi, à liquefar metalli,
E voi, Ferri vitali, itenc pronti,
Ite di Paro à ſuiſcerare i monti,
Per inalzar Coloſſi al Rè de’ Galli.

Vinſe l’inuitta, Rocca, e de’ vaſſalli
Spezzò gli orgogli à le rubelle fronti,
E machinaudo inujitatl pontî,
Diè fuga à i mari, e li conuerſe in valli.

Volò quindi fù l’Alpi, e il ferro ſtrinſe,
E con mano d’Aſtrea gli alti litigi
Temuto ſolo, e non veduto eſtinſe.

Ceda le palme pur Roma à Parigi ;
Che, ſe Ceſare venne, e vide, e vinſe,
Venne, vinſe, e von vide il Gran Luigi.

(Al Rè chriſtianiſſimo il Gran Luigi il Vittorioſo, il Giuſto. In Bologna, preſſo gli Eredi del Cochi. 1629.)


Sonnet 1.

Œuures poétiques de Mellin de S. Gelais, À Lyon, par Antoine de Harſy. 1574.

Sonnets 2 & 3.

Les Œuures de Clement Marot, de Cahors, en Querci, Vallet de Chambre du Roy… A Niort, Par Thomas Portau, 1596.

Le fonnet 3 eſt traduit d’un des ſonnets de Pétrarque : In morte di Madonna Laura. In Vinegia appreſſo Gabriel Giolito de Ferrari e fratelli. m d l :


Da piu begli occhi, e dal plu chiaro uiſo
Che mai ſplendeſſe, e da piu bei capelli
Che facean l’oro e’l ſol parer men beli ;
Dal piu dolce parlar, e dolce riſo ;

Da le man, da le braccia, che conquiſo,
Senza mouerſi, haurian quai piu ribelli
Fur d’amor mai ; da piu bei piedi ſnelli ;
Da la perſona fatta in paradiſo

Prendean uita i miei ſpirti : hor n’ha diletto
Il re celeſte, e i ſuoi alati corrieri ;
Et io ſon qui rimaſo ignudo e cieco.

Sol un conforto a le mie pcne aſpetto :
Ch’ ella, che uede tutti i miei penſieri,
M’impetri gratta, ch’ i poſſa eſſer ſeco.


Sonnet 4.

Les Œuvres de P. de Ronſard Gentilhomme Vandomois. Reueues, corrigées & augmentées par l’Autheur. A Paris, Chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l’enſeigne S. Claude. 1584.

Ce ſonnet eſt au Premier liure des Amours,

« Ronſard identifie ſa maitreſſe Caſſandre avec l’antique prophéteſſe de ce nom, & ſe fait prédire par elle ſes deſtinées, qui ſe ſont accomplies juſqu’à la lettre. Il mourut en effet tout infirme & caſſé dans un âge peu avancé encore. Ses neveux ont ri de ſes ſoupirs, & il a été la fable du vulgaire. » (Sainte-Beuve.)

Cette Caſſandre était une demoiſelle de Blois. Ronſard a dit (l. I des Amours) :


Ville de Blois, naiſſance de ma Dame.


Sonnets 5, 6 & 7.

Mêmes Œuures. Le ſecond liure des Amours.

Nous ne connaiſſons de Marie ni ſa famille ni ſon nom. Nous ſavons ſeulement qu’elle était de Bourgueil, en Anjou, & qu’elle avait ſeize ans lorſque Ronſard s’éprit d’elle. Le portrait qu’il en fait eſt vague & charmant (l. II des Amours) ;


Marie, vous auez la iouë auſſi vermeille
Qu’vne roſe de May, vous auez les cheueux
Entre bruns & châtains, friſez de mille neuds,
Gentement tortillez tout autour de l’oreille.

Quand vous eſtiez petite, vue mignarde abeille
Sur vos léures forma ſon nectar ſauoureux,
Amour laiſſa ſes traits en vos yeux rigoureux,
Pithon vous feit la voix à nulle autre pareille.


Vous auez les tetins comme deux monts de lait,
Qui pommelent ainſi qu’au printemps nouuelet
Pommelent deux boutons que leur chaſſe environne,

De Iunon ſont vos bras, des Graces voſtre ſein,
Vous auez de l’Aurore & le front & la main,
Mais vous auez le cœur d’vue fiere Lionne.

L’édition de 1567 donne cette variante au fonnet 5 :


Mignonne, leuez-vous, vous eſtes pareſſeuſe,
Ia la gale Alouette au ciel a fredonné,
Et la le Roſſignol doucement iargonné,
Deſſus l’eſpine aſſis, ſa complainte amoureuſe.

Debout donc, allon voir l’herbelette perleuſe,
Et voſtre beau roſier de boutons couronné,
Et voz œillets aime, auſquels auiez donné
Hier au ſoir de Veau d’vue main ſi ſongneuſe.

Hier en vous couchant, vous me fiſtes promeſſe
D’eſtre plus-toſt que moy ce matin éueillée,
Mais le fommeil vous tient encor toute ſillée :

Ha ie vous puniray du peché de pareſſe,
Ie vais baiſer’ vos yeux & voſtre beau tetin
Cent fois pour vous aprendre à vous lever matin.

Le fonnet 7 fe trouve dans la Seconde partie : Sur la mort de Marie.


Sonnets 8, 9 & 10.

Mêmes Œuvres. Le fecond livre des fonnets pour Helene.

Hélène de Fonſèque, fille du baron de Surgères & d’Anne de Coſſé-Briſſac, était fille d’honneur de Catherine de Médicis.

La chanſon de Béranger :

Vous vieillirez ô ma belle maîtreſſe !…

rappelle le ſonnet 8.

Le tableau des vieillards aſſis ſur les remparts (ſonnet 9) eſt emprunté à Homère :

Εἴατο δημογέροντες ἐπὶ Σϰαιῇσι πύλῃσιν·
γήραϊ δὴ πολέμοιο πεπαυμένοι…
Ἦϰα πρὸς ἀλλήλους ἔπεα πτερόεντ’ ἀγόρευον·
Οὐ ν'μεσις Τρῶας ϰαὶ εὔϰνήμιδας Ἀχαιοὺς
τοιῇδ’ ἀμφὶ γυναιϰὶ πολὺν χρόνον ἄλγεα πάσχειν·
αἰνῶς ἀθανάτῃσι θεῇς εἰς ὦπα ἔοιϰεν.
Ἀλλα ϰαὶ ὥς, τοίη περ ἐοῦσ', ἑν νηυσὶ νεέσθω,
μηδ’ ἡμῖν τεϰέεσσί τ’ ὀπίσσω πῆμα λίποιτο.

                        (ΙΛΙΑΔΟΣ Γ, vers 149…-160).

Voici comment Hugues Salel, traducteur des onze premiers livres de l’Iliade, a traduit ce paſſage (édition de 1580) :

Là ces vieillards affis de peur du halle
Cauſoyent enſemble.......
..............
..............
Leſquels voyant la diuine Gregeoiſe,
Diſoyent entr’ eux, que ſi la grande noiſe
De ces deux camps duroit longue ſaiſon,
Certainement ce n’eſtoit ſans raiſon :
Veu la beauté & plus qu’humain ouurage
Qui reluiſoit en ſon diuin viſage.

Ce neantmoins il vaudroit mieux la rendre
(Ce diſoyent-ils) ſans gneres plus attendre,
Pour euiter le mal qui peult venir
Qui la voudra encore retenir.

Properce a fourni à Ronſard les deux derniers vers du même ſonnet :


Nunc, Pari, tu ſapiens, & tu, Menelae, fuiſſi ;
Tu, quia poſcebas ; tu, quia lentus eras.

(Livre II, élégie III, vers 37.)


Sonnet 11.

Mêmes Œuures. Sonnets à diuerſes perſonnes.


Sonnet 12.

Le Recueil des Sonnets, Odes, Hymnes, Elegies, Fragments, & autres pieces retranchees aux editions precedentes des Œuures de P. de Ronſard Gentilhomme Vendomois, Avec quelques autres non imprimees cy-deuant.

Ce Recueil fait partie des Œuures de Ronsard, éd. 1623 (t. II).


Sonnet 13.

L’Oliue, & autres Œuvres poétiques de Ioachim Du-Bellay Gentilhomme Augeuin. A Paris, De l’imprimerie de Federic Morel… m. d. lxviiii.

Olive eſt l’anagramme de Viole, nom de la maîtreſſe poétique de Du Bellay.


Sonnets 14, 15 & 16.

Les Regrets & autres Œuures poétiques de Ioach. du Bellay Ang. A Paris, de l’imprimerie de Federic Morel, rue S. Ian de Beauuais, au franc Meurier. m. d. lviiii. Auec priuilege du Roy.


