Le Juif et la Sorcière/20

CHAPITRE XX.

Cette entrevue consolait cependant son agonie ; et lorsque le jeune homme l’eut quittée, désespéré et pleurant comme une femme, ce souvenir éloignait de sa pensée le supplice qu’on lui réservait. Elle ne le subit pas ; on la trouva morte dans sa prison, et l’on pensa que le Démon l’y avait étouffée. Son cadavre fut porté sur le bûcher, et dévoré par les flammes. Elle n’eut point de tombeau sur la terre, et n’y fut pas long-temps pleurée. Magui vécut peu dans le pays étranger où le Juif l’appela après qu’on l’eut bannie du sien. Elle avait vu le corps de sa fille brûlé sur un bûcher, et sa cendre jetée au vent ; elle avait vu sa cabane démolie, et la place qu’elle occupait maudite. Sa raison s’était affaiblie, et elle semblait quelquefois ne garder aucun souvenir de ses malheurs ; cependant, elle interrompait de temps en temps son silence habituel par quelques tristes monosyllabes : « Hélas ! hélas ! répétait-elle, hélas ! mon Dieu ! » et puis elle pleurait.

Le Juif était dans l’âge où les affections se remplacent, où l’amour peut renaître dans le cœur ; et, l’amour, l’avait-il ressenti pour la pauvre fille ? Il épousa, par la suite, la belle Juive de Vesoul qui lui avait été proposée !


FIN.