Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 337-345).

CHAPITRE XXXIII.

LES CONFÉDÉRÉS[1].


Donné à Médine. — 73 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. O prophète ! crains Dieu et n’obéis point aux infidèles ni aux hypocrites. Dieu est savant et sage.
  2. Suivez plutôt ce qui a été révélé par Dieu. Il connaît nos actions.
  3. Mets ta confiance en Dieu ; il te suffit d’avoir Dieu pour patron.
  4. Dieu n’a pas donné deux cœurs à l’homme[2] ; il n’a pas fait que vos épouses que vous pouvez répudier soient pour vous comme vos mères, ni que vos enfants adoptifs soient comme vos propres enfants. Ces mots ne sont que dans votre bouche[3]. Dieu seul dit la vérité et dirige dans le droit chemin.
  5. Appelez vos fils adoptifs du nom de leurs pères, ce sera plus équitable devant Dieu. Si vous ne connaissez pas leurs pères, qu’ils soient vos frères en religion et vos clients ; il n’y aura pas de péché si vous vous trompez à cet égard ; mais ce sera un péché si vous le faites de propos délibéré. Dieu est plein de bonté et de miséricorde.
  6. Le prophète est plus proche des croyants qu’ils ne le sont eux-mêmes[4] ; ses femmes sont leurs mères. Selon le livre de Dieu, les hommes liés entre eux par les liens du sang sont plus proches les uns des autres que les autres croyants et les Mohadjers[5] ; mais le peu de bien que vous ferez à vos amis sera inscrit dans le Livre.
  7. Souviens-toi que nous avons contracté un pacte avec les prophètes et avec toi, avec Noé, et Abraham, et Moïse, et Jésus, fils de Marie ; nous avons formé une alliance solide,
  8. Afin que Dieu puisse interroger les hommes véridiques sur leur véracité[6] ; car il a préparé un châtiment terrible pour les infidèles.
  9. O croyants ! souvenez-vous des bienfaits de Dieu envers vous, lorsque des armées fondaient sur vous, et lorsque nous envoyâmes un vent et des armées invisibles, car Dieu voit ce que vous faites.
  10. Alors les ennemis vous assaillaient d’en haut et d’en bas[7] ; alors vos yeux s’égaraient, et les cœurs vous remontaient déjà à la gorge[8] ; alors vous aviez sur Dieu toute sorte de pensées[9].
  11. Les fidèles subissaient alors une rude épreuve ; ils tremblaient d’un tremblement violent.
  12. Lorsque les hypocrites et ceux dont le cœur est atteint d’une maladie disaient : Dieu ne nous a fait qu’une vaine promesse,
  13. Lorsqu’une partie d’entre eux disaient : O habitants de Iathrib[10] ! il n’y a point ici d’asile pour vous ; retournez plutôt chez vous, une partie d’entre vous demandèrent au prophète la permission de se retirer, en disant : Nos maisons sont sans défense ; non, elles n’étaient pas sans défense, mais ils ne voulaient que s’enfuir.
  14. Si dans cet instant l’ennemi fût entré dans Iathrib, si on leur eût demandé de faire du désordre et de combattre les croyants, ils s’y seraient livrés ; mais dans ce cas ils n’y seraient restés que très-peu de temps.
  15. Et cependant ils avaient précédemment promis à Dieu de na point tourner le dos. Or le pacte conclu avec Dieu est une chose dont on demande compte.
  16. Dis : La fuite ne vous servira de rien. Si vous avez échappé à la mort ou au carnage à la guerre, vous ne jouirez de la vie que peu de temps.
  17. Dis : Quel est celui qui vous donnera un abri contre Dieu, s’il veut vous affliger d’un malheur, ou s’il veut vous témoigner sa miséricorde ? Vous ne trouverez contre lui ni patron ni protecteur.
  18. Dieu connaît bien ceux d’entre vous qui empêchent les autres de suivre le prophète, qui disent à leurs frères : Venez à nous, et qui ne montrent à l’attaque qu’une ardeur médiocre.