Sonnet 17.

Le Premier Liure des Antiquitéz de Rome, contenant une generale deſcription de ſa grandeur, & comme une déploration de ſa ruine : par Ioach. Dubellay Ang. Plus un Songe ou viſion ſur le meſme ſubiect, du meſme autheur. A Paris, De l’imprimerie de Federic Morel… m. d. lviii.


Sonnet 18.

Les Amours de Ian Antoine de Baïf. A Monſeigneur le Duc d’Aniou fils & frere de Roy. A Paris, Pour Lucas Breyer. 1572.

La dame à qui Baïf dédia ces poéſies était Francine ou Françoiſe de Gennes.


Sonnet 19.

Les Œuures poétiques de Remy Belleau… A Paris, Pour Gilles Gilles… 1585.

Ce fonnet eſt dans la Seconde iournée de la Bergerie.

Sonnets 20, 21, 22 & 23.

Euures de Louize Labé lionnoize. A Lion. Par Ian de Tournes, m. d. lvi. Auec Priuilege du Roy.

« C’eſt dans ſes ſonnets ſur tout que la paſſion de Louiſe éclate & ſe couronne par inſtants d’une flamme qui rappelle Sapho & l’amant de Lesbie. Pluſieurs des ſonnets pourtant ſont pénibles, obſcurs : on s’y heurte à des duretés étranges… Elle n’obſerve pas toujours l’entrelacement des rimes maſculines & féminines, ce qui la rattache encore à l’école antérieure à Du Bellay. Mais toutes ces critiques inconteſtables ſe taiſent devant de petits tableaux achevés comme celui-ci, où ſe réſument au naturel les mille gracieuſes verſatilités & contradictions d’amour :


Ie vis, ie meurs : ie me brûle & me noye… »

(Sainte-Beuve. Portraits contemporains & divers, pp. 175-176.)


Sainte-Beuve ajoute, en parlant du ſonnet Tant que mes yeux pourront larmes eſpandre… : « Admirable de ſenſibilité, il fléchirait les plus ſévères ; à lui ſeul il reſterait la couronne immortelle de Louiſe. »

Le fonnet 23 eft un fouvenir de ces vers de l’élégiaquc latin :


Da mi baſia, mille, deinde centum,
Dein mille altera, dein ſecunda centum,
Deinde uſque altera mille, deinde centum.
Deinu, cum milia multa fecerimus,
Conturbabimus illa, ne ſciamus,

Aut ne quis malus invidere poſſit,
Cum tantum ſciat eſſe baſiorum.

(Catullus, V.)


Un ſonnet d’Olivier de Magny, intitulé : Des beautez de D. L. L. & imprimé tout d’abord dans l’édition originale de Louiſe Labé, parmi les Eſcriz de diuers Poëtes à la louenge de Louize Labé Lionnoiſe, nous retrace un portrait, bien peu précis malheureuſement, de la belle Cordière. Voici ce ſonnet :


Où print l’enfant Amour le fin or qui dora
En mile creſpillons ta teſte blondiſſante ?
En quel tardin print il la roze rougiſſante
Qui le liz argenté de ton teint colora ?

La douce grauité qui ton front honora,
Les deus rubis balais de ta bouche allechante,
Et les rais de cet œil qui doucement m’enchante,
En quel lieu les print il quand il t’en décora ?

D’où printl Amour encor ces filets & ces leſſes,
Ces hains & ces apaſts que ſans fin tu me dreſſes
Soit parlant ou riant ou guignant de tes yeus ?

Il print d’Herme, de Cypre, & du ſein de l’Aurore,
Des rayons du Soleil, & des Graces encore,
Ces atraits & ces dons, pour prendre hommes & Dieus.


Ces filets, ces leſſes & ces bains allégoriques révéleraient un ſentiment véritable, s’il eſt vrai, comme on tend à le croire, qu’Olivier de Magny ait aimé Louiſe Labé. (Voir la favante Notice de M. Erneſt Courbet, en tête de ſon édition des Soupirs.)


Sonnet 24.

Les Œuures de Mes-Dames des Roches de Poetiers mere & fille… A Paris, Pour Abel l’Angelier… 1579.

Les dames Des Roches, célèbres pour leur bel eſprit, le ſont notamment pour la puce qu’Eſtienne Paſquier vit ſur l’une d’elles. Cette puce fut l’objet d’un recueil de poèmes qui parut en 1581.


Il paraît que Mme  Des Roches, dont le vrai nom eſt Madeleine Neveu, n’était point auſſi bonne filandière que ſa fille Catherine. Témoin ce tercet final d’un ſonnet de la dame :


Le feu de mon eſprit perd ſa douce lumière,
Et ne me reſte plus de ma forme premiere
Sinon que i’ayme mieux eſcrire que filer.


Sonnet 25.

Vers François de feu Eſtienne De la Boetie Conſeiller du Roy en ſa Cour de Parlement à Bordeaux. A Paris. Par Federic Morel Imprimeur du Roy. m. d. lxxii. Auec priuilege.

Marguerite de Carle, veuve d’un premier mari, d’Arſat, épouſa La Boétie. Elle appartenait à une famille diſtinguée, qui comptait parmi ſes membres un poète illuſtre à ſon époque, Lancelot de Carle, évêque de Riez.


Sonnet 26.

Les Souſpirs, d’Oliuier de Magny, A Paris, Pour Vincent Sertecnas… 1557.

Sonnets 27, 28 & 29.

Les Premières Œuures de Philippes Des-Portes… A Paris, Par Mamert Patiſſon… m.dc.

Le fonnet 27 eft le premier des Amours d’Hippolyte. Il eſt imité d’un ſonnet de Sannazar :


Icaro cadde qui, queſte onde il ſanno

Le ſonnet 28 eſt l’un de ceux réunis ſous le titre de : Diane premieres amours de Philippes Des-Portes, & compoſés en l’honneur de Diane de Coſſé, comteſſe de Mansfeld. Le ſonnet 29 ſe trouve dans Bergeries & Maſquarades,


Sonnet 30.

Prières & Méditations Chreſtiennes. Par Philippes Des-Portes… A Paris, chez Abel l’Angelier… m. dciii.


Sonnet 31.

Recueil des Œuures poétiques de lan Paſſerat, lecteur & interprete du Roy. Augmenté de plus de la moitié, outre les precedantes impreſſions. Dédié à Monfeigneur le Duc de Suilly. A Paris, Chez Abel l’Angelier… 1606.

Dans un recueil publié du vivant de Paſſerat (Le Premier Liure des mignardes & gaies poeſies de A. D. C. A. M… A Paris, Pour Gilles Robinot, tenant ſa boutique au Palais, en la gallerie, par où on va à la Chancellerie), m. d. lxxviii, on trouve un ſonnet qui reſſfemble ſingulièrement à celui-ci & qui peut bien en avoir été le prototype. C’eſt le dixième des Sonnets ſur la conualeſcence de M. L. G. Damoiſelle D. S. M.

Voici ce ſonnet de A. D. C. (Antoine de Cotel, Conſeiller au Parlement de Paris) :


Tulene, & ſon eſtat, font eſteincts d’vn coup, Sire.
Toutesfois (s’il vous plaiſt) encore eſt-il en vous
De les faire reuivre ; il eſt aſſez de ſouls,
Et trop de demandeurs, pour vous faire encor rire.

Entre vn pœte, & vn fou, il y a peu à dire :
Chacun d’eux eſt mocqué, & ſe mocque de tous.
L’vn eſt fouuent deſpit, l’autre eſt prompt à courrous :
Chacun d’eux dict, & va, où ſon plaiſir le tire.

L’vn porte vn gay chappeau, l’autre des bonnets verts :
Chacun aime ſon chant : l’vn ialoux de ſes vers,
L’autre de ſa marotte, on ne ſçauroit desfaire.

Ils different pourtant d’vn ſeul poinct en viuant :
Car l’on dict que fortune aide aux fouls bien ſouuent,
Et qu’aux pœtes elle eſt quaſi touſiours contraire.


Sonnet 32.

C’eft le VIIe des neuf ſonnets qui ont pour titre général : Les Neuf Muſes Pyrenees, preſentees par G. de Saluſte, Sieur du Bartas, au Roy de Navarre.

Ce recueil de ſonnets eſt à la ſuite de : Premiere Sepmaine ou Creation du monde de Guillaume de Saluſte, Seigneur du Bartas… A Rouen, de l’imprimerie De Raphaël du Petit Val, Libraire & Imprimeur du Roy. 1602.


Sonnet 33.

