III

LE REDRESSEMENT
DES FAUSSES CONSCIENCES


Pour assurer le naufrage des fausses valeurs, les événements extérieurs ne suffisent pas ; il faut qu’ils aient provoqué dans les consciences un travail intérieur durable. Tant que l’artificiel des sentiments et des pensées n’en aura pas disparu, le danger de voir reparaître à la surface les médiocres, fausses et équivoques figures du passé, subsistera toujours.


I


Il y a plusieurs espèces de consciences et on pourrait les analyser indéfiniment dans leurs nuances variées ; je me bornerai ici à les diviser en deux seules catégories : les vraies et les fausses. Les premières ne sont pas constamment fortes et bonnes, car on peut avoir en soi la vision nette du bien et du mal, et se rendre tout de même coupable de graves erreurs, succomber aux tentations, omettre ses devoirs. Le miroir qui nous renvoie l’image exacte de nos manquements et de nos fautes ne sert pas toujours à nous en préserver. Pour échapper aux troubles angoissants que cette vision provoque en lui, l’homme essaye d’en détourner ses regards, d’appeler à son aide l’armée des sophismes, mais s’il a une rectitude naturelle, la vérité continue à percer ses yeux et à tourmenter ses jours.

Il peut arriver cependant que les consciences droites, par la constante pratique des sophismes, finissent par s’assoupir, mais elles restent sujettes à de brusques réveils, et c’est le moment où pour beaucoup d’entre elles sonne l’heure de la résipiscence.

Du reste, malgré ces passagères éclipses, le seul fait de savoir discerner la vérité est déjà un privilège, et les consciences claires, même si elles pèchent par faiblesse et subissent momentanément l’entraînement des passions, représentent une minorité noble, qui, tôt ou tard, après de douloureuses et parfois tragiques expériences, reprennent le chemin qui conduit au temple de la vérité.

Évidemment, tous ceux qui appartiennent à cette catégorie ne possèdent pas au même degré le sens du vrai ; mais on constate, à travers leurs erreurs, un fond solide, une bonne foi, une rectitude qui donnent une impression de sécurité. Qu’il s’agisse d’une divergence, d’une discussion, d’un simple échange d’idées, on ne sent pas ces âmes échapper sous la main ; l’on pactise ou l’on combat avec elles sur un terrain résistant, et à certains appels quelque chose répond.

Ce sont ces natures véridiques qui, dans la période cruelle que nous traversons, ont donné les plus merveilleux exemples d’héroïsme simple, révélé des valeurs insoupçonnées, ranimé la confiance dans l’âme humaine, éveillé des espérances d’avenir meilleur.

La seconde catégorie, celle des consciences instinctivement faussées, est la plus nombreuse ; ceux qui y appartiennent ne sont pas tous des coupables, car on peut manquer de la vue nette de la vérité et avoir des sentiments relativement bons et mener une existence apparemment correcte. C’est un état d’aveuglement et d’atrophie morale où la vie intérieure est enveloppée d’ombres, où le mensonge vécu n’apparaît plus comme tel et où l’on induit son prochain en erreur, aussi facilement que l’on tire sa respiration ! Incertains toujours dans leurs actes et leurs idées, ces échantillons humains ne s’aperçoivent même plus des contradictions où ils se meuvent.

Avec eux, aucune explication loyale n’est jamais possible ; ils se dérobent avec souplesse à toute question précise. Ils sont semblables à des anguilles qui échappent aux doigts qui les tiennent. Les habiles réussissent longtemps à masquer les lacunes de leur conscience, tandis que d’autres, plus ingénus ou moins intelligents se laissent immédiatement percer à jour ; ils n’ont pas fini d’exprimer une opinion que déjà ils la renient et déclarent qu’ils ne l’ont jamais énoncée. On dirait qu’il n’existe aucune relation entre leur cerveau et leur conscience. Ces mentalités seraient curieuses à étudier, si elles ne révélaient cette lâche répugnance des responsabilités qui disqualifie ceux qui l’éprouvent.

