Le Livre des sonnets/Histoire du Sonnet

Le Livre des sonnetsAlphonse Lemerre (p. vii-xxxiv).


HISTOIRE DU SONNET





Jai toujours penſé qu’il y avait un chapitre d’hiſtoire littéraire amuſante à faire ſur le Sonnet. Et, en effet, le Sonnet, indépendamment de ſon importance littéraire, a eu ſon importance hiſtorique.

Depuis le jour où le caprice d’un poète inventa ſa règle ſavante, on peut ſuivre à travers les âges ſa marche parfois interrompue. On le voit se mêler aux événements, s’accrocher à des noms célèbres, & quelquefois devenir cauſe lui-même & occaſionner, comme au temps des Jobelins & des Uranins, de véritables émeutes. Parfois, il a émigré, disparaiſſant d’un pays pour aller florir dans un autre ; & deux grandes nations littéraires ſe diſputent l’honneur de ſon invention.

Enfin, je n’ai jamais lu qu’on ſe fût battu pour une Ode, qu’une Élégie eût créé des diſſenſions ; & le Sonnet, comme nous l’apprend Balzac, a partagé la cour & la ville & diviſé la maiſon de France. Le commentaire de Saint-Hyacinthe ſur un couplet de chanſon n’a qu’un volume, & l’on ferait une bibliothèque de ce qui a été écrit, tant en proſe qu’en vers, à différentes époques, pour, contre & ſur le Sonnet.

On ſait que Boileau a dit que le dieu des vers,


Voulant pouſſer à bout tous les rimeurs françois,
Inventa du Sonnet les rigoureuſes lois.

Quant à moi, elles ne m’ont jamais paru tellement rigoureuſes, & c’eſt indubitablement à ſa coupe ſi heureuſe — véritable invention de génie — & à la perfection impoſée par ſa conciſion que le Sonnet a dû ſon ſuccès & ſa popularité.

Godeau, évêque de Vence, qui fut un poète diſtingué, allait encore plus loin que Deſpréaux : il prétendait que le règne du Sonnet n’eſt pas de ce monde & niait qu’on en pût faire de parfaits ; il était athée en Sonnet.

Il n’eſt pas douteux néanmoins qu’il ne ſoit fort aiſé d’en faire de médiocres, à voir l’innombrable quantité de Sonnets répandus dans les œuvres des poètes français & étrangers. Titon du Tillet, auteur du Parnaſſe françois, dit, en parlant de Jodelle : « Il lui étoit fort ordinaire de prononcer des Sonnets ſur-le-champ ; & ceux de rencontre ne l’ont ſouvent occupé que le tour d’une allée de jardin. »

L’origine du Sonnet a donné lieu, dès le xvie siècle ſiècle, à de nombreuſes conteſtations. Quelques auteurs ont penſé qu’il était d’invention italienne.

M. Sainte-Beuve, un des derniers qui aient parlé du Sonnet, s’eſt laiſſé prendre à cette opinion lorſqu’il a dit :


Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence.


Mais ce n’eſt là qu’une héréſie, réfutée dès ſa naiſſance par Étienne Paſquier, Michel de Noſtradamus, Vauquelin de La Freſnaye, Antoine du Verdier, Lacroix du Maine, Henry Eſtienne, Scévole de Sainte-Marthe, &, après eux, par Colletet, l’académicien.

Selon ce dernier, homme très compétent[1], Du Bellay n’aurait fait que reprendre aux Italiens ce qu’ils avaient emprunté aux troubadours de la Provence, & ce que ceux-ci mêmes avaient appris des poètes qui floriſſaient à la cour des premiers rois de France.

Voici comment Colletet motive cette aſſertion, qui a du moins le mérite d’être patriotique :

« Mais quoy que diſent tous ces fameux Autheurs touchant la première inuention du Sonnet, ie croy qu’il eſt bien encore de plus ancienne datte. Car ie trouue que Thibaut VII, Comte de Champagne, qui fit vne infinité de Chanfons amoureuſes en faueur de la Reyne Blanche, Mere du Roy faint Loüis…, témoigne qu’auparauant luy le Sonnet eſtoit déjà en vſage, puis qu’il en fait mention dans ſes Vers,


Et maint Sonnet, & mainte recordie.


Or ce Thibaut, comte de Champagne, & Roy de Nauarre, premier du nom, viuoit l’an 1226, desjà pour lors aſſez âgé ; c’eſt à dire plus de ſix vingts ans auparauant Petrarque, qui, comme i’ay dit, eſtoit (ſelon quelques-vns) le premier Autheur des Sonnets ; & enuiron ſoixante ans auparauant ce Bertrand de Marſeille, ce Guilhem des Almarics, & ce Girard de Bourneüil, qui en ont auſſi paſſé pour les premiers inuenteurs. Ainſi il y a bien de l’apparence que ce ſont les Poètes qui floriſſoient en la Cour de nos premiers Roys, qui ont les premiers inuenté le Sonnet. Et ce qui me confirme d’autant plus dans cette creance, c’eſt que… le premier Autheur du fameux Romant de la Roſe, Guillaume de Loris, qui mourut l’an 1260, ſous le regne du meſme Roy ſaint Loüis, témoigne que les François en auoient vſé, lors qu’il dit dans ſon fameux Romant,


Lais d’amours, & Sonnets courtois[2]. »


Une fois rentré en France, rapporté & non plus apporté par Du Bellay, le Sonnet devint la fureur, la paſſion de tout ce qui rimait à la cour de Henri II.