Petites Œuures meſlees du Sieur d’Aubigné… A Genève, Chez Pierre Aubert, Imprimeur Ordinaire de la Republique & Academie, m. oc, xxx. Avec permiſſion & privilege.

En tête de ce ſonnet on lit : « L’autheur trouva en paſſant par Agen un fort beau chien nommé Citron, qui avoit accouſtumé de coucher avec Sa Majeſté. Il lui fit coudre ſur le col, en forme de Placet, ce qui s’enfuit ; & le chien ne faillit point dès le ſoir à s’aller preſenter au Roi. »


Sonnet 34.

Les Œuures de Meſſiare François de Malherbe, Gentil-homme Ordinaire de la Chambre du Roy. Troiſieſme edition… A Paris, Chez Iean Promé. 1635.

Ce ſonnet a été compoſé en 1624, au dire de Racan.


Sonnet 35.

Ce ſonnet ſe trouve dans un cahier in-4o, ſans titre ni couverture (catalogué Ye 619, Bibliothèque nationale), paginé de 1 à 17, & ſigné A. B. C. D.

Le cahier contient trois pièces : io une ode Pour le Roy allant chaſtier la rebellion des Rochelois, & chaſſer les Anglois, qui en leur faueur eſtoient deſcendus en l’Iſle de Ré ; 2o une lettre au Roy contre les aſſaſſins de ſon fils, commençant ainſi : « Sire, les Vers que Voſtre Majeſté vient de lire paſſeront, s’il luy plaiſt, pour vn tres-humble remerciment de la promeſſe qu’elle m’a faite, de ne donner iamais d’abolition à ceux qui ont aſſaſſiné mon fils… ; » 3o le ſonnet Sur la mort du fils de l’Autheur, ſigné Malherbe, imprimé p. 17, Pas de ſignature à cette page, & rien au verſo.

Ce fils, Marc-Antoine, était âgé de 26 ans lorſqu’il fut tué. Il était Avocat au Parlement de Provence. Malherbe pourſuivit à outrance les meurtriers & mourut ſans avoir pu obtenir ſatisfaction.

Les vers 13 & 14 du ſonnet s’appliquaient à Pol de Fortia, ſieur de Pilles, iſſu, diſait-on, d’une famille juive.

Balzac, dans ſa Diſſertation xxviii, ſur Malherbe, adreſſée à M. de Plaſſac-Méré, ne manque pas de s’étendre aſſez longuement ſur ce douloureux événement : « La dernière année de ſa vie, il perdit ſon Fils vnique, qui fut tué en duel, par vn Gentil-homme de Provence. Cette perte le toucha ſenſiblement. Ie le voyois tous les jours dans le fort de ſon affliction, & je le vis agité de pluſieurs penſées differentes. Il ſongea vne fois… à ſe battre contre celuy qui avoit tué ſon Fils : Et comme nous luy repreſentafmes, Monſieur de Porcheres-d’Arbaud & moy, qu’il y avoit trop de diſproportion de ſon âge de ſoixante & douze ans, à celuy d’vn homme qui n’en avoit pas encore vingt & cinq : C’eſt à cauſe de cela, que je me veux battre, nous reſpondit-il ; Ne voyez-vous pas que je ne hasarde qu’vn denier, contre vne piſtole ?

« On luy parla en ſuite d’accommodement, & vn Conſeiller du Parlement de Provence, ſon Ami particulier, luy porta parole de dix mille eſcus : Il en rejetta la premiere proportion (cela eſt encore vray) & nous dit l’apreſdinée, ce qui s’eſtoit paſſé le matin, entre luy & ſon Ami. Mais nous luy fiſmes conſiderer que la vengeance qu’il deſiroit, eſtant apparemment impoſſible, à cauſe du crédit que ſa Partie avoit à la Cour, il ne devoit pas refuſer cette legere ſatisfaction,

qu’on luy preſentoit, que nous appellaſmes


                                folatia luctus
Exigua ingentis, miſero ſed debita Patri.

Et bien, dit-il, je croiray voſtre confeil, je pourray prendre de l’argent, puiſqu’on m’y force ; mais je proteſte que je ne garderay pas vn teſton, pour moy, de ce qu’on me baillera. I’employeray le tout à faire baſtir vn Mauſolée à mon Fils. Il vſa du mot de Mauſolée, au lieu de celuy de Tombeau, & fit le Poëte par tout.

« Peu de temps apres il fit vn voyage à la Cour, qui eſtoit alors devant la Rochelle, & apporta de l’Armée la maladie dont il vint mourir à Paris. Ainſi le traité des dix mille eſcus ne fut point conclu, de le deſſein du Mauſolée demeura dans ſon efprit. Il fit ſeulement imprimer vn Factum, & trois Sonnets, qui n’ont point eſté mis dans le Corps de ſes autres Ouvrages. Ie voudrois bien pouvoir contenter la curioſité que vous avez de les voir ; Mais de pluſieurs Exemplaires qu’il m’en avoit donnez, il ne s’en eſt pû trouver aucun, parmi mes Papiers, & il ne me ſouvient que de ce ſeul Vers,


Mon Fils qui fut ſi brave, & que j’aimay ſi fort.

Sur ma parole affleurez vous qu’ils eſtoient tous excellens, & que ce n’eſt pas vne petite perte, que celle que vous en faites. » (Les Œuvres de Mouſieur de Balzac… A Paris, Chez Louis Billaine… m. dc. lxv. T. II, p. 683.)


Sonnet 36.

Les Satyres, & autres Œuures du Sieur Regnier. Augmentez de diuerſes Pièces cy-deuant non imprimées, A Paris, Chez Louys Chamhoudry… 1655.

Sonnet37.

Les Poeſies de Gomhauld. A Paris, Chez Auguſtin Courbé… 1636.


Sonnet 38.

Les Œuures de Théophile… A Rouen, Chez Louys & Daniei Loudet, 1636.


Sonnet 39.

Les Œuures du Sieur de Saint-Amant… A Paris, Chez Nicolas Traboulliet… 1635.


Sonnets 40 & 41.

La Suitie des Œuures du Sieur de Saint-Amant.

A la ſuite de l’édition précédente.


Sonnet 42.

Les Œuvres du Sieur de Saint-Amant. Troiſieſme partie. A Rouen, De l’imprimerie de Iean Tieucelin… 1668.


Sonnet 43.

Les Œuures poétiques de Mr  Berlaut, Eueſque de Sees… A Paris, Chez Robert Bertault… 1633.


Sonnet 44.

Poefies diuerſes de Monſieur Colletet. Contenant des Sujets Héroïques, Des Paſſions Amoureuſes. Et d’autres Matières Burleſques & Enjouées. A. Paris, Chez Louis Chamhoudry… 1656.

Ce ſonnet eſt le xive du Quatorzain Burleſque. Ou quatorze Sonnets, Burleſques, & Satyriques.


Sonnet 45.

Les Couches ſacrées de la Vierge, Poëme héroïque de Sannazar. Mis en François, Par Colletet. A Paris, Chez Iean Camuſat… 1634.

Voici la traduction latine que La Monnoye fit de ce ſonnet :


AD CAROL. CATONEM CURTIUM.


Cum vidiſſet Adam formoſæ conjugis ora
       Fecerat æternâ quam Deus ipſe manu,
Protinus arſit amans, nec amanti reſtitit ilia.
       Et bené : tranſmiſſum duximus inde genus.
Blanditiis juvenum mulier tunc invia, credo,
       Una fuit, Curti, nulla vel eſſe poteſt.
Quidni blanditiis tunc invia nempé fuiſſet ?
       In loto, dices, orbe vir unus erat.
Fallimur ambo ſed hic, quamvis fortiſſimus eſſet
       Ac primo ætatis flore vigeret adhuc,
Quamvis ingenio quamvis foret indole felix
       Et quamvis forma conſpiciendus Adam,
Maluit Eva tamen pellacem audire colubrum
       Quam nullas mulier noſcere blanditias.

(Poëſies de M. de La Monnoye… A La Haye, Chez Charles le Vier. 1716.)


Sonnet 46.

Les Œuvres de Monſieur Saraſin. Poeſies. A Paris, Chez Auguſtin Courbé. 1656.


Sonnet 47.

Poeſies dit Sieur de Malleville. A Paris, Chez Auguſtin Courbé… 1649.

La Belle Matineuſe eſt, ſelon Boileau, le meilleur ſonnet de Malleville. La Harpe dit que La Belle Matineuſe eſt fort au-deſſous de ſa réputation, qu’il y a trop de mots & pas aſſez d’idées. Quoi qu’il en ſoit, ce ſonnet fonda la renommée de l’auteur.


Sonnet 48 & 49.