Les personnalités artificielles et artificieuses voudraient à la fois être et ne pas être, jouer tous les rôles, manger à deux râteliers. Combien leur manque de bonne foi dans la discussion a révolté les esprits droits ! Il est moins douloureux de se mesurer à d’audacieux coquins qu’à d’apparents honnêtes gens dont la conscience est faussée. Les premiers, du moins, ont la franchise de leurs actes et ne cachent pas la main qui blesse.

Aucun esprit pensant ne peut apprécier la frivolité ; les manifestations du snobisme l’écœurent, mais il trouve préférable la femme qui avoue : « Oui, je suis vaniteuse, j’aime le monde, les robes, le luxe, les milieux élégants, » à celle dont toute l’attitude semble dédaigner ces avantages et qui pourtant est prête à leur sacrifier amis et principes. Cette dernière, perpétuellement, vit le mensonge.

Combien nous en avons rencontré, des hommes et des femmes, soi-disant occupés d’importantes questions sociales et qui posaient pour le détachement ; ils étaient sans cesse prêts à renoncer à leurs charges, ne tenaient nullement à leur situation, parlaient toujours de démissionner, et on les voyait, au contraire, désespérément attachés à leur fauteuil présidentiel. Mais si quelque malheureux énonçait des prétentions ou manifestait des susceptibilités : « Haro sur le baudet ! » criaient-ils « il est honteux de mettre de la personnalité en ces choses. » Et leur ton était imprégné de mépris.

En réalité, les actes que ces grands désintéressés conspuaient, étaient semblables à ceux qu’ils avaient employés pour mettre en relief leurs mérites et avantager leur situation. Essayons de croire qu’ils ne s’étaient pas rendu un compte exact du but réel de leurs manœuvres et espérons, en tous cas, qu’une pareille oblitération de conscience ne sera plus possible dans le monde nouveau qui se prépare.

Le tragique quotidien ! Dans les affaires, les amitiés, la famille, que de fois un fer tranchant et dissimulé nous a porté des blessures. Celles-ci naissaient presque toujours des contacts avec les cœurs sans sincérité, qui faisaient jaillir du sang de nos âmes meurtries.

C’est la récompense dont les natures faussées payaient l’affection et le dévouement qui leur avaient été prodigués. Non seulement, elles perdaient de vue les services rendus, mais allaient jusqu’à les nier ! Ces procédés, fréquents dans les relations sociales, devenaient dans l’amitié et la famille comparables à un corrosif appliqué sur la chair vive.

Ce genre de désappointement est sans remède. Malheur à ceux qui, dans un lâche désir de réveiller le sentiment dans les cœurs oublieux, essayent de leur rappeler le passé, surtout s’il s’agit de dévouement ou de quelque sacrifice accompli. Les amis d’autrefois prennent l’air étonné. Vraiment, on a fait quelque chose pour eux ? L’avaient-ils demandé ? Et pour un peu, devinant que vous avez de la mémoire, ils vous accuseraient d’indélicatesse !

Ces cas douloureux se vérifieront toujours, tant qu’il y aura des âmes ingrates, mais ils deviendront plus rares avec la diminution des consciences faussées. Contre celles-ci il n’y a qu’un remède : le silence ! Leur prouver l’évidence est inutile ; elles ne veulent, ni ne peuvent se rendre compte d’aucune forme de la vérité.

Jamais même elles ne connaîtront de remords. Non seulement, elles abandonnent et renient leurs affections passées, mais vont jusqu’à les calomnier. Leur conscience est barricadée comme une tranchée par des réseaux de fils de fer serrés, derrière lesquels elles dissimulent leurs attaques.