Du Bellay avait donné, ſous le titre de L’Olive, un recueil de Sonnets en l’honneur de ſa maîtreſſe ; on eut la Francine, de Baïf, recueil de Sonnets adreſſés à une dame ; la Claire, de Charondas, Loys le Caron ; la Caſtianire, d’Olivier de Magny ; l’Ariane & l’Artèmife, d’Amadis Jamyn ; l’Hippolyie, la Diane & la Cléonice, de Philippe Desportes, abbé de Tyron ; l’Admirée, de Jacques Tahureau ; l’Olympe, de Jacques Grévin, médecin de Marguerite de France ; la Flore, de Pierre Le Loyer ; l’Amalthée, de Claude du Buttet. Enfin Ronſard, ſous les noms de Caſſandre, de Marie & d’Hélène, publia trois recueils de Sonnets amoureux, & Marc-Antoine de Muret, N. Richelet & Remy Belleau, le chantre d’avril, commentèrent Hélène, Marie & Cassandre. Voilà donc les deux titres de la nobleſſe littéraire acquis au Sonnet : la vogue & le commentaire. N’oublions pas de conſigner, pour compléter la litanie, le recueil de ſoixante & onze Sonnets politiques de Pierre Le Loyer.

Mais ce n’était là que le prélude de la gloire du Sonnet. Il n’avait paſſionné que les poètes. Voici venir le temps où la paſſion devait gagner le public, & quel public !

Vers 1599, Honorat Laugier, ſieur de Porchères, qui fut plus tard de l’Académie, compoſa ſur les yeux de la ducheſſe de Beaufort, maîtreſſe de Henri IV, un Sonnet dont la vogue durait encore vingt ans après, & qui ſe trouve imprimé dans tous les recueils de poésies galantes de l’époque. « Sa réputation, dit Colletet, s’épandit tellement par la France, qu’il en fit naiſtre vne infinité d’autres à ſon imitation. »


Je le cite comme un monument du goût qui régnait alors :


Ce ne ſont pas des yeux, ce ſont plustoſt des dieux,
Ils ont deſſus les Rois, la puiſſance abſoluë :
Dieux, non, ce ſont des cieux, ils ont la couleur bluë
Et le mouuement prompt comme celuy des deux :

Cieux, non, mais deux Soleils clairement radieux,
Dont les rayons brillans nous offuſquent la veuë :
Soleils, non, mais eſclairs de puiſſance incognuë,
Des foudres de l’Amour ſignes preſagieux.


Car s’ils eſtoient des dieux feroient-ils tant de mal ?
Si des Cieux, ils auroient leur mouuement eſgal :
Des Soleils, ne ſe peut, le Soleil eſt unique :

Eſclairs, non, car ceux-cy durent trop, & trop clairs.
Toutesfois ie les nomme, à fin que ie m’explique,
Des yeux, des dieux, des cieux, des ſoleils, des eſclairs.


Il faut ajouter qu’ici Colletet prend ſoin de nous avertir que ce qui fut alors une pièce rare & excellente pourrait bien aujourd’hui tomber dans le ridicule.

Nous trouvons mentionné avec détail, dans le livre de Colletet, le ſuccès obtenu par un Sonnet d’Olivier de Magny à la cour de Henri II. Je tranſcris la page entière, à cauſe des particularités intéreſſantes qui s’y rencontrent :


« Comme Oliuier de Magny, qui viuoit ſous le regne de Henry ſecond, écriuoit d’vn ſtyle aſſez doux, & meſme aſſez fleury pour ſon ſiecle, il compoſa vn grand nombre de Sonnets ſur des ſuiets differens. Mais entre les liens il y en eut vn qui paſſa pour vn ouurage ſi charmant, & ſi beau, qu’il n’y eut preſque point alors de curieux qui n’en chargeait ſes Tablettes, ou ſa mémoire. Ie ne feindray point de l’inſerer icy tout entier, puis que ſes œuures ne ſe rencontrent auiourd’huy que fort rarement. Et puis il ne faut pas méprifer ces nobles Eſprits qui ont tant trauaillé à défricher noſtre langue, qui eſtoit deuant eux ſi barbare, & ſi inculte. Voicy donc ce fameux Sonnet, qui eft vn Dialogue entre l’Autheur & le vieux Charon.


magny.