  19. C’est par avarice à votre égard[11] ; lorsque la peur s’empare d’eux, tu les vois chercher du secours, et rouler les yeux comme celui qu’environnent les ombres de la mort. Que la frayeur passe, tu verras comme ils t’assailliront de leurs langues acérées, avares qu’ils sont des biens qui tous attendent. Ces hommes n’ont pas de foi. Dieu rendra leurs œuvres nulles. Cela lui est facile.
  20. Ils s’imaginaient que les confédérés ne s’éloigneraient pas ; si les confédérés revenaient pour la seconde fois, ils désireraient vivre alors avec les Arabes nomades[12], et se contenteraient de s’informer de vous ; car, quoiqu’ils fussent maintenant avec vous, ils n’ont combattu que faiblement.
  21. Vous avez un excellent exemple dans votre prophète, un exemple pour tous ceux qui espèrent en Dieu et croient au jour dernier, qui y pensent souvent.
  22. Quand les croyants virent les confédérés, ils s’écrièrent : Voici ce que Dieu et son apôtre vous ont promis. Dieu et son apôtre ont dit la vérité. Tout cela ne fit qu’accroître leur foi et leur abandon absolu à la volonté de Dieu.
  23. Il est parmi les fidèles des hommes qui tiennent ce qu’ils avaient promis à Dieu ; il y en a qui ont accompli leur terme, d’autres qui l’attendent ; ils n’ont point changé.
  24. Dieu récompensera de leur loyauté les hommes loyaux ; il punira les hypocrites s’il le veut, ou bien il leur pardonnera, car Dieu est enclin à pardonner et à avoir pitié.
  25. Dieu repoussa les infidèles avec leur colère. ils n’ont retiré aucun avantage dans cette guerre. Dieu suffit aux croyants dans les combats, car Dieu est fort et puissant.
  26. Il a fait sortir de leurs forts ceux des gens des Écritures[13] qui aidaient les confédérés ; il a jeté dans leurs cœurs la terreur et le désespoir ; vous en avez tué une partie, vous en avez réduit en captivité une autre.
  27. Dieu vous a rendus héritiers de leur pays, de leurs maisons et de leurs richesses, du pays que vous n’aviez jamais foulé jusqu’alors de vos pieds. Dieu est tout-puissant.
  28. O prophète ! dis à tes femmes : Si vous recherchez la vie d’ici-bas avec sa pompe, venez, je vous accorderai une belle part et un congé honnête.
  29. Mais si vous recherchez Dieu et son apôtre, et le séjour de la vie future, Dieu a préparé des récompenses magnifiques à celles qui pratiquent la vertu[14].
  30. O femmes du prophète ! si une d’entre vous se rend coupable de la turpitude[15] qui soit prouvée, Dieu portera sa peine au double ; cela est facile à Dieu.
  31. Celle qui croira fermement en Dieu et en son apôtre, qui fera le bien, à celle-là nous porterons la récompense au double ; nous lui avons préparé une part généreuse.
  32. O femmes du prophète ! vous n’êtes point comme les autres femmes ; si vous craignez Dieu, ne montrez pas trop de complaisance dans vos paroles, de peur que l’homme dont le cœur est atteint d’une infirmité ne vienne à former sur vous des désirs coupables. Tenez toujours un langage décent.
  33. Restez tranquilles dans vos maisons, n’affectez pas le luxe des temps passés de l’ignorance[16] ; observez les heures de la prière ; faites l’aumône ; obéissez à Dieu et à son apôtre. Dieu ne veut qu’éloigner l’abomination de vous tous, de sa famille[17], et vous assurer une pureté parfaite.
  34. Repassez dans votre mémoire les versets du Koran que l’on récite dans vos maisons, ainsi que les enseignements de la sagesse. Certes, Dieu est bon, et il est instruis de tout.