Un mot imprudent les trahit de temps à autre. Les cœurs, dont elles ont accepté les plus tendres preuves d’amitié, apprennent tout à coup qu’ils sont dénigrés sans le moindre scrupule et que leur confiance a été trompée. Un homme écrivait à une femme qu’il aimait et dont la conduite l’avait blessé : «  Je ne vous pardonnerai jamais d’avoir terni dans mon cœur l’image que je me faisais de vous. » Ces mots peuvent s’appliquer à tous les ordres de sentiments. L’image ternie est la plus aiguë des souffrances.

Les individus dépourvus de rectitude morale occupent souvent une bonne position dans le monde et leur vie ne fait pas scandale. Ils ont même aux lèvres des paroles élevées et une certaine noblesse dans l’allure ; ils affichent parfois aussi une rigidité de principes amusante et évitent les mensonges directs. Quelques-uns posent pour la bonté, d’autres aiment à donner, mais aucune sincérité ne préside jamais à leurs rapports avec autrui.

Ces personnalités à double fond sont les plus dangereuses. On se défend de ses pires ennemis, mais comment se mettre à l’abri des consciences faussées qui se trouvent souvent parmi nos plus proches ? Que de médisances entre membres de la même famille ! Les parents qui se plaignent de leurs enfants sont légions : ils ne se rendent pas compte probablement du mal qu’ils provoquent et qui peut avoir des répercussions dans l’avenir lointain. Leur jeu est double : après avoir médit de leurs fils et de leurs filles, ils rapportent à ceux-ci les jugements défavorables portés sur leur compte, en se gardant bien toutefois d’avouer que ces critiques ont été provoquées par leurs propres plaintes. Ils jettent ainsi dans le cœur de leurs enfants des germes de rancune et de défiance contre des parents ou des amis qui auraient pu leur servir d’appui dans la vie. L’amour maternel lui-même ne sauve pas du manque de droiture morale et de l’absence de prévoyance.

Dans l’amitié également les consciences faussées ont été cause de cuisants chagrins. Telle affection charmante donnait l’illusion de la chaleur et de la franchise. Tout à coup, on s’apercevait qu’on avait bâti sur le vide, on sentait les murs vaciller… D’instinct, on essayait de se raccrocher à quelque chose, mais tout ployait. C’est en vain qu’on se plaignait, qu’on voulait savoir…, nulle explication sincère n’était jamais possible.

Les rapports extérieurs pouvaient rester les mêmes, mais un drame intime avait déchiré l’une des âmes et souvent l’avait contristée à jamais.

Dans l’amour, où l’entente durable est si difficile à établir, les consciences faussées ont été également le motif de poignants chagrins. Avec elles toute sécurité s’ébranlait, un duel secret s’engageait entre l’âme loyale et celle qui ne l’était pas, et la première en recevait des blessures incurables. Elle implorait un mot de vérité, et encore plus que dans l’amitié ce mot lui était refusé. Tout au plus lui répondait-on par la phrase célèbre : « Il y a des pourquoi auxquels il n’y a pas de réponse. »

Du reste, quel aurait-il pu être ce mot sortant de pareilles bouches ? Les consciences faussées n’ont souvent pas plus connu la cause de leurs ardeurs passées que de leurs défaillances présentes. Pourquoi leurs sentiments se sont-ils modifiés ? Elles l’ignorent et si elles comprennent intellectuellement qu’un changement s’est produit en elles, leur attachement à l’artifice est si grand qu’elles préfèrent ne pas s’analyser et se refusent à prononcer les paroles sincères capables d’éclairer le drame secret et de dissiper les malentendus.