Holà, Charon, Charon, Naulonnier infernal !

charon.

Oui eſt cet importun qui ſi preſſé m’appelle ?

magny.

C’eſt le cœur éploré d’un Amoureux fidelle,
Lequel pour bien aimer n’eut iamais que du mal.

charon.

Que cherches-tu de moy ?

magny.

Que cherches-tu de moy ? Le passage fatal.

charon.

Quelle eſt ton homicide ?

magny.

Quelle eſt ton homicide ? Ô demande cruelle !
Amour m’a fait mourir.

charon.

Amour m’a fait mourir. Iamais dans ma Nacelle
Nul fuiet à l’Amour ie ne conduis à val.

magny.

Et de grace, Charon, conduy-moy dans ta Barque.

charon.

Cherche vn autre Nocher, car ny moy, ny la Parque,
N’entreprenons iamais ſur ce Maiſtre des Dieux.

magny.

Piray donc malgré toy, car ie porte dans l’âme
Tant de traits amoureux, tant de larmes aux yeux,
Que ie feray le Fleuue, & la Barque, & la Rame.


Ie ne fçay pas ce qu’en dira maintenant noſtre Cour ; mais ie ſçay bien que toute la Cour du Roy Henry ſecond en fit tant d’eſtime, que tous les Muſiciens de ſon temps, iuſques à Orlande, trauaillerent à l’enuy à le mettre en muſique, & le chantèrent mille & mille fois, auec vn grand applaudiſſement, en la preſence des Roys, & des Princes. »

On voit par cette citation que c’était déjà la coutume des courtiſans, ſous Henri II, de conſigner ſur leurs Tablettes les vers à la mode ; c’eſt peut-être là le commencement de la manie des Albums.

Quant à la fantailie de mettre les Sonnets en muſique, ce qui peut ſembler bizarre en raiſon de la forme même du poème, il paraît que ce fut auſſi une mode à cette époque, car Colletet ajoute : « Comme ils firent auſſi la pluſpart des Sonnets de Ronſard, dont nous voyons encore la belle & curieuſe tablature faite par Orlande de Laſſus, Iean Maletti, Antoine de Bertrand, P. Certon, C. Goudimel, Gabriel Bony, Nicolas de la Grotte Vallet de chambre & Organiſte du Roy Henry III, & pluſieurs autres excellens Maiſtres de Muſique ; ce qui fut comme vn heureux augure de leur éternité. »

L’hiſtoire du Sonnet préſente deux périodes d’éclat : au xvie & au xviie.

Ronſard fut le roi de la première[3] ; nous verrons plus loin qui fut le roi de la ſeconde.

C’eft au xvie siècle, dans la fureur de la nouveauté, que furent imaginées ces complications baroques, auprès deſquelles n’étaient plus rien les difficultés qui rendaient ſceptiques Boileau & l’évêque de Vence : Sonnets boiteux, acroſticbes, méſoſticbes, en bouts-rimés, retournés, lozangés, ſerpentins, croix de Saint-André, &c., nus, revêtus, commentés, rapportés.

Dans le Sonnet acroſtiche, les premières lettres de chaque vers devaient former une phraſe à part, qu’on liſait perpendiculairement de haut en bas ; dans le méſoſtiche, la phraſe était formée par les dernières lettres des derniers mots du premier hémiſtiche, ou par les premières lettres des premiers mots du ſecond. Le Sonnet rapporté était tranché en trois ou quatre phraſes perpendiculaires. Le ſerpentin devait ramener à la fin le premier vers, mais inverſé, de façon, dit Colletet, « qu’à l’imitation du ſerpent, il ſemble retourner en luy-meſme. » Enfin on compoſa des Sonnets licencieux ou libertins, où l’auteur feignait de violer les règles par emportement poétique ou par entraînement de paſſion. Baïf, Ronſard, Maynard & Malherbe en ont compoſé de ſemblables ; on en cite même de Du Bellay, « dont tous les vers courent à toute bride comme des cheuaux eſchappez, & n’ont aucune alliance de rime l’vn auecque l’autre. Témoin celuy-cy :


Arriere, arriere, ô meſchant populaire,
O que ie hais ce faux peuple ignorant !
Doctes Eſprits, fauoriſez les Vers
Que veut chanter l’humble Preſtre des Muſes[4]. »


Le phénix, le merle blanc de la poéſie difficile & compliquée eſt ſans contredit le Sonnet ſuivant, indiqué par Colletet dans la vie de Jean de Schelandre[5], & qui eſt à la fois acroſtiche, méſoſticbe, lozangé & croix de Saint André.


