Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 84-100).

CHAPITRE V.

LA TABLE[1].


Donné à Médine. — 120 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. Ô croyants ! Soyez fidèles à vos engagements. Il vous est permis de vous nourrir de la chair des bestiaux qui composent vos troupeaux[2] ; mais ne mangez pas des choses au sujet desquelles on vous a fait une défense dans les versets suivants du Koran, ni du gibier qu’il ne vous est pas permis de tuer à la chasse, pendant que vous êtes revêtus du vêtement du pèlerinage[3]. Dieu décide comme il lui plaît.
  2. Ô croyants ! Gardez-vous de violer le mois sacré ; respectez les offrandes[4] et les ornements que l’on suspend aux victimes. Respectez ceux qui se pressent à la maison de Dieu pour y chercher la grâce et la satisfaction de leur Seigneur.
  3. Quand vous êtes rendus à l’état profane[5], vous pouvez vous livrer à la chasse. Que le ressentiment contre ceux qui cherchaient à vous repousser de l’oratoire sacré ne vous porte pas à des actions injustes. Aidez-vous plutôt mutuellement à pratiquer le bien et la piété ; mais ne vous aidez point dans le mal et dans l’injustice, et craignez Dieu, car ses châtiments sont terribles.
  4. Les animaux morts, le sang, la chair de porc, tout ce qui a été tué sous l’invocation d’un autre nom que celui de Dieu[6] ; les animaux suffoqués, assommés, tués, par quelque chute ou d’un coup de corne ; ceux qui ont été entamés par une bête féroce, à moins que vous ne les ayez purifiés par une saignée, ce qui a été immolé aux autels des idoles ; tout cela vous est défendu. Ne vous les partagez pas en consultant les flèches, car ceci est une impiété aujourd’hui[7]. Le désespoir attend ceux qui ont renié votre religion ; ne les craignez point, craignez-moi.
  5. Aujourd’hui[8] j’ai parfait votre religion et mis le comble à mes bienfaits pour vous. Il m’a plu de vous donner l’islam pour religion. Celui qui cédant à la nécessité de la faim, et sans dessein de mal faire, aura transgressé nos dispositions[9], celui-là sera absous, car Dieu est indulgent et miséricordieux.
  6. Ils te demanderont ce qui leur est permis. Réponds-leur : Les choses bonnes vous sont permises. La proie des animaux de chasse que vous aurez dressés à la manière des chiens, d’après la science que vous avez reçue de Dieu, vous est permise. Mangez ce qu’ils vous auront procuré en invoquant le nom de Dieu. Craignez-le, car il est prompt à faire rendre compte.
  7. Aujourd’hui on vous a permis tout ce qui est bon[10] ; la nourriture de ceux qui ont reçu les Écritures est licite pour vous, et la vôtre C’est également pour eux[11]. Il vous est permis d’épouser les filles honnêtes des croyants et de ceux qui ont reçu les Écritures avant vous[12], pourvu que vous leur donniez leur récompense. Vivez chastement avec elles, en vous gardant de la débauche et sans prendre de concubines[13]. Celui qui trahira sa foi perdra le fruit de ses bonnes œuvres, et sera dans l’autre monde au nombre des malheureux.
  8. Ô croyants ! quand vous vous disposez à faire la prière, lavez-vous le visage et les mains jusqu’au coude ; essuyez-vous la tête et les pieds jusqu’aux talons.
  9. Purifiez-vous après la cohabitation avec vos épouses ; mais lorsque vous êtes malades ou en voyage, lorsque vous venez de satisfaire vos besoins naturels, et lorsque vous aurez eu commerce avec une femme, si vous ne trouvez pas d’eau, frottez-vous le visage et les mains avec du sable fin et pur[14]. Dieu ne veut vous Imposer aucune charge ; mais il veut vous rendre purs et mettre le comble à ses bienfaits, afin que vous lui soyez reconnaissants.
  10. Souvenez-vous donc de ses bienfaits, et du pacte qu’il a conclu avec vous, quand vous prononçâtes ces mots : Nous avons entendu et nous obéirons. Craignez Dieu, car il connaît l’intérieur de vos cœurs.
  11. Ô vous qui croyez ! Soyez fermes et justes témoins devant Dieu ; que la haine ne vous entraîne point à vous écarter de la droite ligne. Soyez justes : la justice tient de près à la piété. Craignez Dieu, parce qu’il connaît vos actions.
  12. Dieu a fait des promesses à ceux qui croient et pratiquent les bonnes œuvres ; le pardon et une récompense magnifique sont à eux.
  13. Ceux qui ne croient pas, et qui traitent nos signes de mensonges, ceux-là seront voués au feu.
  14. Ô croyants ! Souvenez-vous des bienfaits du Seigneur. Lorsque quelques hommes avaient résolu de porter leurs bras sur vous, c’est Dieu qui repoussa leurs bras[15]. Craignez Dieu ; que les vrais croyants ne mettent donc de confiance qu’en lui.
  15. Dieu accepta l’alliance des enfants d’Israël. Nous suscitâmes du milieu d’eux douze chefs et Dieu dit[16] : Je serai avec vous. Si vous vous acquittez exactement de la prière si vous faites l’aumône, si vous ajoutez foi à mes envoyés, si vous les aidez et si vous faites à Dieu un prêt généreux, j’expierai vos offenses et vous introduirai dans les jardins arrosés de courants d’eau. Celui qui, après ces avertissements, refuse de croire, celui-là quitte le beau milieu de la voie.
