Calmann Lévy (p. 138-163).
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XIV


1er août.


Cette journée comptera dans ma vie.

Comme il y a moins d’entrain au château depuis quelque temps, on n’avait arrangé aucune promenade pour aujourd’hui ; chacun est resté chez soi ou dans le salon. Après avoir griffonné les lignes qui précèdent, j’ai eu l’idée de retourner dans cette allée mélancolique où j’avais rencontré madame de Louvercy, et d’y reprendre la rêverie qu’elle avait interrompue. J’allais y entrer, quand j’ai entendu derrière moi un bruit de pas rapides ; je me suis retournée, et j’ai reconnu M. d’Éblis.

— Pardon, mademoiselle, m’a-t-il dit avec son plus grand air de gravité, voulez-vous me faire l’honneur de m’accorder quelques minutes d’entretien ?

Sur ces paroles, mon cœur s’est arrêté net, et, quand il a recommencé à battre, la secousse a été si violente, que j’ai cru sentir mon être se dissoudre… J’avais compris que le moment était venu, et que le mot de ma destinée allait être prononcé.

— Monsieur, ai-je répondu en dissimulant de mon mieux, mais fort mal, je le crains, mon émotion, — je vous écoute.

Il était très-ému lui-même ; il a marché d’abord en silence à mes côtés ; puis il a repris :

— Mademoiselle, mon indiscrétion va vous sembler grande… elle vous prouvera du moins la profonde et respectueuse confiance que vous m’inspirez, puisque je veux faire dépendre de vous le bonheur ou le malheur de mon existence… Mieux que personne au monde, mademoiselle, vous êtes en situation de bien connaître mademoiselle Cécile de Stèle… vous êtes amies d’enfance… vous avez été compagnes au couvent, n’est-il pas vrai ?

— Oui, monsieur.

— Vous avez pu étudier et juger à fond son caractère, son esprit… Avant de lui offrir ma main, de lui consacrer ma vie, puis-je vous demander ce que vous pensez d’elle ?

— Tout le bien possible.

— Vous sentez, n’est-ce pas, mademoiselle, qu’il n’y a rien de banal dans mes questions… je vous en conjure, qu’il n’y ait rien de banal dans vos réponses… Mademoiselle de Stèle est une jeune fille fort attrayante, cela se voit assez… pleine de grâce et de distinction… brillante et spirituelle, je sais tout cela… Mais son caractère est un peu bizarre : il m’étonne… il m’effraye même un peu, je vous l’avoue… eh bien, je vous le demande, à vous qui avez dû en pénétrer tous les mystères, que peut-on en espérer ou en redouter ?

— Cécile, monsieur, n’a jamais connu sa mère… elle a été élevée par son père, dont elle est l’enfant unique et qui l’a un peu et même beaucoup gâtée… Voilà l’explication des inégalités d’humeur, des bizarreries, des caprices qui ont pu vous frapper. Mais son naturel est excellent : elle est la plus tendre, la plus sûre et la plus dévouée des amies ; elle sera la plus tendre, la plus sûre et la plus dévouée des femmes, — à une condition pourtant, — c’est qu’elle sera bien guidée et qu’elle aimera son guide.

— Je vous demande pardon mille fois, a-t-il repris, mais croyez-vous qu’elle puisse aimer un homme d’un caractère aussi différent du sien que je puis l’être, par exemple, un homme dont le sérieux presque sévère forme un si fort contraste avec sa légèreté, — au moins apparente… Vous ne répondez pas ?

— C’est que je cherche mes mots,… mais non ma pensée ; car ma pensée n’hésite pas. Je crois donc, monsieur, que, s’il y a un homme précisément qui puisse attacher Cécile, la réformer dans ses petits défauts, développer encore ses grandes qualités, en faire enfin une femme honnête, fidèle et heureuse, c’est vous.

Il s’est incliné profondément, — puis, après une pause :

— Enfin… vous l’aimez beaucoup, n’est-ce pas ?