SONNET

en acroſtiche, méſoſtiche, croix de Saint-André & lozenge

CONTÉ PAR SYLLABES



ANNE DE MONTAVT
DONTANT VNE AME



A Diuge à ma Cypris D’Amour la mèr’ & dAme
Non pOint la pomme d’Or Ou uN pareil honNeur
Ne rien d’iN a Nimé Ni preſeNt de ſeNteur.
En un au Tel ſi beau, Tout don vil Eſt infame.
Donn’, ô brAue pAſſant Autre Don tout De flame
Et rieN de trop commuN Ni dE l’ex te ri Eur ;
MeTs y pour l’adorer TeMps, trauail, cœur & aMe,
Ou ſVr tout n’y a pOint Vn plVs cher que le cOeur :
Nul vienN’à ſemblaNt faux, Noſtre baNd’ eſt ſaNs art.
Tel ſous vn fEinT diſcours Et recouuErT de fard
A bord’A ces beAutés, A ceux lA l’on Adiouſte :
Vous qVi feignez l’aMour, MeſVrez vous au Mien,
Tout hypocrit’ eſt traiſtr’ ET perira ſans doutE.

deſtournez tout amant qvI ne veut aymer bien,
a ne feindre daymer mon cœur montre la rovte.

Saint-Amant ſe moque de ces Sonnets caſſe-tête :


I’ay vey qu’un Sonnet accroſtiche
Anagrammé par l’Émiſtiche,
Auſſi bien que par les deux bouts,
Paſſoit pour miracle chez vous.

(Le Poëte crotté.)

Au reſte, la réaction avait déjà commencé. Colletet lui-même, en citant le Sonnet que nous venons de tranſcrire, remarque que c’eſft là « vn exercice monacal & indigne de la liberté d’vn gentilhomme. »

À quoi Schelandre répondait fièrement :


Il eſt rude & contraint, ſi en fais-ie grand cas.
Venez, doctes ouuriers (l’ignorant n’y voit goutte) :
C’eſt aſſaut de défi, tous ne le feront pas,
Ie ne ſais ce qu’il vaut, ie ſais ce qu’il me couſte.


Le Sonnet, revenu italien d’Italie, avait accrédité en France le goût de la littérature italienne.

De là prit naiſſance la ſecte, ou, comme on dirait aujourd’hui, l’école des Pétrarquiſtes ou Pétrarquiſeurs.

Du Bellay nous paraît quelque peu fatigué de cet engouement, qu’il avait lui-même provoqué, lorſqu’il dit :


I’ay oublié l’art de Petrarquiſer ;
Ie veux d’amour franchement deuiſer.

Quoi qu’il en ſoit & malgré Du Bellay, le goût italien continua de fleurir[6].

« On comparoit vers par vers, dit Paſquier, les Sonnets de Bembo & d’Arioſte auec les imitations françoiſes de Ronsard, de Du Bellay, de Baïf, » & d’Étienne Paſquier lui-même.

Nous trouvons dans ſes Recherches un Sonnet de Bembo, imité par Baïf, Ronſard & Ét. Paſquier.

Un autre Sonnet, d’un poète italien dont Paſquier ne donne pas le nom, & commençant par ces mots :


O chiome, parte de la treccia d’oro
Di chi fè Amor il laccio,


eſt traduit par Deſportes :


Cheueux, preſent fatal de ma douce contraire,
Mon cœur plus que mon bras eſt par vous enchaiſné,
Par vous ie ſuis captif en triomphe mené,
Sans que d’vn ſi beau rets ie cherche à me deffaire.



Ie ſçay qu’on doit fuir les dons d’vn aduerſaire,
Toutesfois ie tous aime, & me tiens fortuné
Qu’auec tant de cordons ie ſois empriſonné :
Car toute liberté commence à me deſplaire.

O Cheueux mes vainqueurs, vantez-vous hardiment
D’enlacer en vos nœuds le plus fidelle amant
Et le cœur plus deuôt qui fut oncq en ſeruage.

Mais voyez ſi d’amour ie ſuis bien tranſporté,
Qu’au lieu, de m’effayer à vivre en liberté
Ie porte en tous endroits mes ceps & mon cordage.


Mais de tous ces Sonnets italiens, à qui la renommée, ou le goût du moment, a fait franchir les Alpes, il n’en eſt pas un qui ait obtenu plus de ſuccès que celui compoſé par Annibal Caro ſur le réveil de ſa maîtreſſe[7].

Ce Sonnet, imité lui-même d’une épigramme du poète latin Quintus Catullus, fut trouvé ſi beau en France, que tout ce qui tenait la plume, ou la lyre, ſi l’on veut, ſe piqua de le traduire.

Quelques-unes de ces traductions font devenues fameuſes ſous la dénomination commune de Sonnets de la belle Matineufe. Gilles Ménage mit le ſceau à leur célébrité en compoſant une diſſertation, adreſſée ſous forme de lettre à Conrart, dans laquelle il examina les principales pièces de ce concours.

L’honneur en reſta à Voiture & à Malleville, dont les vers balancèrent les ſuffrages de la cour & des gens de lettres.