  16. Mais comme ils ont violé le pacte conclu, nous les avons maudits. Nous avons endurci leurs cœurs. Ils déplacent les paroles des Écritures et oublient une partie de ce qui leur fut enseigné. Tu ne cesseras de découvrir quelque perfidie de leur part ; sauf un petit nombre, tous en sont coupables ; Mais pardonne-leur et passe outre, car Dieu aime ceux qui agissent noblement.
  17. Nous avons aussi accepté l’alliance de ceux qui disent : Nous sommes chrétiens ; mais ceux-là aussi ont oublié une partie de ce qui leur fut enseigné[17]. Nous avons suscité au milieu d’eux l’inimitié et la haine, qui doivent durer jusqu’au jour de la résurrection. Dieu leur apprendra ce qu’ils ont fait.
  18. Ô vous qui avez reçu les Écritures ! notre envoyé vous en a indiqué beaucoup de passages que vous cachiez, et il a passé outre sur beaucoup d’autres. La lumière vous est venue de Dieu, ainsi que ce Livre évident par lequel Dieu guidera ceux qui suivent sa volonté dans les sentiers du salut. Il les fera passer des ténèbres à la lumière par sa volonté, et les dirigera dans la droite voie.
  19. Ceux qui disent que Dieu c’est le Messie, fils de Marie, sont des infidèles. Réponds-leur : Qui pourrait, de quelque manière que ce soit, empêcher Dieu s’il voulait anéantir le Messie, fils de Marie, et sa mère, et tous les êtres de la terre ?
  20. À Dieu appartient la souveraineté des cieux et de la terre, et de l’espace qui les sépare. Il crée ce qu’il veut, et il peut tout.
  21. Nous sommes les fils de Dieu et ses amis chéris, disent les juifs et les chrétiens. Réponds-leur : Pourquoi donc vous punit-il de vos péchés ? Vous n’êtes qu’une portion des hommes qu’il a créés ; Il pardonne ou châtie à son gré. À lui appartient la souveraineté des cieux, de la terre, et de tout ce qui est entre eux. Il est le terme où tout aboutira un jour.
  22. Ô vous qui avez reçu les Écritures ! Notre envoyé va vous éclairer sur la cessation des prophètes, afin que vous ne disiez plus : Il ne nous vient plus d’annonciateur, d’avertisseur. Le voilà au milieu de vous, cet annonciateur, cet avertisseur, et Dieu est puissant sur toute chose.
  23. Lorsque Moïse dit aux Israélites : Souvenez-vous des bienfaits que vous avez reçus de Dieu ; il a suscité des prophètes dans votre sein, il vous a donné des rois, il vous a accordé des faveurs qu’il n’avait jamais accordées à aucune autre nation.
  24. Entre, ô mon peuple ! Dans la terre sainte que Dieu t’a destinée ; ne vous tournez pas en arrière, de peur que vous ne marchiez à votre perte.
  25. Ce pays, répondirent les Israélites, est habité par des hommes puissants. Tant qu’ils l’occuperont, nous n’y entrerons point. S’ils en sortent, nous en prendrons possession.
  26. Présentez-vous à la porte de la ville, dirent deux hommes craignant le Seigneur et favorisés de ses grâces : Vous ne serez pas plus tôt entrés que vous serez vainqueurs. Mettez votre confiance en Dieu si vous êtes fidèles.
  27. Ô Moïse, dit le peuple, nous n’y pénétrerons point tant que le peuple qui l’habite n’en sera pas sorti. Va avec ton Dieu, et combattez tous deux. Nous demeurerons ici.
  28. Seigneur, s’écria Moïse, je n’ai de pouvoir que sur moi et sur mon frère ; prononce entre nous et ce peuple d’impies.
  29. Alors le Seigneur dit : Cette terre leur sera interdite pendant quarante ans. Ils erreront dans le désert ; et toi, cesse de te tourmenter à cause de ce peuple d’impies.
  30. Raconte-leur l’histoire telle qu’elle est de ceux des fils d’Adam qui présentèrent leurs offrandes[18]. L’offrande de l’un fut acceptée, celle de l’autre fut rejetée. Ce dernier dit a son frère : Je vais te tuer. — Dieu, répondit l’autre, ne reçoit des offrandes que des hommes qui le craignent.
  31. Quand même tu étendrais ta main sur moi pour me tuer, je n’étendrais pas la mienne pour t’ôter la vie, car je crains Dieu, le maître de l’univers.
  32. J’aime mieux que toi seul en sortes, chargé de mes péchés et des tiens, et que tu sois voué au feu, récompense des pervers.
  33. Et son âme (sa passion) l’entraîna au meurtre de son frère : Il le tua et fut au nombre des perdus.
  34. Dieu envoya un corbeau qui grattait la terre pour lui montrer comment il devait cacher le crime commis sur son frère. Malheureux que je suis ! S’écria le meurtrier, suis-je devenu débile au point de ne pas pouvoir, comme ce corbeau, cacher le crime commis sur mon frère[19] ? Caïn était déjà au nombre des repentants.
  35. C’est pourquoi nous avons écrit cette loi pour les enfants d’Israël : Celui qui aura tué un homme sans que celui-ci ait tué un homme ou semé le désordre dans le pays[20], sera regardé comme le meurtrier du genre humain ; et celui qui aura rendu la vie a un homme sera regardé comme s’il avait rendu la vie a tout le genre humain.
  36. Nos envoyés ont paru au milieu d’eux accompagnés de signes évidents ; mais, même après l’apparition de ces signes, la plupart des hommes commettaient des excès.
  37. Voici quelle sera la récompense de ceux qui font la guerre à Dieu et à son envoyé, et qui emploient toutes leurs forces à commettre des désordres sur la terre : Vous les mettrez à mort ou vous leur ferez subir le supplice de la croix ; vous leur couperez les mains et les pieds alternés ; ils seront chassés de leur pays[21]. L’ignominie les couvrira dans ce monde, et un châtiment cruel les attend dans l’autre.
