Charles Rozez (p. 96-110).


XI. — Enfantines et jeus.

Berceuses.

1286. On berce les enfants en chantant de petites chansons comme celle-ci :


Chansons des trois rois
Chansons des trois rois


Chansons des trois rois


Nan-né, binamèy poyèt-tœ,
Nan-né, binamé poyon.
Ya s’ papa k’è-st è vôy a l’ fyès-sœ,

Rapwètrè dè bon krostilyon,

Nan-né, etc.
I-y a s’ mam k’è-st è vôy è
xxxxxxxxxx[pwès-sœ,
Rapwètrè d’èl sop a l’ognon.

Nan-né, etc.
« Dormez, bien-aimée poulette,
Dormez, bien-aimé poussin.
[Il] y a son[1] papa qui est en voie
xxxxxxxxxx[(= parti) à la fête,
[Il] rapportera de bons
xxxxxxxxxx[crostillons.[2]
Dormez, etc.
[Il] y a sa mère qui est en voie
xxxxxxxxxx[(= partie) dans le porche,
[Elle] rapportera de la soupe
xxxxxxxxxx[à l’oignon.
Dormez, etc. »
(Rocour.)
Sauteuses.

1288. En faisant sauter l’enfant sur le cou-de-pied, on chante une petite chanson comme celle-ci dont voici la variante hutoise :

Roum doudoum, Kolâr Ubin,
Vos’ tchivâ ki n’va nin bin,
Vos’ mèskèn ki n’sé-t ovré,

Vos’ vârlè ki n’sé miné.

Pèrtyouf ! è l’ê-ê-éw !
« Roum doudoum, Colard Hubin,
Votre cheval qui ne va pas bien,
Votre servante qui ne sait [pas]
xxxxxxxxxx[travailler,
Votre varlet qui ne sait [pas]
xxxxxxxxxx[conduire.
Pèrtyouf ! dans l’eau ! »
Risettes.

1289. La mère touche successivement avec l’index les différentes parties du corps de son bébé en disant, à Verviers :

Lu wêd â pyou,
Lè deu veûli,
Lè deu tró d’sori,

Lu fór â pan,
Lu goliman,
Lu sitch â milèt’,
È l’tronpèt’ ki va
Djusk’è ba.
« Le pré aus pous (le crâne),
Les deus vitres (les yeus),
Les deus trous de souris (les
xxxxxxxxxx[narines),
Le four au pain (la bouche),
Le goliman (le gosier),
Le sac aus miettes (le ventre),
Et la trompette qui va
Jusqu’en bas. »

1291. La mère touche l’un après l’autre chacun des doigts de l’enfant, en commençant par le pouce de la main droite (ou gauche) et en allant jusqu’au petit doigt de l’autre main, qu’elle secoue énergiquement, le tout en disant, à Liège :

Pôcin,
Djulin,
Dji vin,
Dji va,
Dji kwîr
On deu.
« Poucet (= petit pouce),
Julien,
Je viens,
Je vais,
Je cherche
Un doigt.
Kè deu ?
Li pti.
W’ è-st i ?
Vo l’si, vo l’si, vo l’si.
Quel doigt ?
Le petit.
Où est-il ?
Le voici, le voici, le voici. »

1296. Claquer de la main sur le pied du petit enfant s’appèle à Liège « ferrer le petit cheval » ; cela s’y fait en disant :

Li marihâ
Ki klaw on klâ
A si pti tchvâ,
Klaw ! klaw ! klaw !
« Le maréchal (-ferrant)
Qui cloue un clou
À son petit cheval.
Cloue ! etc. »
Amusettes.

1300. Les enfants s’amusent à réciter la formulette rythmée suivante, en traçant une raie à chaque syllabe forte, comme il est indiqué dans le texte. Ils doivent arriver à en compter seize, ni plus ni moins.

Kont’ │ è kont’ │ è kon- │ té don, │

Kon- │ té, bi- namèy │ botrès’, │

Kont- │ è kont’ │ è kon- │ té don, │

Kont- │ té s’i │ n’y a sas’ │ a pon │
« Compte et compte et comptez
xxxxxxxxxx[donc,
Comptez, bien-aimée[3]
xxxxxxxxxx[botresse,[4]
Compte et compte et comptez
xxxxxxxxxx[donc,
Comptez s’il y a seize à point. »

1302-1305. Les enfants se proposent des rîmê ou rim-ram, c’est-à-dire de petits vers wallons ou français, qui, prononcés rapidement, ont l’air d’appartenir à une langue étrangère. Exemples :

A-n, dji ra m’ vî dé
Pôf vî tèn dé !
« Anne, je rai mon vieux dé
Pauvre vieux mince dé ! »
(Liège.)
A ri bodè bwè.
« Au ruisseau baudet boit. »
xxxxxxxxxx(Ardenne.)
L’ôl a Tonk ot’

Sèw a Lîtch ot’.
« L’huile à Tongres sent (= a
xxxxxxxxxx[une odeur.)
Suif à Liège sent. »
(Liège.)

1307. Les enfants s’amusent souvent à répéter exactement de petites phrases, qui, prononcées vivement, prêtent à des transpositions de consonnes. Exemple :

Kwat’ klawtî ki klawtè dvin ’n' fôtch ; kwat’ klawtî ki klawtè-t è l’ót’.
« Quatre cloutiers qui clouent dans une forge ; quatre cloutiers qui clouent dans l’autre. » (Liège.)
Théâtre des doigts.

1309. On porte la main en avant, les doigts étant réunis en faisceau, pointes en l’air. Il y a trois personnages : Fléron, qui est le majeur, l’Aubergiste, qui est le pouce, et son Valet, qui est le petit doigt. Chacun possède une vois spéciale et frétille à son tour, avec de petits mouvements appropriés aus paroles qu’on dit pour lui.

