Le Livre des sonnets/Dans un fauteuil doré, Phèdre tremblante & blême


Sonnet




Dans un fauteuil doré, Phèdre tremblante & blême
Dit des Vers où d’abord perſonne nentend rien ;
Sa Nourrice lui fait un ſermon fort chrétien,
Contre l’affreux deſſein d’attenter à ſoi-meme ;

Hypolyte la hait preſque autant qu’elle l’aime,
Rien ne change ſon cœur, ni ſon chaſte maintien ;
La Nourrice l’accuſe, elle s’en punit bien ;
Thèſée a pour ſon fils une rigueur extrême ;

Une groſſe Aricie, au cuir rouge, aux crins blons,
N’eſt-là que pour montrer deux énormes tetons,
Que malgré ſa froideur Hypolyte idolâtre.

Il meurt enfin traîné par ſes courfiers ingrats ;
Et Phedre, après avoir pris de la mort aux rats,
Vient en ſe confeſſant mourir ſur le Théatre.


Madame Deſhoulières.