  38. Sauf ceux qui se seront repentis avant que vous les ayez en votre pouvoir, car sachez que Dieu est indulgent et miséricordieux.
  39. Ô croyants ! Craignez Dieu ; efforcez-vous de mériter un accès auprès de lui ; combattez pour sa religion, et vous serez heureux.
  40. Quand les infidèles posséderaient deux fois autant de richesses que la terre en contient, et les offriraient pour se racheter du supplice au jour de la résurrection, leurs offres ne seraient point acceptées. Un châtiment cruel les attend.
  41. Ils voudraient sortir du feu, mais ils n’en sortiront jamais. Le châtiment qui leur est réservé est éternel,
  42. Quant à un voleur et à une voleuse, vous leur couperez les mains comme rétribution de l’œuvre de leurs mains ; comme châtiment venant de Dieu ; or Dieu est puissant et sage.
  43. Quiconque se sera repenti de ses iniquités et se sera corrigé, Dieu accueillera son repentir ; car il est indulgent et miséricordieux.
  44. Ignores-tu que Dieu est le souverain des cieux et de la terre ? Il punit qui il veut, et pardonne à qui il veut ; Il est tout-puissant.
  45. Ô prophète ! Ne t’afflige pas à cause de ceux qui courent à l’envi les uns des autres vers l’infidélité, ni à cause de ceux dont les bouches disent : Nous croyons, tandis que leurs cœurs ne croient pas ; ni à cause des juifs qui, prêtant avidement l’oreille aux mensonges et aux discours des autres, ne viennent jamais entendre les tiens. Ils déplacent les paroles de l’Écriture et disent ensuite : Si on vous les donne ainsi, prenez-les ; sinon, prenez garde[22]. Qui est-ce qui pourra préserver de l’erreur celui que Dieu voudra égarer ? Ceux dont Dieu n'aura point purifié le cœur seront couverts d’opprobre dans ce monde, et souffriront dans l’autre un châtiment terrible.
  46. Ils prêtent avidement l’oreille aux mensonges, ils dévorent avec avidité ce qui est illicite[23]. S’ils ont recours à ton jugement, prononce entre eux ou abstiens-toi. Si tu t’abstiens, ils ne pourront te nuire ; mais, si tu te charges de juger, juge-les avec équité, car Dieu aime ceux qui jugent avec équité ;
  47. Mais comment te prendraient-ils pour arbitre ? Ils ont cependant le Pentateuque, où sont renfermés les préceptes du Seigneur, mais ils s’en sont éloignés et ne croient pas ;
  48. Nous avons fait descendre le Pentateuque ; il contient la direction de la bonne voie et la lumière. Les prophètes, vrais croyants résignés à la volonté de Dieu, devaient juger les juifs selon ce livre ; les docteurs et les prêtres devaient juger selon les parties du livre de Dieu, dont ils avaient la garde ; ils étaient comme témoins de la loi vis-à-vis des juifs. Ô juifs ! Ne craignez point les hommes ; craignez-moi, et ne donnez pas mes signes en échange d’un prix intime. Ceux qui ne jugeront pas conformément à la vérité que Dieu a fait descendre d’en haut sont infidèles.
  49. Dans ce code nous avons prescrit aux juifs : Ame pour âme, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures seront punies par la loi du talion. Celui qui, recevant le prix de la peine, le changera en aumône, fera bien ; cela lui servira l’expiation de ses péchés[24]. Ceux qui ne jugeront pas d’après les livres que nous avons fait descendre d’en haut sont infidèles.
  50. Sur les pas des autres prophètes nous avons envoyé Jésus, fils de Marie, pour confirmer le Pentateuque. Nous lui avons donné l’Évangile, qui contient la direction et la lumière ; il confirme le Pentateuque ; l’Évangile contient aussi la direction et l’avertissement pour ceux qui craignent Dieu.
  51. Les gens de l’Évangile jugeront selon l’Évangile. Ceux qui ne jugeront pas d’après un livre de Dieu sont infidèles.
  52. Nous t’avons envoyé le Livre contenant la vérité, lequel confirme les Écritures qui l'ont précédé, et les met à l’abri de toute altération. Juge entre eux tous selon les commandements de Dieu, et garde-toi, en suivant leurs désirs, de t’éloigner de ce qui t’a été donné spécialement. Nous avons assigné à chacun de vous un sentier, un chemin frayé[25].
  53. Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous tous un seul peuple ; mais il a voulu éprouver votre fidélité à observer ce qu’il vous a donné. Courez à l’envi les uns des autres vers les bonnes actions ; vous retournerez tous a Dieu ; il vous éclaircira lui-même la matière de vos disputes.
  54. Prononce entre eux selon les commandements descendus d’en haut, n’écoute pas leurs vœux, et tiens-toi sur tes gardes, de peur qu’ils ne t’éloignent de certains commandements qui te furent donnés d’en haut. S’ils s’éloignent, sache que c’est pour quelques péchés que Dieu veut les punir ; et certes le nombre des pervers est considérable.
  55. Est-ce le jugement de l’ignorance qu’ils désirent[26] ? Cependant, quel meilleur juge que Dieu peuvent trouver ceux qui croient fermement ?
  56. Ô croyants ! Ne prenez point pour amis les juifs et les chrétiens ; ils sont amis les uns des autres. Celui qui les prendra pour amis finira par leur ressembler, et Dieu ne sera point le guide des pervers.