Les Œuures de Monſieur de Voiture. Troiſieſme édition… Poeſies. A Paris, Chez Auguſtin Courbé… 1652.


Sonnet 50.

Les Œuures de Monſieur de Benſſerade. Premiere partie. A Paris, Chez Charles de Sercy… 1697.


Sonnet 51.

Poéſies choiſies de Meſſieurs Corneille, Benſſerade… & pluſieurs autres. A Paris, Chez Charles de Sercy… 1653.

Corneille fit encore un ſonnet & un madrigal ſur la querelle des Jobelins & des Uranins. Il donne plus nettement ſon opinion dans la première de ces pièces, que voici :


Sur la conteſtation entre le Sonnet
d’Vranie & de Iob.


Demeurez en repos, Frondeurs & Mazarins,
Vous ne meritez pas de partager la France ;
Laiſſez-en tout l’honneur aux partis d’importance
Qui mettent ſur les rangs de plus nobles mutins.

Nos Vranins liguez contre nos Iobelins
Portent bien au combat vne autre vehemence ;
Et s’il doit s’acheuer de meſme qu’il commence,
Ce ſont Guelfues nouueaux, & nouueaux Gibelins.

Vaine démangeaiſon de la guerre Ciuille
Qui partagiez n’aguere & la Cour & la Ville,
Et dont la paix éteint les cuiſantes ardeurs,

Que vous auez de peine d demeurer oiſiue !
Puis qu’au meſme qu’on voit bas les Frondeurs,
Pour deux meſehants Sonnets on demande : Qui vive ?


Sonnet 52.

Le Theatre de P. Corneille. Reueu & corrigé par l’Autheur. I. Partie. À Paris, Chez Auguſtin Courbé… Et Guillaume de Luyne… 1660.

Thomas Corneille, dans ſon Dictionnaire univerſel géographique & hiſtorique, au mot Rouen, dit de ſon frère : « Une avanture galante luy fit prendre le deſſein de faire une Comedie pour y employer un Sonnet qu’il avoit fait pour une Demoiſelle qu’il aimoit. Cette Piece dans laquelle eſt traitée toute l’aventure, & qu’il intitula Melite, eut un ſuccès extraordinaire. »

Le nom de cette Demoiſelle eſt révélé par Le Moréri des Normands, manuſcrit de J.-A. Guiot de Rouen, conſervé à la bibliothèque de Caen : « Le plaiſir de cette avanture détermina Corneille à faire la comédie de Melite, anagramme du nom de ſa maîtreſſe… la demoiſelle Milet, très-jolie Rouennaiſe. »

Ainſi déterminé, Corneille ne manqua pas d’introduire le Sonnet dans ſa pièce (Acte II, Scène iv).


Sonnet 53.

Ce ſonnet ſe trouve dans l’épitre adreſſée à la Reine Régente, en tête de la tragédie de Polyeucte (éd. 1643). Corneille loue Anne d’Autriche de ſa prudence, de ſes ſoins, des bons conſeils qu’elle a pris, des grands courages qu’elle a choiſis pour les exécuter, de ſa gloire acquiſe, de la priſe de Thionville. Puis il ajoute : « Permettez que ie me laiſſe emporter au rauiſſement que me donne cette penſée, & que ie m’ecrie dans ce tranſport :


Que vos ſoins, grande Reine, enfantent de miracles… »


Sonnet 54.

La Vie de Damoiſelle Elisabeth Ranquet. A Paris, Chez Charles Savreux… 1655.

Ce ſonnet a pour titre : Sur la mort de Damoiſelle Elisabeth Ranquet, femme de Nicolas du Chevrcul, Eſcuyer ſieur I d’Eſturville. On le retrouve dans quelques exemplaires de l’édition originale d’Œdipe.

Le XIe vers rappelle deux vers des Entretiens ſolitaires de Brébeuf, ceux qui terminent les Déſirs de couverſion :


Que toute mon étude & toute mon envie
Soit de vous envoyer mes ſoupirs nuit & jour,
Et que le dernier de ma vie
Soit encore vn ſoupir d’amour.

Il eſt bien étrange que Brébeuf ait mis ce même ſonnet, avec quelques variantes, dans ſes Poëſies diverſes de 1658 & 1662 & dans ſes Éloges poétiques de 1661. Voici le texte de l’édition de 1658 :


ÉPITAPHE.


Ne verſe point de pleurs ſur cette ſepulture,
Tu vois de Leonor le tombeau precieux,
Où giſt d’vn corps tout pur la cendre toute pure,
Mais la vertu du cœur vit encore en ces lieux.

Auant que de payer les droits à la nature,
Son eſprit s’éleuant d’vn vol audacieux,
Alloit au Créateur vnir la Creature,
Et marchant ſur la terre elle eſtoit dans les Cieux.

Les Pauures bien mieux qu’elle, ont ſenty fa richeſſe,
Ne chercher que Dieu ſeul fut ſa ſeule allegreſſe,
Et ſon dernier ſoupir fut vn ſoupir d’amour.

Paſſant : qu’à ſon exemple vn beau feu te tranſporte,
Et loin de la pleurer d’auoir perdu le iour,
Cray qu’on commence à viure en mourant de la ſorte.


Sonnet 55.

Ce ſonnet, qui n’a pas été imprimé du vivant de Corneille, fournit de nombreuſes variantes. Le texte que nous avons choiſi eſt le plus ancien ; il eſt écrit de la main de Gaignières, ainſi que le nom P. Corneille qui le termine, & appartient à la Bibliothèque nationale, Ms. f. Gaignières, 22557, 14.

Il a été remanié par Voltaire de la façon qui ſuit :


Sous ce marbre repoſe un monarque ſans vice,
Dont la ſeule bonté déplut aux bons François ;
Ses erreurs, ſes écarts vinrent d’un mauvais choix,
Dont il fut trop longtemps innocemment complice.

L’ambition, l’orgueil, la haine, l’avarice,
Armes de ſon pouvoir nous donnèrent des loix ;
Et bien qu’il fût en ſoi le plus juſte des Rois,
Son règne fut toujours celui de l’injustice.

Fier vainqueur au dehors, vil eſclave en ſa cour,
Son tyran & le nôtre à peine perd le jour,
Que juſques dans la tombe il le force à le ſuivre ;

Et par cet aſcendant ſes projets confondus,
Après trente-trois ans ſur le trône perdus,
Commençant à régner, il a cessé de vivre.


Sonnet 56.


Diverſitez curieuſes, pour ſervir de récréation à l’eſprit. Huitième Partie. Suivant la Copie de Paris. Amſterdam, André de Hoogenhuyſen. 1699.

Le ſonnet, anonyme dans ce recueil, eſt précédé de cette note : « Sonnet ſur la Paſſion de Jesus-Christ : Et inclinato capite, &c. » Ce fut Mme Dunoyer qui l’attribua au comte de Modène, qu’elle avait « connu ſur ſes vieux jours. » (Voir : Lettres hiſtoriques & galantes, Par Madame de C***. Ouvrage curieux. Tome quatrième. Seconde Edition Revuë & corigée par l’Autheur. À Cologne, Chez Pierre Marteau. m. dcc. xv.)

Ce célèbre ſonnet a été ſouvent réimprimé. M. Alexandre Piedagnel, qui l’avait copié ſur une inſcription de la porte de l’ancien cimetière de la Sainte-Trinité, à Cherbourg, le communiqua au colonel F.-N. Staaff, puis à Alfred Delvau, à M. Georges Monval, directeur du Moliériſte, à nombre de journaux & de publications. À leur tour, Paul Lacroix & Louis de Veyrières le découvrirent dans des manuſcrits du temps, mais avec une leçon différente, qu’ils ont reproduite, l’un dans ſes Poéſies diuerſes attribuées à Molière, l’autre dans la Monographie du ſonnet.

Chacune de ces réimpreſſions fournit des variantes au texte de 1699. Nous ne citerons que celles du 12e vers, en faiſant remarquer que ſe meut eſt au prétérit pour ſe mut.


Tout pâlit, tout ſe meut dans la terre & dans l’air…
Tout gémit, tout frémit ſur la terre & dans l’air…
Tout pâlit, tout s’émut, ſur la terre & dans l’air…


Sonnet 57.

Recueil de pièces galantes, En Proſe & en Vers, de Madame la Comteſſe de la Suze, D’une autre Dame, & de Monſieur Peliſſon. Augmenté de pluſieurs Elegies. À Amfterdam, Chez Jean Rips. 1695.

François de la Mothe le Vayer, précepteur de Louis XIV, hiſtoriographe de France, membre de l’Académie françaiſe, perdit ſon fils en 1664.