Ménage nous apprend que, ſollicité par Balzac de ſe mettre à l’ouvrage, « Monſieur de Voiture s’en excuſa d’abord ſur ſa pareſſe (cette excuſe me ſemble fort légitime), mais enfin ſa pareſſe céda à la paſſion qu’il avoit de plaire à Monſieur de Balzac, & il luy envoya ce Sonnet :


Des portes du matin l’Amante de Cephale[8]


« Ce Sonnet, ajoute Ménage, eſt admirablement beau. N’en déplaiſe aux Vraniſtes il vaut mieux mille fois que celuy pour Vranie qu’ils ont tant proſné : & ie m’aſſure que… Monfieur de Voiture,long-temps avant que d’avoir fait ce Sonnet pour cette Belle qui au lever du Soleil fut priſe pour le Soleil, en avoit fait vn pour vne autre Belle qui, ayant paru dans vn Iardin à l’heure que le Soleil ſe couchoit, fut priſe pour l’Aurore ; & ce Sonnet, comme vous allez voir, eſt auſſi vne eſpece d’imitation de celuy du Caro :


Sous vn babil de fleurs la Nymphe que j’adore
L’autre ſoir apparut ſi brillante en ces lieux,
Qu’à l’éclat de ſon teint celuy de ſes yeux,
Tout le monde la prit pour la naiſſante Aurore.



La Terre en la voyant fit mille fleurs éclore,
L’Air fut par tout remply de chants mélodieux,
Et les feux de la Nuit pâlirent dans les Cieux
Et crûrent que le Iour recommençoit encore.

Le Soleil qui tombait dans le ſein de Thetis,
Rallumant toutacoup ſes rayons amortis,
Fit tourner ſes chevaux pour aller apres elle,

Et l’empire des Flots ne l’eût ſeu retenir ;
Mais la regardant mieux, & la voyant ſi belle,
Il ſe cacha ſous l’Onde, & n’oſa revenir. »


On connaît le Sonnet de Malleville :


Le ſilence regnait ſur la terre & ſur l’onde [9],
...............


Parmi les Sonnets rapportés par Ménage dans ſon commentaire, il s’en trouve un ſecond de Voiture, deux autres de Malleville ; les autres concurrents ſont Francefco Rainerio, gentilhomme milanais, ſecrétaire de Paul III ; Ménage ; Mareſcal, de l’Académie françaiſe ; Triſtan-l’Hermite ; enfin, un anonyme, & de Rampalle qui, par exception, fit un Madrigal au lieu d’un Sonnet.

La querelle des Jobelins & des Uranins marque la ſeconde période éclatante de l’hiſtoire du Sonnet.

Voiture fut pour cette période ce que Ronſard avait été pour la première[10].

L’origine de cette querelle fut la rivalité des maiſons de Condé & de Longueville, qui protégeaient l’une Benſerade, & l’autre Voiture.

« En envoyant à une Dame de qualité une Paraphraſe fur le Livre de Job, Benſerade l’accompagna d’un Sonnet qui fit beaucoup de bruit[11]. »

L’hôtel de Longueville ne voulut pas être en reſte & produiſit un Sonnet de Voiture, ſon poète, adreſſé à une dame ſous le nom d’Uranie. « L’importante queſtion de ſupériorité entre ces deux Sonnets partagea la cour & la ville, comme on diſait alors. Le prince de Conti ſe déclara le chef des Jobelins ; la ducheſſe de Longueville était à la tête des Uranins. Tous les beaux eſprits de ce temps-là prirent parti : Balzac, Sarraſin, Chapelain, Deſmarets, La Meſnardière & le grand Corneille lui-même, ſe prononcèrent pour ou contre… En général, les hommes préféraient le Sonnet de Job ; les femmes, celui d’Uranie. Une des filles d’honneur de la reine, nommée La Roche du Maine, preſſée de ſe prononcer, dit qu’elle ſe déclarait pour Tobie. Ce mot réuffit & devint la réponfe de tous ceux qui n’avaient pas d’avis arrêté, ou qui craignaient de le donner[12]. »

On trouve dans le Recueil de Sercy (t. I) la plupart des pièces compoſées en vers & en proſe pour ou contre ces deux Sonnets.

Nous avons vu tout à l’heure que Conrart était Jobelin ; Scarron l’était auſſi, comme on l’apprend par un Madrigal intitulé Cartel de deſſy ſur les Sonnets de Iob & d’Vranie, qui commence ainſi :


             En qualité de lobbelin,
             Et de ſeruiteur tres-fidele
De feu Iob dont ie ſuis tres~indigne modelle,…
Ie ſouſtien qu’on deuroit laiſſer en patience
Ce Iob, qui de ſouffrir nous apprit la ſcience.


La Meſnardière était Uranin ; c’eſt ce que font du moins ſuppoſer deux Madrigaux aſſez équivoques qu’il adreſſe, l’un à la ducheſſe de Longueville, l’autre à la Princeſſe Palatine.