  57. Tu verras ceux dont le cœur est atteint d’une infirmité courir à qui mieux-mieux auprès des infidèles, et leur dire : Nous craignons que les vicissitudes du sort ne nous atteignent. – Qu’en savent-ils ? Peut-être que Dieu viendra avec la victoire ou fera éclater quelque événement, et il se peut qu’alors ces hommes se repentent de leurs pensées secrètes.
  58. Les fidèles diront alors : Sont-ce là ceux qui juraient, par des serments solennels, qu’ils étaient de notre parti ? Leurs efforts n’auront abouti à rien, et ils périront.
  59. Ô vous qui croyez ! S’il s’en trouve parmi vous qui renient leur religion, certes Dieu suscitera d’autres hommes qu’il aimera et qui l’aimeront. Humbles envers les croyants, et tiers envers les infidèles, ils combattront pour la foi, et ne craindront le blâme de qui que ce soit[27]. C’est la faveur de Dieu, qui l’accorde à qui il veut. Il est immense et savant.
  60. Vos amis sont Dieu et son apôtre, et ceux qui croient, qui s’acquittent avec exactitude de la prière, qui font l’aumône et s’inclinent devant Dieu.
  61. Ceux qui prennent pour ami[28] Dieu, son apôtre et les croyants, forment le parti de Dieu. Ce sont eux qui seront les plus forts.
  62. Ô croyants ! Ne cherchez point d’appui chez les hommes qui ont reçu l’Écriture, ni chez les infidèles qui font de votre culte l’objet de leurs railleries. Craignez Dieu, si vous êtes fidèles.
  63. N’en cherchez pas non plus auprès de ceux qui, quand ils vous entendent faire l’appel pour la prière, font d’elle un objet de raillerie et de dérision. Ils sont dépourvus de jugement.
  64. Dis a ceux qui ont reçu l’Écriture : Allez-vous nous désavouer parce que nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été donné d’en haut, et a ce qui a été envoyé antérieurement, et parce que la plupart d’entre vous sont impies ?
  65. Dis-leur encore : Vous annoncerai-je quelque rétribution plus terrible que celle que Dieu leur réserve ? Ceux que Dieu a maudits, ceux contre lesquels il est courroucé, qu’il a transformés en singes et en porcs ; ceux qui adorent Thagout, ceux-là auront une détestable place et seront bien loin du droit chemin.
  66. Lorsqu’ils se sont présentés devant vous, ils ont dit : Nous croyons. Ils sont entrés avec l’infidélité, et ils sont sortis avec elle. Mais Dieu connaît ce qu’ils cachaient.
  67. Parmi eux tu en verras un grand nombre courir au plus pressé vers l’iniquité, vers l’injustice, vers l’avide jouissance des choses illicites. Que leurs actions sont abominables !
  68. Si ce n’étaient les docteurs et les prêtres qui les empêchent de se livrer à l’impiété dans leurs discours et aux choses illicites, quelles horreurs ne commettraient-ils pas ?
  69. Les juifs disent : La main de Dieu est enchaînée. Que leurs mains soient enchaînées à leur cou[29] ; qu’ils soient maudits pour prix de leurs blasphèmes. Loin de là, les deux mains de Dieu sont ouvertes ; il distribue ses dons comme il veut, et le don que Dieu a fait descendre pour toi d’en haut ne fera qu’accroitre la rébellion et l’infidélité d’un grand nombre d’entre eux. Mais nous avons jeté au milieu d’eux l’inimitié et la haine, qui dureront jusqu’au jour de la résurrection. Toutes les fois qu’ils allumeront le feu de la guerre, Dieu l’éteindra. Ils parcourent le pays pour le ravager et pour y commettre des désordres. Mais Dieu n’aime point ceux qui commettent le désordre.
  70. Oh ! si les hommes des Écritures avaient la foi et la crainte du Seigneur, nous effacerions leurs péchés, nous les introduirions dans les jardins de délices. S’ils observaient le Pentateuque et l’Évangile, et les livres que le Seigneur leur a envoyés, ils jouiraient de biens qui se trouvent au-dessus de leurs têtes et sous leurs pas. Il en est parmi eux qui agissent avec droiture ; mais le plus grand nombre, oh ! Que leurs actions sont détestables !
  71. Ô prophète ! Fais connaître tout ce qui est descendu sur toi de la part de ton Seigneur, car, si tu ne le fais pas, tu ne t’es pas acquitté de son message ; Dieu te mettra à l’abri des violences des hommes ; il n’est pas le guide des infidèles.
  72. Dis aux hommes des Écritures : Vous ne vous appuierez sur rien de solide, tant que vous n’observerez pas le Pentateuque, l’Évangile, et ce que Dieu a fait descendre d’en haut. Le Livre que tu as reçu du ciel, ô Mohammed ! ne fera qu’accroitre la rébellion et l’infidélité d’un grand nombre d’entre eux ; Mais ne t’inquiète pas du sort des infidèles.
  73. Ceux qui croient[30], et les juifs, les sabéens, les chrétiens, en un mot, quiconque croira en Dieu et au jour dernier, et qui aura fait le bien, ceux-là seront exempts de toute crainte et ne seront point affligés.
  74. Nous avons accepté l’alliance des enfants d’Israël, et nous leur avons envoyé des prophètes ; toutes les fois que les prophètes leur annonçaient les vérités que rejetaient leurs penchants, ils accusaient les uns d’imposture et assassinaient les autres.
  75. Ils ont pensé qu’il n’en surgira aucun mal[31] ; Ils sont donc devenus aveugles et sourds. Le Seigneur leur a pardonné ; un grand nombre d’entre eux devinrent sourds et aveugles de nouveau ; Mais Dieu voit bien ce qu’ils font.