Molière accompagnait ſon ſonnet de ces réflexions : « Vous voyez bien, Monſieur, que je m’écarte fort du chemin qu’on ſuit d’ordinaire en pareille rencontre, que le Sonnet que je vous envoye n’eſt rien moins qu’une conſolation ; mais j’ay crû qu’il falloit en uſer de la ſorte avec vous, & que c’eſt conſoler un Philoſophe que de luy juſtifier ſes larmes, & de mettre ſa douleur en liberté. Si je n’ay pas trouvé d’aſſez fortes raiſons pour affranchir voſtre tendreſſe des ſeveres leçons de la Philoſophie, & pour vous obliger à pleurer ſans contrainte, il en faut accuſer le peu d’éloquence d’un homme qui ne ſçauroit perſuader ce qu’il ſçait ſi bien faire. »

Molière reproduiſit dans Pſyché (Acte II, Scène I, éd. 1671) les deux quatrains du ſonnet, en les modifiant ainfi :


LE ROY.


Ah ! ma Fille, à ces pleurs laiſſe mes yeux ouverts,
Mon deuil eſt raiſonnable, encor qu’il ſoit extrême,
Et lors que pour toujours on perd ce que je perds,
La Sageſſe, croy-moy, peut pleurer elle-meſme.
           En vain l’orgueil du Diadème
Veut qu’on ſoit inſenſible à ces cruels revers,
En vain de la Raiſon les ſecours ſont offerts,
Pour vouloir d’un œil ſec voir mourir ce qu’on aime :
L’effort en eſt barbare aux yeux de l’Univers,
Et c’eſt brutalité plus que vertu ſuprême.


Sonnet 58.

Choix de poëſies morales & chrétiennes… Dédié à Monſeigneur le Duc d’Orléans… Paris, Chez Prault père & fils. 1759 (t. I, 1. iv).

Sainte-Beuve, après Du Radier, acculait Des Barreaux d’avoir trouvé dans un ſonnet de Philippe Deſportes qui commençait ainſi :


Helas ! ſi tu prends garde aux erreurs que i’ay faites…


le motif, les images & même les expreſſions de ſon fameux ſonnet. La vérité eſt qu’ils ont l’un & l’autre imité, mais Des Barreaux beaucoup plus heureuſement, ce ſonnet de Franceſco Maria Molza :


Signor, ſe miri a le paſſate offeſe,
A dir il vero, ogni matire è poco ;
S’al merto di chi ognor piangendo invoco,
Troppo ardenti fuette hai in me diſteſe.

Ei pur per noi umana carne preſe,
Con laquai poi morendo efiinfe il foco
De’ ſuoi diſdegni, e riaperſe il loco
Che’l noſtro adorno mal già ne conteſe.

Con queſta fida ed onorata ſcorta
Dinanzi al ſeggio tuo nti rappreſento,
Carco d’orrore, e di me ſteſſo in ira.

Tu pace al cor, ch’egli è ben tempo, apporta ;
E le gravi mie colpe, ond’io pavento,
Nel ſangue tinte del Figliuol tuo mira.


Sonnet 59.

Les Œuures de Monſieur Scarron. Reueuës, corrigées & augmentées de nouveau. Imprimées à Rouen… 1663.


Sonnet 60.

Fables nouvelles, & autres Poëſies. De M. de la Fontaine. A Paris, Chez Denys Thierry… 1671.

Ce ſonnet eft adreſſé à Mademoiſelle Colletet, femme du poète, ſur le portrait de cette dame peint par Sève.


Sonnet 61.

Œuvres de M. Boileau Deſpréaux. Nouvelle Édition, Avec des Éclairciſſemens Hiſtoriques donnés par lui-même, & rédigés par M. Broſſette… Par M. de Saint-Marc. A Paris, Chez David… 1747.

Broſſette dit en note : « L’Auteur avoit oublié ce Sonnet ; mais j’en trouvai par haſard une Copie, que je lui envoïai, & il me fit cette réponſe le 24. de Novembre 1707. « Pour ce qui eſt du Sonnet, la vérité eſt, que je le fis preſque à la ſortie du Collège, pour une de mes Nieces, qui mourut âgée de dix-huit ans… Je ne le donnai alors à perſonne, & je ne ſçay par quelle fatalité il vous eſt tombé entre les mains, après plus de cinquante ans qu’il y a que je le compoſai. Les Vers en ſont aſſés bien tournez, & je ne le deſavoüerois pas meſme encore aujourd’hui, n’eſtoit une certaine tendreſſe tirant à l’amour, qui y eſt marquée, qui ne convient point à un Oncle pour ſa Niece, & qui y convient d’autant moins, que jamais amitié ne fut plus pure ni plus innocente que la noſtre. Mais quoy ? je croyois alors que la Poëſie ne pouvoit parler que d’amour. C’eſt pour réparer cette faute, & pour montrer qu’on peut parler en vers, meſme de l’amitié enfantine, que j’ay compoſé, il y a quinze ou ſeize ans, le ſeul Sonnet qui eft dans mes Ouvrages & qui commence par Nourri dès le Berceau… »



Sonnet 62.

Poéſies de Madame & de Mademoiſelle Deshoullères… À Paris, Chez Villette… 1732.

Buſſy, peu ami de Racine, écrivait au P. Brulart, le 30 janvier 1677 : « Racine & Pradon ont fait chacun une comédie intitulée Phèdre & Hippolyte, & chacun a ſa cabale. M. de Nevers, qui eſt pour Pradon, fit l’autre jour ce ſonnet contre la comédie de Racine :


« Dans un fauteuil doré, Phedre tremblante & blême


« Racine piqué du ridicule dont ce ſonnet traitoit ſa comédie fit, dit-on, avec ſon ami Deſpreaux ce ſonnet en réponſe :


« Dans un palais doré, Damon, jaloux & blême... »


Ce premier ſonnet que Buſſy attribue au duc de Nevers fut compoſé, dans un ſouper, chez Madame Deshoulières, le ſoir même où la Phèdre de Racine avait été jouée pour la première fois. « Dès le lendemain matin, dit Niceron, l’abbé Tallemant l’aîné apporta une copie à Madame Deshoulières, qui la reçut ſans rien témoigner de la part qu’elle avait au ſonnet ; & elle fut enſuite la première à le montrer, comme le tenant de l’abbé Tallemant. »


Sonnet 63.

Le Porte-feuille de Monſieur L. D. F**** (L. de Lafaille). À Carpentras, chez Dominique Labarre, Imprimeur & Marchand Libraire, m. dc. xciv.

Anonyme dans cet ouvrage, ce ſonnet porte le nom de ſon auteur dans Le Nouveau Porte-feuille hiſtorique & littéraire. Ouvrage poſthume de Mr  Bruſen de la Martinière… À Amſterdam & à Leipzig, Chez J. Schreuder & P. Mortier le Jeune, mdcclv. À la ſuite on lit : « … Ce Sonnet eſt de Racine qui aimoit à faire courir des Épigrammes Anonymes ſur les pièces de Théâtre qu’il n’aprouvoit pas. »

C’eſt la réponſe au ſonnet de Madame Deshoulières ſur Phèdre. L’Auteur de qualité dont il eſt queſtion eſt le duc de Nevers, auquel, pendant quelque temps, on avait attribué ce Genſéric.


Sonnet 64.

Œuvres diverſes de M, Rouſſeau. Nouvelle édition. À Bruxelles ; aux dépens de la Compagnie, m. dcc. xli.

Joſeph-François Duché de Vancy, né en 1668, mort en 1704, membre de l’Académie des Inſcriptions. Il compoſa des poèmes d’opéras & des tragédies ſacrées pour l’Inſtitut de Saint-Cyr.


Sonnet 65.

Œuvres de Voltaire… Edition Beuchot. À Paris, Chez Lefèvre & Firmin Didot frères, 1833 (t. XIV).

Ce ſonnet eſt de l’année 1736. Voltaire écrivait à ce ſujet à M. Thieriot :

« À Cirey, le 18 mars.

« … Vous trouverez ſur une dernière feuille une choſe que je n’avais faite de ma vie, un ſonnet. Préſentez-le au marquis, ou non marquis, Algarotti, & admirez avec moi ſon ouvrage ſur la lumière. Ce fonnet eſt une galanterie italienne. Qu’il paſſe par vos mains, la galanterie fera complète. » (T. LII.)


Sonnet 66.

Poéſies de Antoni Deſchamps. Nouvelle édition revue & conſidérablement augmentée par l’auteur. Paris. H.-L. Delloye. 1841.