— Beaucoup.

— C’est un grand éloge… Je vous remercie, mademoiselle… je la reçois avec une absolue confiance de votre main.

Nous nous étions rapprochés du château : il en a repris le chemin après m’avoir encore remerciée et saluée du geste et du regard ; pour moi, dès qu’il a été loin de ma vue, je me suis assise sur un des bancs de l’allée, car, après m’être soutenue pendant cet entretien par un effort de courage et de fierté, je sentais la terre se dérober sous moi.

Tout était dit : dès cet instant, ma pauvre vie était manquée ; mon cœur de vingt ans portait une blessure qui ne se fermera pas.

Mais comment comprendre de la part d’un homme d’honneur, d’un homme de goût, une démarche semblable ? par quelle inspiration secrète, par quel raffinement barbare a-t-elle pu lui être dictée ? Il m’est impossible de le concevoir.

A-t-il eu quelque conscience du supplice horrible qu’il m’infligeait ? Je ne sais ; cela s’est passé ainsi, voilà tout.

Dès ses premières paroles, dès le premier coup reçu, je n’ai plus eu qu’une seule préoccupation, c’était de sauver à ses yeux ma dignité de femme et aussi de dominer le mouvement de basse jalousie qui eût pu me pousser à calomnier Cécile. Peut-être cette préoccupation a-t-elle été excessive, et m’a-t-elle entraînée dans l’éloge au delà même de ma pensée et de la vérité. Mais l’excès dans ce sens valait mieux que dans l’autre.

Cependant je n’étais pas au bout de mes épreuves de la journée. — Dès que j’ai pu me tenir sur mes pieds, je me suis remise en marche pour essayer de calmer mon agitation. J’allais devant moi sans savoir où… Je traversais une des principales avenues du parc quand un bruit de roues m’a fait retourner. C’était M. Roger de Louvercy dans son panier. Il était seul, car, malgré les supplications de sa mère, il refuse le plus souvent d’emmener son domestique, suivant sa manie de repousser tout secours étranger à moins de nécessité absolue.

Il allait grand train, à sa mode ordinaire : en m’apercevant, il a ralenti avec difficulté le pas de son cheval, qui est fort vif ; puis, l’arrêtant tout en l’air à deux pas de moi :

— Vous ne voulez pas vous promener, mademoiselle ? m’a-t-il dit avec son sourire toujours un peu amer et ironique.

— Non, je vous remercie bien.

— Est-ce mon cheval qui vous fait peur, ou moi ?

— Ni l’un ni l’autre.

— Eh bien, en ce cas, accordez-moi le plaisir de votre compagnie.

— Il me semble, ai-je dit, que cela ne serait pas très-convenable.

— Oh ! convenable !… a-t-il répondu en secouant la tête. — Hélas ! avec moi tout est convenable !… D’ailleurs, nous ne sortirons pas de nos bois… Allons ! vous ne voulez pas ?… Je vous fais horreur décidément !

J’ai vu redoubler la pâleur et la tristesse habituelles de son visage : j’ai été prise d’un sentiment de pitié, et puis en ce moment toute espèce de diversion était la bienvenue ; enfin j’avais la tête à demi égarée, et tout m’était égal.

— S’il ne s’agit, ai-je dit, que d’une promenade dans le parc, je veux bien.

Je suis alors montée dans le panier, non sans m’y reprendre à deux fois, car le cheval, un pur sang d’un noir de jais, s’agitait beaucoup, et M. de Louvercy avait grand’peine à le maintenir de sa main unique. Nous sommes aussitôt partis d’une allure très-rapide. — Au bout de quelques pas :

— Vous avez manqué votre vocation, mademoiselle ! m’a dit en riant M. de Louvercy.

— Comment cela ?

— Vous étiez née pour être sœur de charité… Il y en avait une dans l’hôpital d’Orléans, pendant que j’y étais, qui vous ressemblait un peu… Cela m’a saisi la première fois que je vous ai vue… Moins belle pourtant… Est-ce que vous êtes d’origine créole ?