  35. Les hommes et les femmes qui s’abandonnent entièrement à Dieu, les hommes et les femmes qui croient, les personnes pieuses des deux sexes, les personnes justes des deux sexes, les personnes des deux sexes qui supportent tout avec patience, les humbles des deux sexes, les hommes et les femmes qui font l’aumône, les personnes des deux sexes qui observent le jeûne, les personnes chastes des deux sexes, les hommes et les femmes qui se souviennent de Dieu à tout moment, tous obtiendront le pardon de Dieu et une récompense généreuse.
  36. il ne convient pas aux croyants des deux sexes de suivre leur propre choix, si Dieu et son apôtre en ont décidé autrement. Quiconque désobéit à Dieu et à son apôtre est dans un égarement manifeste.
  37. O Mohammed ! tu as dit un jour à cet homme envers lequel Dieu a été plein de bonté, et qu’il a comblé de ses faveurs : Garde ta femme et crains Dieu ; et tu cachais dans ton cœur ce que Dieu devait bientôt mettre au grand jour. Tu as craint les hommes, il était cependant plus juste de craindre Dieu. Mais lorsque Zeïd prit un parti, et résolut de répudier sa femme, nous l’unîmes à toi par le mariage, afin que ce ne soit pas pour les croyants un crime d’épouser les femmes de leurs fils adoptifs, après leur répudiation[18]. Et l’arrêt de Dieu s’accomplit.
  38. Il n’y a point de crime de la part du prophète d’avoir accepté ce que Dieu lui accordait ; Dieu avait coutume de le faire pour ceux qui ont vécu avant toi. (Les ordres de Dieu sont fixés d’avance.)
  39. Pour ceux qui remplissaient la mission dont Dieu les avait chargés, qui craignaient Dieu et ne craignaient que lui. Dieu suffit pour tous.
  40. Mohammed n’est le père d’aucun homme parmi vous. Il est l’envoyé de Dieu et le sceau des prophètes[19]. Dieu connaît tout.
  41. O croyants ! répétez souvent le nom de Dieu et célébrez-le matin et soir.
  42. Il a de la bienveillance pour vous ; ses anges intercèdent pour vous, afin que vous passiez des ténèbres à la lumière ; il est miséricordieux envers les vrais croyants.
  43. La salutation qu’ils recevront au jour où ils comparaîtront devant lui sera ce mot : Paix ! (Selam[20]) Il leur a préparé en outre une récompense généreuse.
  44. O prophète ! nous t’avons envoyé pour être témoin, pour avertir, pour annoncer.
  45. Tu appelles les hommes à Dieu, tu es le flambeau qui éclaire.
  46. Annonce aux croyants qu’il y a auprès de Dieu de grandes faveurs en réserve pour eux.
  47. N’écoute ni les infidèles ni les hypocrites. Ne leur fais pas cependant de mal. Mets ta confiance en Dieu. Dieu te suffit comme patron.
  48. O croyants ! si vous répudiez une femme fidèle avant d’avoir eu commerce avec elle, ne la retenez point au delà du terme prescrit. Donnez-lui ce que la loi ordonne, et un congé honnête.
  49. O prophète ! il t’est permis d’épouser les femmes que tu auras dotées, les captives que Dieu a fait tomber entre tes mains, les filles de tes oncles et de tes tantes maternels et paternels qui ont pris la fuite avec toi, et toute femme fidèle qui aura donné son âme (elle-même) au prophète, si le prophète veut l’épouser. C’est une prérogative que nous t’accordons sur les autres croyants.
  50. Nous savons ce que nous vous avons prescrit au sujet de vos épouses et de vos esclaves, afin qu’il n’y ait là aucun péché de ta part. Dieu est indulgent et miséricordieux.
  51. Tu peux donner de l’espoir à celle que tu voudras, et recevoir dans ta couche celle que tu voudras, et celle que tu désires de nouveau après l’avoir négligée. Tu ne seras pas coupable en agissant ainsi. Il sera ainsi plus facile de les consoler[21]. Qu’elles ne soient jamais affligées, que toutes soient satisfaites de ce que tu leur accordes. Dieu connaît ce qui est dans vos cœurs ; il est savant et humain.