Ce ſonnet eſt traduit d’un des nombreux ſonnets compoſés par Pétrarque ſur la mort de Laure. Voici les vers italiens, d’après l’édition de Venise, 1550, chez Gabriel Giolito de Ferrari e fratelli (partie ii, f. 102) :


La uita fugge, e non s’arreſta un’ hora,
E la morte uen dietro a gran giornate ;
E le coſe preſenti, e le paſſate
Mi danno guerra, e le future anchora ;

E’l rimembrar, e l’aſpiettar m’accora
Hor quinci, hor quindi ſi, che’n ueritate
Senon ch’i ho di me ſteſſo pietate,
I farei gia di queſti penſier fora,

Tornami auanti, s’alcun dolce mai
Hebbe’l cor triſto ; e poi da l’altra parte
Veggio al mio nauigar turbati i uenti ;

Veggio fortuna in porto ; e ſtanco homai
Il mio nocchier ; e rotte arbore, e ſarte ;
E i lumi bei, che mirar ſoglio, ſpenti.


Sonnet 67.

La Renaiſſance Littéraire & Artiſtique. No du 27 juillet 1872.

Ce ſonnet eſt dédié à Madame Judith Mendès. Le ſecond des ſonnets compoſés par Victor Hugo ſe trouve dans Les Quatre Vents de l’Eſprit ; Le Livre ſatirique. Le voici :


Jolies Femmes
(Sonnet pour album)


On leur fait des ſonnetss, paſſables quelquefois ;
On baiſe cette main qu’elles daignent vous tendre ;
On les ſuit à l’égliſe, on les admire au Bois ;
On redevient Damis, on redevient Clitandre ;

Le bal eſt leur triomphe, & l’on brigue leur choix ;
On danſe, on rit, on cauſe ; & vous pouvez entendre,
Tout en valſant, parmi les luths & les hautbois,
Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre :

« La force eſt tout ; la guerre eſt ſainte ; l’échafaud
Eſt bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut
Bâtir plus de priſons & bâtir moins d’écoles ;

« Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts. »
Et ces colombes-là vous diſent des paroles
À faire remuer d’horreur les os des morts.


(Juillet 1876.)


Sonnets 68, 69 & 70.

Œuvres de C.-A, Sainte-Beuve. Poéſies complètes (Vie, Poéſies & Penſées de Joſeph Delorme. Les Conſolations. Penſées d’août. Notes & Sonnets. Un dernier Rêve). Paris. Alphonfe Lemerre. 1879.

Ces trois ſonnets font partie de Vie, Poéſies & Penſées de Joſeph Delorme.

Nous donnons le ſonnet imité par Sainte-Beuve, d’après The Sonnets of William Wordſworth. London : Moxon. 1838 :


Scorn vol the Sonnet ; Critic ! you have frowned,
Mindless of its just honours ; with this key
Shakspeare unlocked bis heart ; tbe melody
Of this small lute gave ease to Petrarch’s wound ;

A thousand times this pipe did Tasso sound ;
With it Camöens soothed an exile’s grief ;
The Sonnet glittered a gay myrtle leaf
Amid the cypress with which Dante crowned

His visionary brow ; a glow-worm lamp,
It cheered mild Spenser, called from Faery-land
To struggle through dark ways ; and, wben a damp

Fell round tbe path of Milton, in his hand
The Thing became a trumpet ; whence he blew
Soul-animating strains-alas, too few !


Sonnets 71, 72 & 73.

Iambes & Poëmes. Par Auguſte Barbier. Paris. Dentu, 1865.

Ces trois ſonnets ſe trouvent dans la partie du livre intitulée : Il pianto.


Sonnet 74.

Œuvres de Auguſte Brizeux. Paris. Alphonſe Lemerre. 1874-1875.

Ce ſonnet fait partie des Hiſtoires poétiques, Formes & Penſées.


Sonnet 75.

Les Filles du feu. Nouvelles. Par Gérard de Nerval. Paris. D. Giraud. 1854.

Ce ſonnet, qui a pour épigraphe : Eh quoi ! tout eſt ſenſible ! (Pythagore), ſe trouve dans Les Chimères.


Sonnets 76, 77 & 78.

Œuvres complètes de Alfred de Muſſet. Poéſies (t. II). Paris. Alphonſe Lemerre. 1876.

Muſſet ſuppoſe que le fils du Titien, Titîanello, fit le premier de ces trois ſonnets pour ſa maîtreſſe.


Sonnet 79.

Mes Heures perdues. Poéſes. Par Félix Arvers. Fournier jeune. 1833.

Ce ſonnet, tiré, pour la première fois par M. Albéric Second, d’un recueil condamné à l’oubli, eſt devenu célèbre.


Sonnets 80, 81 & 82.

Œuvres de Théophile Gautier. Poéſies (Premières poéſies. Albertus. Poéſies diverſes). Paris, Alphonſe Lemerre. 1890.

Ces trois ſonnets ſe trouvent dans Poéſies diverſes,


Sonnet 83.

Œuvres de Théophile Gautier, Poéſies (La Comédie de la Mort. Poéſies diverſes. Eſpaña. Poéſies nouvelles). Paris. Alphonſe Lemerre. 1890.

Ce ſonnet eſt dans Poéſies nouvelles.


Sonnet 84.

Œuvres poétiques de Victor de Laprade. Paris. Alphonſe Lemerre. 1878-1881.

Ce ſonnet ſe trouve dans Varia.


Sonnet 85.


Çà & là. Par Louis Veuillot… Paris. Gaume… 1860.

Ce ſonnet ſe trouve dans La Campagne, la Muſique & la Mer (livre xv, t. II).


Sonnets 86, 87, 88 & 89.

Œuvres poétiques de Joſéphin Soulary. Première partie. Sonnets (1847-1871). Paris. Alphonſe Lemerre. 1872.


Sonnet 90.

Œuvres de Louis Bouilhet (Feſtons & Aſtragales. Melænis. Dernières chanſons). Paris. Alphonſe Lemerre. 1891.

Ce ſonnet eſt dans Dernières chanſons.


Sonnets 91, 92 & 93.

Leconte de Lisle. Poèmes Barbares. Édition définitive, revue & conſidérablement augmentée. Paris. Alphonſe Lemerre. 1872.


Sonnet 94.

Leconte de Lisle. Poèmes tragiques, Paris. Alphonſe Lemerre. 1884.


Sonnets 95, 96 & 97.

Œuvres complètes de Charles Baudelaire. Les Fleurs du Mal. Paris. Alphonſe Lemerre. 1888,

Le premier de ces ſonnets ſe trouve dans Nouvelles Fleurs du Mal ; le ſecond, dans Spleen & Idéal ; le troiſième, dans La Mort.


Sonnet 98.

Œuvres de Théodore de Banville (Le Sang de la Coupe. Trente-ſix Ballades joyeuſes. Le Baiſer). Paris. Alphonſe Lemerre. 1890.

Ce ſonnet ſe trouve dans Le Sang de la Coupe.


Sonnet 99.

Œuvres de Théodore de Banville (Les Stalactites, Odelettes. Améthyſtes. Le Forgeron). Paris. Alphonſe Lemerre. 1889,

Ce ſonnet, qui fait partie des Slalactites, a pour épigraphe :


… velut inter ignes
Luna minores.

(Horace.)

M. Théodore de Banville a compoſé, comme on voit, un ſonnet en vers de quatre ſyllabes. Des poètes moins experts aſſurément que Théodore de Banville ont réuſſi à produire des ſonnets monoſyllabiques. Mais il ne s’agiſſait pas pour eux de faire une belle choſe : il s’agiſſait de combiner proſodiquement quatorze monoſyllabes de façon à conſerver un ſens à peu près intelligible. Le plus heureux de tous fut le comte Paul de Reſſéguier, l’auteur du ſonnet que voici :


ÉPITAPHE D’UNE JEUNE FILLE.


Fort
Belle,
Elle
Dort !

Sort
Frêle !
Quelle
Mort !

Roſe
Cloſe,
La

Briſe
L’a
Priſe.


Sonnets 100 & 101.

Œuvres de Théodore de Banville (Les Exilés. Les Princeſſes). Paris. Alphonſe Lemerre. 1890.

Ces deux ſonnets ſont dans Les Princeſſes. Celui de Paſiphaé eſt accompagné de cette épigraphe :


Hic crudelis timor tauri, ſuppoſtaque furto
Paſiphaë…

(Virgile. Énéide, livre vi.)


& celui de La Reine de Saba, de celle-ci : « Sa robe en brocart d’or, diviſée régulièrement par des falbalas de perles, de jais & de ſaphirs, lui ſerre la taille dans un corſage étroit, rehauſſé d’applications de couleur, qui repréſentent les douze lignes du Zodiaque. Elle a des patins très hauts, dont l’un eſt noir & ſemé d’étoiles d’argent, avec un croiſſant de lune ; — & l’autre, qui eſt blanc, eſt couvert de gouttelettes d’or avec un ſoleil au milieu. » (G. Flaubert, La Tentation de ſaint Antoine.)