  76. Infidèle est celui qui dit : Dieu, c’est le Messie, fils de Marie. Le Messie n’a-t-il pas dit lui-même : Ô enfants d’Israël, adorez Dieu qui est mon Seigneur et le vôtre ? Quiconque associe à Dieu d’autres dieux, Dieu lui interdira l’entrée du Jardin, et sa demeure sera le feu. Les pervers n’auront plus de secours à attendre.
  77. Infidèle est celui qui dit : Dieu est un troisième de la trinité, pendant qu’il n’y a point de Dieu si ce n’est le Dieu unique. S’ils ne cessent pas… certes, un châtiment douloureux atteindra les infidèles.
  78. Ne retourneront-ils pas au Seigneur, n’imploreront-ils pas son pardon ? Il est indulgent et miséricordieux.
  79. Le Messie, fils de Marie, n’est qu’un apôtre ; d’autres apôtres l’ont précédé. Sa mère était juste. Ils se nourrissaient de mets[32]. Vous voyez comme nous leur expliquons ces signes de Dieu, et vous voyez aussi comme ils s’en détournent.
  80. Dis-leur : Adorerez-vous à côté de Dieu ce qui n’est capable ni de vous nuire ni de vous être utile, tandis que Dieu entend et sait tout ?
  81. Dis aux hommes des Écritures : Ne dépassez pas la mesure dans votre religion contre la vérité[33], et ne suivez point les penchants des hommes qui étaient dans l’égarement avant vous, qui ont entraîné dans l’erreur la plupart des hommes, et qui ont quitté le beau milieu de la route.
  82. Ceux qui ont été infidèles parmi les enfants d’Israël ont été maudits[34] par la bouche de David et de Jésus, fils de Marie, parce qu’ils ont été rebelles, transgresseurs, et ne cherchaient point à se détourner mutuellement des mauvaises actions qu’ils commettaient. Que leurs actions sont détestables !
  83. Tu verras un grand nombre d’entre eux se lier d’amitié avec les infidèles. Quelles sont détestables ces actions qui leur ont été suggérées par leurs passions, et qui leur ont valu la colère de Dieu pendant qu’ils resteront éternellement dans le supplice de l’enfer !
  84. S’ils eussent cru en Dieu, à l’apôtre et au Koran, ils n’auraient jamais recherché l’alliance des infidèles ; mais la plupart d’entre eux ne sont que des pervers.
  85. Tu reconnaîtras que ceux qui nourrissent la haine la plus violente contre les fidèles sont les juifs et les idolâtres, et que ceux qui sont le plus disposés à aimer les fidèles sont les hommes qui se disent chrétiens ; c’est parce qu’ils ont des prêtres et des moines, et parce qu’ils sont sans orgueil.
  86. Lorsqu’ils entendent les versets du Koran, tu verras des larmes s’échapper en abondance de leurs yeux, car ils ont reconnu la vérité. Ils s’écrient : Ô Seigneur ! Nous croyons. Inscris-nous au nombre de ceux qui rendent témoignage de la vérité du Koran.
  87. Pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu et aux vérités qu’il nous déclare ? Pourquoi ne désirerions-nous pas qu’il nous donnât une place parmi les justes ?
  88. Pour récompense de leurs paroles, Dieu leur a accordé les jardins arrosés de courants d’eau, où ils demeureront éternellement ; c’est la récompense de ceux qui font le bien. Mais ceux qui ne croient pas, qui traitent nos signes de mensonges sont voués à l’enfer.
  89. Ô croyants ! N’interdisez point les choses bonnes dont Dieu vous a permis l’usage, et n’allez pas au-delà, car Dieu n’aime pas ceux qui dépassent la limite.
  90. Nourrissez-vous des aliments que Dieu vous accorde, des aliments licites et bons, et craignez ce même Dieu qui est l’objet de votre croyance.
  91. Il ne vous châtiera pas pour une méprise dans vos serments, Mais il vous châtiera à cause de vos engagements sérieux que vous violeriez ; Et l’expiation d’une telle violation sera la nourriture de dix pauvres, nourriture de qualité moyenne et telle que vous la donnez à vos familles, ou bien leur vêtement, ou bien l’affranchissement d’un esclave. Celui qui sera hors d’état de satisfaire à cette peine jeûnera trois jours. Telle sera l’expiation de vos serments violés, quand vous aurez juré. Observez donc vos serments. C’est ainsi que Dieu vous manifeste ses signes, afin que vous soyez reconnaissants.
  92. Ô croyants ! le vin, les jeux de hasard, les statues[35] et le sort des flèches[36] sont une abomination inventée par Satan ; abstenez-vous-en, et vous serez heureux.
  93. Satan désire exciter la haine et l’inimitié entre vous par le vin et le jeu, et vous éloigner du souvenir de Dieu et de la prière. Ne vous en abstiendrez-vous donc pas ? Obéissez à Dieu, obéissez au prophète, et tenez-vous sur vos gardes ; car, si vous vous détournez, sachez que l’apôtre n’est obligé qu’à la prédication.
  94. Ceux qui croiront et qui auront fait le bien ne seront pas regardés comme coupables à cause de ce qu’ils mangent, s’ils ont cru et s’ils sont pénétrés de la crainte de Dieu, s’ils font le bien et craignent Dieu, s’ils croient et craignent encore et font le bien ; et certes Dieu aime ceux qui font le bien[37].
  95. Ô vous qui croyez ! Dieu cherchera à vous éprouver, quand il vous offrira durant vos pèlerinages à la Mecque quelque gibier que peuvent vous procurer vos bras et vos lances. Il fait cela pour savoir qui est celui qui le craint au fond de son cœur. Dorénavant quiconque transgressera ses lois sera livré au châtiment douloureux.