— Non, je suis Parisienne… Et elle vous a bien soigné, cette sœur ?

— Trop bien ! m’a-t-il répondu avec un soupir.

— Pourquoi trop bien ?

— À quoi bon me conserver une vie qui ne pouvait plus être qu’un fardeau pour moi-même et pour les autres ?

— Voulez-vous me permettre de vous dire, monsieur, que vous me semblez un peu injuste envers la Providence ? Elle vous a cruellement frappé sans doute, mais n’êtes-vous pas trop insensible aux consolations qu’elle vous a laissées et qui font défaut à tant d’autres malheureux ?

— Quelles consolations, mademoiselle, je vous prie ?

— Mais votre mère d’abord, son incomparable tendresse, — puis aussi les soins d’une amitié si dévouée et si rare… enfin l’étude, le loisir de vous y livrer, les joies qu’elle donne, la considération qu’elle promet…

— Oui, a-t-il répliqué amèrement, tout cela peut empêcher qu’on ne devienne fou… mais c’est tout ! et encore il y a des moments où je crois l’être… où je le suis !

Il a gardé le silence pendant quelques secondes, secouant les guides comme par distraction et tourmentant la bouche de son cheval, qui n’avait pas besoin d’être excité. Il n’a pas paru s’apercevoir d’abord que la bête s’impatientait et gagnait à la main, — et il a repris :

— Vous avez vu d’Éblis ce matin ?

— Oui. Il me quittait quand vous m’avez rencontrée.

— Ah ! — quel brave homme, n’est-ce pas ?

Je répondais : « Oui » d’un simple signe de tête ; il m’a regardée :

— Vous êtes bien pâle, mademoiselle… je l’avais déjà remarqué… Est-ce que vous êtes souffrante ?

— Non.

Il a eu sur les lèvres un méchant sourire, et, comme s’il l’eût fait exprès, il a de nouveau secoué les guides sur les reins du cheval, qui s’est décidément affolé… Nous étions emportés. Le cheval, dans sa course furieuse et désordonnée, a failli nous briser contre les barres de l’avenue, a tourné violemment sur sa droite, et s’est lancé à toute vitesse sur un chemin public qui aboutit, je ne l’ignorais pas, à un lavoir ménagé sur le bord de la rivière, très-escarpée en cet endroit.

M. de Louvercy essayait de calmer son cheval de la main et de la voix ; mais il n’y réussissait pas : nous courions toujours comme le vent ; les arbres défilaient comme des visions ; j’éprouvais une sorte de vertige… nous touchions à l’extrémité du chemin, et nous apercevions déjà les miroitements du soleil dans l’eau.

M. de Louvercy s’est tourné vers moi :

— Mademoiselle Charlotte, m’a-t-il dit froidement, avec ce regard farouche qu’il a dans ses mauvaises heures, — tenez-vous beaucoup à la vie ?

En vérité non, je n’y tenais pas beaucoup. Un simple mouvement de mes sourcils le lui a dit.

— C’est égal, a-t-il repris, ce serait dommage !

Je ne sais s’il a pour dompter son cheval un secret qu’il n’avait pas voulu employer jusque-là ; mais presque aussitôt, sur quelques paroles accompagnées de légers mouvements de main, cette bête s’est apaisée ; elle s’est mise à une allure raisonnable, et nous avons pu, avant d’avoir atteint la rivière, nous engager dans l’embranchement d’un autre chemin.

M. de Louvercy, dont j’avais, malgré tout, admiré le sang-froid, — car nous avions certainement couru danger de mort, — m’a dit alors tranquillement :

— Que je ne tienne pas à la vie, moi, cela se comprend trop… mais vous ! C’est un mystère !

— C’est un mystère, ai-je répété en souriant.

— Chagrins d’amour ? a-t-il repris d’un ton d’ironie sombre.