Dans les livres tout s’explique, dans la vie rien ne s’explique. Est-ce, comme le dit Pascal, que « le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas. »

Avant que l’heure de la grande régénération n’eût sonné la cloche du réveil, il est certain que la responsabilité du malaise dont le monde souffrait, remontait en grande partie aux consciences faussées, et cela dans tous les rapports sociaux et moraux : sentiments, affaires, politique…

Depuis lors quel changement et quelle floraison ! Les consciences droites ont eu un épanouissement magnifique, un élan superbe les a jetées en plein combat, en plein héroïsme, en pleine générosité. Une vaillance joyeuse les anime, leur but est grandiose : par le sacrifice de leur vie, établir le règne de la paix ! L’un de ces héros ignorés disait récemment : « Ce sera la dernière guerre, nos enfants ne verront plus de telles choses. » Ces consciences-là ont grandi immédiatement, tandis que les consciences fausses n’osent plus, en certains pays du moins, relever la tête. Quelques-unes, celles qui avaient subi simplement l’influence de leur milieu, se sont créé un état moral nouveau ; l’horreur du mensonge vécu, dont elles ont été témoins et victimes, a remué leurs entrailles, un besoin ardent de purification les a saisies et, ouvrant leur cœur, elles ont laissé la tempête emporter dans ses violentes rafales, tout ce que ce cœur contenait d’artificiel et de faux.

Ceux qui se sont voués au sacrifice eux-mêmes, soit pour combattre, soit pour supporter ou soulager les souffrances, ne sont plus les mêmes hommes que ceux d’hier. Le sang qui a coulé moralement ou physiquement de leur cœur les a purifiés. Leur évaluation des choses de la vie s’est modifiée : une foule de préjugés, de puériles préoccupations ont été abandonnés le long de la route, et, très probablement, quand le règne de la paix sera établi, leur conscience ne voudra plus reprendre le poids des faussetés et des artifices qui l’alourdissaient. Le fait seul de s’être redressés sous l’épreuve prouve que le mal n’avait pas atteint chez eux les sources mêmes de la vie.

Toutes les consciences malheureusement ne se sont pas d’un bond libérées du mensonge, plusieurs n’ont pas entendu le son des cloches et continuent leur travail pernicieux ou du moins s’apprêtent à le reprendre, dès que la grande tourmente sera calmée. Quand les ennemis du dehors auront été définitivement repoussés, c’est donc contre les ennemis du dedans qu’il faudra tourner les armes pour les empêcher de fausser d’autres consciences et en particulier celles des enfants. Aux éducateurs d’ouvrir les yeux et de ceindre leurs reins. Mais qui nous assure que tous ont une nature droite et une intelligence capable de comprendre l’esthétique de la vérité ?

Schopenhauer a dit : « Toute splendeur, toute jouissance sont pauvres reflétées dans l’âme d’un benêt. » Un benêt ne sait pas discerner les mille et une nuances d’un cœur faux et ne peut en contrecarrer les effets. La tâche des parents et des éducateurs est ardue ; pour donner les définitifs coups de balai, tous devraient être dans un continuel état de veille. Le devoir de chacun est de les aider dans leur tâche en surveillant avec attention devant l’enfance et la jeunesse, actes, paroles et même pensées.

Intelligences confuses, âmes faussées, cœurs dévoyés vous avez fait plus de mal que les grands et les gros péchés que vous n’avez pas commis. Ceux-ci portent toujours en eux-mêmes un enseignement et une condamnation ; le flottement des consciences est infiniment plus pernicieux dans ses effets sur tous les âges.

Quel ensemble tristement compliqué forme l’homme ! La surface est souvent correcte et admirable, puis comme dans une rivière où, après une inondation, on voit flotter sous les eaux claires des tas de choses mortes et innommables, débris pourris de tout genre, ainsi on découvre aux heures de crise, sous les apparences irréprochables des individus, les pensées équivoques, les calculs bas, les impostures devenues habituelles.

Si les êtres dépourvus de perspicacité méritent d’être plaints, car ils sont comme des enfants perdus dans la nuit, ceux, par contre, qui possèdent des clartés sont exposés à d’autres tristesses. Ils se rendent trop bien compte de ce qui se passe derrière le rideau, et quoiqu’ils se mettent parfois un bandeau sur les yeux pour ne pas perdre de chères illusions, des parcelles de vérité entrent dans leur cerveau et découragent leur cœur. Et lorsque les jours décisifs arrivent et que la fausseté des consciences se révèle, ils retrouvent gravés en eux-mêmes les indices et les preuves dont ils refusaient de tenir compte, par l’une de ces faiblesses auxquelles sont sujets les cœurs tendres.