  96. Ô vous qui croyez ! Ne vous livrez point à la chasse pendant que vous êtes dans la tenue sacrée du pèlerinage[38]. Quiconque tuera un animal à la chasse avec préméditation sera tenu de le compenser par un animal domestique d’égale valeur ; deux hommes consciencieux prononceront là-dessus, et l’animal donné comme compensation sera envoyé en offrande à la Caaba, ou bien l’expiation aura lieu par la nourriture donnée aux pauvres, ou bien par le jeûne, pour que le coupable éprouve les mauvaises suites de son action. Dieu oublie le passé ; mais celui qui retombera dans le péché encourra la vengeance de Dieu ; et certes Dieu est puissant et vindicatif.
  97. Il vous est permis de vous livrer à la pêche pour vous en nourrir et pour les voyageurs ; mais la chasse vous est interdite tout le temps de la tenue sacrée du pèlerinage. Craignez Dieu ; un jour vous serez rassemblés autour de lui.
  98. Dieu a fait de la Caaba une maison sacrée destinée à être une station pour les hommes ; il a établi un mois sacré (dhoul-hidjdja) et l’offrande de la brebis, et les ornements suspendus aux victimes, afin que vous sachiez qu’il connait tout ce qui se passe dans les cieux et sur la terre, qu’il connait toutes choses. Apprenez aussi que Dieu est terrible dans ses châtiments, mais en même temps indulgent et miséricordieux.
  99. Le prophète n’est tenu qu’à la prédication. Dieu connait ce que vous manifestez et ce que vous cachez.
  100. Dis-leur : Le bon et le mauvais ne sauraient être d’un prix égal, bien que l’abondance de ce qui est mauvais vous plaise. Ô hommes doués de sens ! Craignez Dieu et vous serez heureux.
  101. Ô vous qui croyez ! Ne nous interrogez point au sujet des choses qui, si elles vous étaient dévoilées, pourraient vous nuire. Si vous les demandez quand le Koran aura été révélé en entier, elles vous seront déclarées. Dieu vous pardonnera votre curiosité, parce qu’il est indulgent et miséricordieux. Avant vous, il y eut des hommes qui ont absolument voulu les connaitre ; leur connaissance les a rendus infidèles.
  102. Dieu n’a rien prescrit au sujet de Bahira et Saïba, et de Vasila, et Hami[39] ; Les infidèles forgent ces mensonges et les prêtent à Dieu ; mais la plupart d’entre eux sont sans intelligence.
  103. Lorsqu’on leur a dit : Venez adopter ce que Dieu a envoyé d’en haut ; venez à son apôtre, ils ont répondu : La croyance que nous avons trouvée à nos pères nous suffit. Eh quoi ? Quand même leurs pères n’eussent rien su des choses de Dieu, ni reçu aucun guide ?
  104. Ô croyants ! C’est à vous à songer à vous-mêmes. L’égarement des autres ne vous nuira point si vous êtes guidés par le livre sacré. Tous tant que vous êtes, vous retournerez à Dieu, qui vous redira vos œuvres.
  105. Ô croyants ! Les témoignages entre vous, lorsque quelqu’un d’entre vous se trouvera à l’article de la mort et voudra faire un testament, se feront ainsi : Prenez deux personnes droites parmi vous ou parmi d’autres[40] si vous êtes sur quelque point éloigné du pays et que la calamité de la mort vous surprenne ; Vous les renfermerez toutes les deux après la prière, et si vous doutez encore d’elles, vous leur ferez prêter le serment suivant : Nous ne vendrons pas notre témoignage pour quelque prix que ce soit, pas même a nos parents, et nous ne cacherons pas notre témoignage, car nous serions criminels.
  106. S’il se trouvait que ces deux témoins se fussent rendus coupables d’une fausseté, deux autres, parents du testateur, et du nombre de ceux qui ont découvert le parjure, seront substitués aux deux premiers. Ils prêteront serment devant Dieu en ces termes : Notre témoignage est plus vrai que celui des deux autres ; Nous n’avançons rien d’injuste, autrement nous serions du nombre des criminels.
  107. Par cette disposition il sera plus facile d’obtenir que les hommes rendent un témoignage vrai ; Car ils craindront qu’un autre ne soit rendu après le leur. Craignez donc Dieu et écoutez-le ; il ne dirige point les pervers.
  108. Le jour ou Dieu rassemblera les apôtres qu’il avait envoyés, il leur demandera : Que vous a-t-on répondu ? Et ils diront : Ce n’est pas nous qui avons la science, toi-seul connais les secrets.
  109. Il dira à Jésus, fils de Marie : Souviens-toi des bienfaits que j’ai répandus sur toi et sur ta mère, lorsque je t’ai fortifié par l’esprit de sainteté, afin que tu parlasses aux hommes, enfant au berceau et homme fait.
  110. Je t’ai enseigné le Livre, la Sagesse, le Pentateuque et l’Évangile ; Tu formas de boue la figure d’un oiseau par ma permission ; Ton souffle l’anima par ma permission ; tu guéris un aveugle de naissance et un lépreux par ma permission ; tu fis sortir les morts de leurs tombeaux par ma permission. Je détournai de toi les mains des Juifs. Au milieu des miracles que tu fis éclater à leurs yeux, les incrédules d’entre eux s’écriaient : Tout ceci n’est que de la magie[41] !
  111. Lorsque j’ai dit aux apôtres : Croyez en moi et à mon envoyé, ils répondirent : Nous croyons, et tu es témoin que nous sommes résignés à la volonté de Dieu.