Corneille ſe tira d’affaire à la normande, par le Sonnet :


Deux Sonnets partagent la Ville[13]*…


De toutes les pièces compoſées ſur ce ſujet, la plus ingénieuſe eſt certainement la gloſe imaginée par Sarraſin, qui était Uraniſte, ſur le Sonnet de Job. Cette gloſe eſt en quatorze quatrains, dont chacun ſe termine par un des vers du Sonnet de Benſerade, Elle eſt adreſſée à l’abbé Eſprit, de l’Oratoire, frère de l’académicien, qui, en qualité de commenſal de l’hôtel de Condé, était Jobelin.

Voici la glofe de Sarrafin :


Monſieur Eſprit, de l’Oratoire,
Vous agiſſez en homme ſaint,
De couronner auecque gloire
Iob de mille tourmens atteint.

L’ombre de Voiture en fait bruit,
Et s’eſtant enfin reſoluë
De vous aller voir cette nuit,
Vous rendra ſa douleur connue.



C’est vne aſſez faſcheuſe veuë,
La nuit, qu’vne Ombre qui ſe plaint.
Voſtre eſprit craint cette venuë,
Et raiſonnablement il craint.

Pour l’appaiſer, d’vn ton fort doux
Dites, i’ay fait vne beueuë
Et ie vous conjure à genoux
Que vous n’en ſoyez point émeuë.

Mettez, mettez voſtre bonnet,
Reſpondra l’Ombre, & ſans berluë
Examinez ce beau Sonnet,
Vous verrez ſa miſere nuë.

Diriez-vous, voyant Iob malade
Et Benſecrade en ſon beau teint,
Ces vers ſont faits pour Benſſerade,
Il s’eſt luy-meſme icy dépeint.

Quoy, vous tremblez, Monſieur Eſprit ?
Auez-vous peur que ie vous tuë ?
De Voiture, qui vous chérit,
Accouftumez’vous à la veuë.

Qu’ay-je dit qui irons peut furprendre,
Et faire paſlir voſtre teint ?
Et que deuiez-vous moins attendre
D’vn homme qui ſouffre & ſe plaint ?



Vn Autheur qui dans ſon eſcrit,
Comme moy, reçoit vue offenſe,
Souffre plus que Iob ne ſouffrit,
Bien qu’il eut d’extremes ſouffrances.

Avec mes Vers vue autre fois
Ne mettez plus dans vos Balances
Des Fers, où ſur des Palefrois
On voit aller des patiences.

L’Herty, le Roy des gens qu’on lie,
En ſon temps aurait dit cela.
Ne pouſſez pas voſtre folie
Plus loin que la ſienne n’alla.

Alors l’Ombre vous quittera
Pour aller voir tous vos ſemblables,
Et puis chaque Iob vous dira
S’il ſouffrit des maux incroyables.

Mais à propos, hyer au Parnaſſe
Des Sonnets Phœbus se meſla,
Et l’on dit que de bonne grâce
Il s’en plaignit, il en parla ;

I’ayme les Vers des Vranins,
Dit-il, mais ie me donne aux Diables,
Si pour les Vers des Iobelins
I’en connois de plus miſerables.


Balzac fit pour les Sonnets de Job & d’Uranie ce que Ménage avait fait pour les Sonnets de La Belle Matineuſe : il ſe fit le rapporteur du procès. Il eſt curieux de voir, dans la longue diſſertation qu’il conſacra à ce ſujet, comment Balzac parle, après vingt-cinq ans écoulés, de ce débat qui l’avait tant paſſionné.

Il ſerait injuſte, dans cette énumération des Sonnets célèbres, d’omettre le Sonnet de Des Barreaux, La Pénitence, qui fit auſſi beaucoup de bruit dans ſon temps.

Des Barreaux était un épicurien fort original ; il avait été lié dans ſa jeuneſſe avec Des Yveteaux & Théophile.

Bayle cite de lui, entre autres particularités, qu’il ſe plaifait à changer de domicile ſelon les ſaiſons de l’année, fantaiſie qui, pour le dire en paſſant, m’a toujours beaucoup ſéduit.

« Quatre ou cinq ans avant ſa mort il revint de tous ſes égaremens : il paia ſes dettes ; il abandonna à ſes ſœurs tout ce qui lui reſtoit de bien, moiennant une penſion viagère de quatre mille livres ; & ſe retira à Châlon ſur Saône, le meilleur air, diſoit-il, & le plus pur qui fût en France. Il y loua une petite maiſon, où il étoit viſité des honnêtes gens, & ſur tout de Monſieur l’Évêque, qui lui a rendu un bon témoignage. Il y mourut en bon Chrétien l’an 1674[14] »

Ce fut ſans doute pour témoigner de ſon retour à la foi chrétienne qu’il compoſa ce Sonnet :


Grand Dieu, tes jugemens ſont remplis d’équité[15]


Malheureuſement pour Des Barreaux, comme poète & comme chrétien, la paternité de ce Sonnet lui eſt fort conteſtée : La Monnoye doutait qu’il en fût l’auteur ; Voltaire, dans Le Siècle de Louis XIV, le nie poſitivement & attribue le Sonnet de La Pénitence à l’abbé de Lavau.