  52. Il ne t’est pas permis de prendre d’autres femmes dorénavant[22], ni de les échanger contre d’autres, quand même leur beauté te charmerait, à l’exception des esclaves que tu peux acquérir. Or Dieu observe tout.
  53. O croyants ! n’entrez point sans permission dans les maisons du prophète, excepté lorsqu’on vous permet de prendre un repas avec lui et sans vous y attendre. Mais lorsque vous y êtes invités, entrez-y, et dès que vous avez mangé, séparez-vous et n’engagez pas familièrement des entretiens, car cela lui cause de la peine ; le prophète rougit de vous le dire ; mais Dieu ne rougit point de la vérité. Si vous voulez demander quelque objet à ses femmes, demandez-le à travers un voile ; c’est ainsi que vos cœurs et les leurs se conserveront en pureté. Évitez de faire de la peine à l’envoyé de Dieu. N’épousez jamais les femmes avec qui il aura eu commerce ; ce serait grave aux yeux de Dieu.
  54. Soit que vous produisiez une chose au grand jour, soit que vous la cachiez, Dieu connaît tout.
  55. Vos épouses peuvent se découvrir devant leurs pères, leurs enfants, leurs neveux et leurs femmes, et devant leurs esclaves. Craignez le Seigneur, il est témoin de toutes vos actions.
  56. Dieu et les anges honorent le prophète. Croyants ! adressez sur son nom des paroles de vénération, et prononcez son nom avec salutation[23]
  57. Ceux qui offenseront Dieu et son envoyé seront maudits dans ce monde et dans l’autre, et voués au supplice ignominieux,
  58. Ceux qui font du mal aux croyants, hommes ou femmes, sans qu’ils l’aient mérité, commettent un mensonge et un énorme péché.
  59. O prophète ! prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de laisser tomber leur voile jusqu’en bas ; ainsi il sera plus facile d’obtenir qu’elles ne soient ni méconnues ni calomniées[24]. Dieu est indulgent et miséricordieux.
  60. Si les hypocrites, les hommes dont le cœur est atteint d’une maladie, et les propagateurs de fausses nouvelles à Médine, ne cessent leurs méfaits, nous t’exciterons contre eux pour les châtier, et nous ne les laisserons demeurer à côté de toi que très-peu de temps.
  61. Maudits en quelque lieu qu’ils soient, ils seront saisis et tués dans un carnage terrible.
  62. Telle a été la conduite de Dieu envers les hommes qui les ont précédés. Tu ne trouveras aucun changement dans la conduite de Dieu.
  63. Ils te demanderont quand viendra l’heure. Réponds : La connaissance de l’heure est auprès de Dieu ; et qui peut te dire si l’heure n’est pas proche ?
  64. Il a maudit les infidèles et les a menacés du feu.
  65. Ils y demeureront éternellement sans intercesseurs et sans secours.
  66. Le jour où ils tourneront leurs regards vers les flammes, ils s’écrieront : Plût à Dieu que nous eussions obéi à Dieu et au prophète !
  67. Seigneur ! nous avons suivi nos princes et nos grands, et ils nous ont écartés du droit chemin.
  68. O Seigneur ! porte au double leur supplice et prononce sur eux une grande malédiction.
  69. O croyants ! ne ressemblez pas à ceux qui offensèrent Moïse ; Dieu le lava de leurs calomnies, et Moïse était considéré devant Dieu.
  70. O croyants ! craignez le Seigneur ; parlez avec droiture.
  71. Dieu fera tourner lui-même vos œuvres en bien, et effacera vos péchés, et quiconque obéit à Dieu et à son prophète jouira d’un grand bonheur.
  72. Nous avons proposé au ciel, à la terre, aux montagnes, le dépôt de la foi ; ils ont refusé de s’en charger, ils ont tremblé de le recevoir. L’homme s’en chargea, et il est devenu injuste et insensé.
