Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 480-483).

CHAPITRE LXXII.

LES GÉNIES.


Donné à la Mecque. — 28 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. Dis : Il m’a été révélé que quelques GÉNIES s’étant mis à écouter la lecture du Koran, s’écrièrent : Nous avons entendu une lecture extraordinaire[1].
  2. Elle conduit à la vérité ; nous croyons en elle, et nous n’associerons plus aucun être à notre Seigneur.
  3. Notre Seigneur (que sa majesté soit élevée !) n’a ni compagne ni enfant.
  4. Un d’entre-nous, insensé qu’il était, a proféré des extravagances au sujet de Dieu.
  5. Nous pensions que ni les hommes ni les génies n’auraient jamais préféré un mensonge sur Dieu.
  6. Quelques individus d’entre les humains ont cherché leur refuge auprès de quelques individus d’entre les génies, mais cela ne fit qu’augmenter leur démence.
  7. Ces hommes croyaient comme vous, ô génies[2], que Dieu ne ressusciterait personne.
  8. Nous avons touché le ciel dans notre essor, mais nous l’avons trouvé rempli de gardiens forts et de dards flamboyante.
  9. Nous y avons été assis sur des sièges pour écouter ce qui s’y passait ; mais quiconque voudra écouter désormais, trouvera le dard flamboyant qui le guettera pour le frapper.
  10. Nous ne savons si c’était un malheur qu’on destinait aux habitants de la terre, ou bien si le Seigneur voulait par là les diriger sur la droite voie.
  11. Parmi nous, il est des génies vertueux, il en est qui ne le sont pas ; nous sommes divisés en diverses espèces.
  12. Nous avons reconnu que nous ne saurions affaiblir la puissance de Dieu sur la terre, que nous ne saurions l’affaiblir par notre fuite[3].
  13. Aussitôt que nous avons entendu le Livre de la direction (Le Koran), nous y avons cru, et quiconque croit en Dieu ne doit craindre ni dommage ni affront.
  14. Il en est parmi nous qui s’abandonnent à Dieu (qui sont mouslimoun, musulmans), il en est qui dévient ; — quiconque s’abandonne à Dieu poursuit la vraie route.
  15. Ceux qui s’en éloignent serviront d’aliment au feu de la géhenne.
  16. Que ne se maintiennent-ils sur la droite voie ? Nous les abreuverions d’eau abondante.
  17. Nous les éprouverions par là[4] ; quiconque se détourne du souvenir de Dieu, Dieu lui fera subir un châtiment rigoureux.
  18. Les temples sont consacrés à Dieu ; N’invoquez qui que ce soit à côté de Dieu.
  19. Lorsque le serviteur de Dieu[5] se leva pour l’adorer, peu s’en est fallu qu’ils[6] ne l’aient étouffé, tant ils se poussaient autour de lui.
  20. Dis-leur : J’invoque le Seigneur, et je ne lui associe dans l’adoration, qui que ce soit.
  21. Dis-leur : Je ne dispose à votre égard ni d’aucun mal ni d’aucun bien.
  22. Dis-leur : Personne ne saurait me protéger contre Dieu.
  23. En dehors de Dieu je ne trouverai point de refuge.
  24. Je n’ai point d’autre pouvoir que celui de vous prêcher ce qui vient de Dieu, et de vous porter ses messages. Quiconque est rebelle à Dieu et à son envoyé aura le feu de la géhenne pour récompense, et y restera éternellement.
  25. Ils seront pervers jusqu’à ce qu’ils aient vu de leurs yeux ce dont on les menaçait. Ils apprendront alors qui de nous est plus faible en appui et plus petit en nombre.
  26. Dis-leur : J’ignore si les peines dont vous êtes menacés sont proches, ou bien si Dieu leur a assigné un terme éloigné. Dieu seul connait les choses cachées et il ne les dévoile à personne,
  27. Excepté à l’envoyé dans lequel il s’est complu[7] ; Il marche devant lui et derrière lui en épiant ses pas,
  28. Afin qu’il sache si ses envoyés ont rempli la mission de leur Seigneur.

  1. Peu de temps avant sa fuite de la Mecque, Mahomet, désespérant de convertir les Mecquois, s’était rendu à Taïef pour y prêcher le nouveau culte ; les habitants de Taïef le reçurent très-mal ; mais en revanche, disent les historiens musulmans, une troupe de génies qui s’y trouvait alors, ayant entendu les enseignements du Koran, y crut et propagea sa doctrine parmi d’autres génies. Nous avons déjà dit que, selon les croyances des Arabes, les génies étaient une race intermédiaire entre l’homme et les anges. Les commentaires sur ce passage, en s’appuyant sur la circonstance que Mahomet n’avait pas vu ces génies, mais que leur présence lui avait été révélée par Dieu, croient que les génies sont les âmes des hommes ; ce qui rendrait le mot génies synonyme d’esprits. Cette interprétation ne s’accorderait guère avec les autres passages du Koran et avec la croyance que les génies se reproduisent comme les autres êtres créés.
  2. Ce sont les génies convertis par le Koran qui parlent ainsi à leur race.
  3. C’est·à-dire, même en fuyant du ciel, nous soutiens toute la puissance de Dieu.
  4. Le verset 18 et les premiers mots du 17 doivent se rapporter aux infidèles, aux Mecquois.
  5. Il s’agit de Mahomet.
  6. Selon les commentateurs, ce sont des génies se pressant en foule pour entendre Mahomet.
  7. On veut par ces mots entendre Mahomet, ce qui serait en contradiction avec beaucoup d’autres passages du Koran dans lesquels le prophète arabe avoue humblement qu’il ignore les choses cachées. Le sens le plus raisonnable de ces deux versets (27 et 28) est que Dieu ne dévoile ses secrets à personne, et, quand il charge de ses ordres celui de ses ministres (ange ou prophète) qu’il lui a plu de choisir, il le suit partout pour voir s’il s’en est acquitté.