La leçon pour eux a été souvent dure, et dans cette formidable guerre, cruelle aussi par les lâchetés morales qu’elle a provoquées, ils ont perdu plus d’une croyance. Car si les consciences endormies se sont réveillées, les consciences dépourvues de franchise ont profité des catastrophes pour montrer leur laideur et leur inaptitude à suivre la voie droite.

Nourries de compromis, elles ne peuvent se décider à voir les événements sous leur vrai jour. Leur mentalité est un singulier amalgame d’opinions incohérentes ; mises en demeure de choisir entre la réalité des faits et leur dénaturation, c’est cette dernière forme qu’elles ont choisie.

La clairvoyance, je le répète, utile à tant de points de vue, est certainement une source de douleurs. Un ami me disait un jour : « Vous ne pouvez vous imaginer combien la lucidité est pénible ! Quand on ment je m’en aperçois toujours ; une petite contraction des narines ou du coin de l’œil suffit pour m’en avertir. Aussi quand je flaire un attentat à la vérité, j’évite de regarder mes amis. »

Le contact avec le mensonge lui causait presqu’une douleur physique, c’est pourquoi il avait connu peu de bonheur dans l’amour, bien que plusieurs femmes l’eussent aimé. De même en politique, ses débuts avaient été brillants, puis, tout à coup, il s’était retiré, opprimé sous le poids des mensonges qui alourdissaient l’air.

— C’est une lâcheté, lui disais-je, luttez, créez une opinion publique. Si les amants de la vérité l’abandonnent, elle sera écrasée, conspuée, mais si on lutte en sa faveur, son temple restera debout.

— Debout ? Mais s’il s’est déjà renversé ! D’ailleurs comment combattre les esprits faussés qui ne s’aperçoivent même plus que leur vie et leurs actes sont une perpétuelle hypocrisie, un trompe-l’œil effrayant ? Il faudrait pouvoir remuer ces consciences jusqu’en leurs profondeurs secrètes comme l’ouragan en fureur secoue les racines des arbres. Or, il n’y a pas de forces humaines capables de provoquer une pareille tempête.

Il disait vrai. Que pouvaient, en effet, quelques bonnes volontés contre l’armée formidable des consciences menteuses ?

J’ai revu mon ami dernièrement, je lui ai demandé :

— Osez-vous maintenant regarder vos amis en face ?

— À peu près tous ! a-t-il répondu la voix joyeuse, ils ne mentent presque plus ! Et s’ils le font encore par une vieille habitude, ils s’en aperçoivent et en rougissent.

Je lui dis alors ma foi en un avenir meilleur. Comme il n’aime ni les attendrissements, ni les expansions enthousiastes, je restai sobre en mes manifestations. Contre son habitude il ne me découragea pas.

— Jamais Dieu n’a donné aux hommes une chance pareille. S’ils n’en profitent pas, alors…

Il parlait avec une sorte de solennité inattendue chez lui, et en prononçant les derniers mots, ses traits prirent une expression de sévérité menaçante. Je m’écriai, pour qu’il ne prononçât pas la condamnation définitive :

— Mais ils en profiteront ! N’entendez-vous pas les cloches qui sonnent le chant de l’espérance, ne voyez-vous pas dans les vergers les arbres qui fleurissent, ne sentez-vous pas la terre qui tressaille comme si de tout ce sang qui a pénétré ses entrailles une vie nouvelle allait surgir ?

Je me suis arrêtée ; mon ami avait posé sa main sur mon épaule et, tandis que par habitude, son sourire raillait ma confiance dans l’humanité future, sa voix disait gravement :

Spes tua in homine. Spes mea in Deo.