Et, après une pause :

— Si belle… et dédaignée, — ce serait étrange !

— Monsieur, lui ai-je dit très-vivement, votre malheur vous donne de grands privilèges : il ne vous donne pourtant pas, je suppose, celui d’offenser une femme.

— Ne vous ai-je pas dit que j’étais fou ?

— Je le vois, monsieur ; mais il fallait me prévenir.

Il s’est tu longtemps. Il mordait ses lèvres avec tant de force, que j’en ai vu jaillir une goutte de sang. — Enfin il a repris d’une voix très-émue :

— Mademoiselle, je suis indigne de l’honneur que vous m’avez fait… je le reconnais, et je vous prie humblement de me pardonner.

— C’est bien, monsieur… Si nous retournions ?

Nous étions alors assez loin dans la campagne ; car j’apercevais à travers les arbres la petite église de Louvercy.

— Retournons ! a-t-il dit tristement. Mais, mon Dieu, rentrerons-nous fâchés, ennemis ?… Voyons, mademoiselle… y a-t-il quelque chose au monde qu’un pauvre misérable comme moi puisse faire pour vous prouver son profond respect et pour effacer le souvenir d’une parole odieuse ?

Une idée soudaine m’est venue : je me suis rappelé ce que madame de Louvercy m’avait dit le matin de la douleur que lui causait l’espèce d’impiété révoltée de son fils… Je voyais la petite église tout près de nous…

— Oui, lui ai-je dit tout à coup, vous pouvez faire une chose qui vous rendra mon estime et qui vous vaudra même mon amitié… Voilà l’église là-bas… — venez-y prier avec moi.

Ses sourcils se sont subitement contractés, et, d’une voix assez douce pourtant :

— Ma mère vous a parlé ?

— Oui.

— Vous le voulez ?

— Oui.

— Allons !

Peu de minutes après, nous arrivions sous le jardin du presbytère, qui est contigu à l’église. Le domestique du curé, qui travaillait dans le jardin, a levé la tête au bruit ; M. de Louvercy l’a appelé et l’a prié de tenir son cheval. Je suis descendue, et je l’ai aidé lui-même à descendre. Puis nous sommes entrés dans le cimetière, et nous avons franchi le porche ogival, à la vive surprise du domestique, qui n’a pas coutume de voir M. Roger dans ces parages.

L’intérieur de l’église est fort simple ; une petite nef blanche et nue. — Je précédais M. de Louvercy, dont la béquille résonnait sur les dalles et sous la voûte. Nous avons gagné entre deux rangs de chaises la place réservée à madame de Louvercy. Je lui ai indiqué une chaise basse couverte d’un coussin, et je lui ai dit à demi-voix :

— Le prie-Dieu de votre mère.

Puis je l’ai soutenu par le bras pendant qu’il s’y agenouillait ; il se laissait faire comme un enfant. Il s’est accoudé la tête dans sa main, et je me suis agenouillée à côté de lui — Pendant que je priais pour nous deux de toute mon âme, son cœur a éclaté, et je l’ai entendu pleurer à sanglots.

Quand nous nous sommes relevés, me montrant son visage inondé de larmes :

— Voyez, m’a-t-il dit, ce que vous faites faire à un soldat !

— Aussi vous êtes pardonné ! lui ai-je répondu en lui tendant la main.

Nous sommes repartis aussitôt, toujours d’un grand train, mais sans folie. Son émotion calmée, il est devenu presque gai, et s’est mis à interpeller les paysans que nous rencontrions çà et là sur la route, s’informant de leurs affaires, et me contant leur histoire avec intérêt. Je savais déjà, au reste, que sa misanthropie ne l’empêchait pas de faire beaucoup de bien dans le pays, où il est aimé.

Nous venions d’entrer dans le parc quand nous avons aperçu au détour d’une allée trois personnes marchant lentement devant nous ; c’étaient madame de Louvercy, M. d’Éblis et Cécile. — Ils ont paru fort surpris de me voir en compagnie de M. Roger.