Mathurin Regnier, après avoir été, comme Des Barreaux, un libertin, fit auſſi des Sonnets dévots, ſur la fin de ſa vie[16].

La ſplendeur du Sonnet s’éteignit en France avec le xviie ſiècle. Ronſard, Olivier de Magny, lui avaient valu des honneurs royaux ; il avait, au temps de Voiture & de ſa petite école, tourné toutes les têtes ; enfin la caricature s’en empara & marqua le premier terme de ſa décadence. Scarron, le père de la poéſie burleſque, dont la perſonne même était l’incarnation du genre, obtint le ſuccès du ridicule avec ce Sonnet,

demeuré fameux ſous le titre de Sonnet comique :


Superbes monumens de l’orgueil des humains,
Piramides, Tombeaux, dont la vaine ſtructure
A témoigné que l’art, par l’adreſſe des mains
Et l’aſſidu trauail, peut vaincre la nature !

Vieux Palais ruinez, chef-d’œuures des Romains
Et les derniers efforts de leur architecture,
Colliſée, où ſouuent ces peuples inhumains
De s’entr’aſſaſſiner ſe donnaient tablature,

Par l’injure des ans vous eſtes abolis,
Ou du moins la plus-part vous eſtes démolis :
Il n’eſt point de ciment que le temps ne diſſoude.

Si vos marbres ſi durs ont ſenty ſon pouvoir,
Dois-ie trouuer mauuais qu’vn meſchant pourpoint noir,
Qui m’a duré deux ans, ſoit percé par le coude ?


Jean Regnard, le poète comique, a auſſi compoſé un Sonnet burleſque, ou plutôt un Sonnet gras, que je m’abſtiendrai de citer.

En somme, le Sonnet, comme le Rondeau, comme le Triolet & les autres exercices du rhythme & de la rime, ſont un ſymptôme en hiſtoire littéraire. On ne les trouve cultivés & floriſſants qu’aux époques de forte poéſie, où l’imagination des poètes s’inquiète également du ſentiment & de la forme, de l’art & de la penſée. Auſſi le xviiie siècle, époque de déclamation & de nonchalance poétique, a-t-il peu produit de Sonnets, ſi tant eſt qu’on y en trouve. Il ſemble que la langue poétique, travaillée pendant deux cents ans, éprouva le beſoin de ſe donner du relâche & de courir un peu à ſa guiſe, pour repoſer ſes articulations fatiguées par le chevalet rhythmique.

Il eſt d’ailleurs à remarquer que, dans tous les temps, les Sonnets des grands poètes ont toujours été les plus réguliers & les plus irréprochables[17]. Ainſi : au xvie siècle, ceux de Ronſard, de Deſportes, de Du Bellay ; au xviie siècle, ceux de Corneille, de Regnier, de Malherbe.

La nouvelle école poétique qui s’ouvrit après 1827, curieuſe de tout ce qui tenait au paſſé de notre hiſtoire littéraire, devait naturellement rencontrer le Sonnet dans ſes recherches, & le revendiquer.

Quelques-uns des poètes de cette école en ont compoſé de fort beaux, que tout le monde a lus.

Il eſt cependant à noter que les deux plus glorieux, MM. de Lamartine & Victor Hugo, n’ont fait ni l’un ni l’autre de Sonnets[18]. Eſt-ce mépris d’une forme qui leur ſemblait puérilement tyrannique ? Eſt-ce ſimplement une conſéquence de leur première éducation littéraire ? Dans tous les cas, le Sonnet a pour ſe conſoler de ces dédains les noms des grands hommes qui l’ont cultivé : Dante, Pétrarque, Shakeſpeare, Corneille, Milton, Ronſard, &c.

M. Sainte-Beuve, qui a tenté d’être le Du Bellay du xixe siècle, a compoſé dans ſa jeuneſſe un Sonnet apologétique où ſont raſſemblés les noms des poètes français & étrangers qui ont écrit des Sonnets :


Ne ris point des ſonnets, ô Critique moqueur[19] !

. . . . . . . . . . . . . . .

Et l’on en fait plus d’un de notre vieux Ronſard.


Je remarque, en transcrivant ce dernier vers, que je n’ai pas cité un ſeul Sonnet de Ronſard, non plus que de Du Bellay, ni de Malherbe qui en a fait d’excellents.

J’aurais dû peut-être, pour n’omettre aucun rayon de cette apothéoſe du Sonnet, rappeler les recompenſes faſtueuſes accordées à certains Sonnets célèbres par de grands rois & de grands hommes : les trois mille livres données à Achillini par Richelieu, pour le Sonnet ſur la Priſe de la Rochelle[20] ; les trente mille livres payées par Henri IV à Deſportes, pour le Sonnet de Diane & Hippolyte.

