Le Livre des sonnets/Des portes du matin l’Amante de Cephale


La Belle Matineuſe




Des portes du matin l’Amante de Cephale
Ses roſes eſpandoit dans le milieu des airs,
Et iettoit ſur les deux nonuellement ouuers
Ces traits d’or, & d’azur, qu’en naiſſant elle eſtale,

Quand la Nymphe diuine, à mon repos fatale,
Apparut, & brilla de tant d’attraits diuers,
Qu’il fembloit qu’elle ſeule eſclairoit l’vniuers.
Et rempliſſoit de feux la riue Orientale.

Le Soleil ſe haſtant pour la gloire des Cieux,
Vint oppoſer ſa flame à l’éclat de ſes yeux,
Et prit tous les rayons dont l’Olympe ſe dore ;

L’onde, la terre, & l’air s’allumoient à l’entour :
Mais auprès de Pbilis on le prit pour l’Aurore,
Et l’on creut que Philis eſtoit l’Aſtre du iour.


Voiture.