— Ma mère, s’est-il écrié en riant, j’ai cru enlever mademoiselle d’Erra, et c’est elle qui m’a enlevé… et savez-vous où elle m’a conduit ?… Non !… vous ne vous en doutez pas… Allons, je veux lui laisser le plaisir de vous l’apprendre !

J’ai sauté à terre : j’ai pris à part madame de Louvercy, qui semblait de plus en plus intriguée, et je lui ai dit à l’oreille :

— Je l’ai mené à l’église… il a prié !

Elle a poussé un cri, et, me serrant sur son cœur avec une sorte de violence :

— Ah ! ma chère… chère enfant !

Et après une pause et un long soupir :

— J’ai donc tous les bonheurs à la fois… car, vous savez ?… Cécile…

Et elle me l’a montrée près de M. d’Éblis.

— Oui, je sais, ai-je dit.

— Qui aurait jamais pensé qu’elle fît un choix aussi sage, et que lui, de son côté ?… Enfin, Dieu a ses jours !

Cécile cependant m’avait pris le bras, et elle a dit à sa tante d’un ton suppliant :

— Laissez-moi seule avec elle !

Madame de Louvercy et M. d’Éblis se sont alors éloignés doucement en causant avec M. Roger, qui avait mis son cheval au pas. — Cécile m’a entraînée et m’a fait entrer avec elle, en suivant un court sentier tournant, dans une partie très-retirée du parc qu’on nomme l’Ermitage. La tradition du pays veut qu’il y ait eu autrefois en ce lieu une habitation d’ermite, dont on croit retrouver les traces dans quelques débris de maçonnerie à demi recouverts aujourd’hui par un tertre gazonné. La seule ruine à peu près intacte est un très-petit et très-vieil édifice en forme d’arche cintrée, sous l’abri duquel jaillit dans une étroite citerne la source du ruisseau qui traverse le bois. Il y a là un terrain assez vaste, qui paraît avoir été le jardin de l’habitation détruite, et qui forme aujourd’hui une clairière aplanie, une sorte de promenoir, dans lequel on a conservé çà et là des groupes d’arbres de haute futaie. C’est un site d’un aspect singulièrement doux et sauvage, une espèce de vallon sacré, de solitude gracieuse, qui fait rêver à ces coins de paysage où l’on place, auprès de quelque fontaine antique, des scènes de nymphes et de bergers.

Cécile m’y a conduite en silence ; puis, me regardant avec une tendresse inquiète et me sautant au cou tout en larmes :

— Ah ! s’est-elle écriée, je te le vole !… je te le vole !

J’ai mêlé mes larmes aux siennes, en lui rendant ses caresses et en murmurant :

— Quelle folie !… à quoi vas-tu penser ?… Ne gâte donc pas ton bonheur à plaisir !

— Tu as été si bonne pour moi, a-t-elle poursuivi en pleurant, si généreuse… il me l’a dit… Ah ! c’était toi seule qui étais digne de lui… toi seule !… Tu ne l’aimais pas trop, dis ?

— Mais, non, ma chérie… sois donc tranquille… de la sympathie seulement !

— Moi, je l’adore !… Écoute… c’est ici, dans cet endroit charmant, qu’il m’a dit qu’il m’aimait… qu’il m’a demandé si je voulais être sa femme… c’est ici que je voudrais être enterrée quand je mourrai… crois-tu que ce soit possible ?

— Je ne sais pas, ma mignonne… mais tu dis des choses absurdes, tu sais ?

— C’est que je suis un peu folle, vraiment !… Mais sera-t-il heureux avec moi… le crois-tu ?… je voudrais tant qu’il fût heureux !

— Il sera heureux, ma chérie.

— Enfin rien ne m’a été épargné. — J’abrége ce récit, car le cœur me manque.

Que vais-je faire maintenant ? — Je verrai demain… Je consulterai ma grand’mère. Je suis décidée à tout lui dire.