Mais ces largeſſes mêmes, que prouvent-elles, ſinon l’impoſſibilité radicale de remercier dignement certaines choſes ?

Les trois mille livres de Richelieu, les trente mille livres de Henri IV, ne ſont pas une marque plus exacte de la valeur des vers de Deſportes & d’Achillini que les deux mille livres de rente de M. de Rambouillet ne prouvent le mérite des vers de La Pucelle. Tout ce qu’elles prouvent, c’eſt que les beaux Sonnets, comme toute belle choſe en ce monde, ſont ſans prix ; & cette preuve, l’hiſtoire nous la fourniſſait déjà dans les lettres de Balzac & de Ménage, & auſſi par le ſouvenir qui s’eſt perpétué juſqu’à nous des Sonnets que j’ai rapportés.


CHARLES ASSELINEAU.
  1. Colletet fut non ſeulement un poète d’une certaine valeur, mais un des plus intelligents érudits que la France ait eus. La bibliothèque du Louvre poſſédait le manuſcrit des vies de cent trente poètes français, écrites par lui ; & cet ouvrage, compoſé vers 1620, donne à Colletet le rang de père de notre hiſtoire littéraire.
  2. G. Colletet, Traité du Sonnet, p. 16. M. DC. LVIII.
  3. « Pour ce qui eſt des Sonnets de Ronſard, tout rudes qu’ils ſemblent à preſent, on peut dire que le nom, & la mémoire, n’en periront jamais au monde. »
    (G. Colletet, Traitié du Sonnet.)
  4. Colletet, Traité du Sonnet.
  5. Vies des poëtes françois, ms.
  6. Beaucoup de poètes de ce temps n’ont pas laiſſé de témoigner de l’impatience contre la tyrannie de cette mode italienne. Ainſi, La Meſnardière, dans la préface de ſes œuvres, parle des écrivains de qui les ſentiments pleins d’eſprit, & le tour ingénieux… ſont infiniment eſloignez de la baſſe & vile bouffonnerie de cét infâme & vilain Burleſque, dont tant de mauvais copiſtes des Originaux Italiens ont infecté depuis dix ans noſtre Poëſie.
  7. Il commence par ce vers :

    Eran l’aer tranquillo e l’onde chiare.

  8. Voyez le Sonnet p. 48 de ce recueil.
  9. Voyez le Sonnet p. 47 de ce recueil.
  10. On peut voir dans la première édition des Études ſur les femmes illuſtres de la ſociété du xviie siècle, par M. V. Couſin, les lettres de Mmes  de Longueville & de Biégy, à propos de la querelle des deux Sonnets.

    L’anecdote ſuivante, racontée par Tallemant au ſujet de Voiture & à propos de Sonnets, trouve naturellement ſa place ici :

    « Mme  de Rambouillet l’attrappa bien luy-meſme. Il avoit fait un ſonnet dont il eſtoit aſſez content ; il le donna à Mme  de Rambouillet, qui le fit imprimer avec toutes les précautions de chiffre & d’autre choſe, & puis le fit coudre adroitement dans un Recueil de vers imprimé il y avoit aſſez long-temps. Voiture trouve ce livre, que l’on avoit laiſſé exprès ouvert à cet endroit-là ; il lut pluſieurs fois ce ſonnet ; il dit le lien tout bas, pour voir s’il n’y avoit point quelque différence ; enfin cela le brouilla tellement qu’il crut avoir lu ce ſonnet autrefois, & qu’au lieu de le produire, il n’avoit fait que s’en reſſouvenir ; on le deſabuſa enfin, quand on en eut aſſez ry. »

  11. Charles Perrault, Les Hommes illuſtres.
  12. Viollet-le-Duc, Bibliothèque poétique.
  13. Voyez le Sonnet p. 51 de ce recueil.
  14. Dictionnaire hiſtorique & critique, par M. Pierre Bayle.
  15. Voyez le Sonnet p. 58 de ce recueil.
  16. Voyez le Sonnet p. 36 de ce recueil.
  17. Relire le Sonnet dédicatoire à la Reine Régente, en tête de Polyeucte, qui eſt d’une correction magnifique (page 53 de ce recueil). On a retrouvé dernièrement dans le Recueil de Godefroy, à la Bibliothèque nationale, un Sonnet inédit de Corneille. (Voyez Athenæum français, 2e  année.)
  18. Cette obſervation, exacte en 1856, date de la première publication de ce travail, ne l’eſt plus en ce qui touche Victor Hugo. On connaît à préſent deux Sonnets de lui : le premier eſt reproduit dans ce recueil (page 67) ; nous donnons dans les Notes & Variantes, p. 194, le ſecond intitulé Jolies Femmes.
  19. Voyez le Sonnet p. 68 de ce recueil.
  20. Voyez ce Sonnet aux Notes & Variantes, p. 165.