  73. Dieu punira les hypocrites des deux sexes et les idolâtres des deux sexes ; mais il pardonnera aux croyants, hommes et femmes. Il est indulgent et miséricordieux.
  1. L’inscription du chapitre lui vient de ce qu’il a été révélé (ou au moins une partie) à Médine, assiégée, à l’instigation des juifs de Nadhir, pendant environ vingt jours par quelques tribus confédérées. Le mot alahzab, que nous traduisons ici par confédérés, est rendu quelquefois par partis.
  2. Mot à mot : Dieu n’a pas placé deux cœurs dans l’intérieur de l’homme.
  3. Les Arabes avaient coutume de dire à la femme qu’ils répudiaient, sans cependant la renvoyer de la maison ni la reprendre, ces mots : « Que ton dos soit dorénavant pour moi comme le dos de ma mère. » Mahomet condamne cette coutume. Il lève également les scrupules de ceux qui, regardant leurs fils adoptifs comme leurs propres enfants, s’interdisaient le mariage avec les femmes que ceux-ci avaient répudiées. On verra au verset 37 les motifs de cette dispense. Par les mots : Dieu n’a pas donné deux cœurs à l’homme, on entend que l’homme ne peut pas avoir une affection égale pour ses propres enfants et pour ceux qu’il a adoptés.
  4. Mot à mot : le prophète est plus proche des croyants que leurs âmes, mas ici le mot âme (nafs) est dans le sens de : soi-même, personne, individu.
  5. Les Mohadjers sont ceux qui avaient émigré de la Mecque. Ce verset abroge ceux du chapitre VIII, où les Mohadjers et les Ansars (auxiliaires de Médine) sont désignés comme héritiers les uns des autres, à l’exclusion des autres parents alors idolâtres encore.
  6. C’est-à-dire, jusqu’à quel point ils se sont acquittés de leur mission et ont rempli leurs engagements envers Dieu.
  7. Il s’agit ici de l’engagement qui eut lieu sous les murs de Médine, où une partie des forces ennemies était au haut et une autre au bas de la vallée.
  8. C’est une locution figurée propre à la langue arabe, pour exprimer l’état d’angoisse causé par la frayeur qui suffoque.
  9. Vous l’accusiez déjà de vous avoir trahis abandonnés.
  10. Médine s’appelait autrefois Iathrib. Depuis que Mahomet en a fait le siège de son pouvoir, on l’a nommée Medinet en-Nebi, ville du prophète, et puis simplement el-Medinè (la ville).
  11. C’est-à-dire, ils sont avares de leurs personnes, ou bien ils verraient avec peine qu’une partie du butin vous échût.
  12. Car, dans ce cas, ils se trouveraient absents et se soustrairaient ainsi à la guerre sainte.
  13. Ce passage se rapporte à l’expédition faite par Mahomet contre les juifs de Koreïdha, aussitôt qu’ils eurent levé le siège de Médine. Pour les punir de leur trahison (ils avaient les premiers rompu l’alliance conclue antérieurement avec Mahomet), on en fit un grand carnage ; une partie furent réduits en esclavage, et leurs biens donnés aux Mohadjers (émigrés de la Mecque).
  14. ’Les femmes de Mahomet le fatiguaient en lui demandant des vêtements plus riches et un train de maison plus considérable. Mahomet, les ayant fait venir toutes, leur donna le choix ou de rester avec lui comme par le passé, ou de le quitter en divorçant. Toutes les femmes préférèrent rester avec Dieu et l’apôtre Mahomet les remercia, et s’interdit par le verset 52 d’épouser d’autres femmes.
  15. Ce mot veut dire ici l’adultère.
  16. L’ignorance, eldjahiliïè, s’applique aux temps d’idolâtrie.
  17. Dans ce passage, le mot vous est en arabe un pronom masculin au pluriel, tandis que, dans les phrases qui précèdent, Mahomet se sert du pronom féminin : vous, femmes. Les chiites (partisans d’Ali) citent ce passage à l’appui de l’union intime d’Ali et de sa postérité avec le prophète.