Sonnet 102.

Louis Ménard. Rêveries d’un païen myſtique. Paris. Alphonſe Lemerre. 1886.


Sonnet 103.

Poéfies de André Lemoyne. 1871-1883 (I. Légendes des Bois & Chanfons marines. II. Payſages de Mer & Fleurs des Prés. III. Soirs d’Hiver & de Printemps). Paris. Alphonſe Lemerre, 1883.

Ce ſonnet, qui ſe trouve dans Soirs d’Hiver & de Printemps, eſt dédié À Duplais Deſtouches.


Sonnet 104.

Pages intimes. Poéſies, Par Eugène Manuel. Paris. Michel Lévy frères. 1866.


Sonnet 105.

Claudius Popelin. Poéſies complètes (Strophes & Couplets. Hommes & Fourmis. Hiſtoire d’avant-hier. Un livre de Sonnets). Paris. G. Charpentier & Cie. 1889.

Ce ſonnet fait partie de Un livre de ſonnets. Il offre cette particularité qu’il eſt, ainſi que le dit l’auteur, bicéſuré.


Sonnet 106.

Œuvres poétiques de Jules Breton. 1867-1886 (Les Champs & la. Mer. Jeanne). Paris. Alphonſe Lemerre, 1887.

Ce ſonnet eſt dans Les Champs & la Mer.


Sonnet 107.

Poéſies de André Theuriet. 1860-1874 (Le Chemin des bois. Le Bleu & le Noir). Paris. Alphonſe Lemerre. 1879.

Ce ſonnet ſe trouve dans Le Chemin des bois.


Sonnet 108.

Armand Renaud. Recueil intime. Vers anciens & nouveaux. Paris. Alphonſe Lemerre. 1881.


Sonnet 109.

Anthologie des Poètes français du xixe ſiècle. 1818 à 1841 (t. II), Paris. Alphonſe Lemerre. 1887.


Sonnet 110.

Œuvres de Georges Lafeneſtre. Poéſies, 1864-1874 (Les Eſpérances Paſquetta. Idylles & Chanſons). Paris. Alphonſe Lemerre. 1889.


Sonnet 111.

Sonnets & Eaux-fortes. Paris. Alphonſe Lemerre. 1869.


Sonnet 112.

Les Souvenirs. Par Albert Mérat. Paris. Alphonſe Lemerre. 1872.


Sonnet 113.

Le Parnaſſe contemporain. Recueil de vers nouveaux. Paris. Alphonſe Lemerre. 1866.

Ce ſonnet préſente cette particularité proſodique que toutes les rimes ſont féminines.


Sonnets 114 & 115.

Poéſies de Armand Silveſtre. 1866-1872 (Rimes neuves & vieilles. Les Renaiſſances. La Gloire du Souvenir). Paris. Alphonſe Lemerre. 1880.

Ces ſonnets font tirés des Rimes neuves & vieilles ; Sonnets païens.


Sonnets 116, 117, 118 & 119.

Poéfies de Sully Prudhomme. 1866-1872 (Les Épreuves. Les Écuries d’Augias. Croquis italiens. Les Solitudes. Impreſſions de la Guerre). Paris. Alphonſe Lemerre. 1872.

Ces quatre ſonnets font partie des Épreuves.


Sonnet 120.

Poéſies de Sully Prudhomme. 1872-1878 (Les Vaines tendreſſes. La France. La Révolte des fleurs. Poéſies diverſes. Les Deſtins. Le Zénith). Paris. Alphonſe Lemerre. 1879.

Ce ſonnet ſe trouve dans Les Vaines tendreſſes.


Sonnet 121.

Léon Dierx. Poéſies (1864-1872). Paris. Alphonſe Lemerre. 1872.


Sonnet 122.

La Muſe à Bibi. Par André Gill (Ouverture. Intermèdes. Finale panaché). Paris. C. Marpon & E. Flammarion.

Ce ſonnet fait partie de Finale panaché.


Sonnet 123.

H. Cazalis. L’Illuſion. Paris. Alphonſe Lemerre. 1875.


Sonnets 124 & 125.

Poéſies de François Coppée. 1869-1874 (Les Humbles. Écrit pendant le ſiège. Plus de ſang. Promenades & Intérieurs. Le Cahier rouge). Paris. Alphonſe Lemerre. 1875.

Le premier ſonnet eſt tiré des Humbles ; le ſecond, du Cahier rouge, & eſt dédié À Henry Cazalis.


Sonnet 126.

Œuvres de François Coppée. Poéſies. 1878-1886 (Contes en vers & Poéſies diverſes). Paris. Alphonſe Lemerre. 1887.


Sonnet 127.

François Coppée. Arrière-Saifon. Poéſies. Paris, Alphonſe Lemerre, 18S7.


Sonnet 128.

François Coppée. Les Paroles ſincères. Paris, Alphonſe Lemerre. 1891.


Sonnets 129, 132, 133, 134 & 135.

Anthologie des Poètes français du xixe ſiècle. 1842 à 1851 (t. III). Paris. Alphonſe Lemerre. 1888.

Le Samouraï a cette épigraphe : C’était un homme à deux ſabres.


Sonnet 130.

Le Temps, dans un des Billets du matin de M. Jules Lemaître.


Sonnet 131.

Revue des Deux-Mondes, 15 mai 1890.

Avec cette épigraphe : Ecquis vivit fortunatior ? (Térence).


Sonnet 136.

Erneſt d’Hervilly. Les Baiſers. Paris. Alphonſe Lemerre. 1872.


Sonnet137.

Louiſa Siefert. Rayons perdus. Nouvelle édition. Paris. Alphonſe Lemerre. 1878.


Sonnets 138 & 139.

Anthologie des Poètes français du xixe ſiècle. 1842 à 1851 (t. III). Paris. Alphonſe Lemerre. 1888.


Sonnet 140.

Poèmes Saturniens. Par Paul Verlaine. Paris. Alphonſe Lemerre. 1866.

Ce ſonnet ſe trouve dans Melancholia.


Sonnets 141 & 142.

Les Poèmes dorés. Par Anatole France. Paris. Alphonſe Lemerre. 1873.

Le ſonnet 141 eſt dédié À Étienne Charavay.


Sonnet 143.

Jean Richepin. Les Blaſphèmes. Paris, Maurice Dreyfous. 1884.


Sonnet 144.

Jean Richepin. La Mer. Paris. Maurice Dreyfous. 1886.


Sonnet 145.

Œuvres de Paul Bourget. Poéſies. 1872-1876 (Au bord de la Mer. La Vie inquiète. Petits Poèmes). Paris. Alphonſe Lemerre. 1885.

Ce ſonnet, qui fait partie de La Vie inquiète, eſt dédié À Anatole France.


Sonnets 146, 147, 148 & 149.

Œuvres de Paul Bourget. Poéſies. 1876-1882 (Edel. Les Aveux). Paris. Alphonſe Lemerre. 1886.

Les trois ſonnets font tirés des Aveux.


Sonnets 150 & 151.

Maurice Bouchor. L’Aurore. Paris. G. Charpentier & Cie. 1884.

Ces deux ſonnets font partie de L’Idéal.


Sonnet 152.

Le journal Le Figaro, 15 mars 1891.

Th. de Banville venait de mourir le 13 mars.


Sonnet 153.

Jules Lemaître. Les Médaillons (Puellæ. Puella. Riſus rerum. Lares). 1876-1879. Paris. Alphonſe Lemerre, 1880.


Sonnet 154.

Auguste Dorchain, La Jeuneſſe penſive. Poéſies couronnées par l’Académie françaiſe. Deuxième édition… Paris. Alphonſe Lemerre. 1883.

Ce ſonnet, qui fait partie de L’Âme vierge, eſt dédié À G.-A. Hubbard'.


Sonnets 155 & 156.

Anthologie des Poètes français du xixe ſiècle. 1852 à 1866 (t. IV). Paris. Alphonſe Lemerre. 1888.


Sonnets 157 & 158.

Edmond Harauconrt. L’Âme nue. Paris. G. Charpentier & Cie. 1885.

Le premier de ces ſonnets eſt dédié À Mademoiſelle Any M. ; le ſecond, À Luigi Loir.


Sonnet 159.

Daniel Leſueur. Un Mystérieux Amour. Paris. Alphonſe Lemerre. 1886.

C’eſt ſous ce nom de Daniel Leſueur que Mlle  Jeanne Loiſeau a publié ſes romans.