  112. Ô Jésus, fils de Marie ! Dirent les apôtres, ton Seigneur peut-il nous faire descendre des cieux une table toute servie ? — Craignez le Seigneur, leur répondit Jésus, si vous êtes fidèles.
  113. Nous désirons, dirent-ils, nous y asseoir et y manger ; Alors nos cœurs seront rassurés, nous saurons que tu nous as prêché la vérité, et nous rendrons témoignage en ta faveur.
  114. Jésus, fils de Marie, adressa cette prière : Dieu, notre Seigneur, fais-nous descendre une table du ciel ; Qu’elle soit un festin pour le premier et le dernier d’entre nous, et un signe de la puissance. Nourris-nous, car tu es le meilleur nourrisseur.
  115. Le Seigneur dit alors : Je vous la ferai descendre ; mais malheur à celui qui, après ce miracle, sera incrédule ! Je préparerai pour lui le châtiment le plus terrible qui fut jamais préparé pour une créature.
  116. Dieu dit alors à Jésus : As-tu jamais dit aux hommes, Prenez pour dieux moi et ma mère, à côté du Dieu unique ? — Par ta gloire ! Non. Comment aurais-je pu dire ce qui n’est pas vrai ? Si je l’avais dit, ne le saurais-tu pas ? Tu sais ce qui est au fond de mon âme, et moi j’ignore ce qui est au fond de la tienne, car toi seul connais les secrets.
  117. Je ne leur ai dit que ce que tu m’as ordonné de leur dire : Adorez Dieu, mon Seigneur et le vôtre. Tant que je demeurai sur la terre, je pouvais témoigner contre eux ; et, lorsque tu m’as recueilli chez toi[42], tu avais les yeux sur eux, car tu es témoin de toutes choses.
  118. Si tu les punis, tu en as le droit, car ils sont tes serviteurs ; si tu leur pardonnes, tu en es le maitre, car tu es puissant et sage.
  119. Le Seigneur dira alors : Ce jour-ci est un jour où les justes gagneront à leur justice ; les jardins arrosés par des fleuves seront leur séjour éternel. Dieu sera satisfait d’eux, et ils seront satisfaits de Dieu. C’est un bonheur immense.
  120. A Dieu appartient la souveraineté des cieux et de la terre, de tout ce qu’ils renferment. Il a le pouvoir sur toute chose.

  1. Le titre de cette sourate lui vient du miracle opéré par Jésus-Christ, qui, à la prière des Apôtres, fait descendre du ciel une table couverte de mets. Versets 112 et suiv. On rappelle encore ’okoud, engagements, mot qui se trouve au verset 1
  2. Comme les animaux de race bovine, les chameaux et les moutons.
  3. C’est-à-dire, ne vous livrez pas à la chasse étant revêtus de l’ihram.
  4. Par offrande, on entend ici la brebis que l’on mène en sacrifice à la Mecque, et au cou de laquelle on suspend des guirlandes de fleurs.
  5. C’est-à-dire, quand vous n’êtes plus revêtus de l’ihram, vêtement du pèlerinage, et en tenue du pèlerinage de la Mecque.
  6. Les Arabes, en tuant le gibier à la chasse, invoquaient les noms de leurs divinités. Mahomet ordonne en ce cas d’invoquer le nom de Dieu par la formule bismillah (au nom de Dieu).
  7. Les Arabes idolâtres avaient coutume de se partager un chameau égorgé en tirant au sort à qui appartiendrait telle ou telle partie de l’animal ; cela se faisait au moyen de flèches sans fer et non empennées, conservées au nombre de sept dans le temple de la Caaba.
  8. Selon les commentateurs sonnites, le mot aujourd’hui, employé dans ces versets, s’applique non pas à tel ou tel jour précis, mais à tout le temps de la mission de Mahomet. Il en est autrement des chiites, partisans d’Ali, gendre de Mahomet. Ils soutiennent que ces versets ont été révélés le jour où Mahomet a mis la dernière main à son apostolat et à la législation de son peuple, en investissant son gendre Ali des fonctions de l’imamat auprès de l’étang de Khom, et en le nommant son successeur.
  9. Relatives aux aliments défendus.
  10. Le mot du texte taiibat a un sens aussi général que le mot bon ; il faut entendre ici par bon ce qui est pur et n’est pas nuisible à la santé.
  11. On pourrait dire que Mahomet n’avait aucun droit de prononcer sur ce qu’il est permis de manger aux non musulmans ; aussi faut-il comprendre ces mots dans le sens suivant : Vous et les juifs et les chrétiens avez des préceptes communs au sujet de la nourriture.
  12. Ce sont les mariages mixtes entre les musulmans et les femmes chrétiennes et juives ; les femmes idolâtres sont exclues de cette permission.
  13. Ces préceptes donnés aux hommes sont conçus à peu près dans les mêmes termes que ceux qui concernent les femmes. Voy. IV, 29. Le mot khidn, pl. akhdan, employé dans le texte, signifie amant et maîtresse.
  14. Cette ablution avec du sable fin à défaut d’eau s’appelle teiammoum.
  15. Ce passage doit se rapporter à une tentative d’assassinat sur la personne de Mahomet. Il y a différentes versions là-dessus. D’après l’une, Mahomet ayant un jour ôté ses armes, et les ayant suspendues sur un arbre pendant que sa suite était à quelque distance de lui, un Arabe du désert fondit sur lui ; et, tenant le sabre nu sur sa tête, lui dit : « Qui est-ce qui m’empêche de te tuer ? — C’est Dieu. » répondit Mahomet. Sur ce, l’ange Gabriel ôta le sabre des mains de l’Arabe. Mahomet le saisit et demanda à son tour à l’Arabe : « Qui est-ce qui m’empêche de te tuer ? – Personne. » Reprit l’Arabe, et il embrassa l’islam.