  18. On a vu plus haut (verset 4) la distinction que Mahomet voulait établir entre les enfants propres et adoptifs, pour lever les scrupules des Arabes à cet égard. Voici ce qui donna lieu à la révélation du verset 37, qui sert de complément au verset 4. Zeïd, jeune homme de la tribu de Kalb, descendant des Himyarites, fut enlevé par un parti d’Arabes et mis en vente ; Mahomet l’acheta longtemps avant son apostolat, le prit en affection et le traita comme son fils. Lorsque le vénérable père de Zeïd, Haretha, après bien des recherches, eut enfin découvert son fils, il offrit à Mahomet de le racheter ; mais le prophète déclara que, si Zeïd préférait retourner chez son père, il le renverrait sans rançon ; dans le cas contraire, il le garderait. Zeïd déclara vouloir rester avec Mahomet, qui l’adopta solennellement pour son fils devant la pierre noire de la Caaba. Plus tard, Mahomet lui fit épouser une femme nommée Zeïneb (Zénobie). Quelques années après, Mahomet étant allé un jour chez Zeïd, ne le trouva pas et vit seulement sa femme, et sa beauté le frappa au point qu’il s’écria : « Gloire à Dieu, qui tourne les cœurs des hommes comme il veut ! » Quand Zeïd rentra chez lui, sa femme lui raconta la visite de Mahomet, sans oublier l’exclamation très-significative du prophète. Zeïd comprit qu’il fallait sacrifier sa femme à son bienfaiteur ; aussi s’empressa-t-il de la répudier. Mahomet, soit sincèrement, soit en apparence seulement et de peur de scandale, chercha à en détourner Zeïd. Là-dessus, dit-on gravement, intervint la révélation du verset 37 ; qui légitime la passion du prophète, et permet à lui comme aux fidèles d’épouser les femmes répudiées par leurs fils adoptifs. Les musulmans font observer que Zeïd est le seul des contemporains de Mahomet nommé dans le Koran. Il faut cependant ajouter Abou-Lahab, nommé dans le chapitre CXI.
  19. Cela veut dire qu’il n’y aura plus de prophètes après Mahomet. On cite ces paroles de Mahomet : La nebiïa ba’di. Plus de prophètes après moi.
  20. Ce mot peut se traduire aussi par salut, salutation, et par sécurité.
  21. Mot à mot : de rafraîchir leurs yeux.
  22. À cette époque Mahomet avait neuf femmes, sans compter les esclaves. De là on a conclu que le prophète était autorisé à avoir neuf femmes légitimes, sans compter les esclaves. L’exemple du prophète est regardé comme obligatoire pour les imams, censés être ses successeurs. Tous les autres croyants, on l’a vu par le chap. IV, ne peuvent avoir que quatre femmes légitimes. Le mot ba’dou (après), que nous traduisons par dorénavant, est entendu par les commentateurs dans ce sens que, lors même qu’une des femmes mourrait, Mahomet ne devait plus la remplacer.
  23. En conformité de ce précepte, les mahométans ne prononcent ni n’écrivent jamais le nom de Mahomet sans ajouter ces mots : Salla allahou aleïhi oua sallama, que Dieu lui soit propice et le conserve ! Le mot salla, qui signifie prier, quand il se dit de l’homme à l’égard de Dieu, ne peut se traduire en parlant de Dieu par rapport à Mahomet, que par le mot honorer, ou bénir, et c’est ce sens que lui donnent les commentateurs ; car la signification primitive de ce verbe implique plutôt un témoignage de vénération qu’une supplication.
  24. Car en Orient il n’y a que les femmes du bas peuple, les campagnardes ou les femmes de mœurs suspectes qui laissent voir leur visage entièrement ou en partie.