Sonnet 160.

Jacques Madeleine. L’Idylle éternelle, avec une préface par Catulle Mendès. Paris. Paul Ollendorf. 1884.

Ce ſonnet eſt dédié À François Coppée.


APPENDICE

APPENDICE




LES RÈGLES DU SONNET



I


« Le ſonnet ſuit l’epigramme de bien pres, & de matière, & de meſure : Et quant tout eſt dict, Sonnet n’eſt autre choſe que le parfait epigramme de l’Italien, comme le dizain du François. Mais pour ce qu’il eſt emprunté par nous de l’Italien, & qu’il ha la forme autre que noz epigrammes, m’a ſemblé meilleur le traiter à part. Or pour en entendre l’energie, ſache que la matière de l’epigramme & la matière du Sonnet ſont toutes vnes, fors que la matière facecieuſe eſt repugnante à la grauité du ſonnet, qui reçoit plus proprement affections & paſſlions greues, meſmes chez le prince des Poëtes Italiens, duquel l’archetype des Sonnetz a eſté tiré. La ſtructure en eſt vn peu facheuſe : mais telle que de quatorze vers perpetuelz au Sonnet, les huit premiers ſont diuiſez en deux quatrains vniformes, c’eſt à dire, en tout ſe reſemblans de ryme, & les vers de chaque quatrain ſont tellement aſſis que le premier ſymboliſant auec le dernier, les deux du milieu demeurent ioins de ryme platte. Les ſix derniers ſont ſubietz à diuerſe aſſiette : mais plus ſfouuent les deux premiers d’iceux fraternizent en ryme platte. Les 4. & 5. fraternizent auſſi en ryme platte, mais differente de celle des deux premiers, & le tiers & le ſizieſme ſymbolizent auſſi en toute diuerſe ryme des quatre autres : comme tu peulx veoir en ce Sonnet de Marot.


Au ciel n’y a ne Planette ne Signe,
Qui ſi à point ſceut gouuerner l’année,
Comme eſt Lion la cité gouuernée
Par toy, Triuulſe, homme cler & inſigne.

Cela diſons pour ta vertu condigne :
Et pour la ioye entre nous demenée,
Dont tu nous as la liberté donnée :
La liberté, des threſors le plus digne.

Heureux vieillard, ces gros tabours fonans.
Le may planté, & les fiffres ſonans
En vont loüant toy, & la noble race :

Or penſe donc que ſont noz voluntez,
Veu qu’il n’eſtl rien iuſqu’aux arbres plantez
Qui ne t’en loüe, & ne t’en rende grace.


Autrement ces ſix derniers vers ſe varient en toutes les ſortes que permettent analogie & raiſon, comme tu verras en liſant les Sonnetz faictz par les ſçauans poëtes plus clairement que regle ne moy ne te pourrions montrer.

« Tant y a que le Sonnet auiourd’huy eſt fort vſité, & bien receu pour ſa nouueautc & ſa grâce : & n’admet ſuyuant ſon poix autres vers que de dix ſyllabes. »

(Art poétique françoys, pour l’inſtruction des ieunes ſtudieux, & encor peu avancez en la Poëſie Françoyfe… A Paris» Par la veuſue Françoys Regnault, à l’Enſeigne de l’Élephant. 1555. — Second liure, chap. ii, Du Sonnet.)

Cet Art poétique eſt de Thomas Sibilet.



II


       Loin ces Rimeurs craintifs, dont l’eſprit phlegmatique
Garde dans ſes fureurs un ordre didactique :
Qui chantant d’un Heros les progrès éclatans,
Maigres Hiſtoriens, ſuivront l’ordre des temps.
Ils n’oſent un moment perdre un ſujet de veuë.
Pour prendre Dôle, il faut que l’Iſle ſoit renduë ;
Et que leur vers exact, ainſi que Mezeray,
Ait fait déjà tomber les remparts de Courtray.
Apollon de ſon feu leur fut toujours avare.
       On dit à ce propos, qu’un jour ce Dieu bizarre
Foulant pouſſer à bout tous les Rimeurs François,
Inventa du Sonnet les rigoureuſes loix ;
Voulut, qu’en deux Quatrains de meſure pareille
La Rime avec deux ſons frappaſt huit fois l’oreille,

Et qu’enſuite, ſix vers artiſtement rangez
Fuſſent en deux Tercets par le ſens partagez.
Sur tout de ce Poëme il bannit la licence :
Luy-meſme en meſura le nombre & la cadence :
Deffendit qu’un vers foible y puſt jamais entrer,
Ni qu’un mot déjà mis oſaſt s’y remontrer.
Du reſte il l’enrichit d’une beauté ſuprême.
Un Sonnet ſans defauts vaut ſeul un long Poëme.
Mais envain mille Auteurs y penſent arriver,
Et cet heureux Phénix eſt encore à trouver.
A peine dans Gombaut, Maynard, & Malleville
En peut-on admirer deux ou trois entre mille.
Le reſte auſſi peu lû que ceux de Pelletier,
N’a fait de chez Sercy qu’un ſaut chez l’Epicier.
Pour enfermer ſon ſens dans la borne preſcrite,
La meſure eſt toûjours trop longue ou trop petite.

(L’Art poétique en vers. — Voy. les Œuvres diverſes du Sr Boileau Deſpréaux… A Paris, Chez Denys Thierry… m. dcci. — T. I. Chant ſecond.)



III


« Tout ſujet ne comporte pas de longs développements. Il en eſt qui, au contraire, ſont reſtreints par leur nature, & ne demandent qu’un petit nombre de vers.

« À ces ſujets-là, le ſonnet — ſorte de petit tableau au cadre rétréci — convient parfaitement. Une poéſie en deux ou trois ſtances ſemble quelque choſe d’inachevé, d’ébauché ; le poëte s’eſt arrêté tout à coup ; mais ne ſerait-ce pas que l’inſpiration lui a manqué & que le ſouffle lui a fait défaut ? Avec le ſonnet, un doute pareil ne peut pas exiſter. La penſée, formulée en vers, ſe trouve arrêtée dans un rhythme précis, qui a ſa fin voulue, & qu’on ne peut dépaſſer.

« Le ſonnet eſt donc ſurtout deſtiné à contenir une penſée, penſée profonde ou gracieuſe, qui ſe prépare dans les deux premiers quatrains, ſoit à l’aide d’une expoſition où l’action prend quelque part, ſoit à l’aide d’une métaphore, & qui ſe révèle dans le tercet final. »

(Proſodie de l’école moderne. Par Wilhem Ténint… 1844.)



IV


« Le Sonnet peut commencer par un vers féminin ou par un vers maſculin.

« Le Sonnet peut être écrit en vers de toutes les meſures.

« Le Sonnet peut être régulier ou irrégulier. Les formes du Sonnet irrégulier ſont innombrables & comportent toutes les combinaifons poſſibles. Mais en réalité, il n’y a qu’une ſeule forme de Sonnet régulier…

« Le Sonnet eſt toujours compoſé de deux quatrains & de deux tercets.

« Dans le Sonnet régulier, — riment enſemble :

« 1o Le premier, le quatrième vers du premier quatrain ; le premier & le quatrième vers du ſecond quatrain ;

« 2o Le ſecond, le troiſième vers du premier quatrain ; le ſecond & le troiſième vers du deuxième quatrain ;

« 3o Le premier & le ſecond vers du premier tercet ;

« 4o Le troiſième vers du premier tercet & le ſecond vers du deuxième tercet ;

« 5o Le premier & le troiſième vers du deuxième tercet.

« Si l’on introduit dans cet arrangement une modification quelconque,

« Si l’on écrit les deux quatrains ſur des rimes différentes,

« Si l’on commence par les deux tercets, pour finir par les deux quatrains,

« Si l’on croiſe les rimes des quatrains,

« Si l’on fait rimer le troiſième vers du premier tercet avec le troiſième vers du deuxième tercet…,

« Si enfin on s’écarte, pour ſi peu que ce ſoit, du type claſſique…,

« Le Sonnet eſt irrégulier.

« Il faut toujours préférer le Sonnet régulier au Sonnet irrégulier, à moins qu’on ne veuille produire un effet ſpécial ; mais encore dans ce cas, la Règle eſt une chaîne ſalutaire qu’il faut bénir !…

« Toutefois le Sonnet irrégulier a produit des chefs-d’œuvre, & on peut le voir en liſant le plus romantique & le plus moderne de tous les livres de ce temps, — le merveilleux livre intitulé Les Fleurs du Mal. »

(Œuvres de Théodore de Banville : Petit traité de Poéſie françaiſe. Alphonſe Lemerre, éditeur. 1891).