  16. C’est Dieu qui parle. Le changement des pronoms nous et il est trop fréquent dans le Koran, pour que nous soyons obligés d’en faire l’observation chaque fois qu’il se présente.
  17. Le plus grave reproche que Mahomet adresse aux chrétiens, c’est d’avoir interpolé ou altéré les Écritures, dans la but d’en ôter toute illusion à sa venue.
  18. C’est l’histoire de Caïn et d’Abel. Les mahométans appellent le premier Kabil, et le dernier Habil, mais ces deux noms ne se trouvent nulle part dans le Koran ; c’est la tradition qui y supplée.
  19. Un corbeau, disent les commentateurs, en avait tué un autre et l’enterra en grattant la terre.
  20. Le mot feçad du texte, que nous traduisons par désordre, signifie proprement corruption ; il s’applique aux violences, aux brigandages commis sur les grands chemins et à la propagation de l’idolâtrie, qui est la corruption du culte simple d’un seul Dieu ; le verset en question prescrit par conséquent la mort de l’idolâtre.
  21. La sonna ou la tradition supplée au vague et à l’énonciation par trop générale des peines. Ainsi on punit le meurtrier de la peine de mort. Si le meurtrier a en outre commis un vol, dépouillé un autre en brigand, il sera crucifié. Celui qui dépouille sans tuer, aura la main droite et le pied gauche coupés ; les attaques contre les voyageurs doivent être punies du bannissement. Quant au vol, on ne doit couper la main (au poignet) que lorsque la valeur de l’objet volé dépasse quatre dinars (environ cinquante francs).
  22. C’est-à-dire, si Mahomet vous donne le texte de l’Écriture tel que nous vous le donnons, adoptez le ; sinon, non.
  23. Se livrent aux gains illicites, à la corruption, à la malversation.
  24. Ce passage est susceptible d’une autre interprétation, savoir : celui qui donne des aumônes après avoir blessé quelqu’un, obtiendra l’expiation de ses péchés ; la traduction exprime plutôt le sens que les mots du texte arabe.
  25. Le mot que nous traduisons par sentier ; est proprement le sentier qui conduit à un abreuvoir ; au figuré ce mot se dit de la règle de conduite de la loi.
  26. L’ignorance, eldjahiliieh, s’applique toujours à l’époque de l’idolâtrie chez les Arabes. Le passage signifie : « Aiment-ils mieux être jugés selon les lois sauvages des idolâtres, que par la loi divine ? »
  27. Mot à mot : la blâme du blâmant. C’est un idiotisme arabe.
  28. Le mot arabe weli, signifie ami, patron, protecteur, allié, saint (ami de Dieu).
  29. Les musulmans croient que les juifs se présenteront, au jour du jugement dernier, la main droite attachée au cou.
  30. Voyez le verset 59 du chapitre II, note.
  31. C’est·à-dire que leurs crimes ne leur attireront aucune calamité, aucun châtiment.
  32. C’est-à-dire que Jésus et Marie n’étaient que des humains qui ne pouvaient se passer de nourriture.
  33. Voyez, sur la valeur de cette expression, chap. IV, 169.
  34. David avait changé en singes les violateurs du sabbat (Voy. chap. II, 61), et Jésus en porcs les méchants parmi les Israélites.
  35. Le mot du texte ansab, pluriel de nasb, se disait de ces pierres élevées dans certains endroits sacrés, et sur lesquelles on versait quelquefois de l’huile, cérémonie commune à plus d’un peuple de l’antiquité. (Voy. la Genèse, ainsi que les Caractères de Théophraste.) Ce même mot est employé plus haut (verset 4, chap. V), en parlant des autels des idolâtres, qui n'étaient que des pierres élevées au-dessus du sol. La tradition a étendu ce mot à toutes les figures, au point que les rigoureux observateurs de la lettre du Koran ne se servent pas, dans le jeu d’échecs, de figures qui représentent des êtres animés. Les Persans et les Indiens entendent plus largement ce précepte du Koran.
  36. Les Arabes idolâtres avaient coutume de consulter le sort au moyen de flèches déposées chez les gardiens du temple de La Mecque.
  37. Pour mieux inculquer ce précepte que la vraie piété ne consiste pas dans ce qu’on mange, Mahomet répète ces mots : Quiconque croit et puis croit encore, etc.
  38. La tenue sacrée des pèlerins qui se rendent à la Mecque consiste en une pièce d’étoffe grossière jetée sur le corps, etc. (Voy. chap. II, 192.)
  39. Ces noms ne sont pas précisément des noms propres, mais des appellatifs, des noms donnés aux chamelles ou aux brebis que les idolâtres avaient coutume de marquer en leur fondant les oreilles, en les laissant paître librement ; Et ils regardaient ces femelles comme consacrées à leurs divinités, lorsqu’elles leur avaient déjà donné cinq portées, dont la dernière était un mâle, etc. Mahomet condamne ces usages comme des superstitions.
  40. Les mots : Parmi vous ou parmi d’autres, s’appliquent non pas à des noms arabes ou à des idolâtres, mais à des croyants qui ne sont cependant liés entre eux par aucun degré de parenté.
  41. Voyez chap. III, vers. 41-43
  42. On verra, chap. III, 48, note, les raisons qui nous font substituer les mots : Tu m’as recueilli chez toi, aux mots : Tu m’as fait mourir. Voyez aussi chapitre XXXIX, 43, note.