Fléron : — Toc, toc, à la porte !
L’Aubergiste au Valet : — Qui est là ?
Le Valet à Fléron : — Qui est là ?
Fléron : — C’est Fléron.
Le Valet à l’Aubergiste : — C’est Fléron, mon maître.
L’Aubergiste : — Demandez-lui ce qu’il veut.
Le Valet : — Que voulez-vous, Fléron ?
Fléron : — Je demande à loger.
Le Valet : — Il demande à loger, mon maître.

L’Aubergiste : — Demandez-lui s’il a des sous.
Le Valet : — Avez-vous des sous, Fléron ?
Fléron : — J’ai cinq sous.
Le Valet : — Il a cinq sous, mon maître.
L’Aubergiste : — Faites entrer Fléron !

Et l’enfant termine sa petite représentation en disant :

« Voici Fléron… Il entre… La porte se referme… La porte est fermée ! »

Jeus d’imitation.

1314. Dans le pays de Louveigné, les enfants élèvent des bourdons dans des caisses à cigares. Ils vont les lâcher à de grandes distances et décernent des pris pour les bourdons qui reviennent les premiers à leur demeure, de même que leurs pères font pour les pigeons.

1316. À Malmedy, ils jouent à « jeter une ortie » tapé i-n oûrtèy, de même que leurs pères jouent à tapé i-n âw « une oie », on djanbon « un jambon ».

Jouets.

1330. Le moulin. À Vottem, les enfants choisissent un des verticilles fleuris du lamier blanc (blank-è-z oûrtèy) et en coupent les feuilles de manière à conserver entières les deus fleurs ouvertes de part et d’autre. Puis ils passent une épine au travers de la tige et ils soufflent sur les fleurs. Le verticille se met à tourner sur cet axe comme un petit moulin.

1331. Le pipeau. Les enfants se font i-n apèl « un pipeau », d’un noyau d’abricot qu’ils ont évidé après en avoir usé les deus flancs sur une pierre jusqu’à former deus trous.

Jeus gymnastiques.

1335. Le bateau. Deus enfants s’asseyent face à face et se tiennent par les deus mains ; tour à tour ils se renversent et se tirent en avant.

1338. Le battoir. Deus enfants se tiennent face à face et tous deus ils frappent une fois des mains comme pour applaudir ; puis la main gauche de l’un va s’appliquer sur la main droite de l’autre, et chacun frappe encore des mains : l’exercice inverse a lieu ensuite et il est suivi d’un nouveau battement des mains. On continue de la même manière.

1340. La brouette. — Un enfant se met « à quatre pattes » sur le sol ; un second lui saisit les pieds et les soulève ; ses jambes font l’office des bras de la brouette et il avance en marchant sur les mains.

1323. La chaise du roi. — Deus enfants se tiennent côte à côte, les mains entrelacées en forme d’X. Un troisième est porté, l’espace de quelques pas, assis sur cette chaise improvisée, tenant de ses bras le col des porteurs. Ceus-ci parfois s’arrêtent et font d’un mouvement brusque sauter le camarade qu’ils soutiennent, ou bien ils le laissent tomber en se séparant de lui. Le jeu s’appèle pwèrté a l’tchèyîr d’amon lè rwè « porter à la chaise de chez les rois » et dans le français de Liège « porter à la chaise du roi ».

Jeus de ronde et de danse.

1345. Le jeu le plus simple de cette catégorie consiste à se tenir par la main, à danser en rond en chantant une petite chanson, puis à s’accroupir ensemble en lançant un cri. Voici des exemples des chansons que les fillettes récitent ainsi, sans autre forme :

1347.À l’école de ma sœur Céline.


À l’école de ma sœur Céline
À l’école de ma sœur Céline


À l’école de ma sœur Céline

1348.


« Y a l’ sori ki dans’
To-t avâ lè plantch ;
Èl a stu si prè dè feu
K’èl a broûlé sè djanb
— Souf ! mér, ki dj’â tchó !
— Rsètch tè pat’, massî krapó ! »
« [Il] y a la souris qui danse
Tout parmi les planches ;
Elle a été si près du feu
Qu’elle a brûlé ses jambes,
Souf ![5] mère, que j’ai chaud !
— Retire tes pattes, sale
xxxxxxxxxx[crapaud ! »

1351. Quelquefois, les enfants font une ronde et répètent un couplet. Chaque fois, un joueur désigné fait demi-tour sur place et se remet à tourner avec les autres en faisant face à l’extérieur du cercle. Quand tous les joueurs sont retournés, ils se rapprochent et se heurtent le dos en cadence.

1357.
qui mettrons-nous à la chandelle ?

Des petites filles se forment en cercle, placent l’une d’elles au milieu, Marie, par exemple, et chantent la ronde :


qui mettrons-nous à la chandelle ?
qui mettrons-nous à la chandelle ?


qui mettrons-nous à la chandelle ?


Marie embrasse alors une de ses compagnes qui prent sa place et le jeu recommence. (Herstal.)

1117.
Bonjour, Bonjour, madame la Rose.

Une dizaine de petites filles se rangent sur deus lignes parallèles. L’une des rangées représente madame la Rose et ses filles ; l’autre, plus nombreuse, des prétendants qui s’avancent en chantant :


Bonjour, Bonjour, madame la Rose
Bonjour, Bonjour, madame la Rose


Bonjour, Bonjour, madame la Rose

Bonjour, bonjour, madame la Rose,[6]
Avec vos beaus échantillons.
Je fais trois tours de barbaron[7]
Pour avoir votre fille en don[8].

Madame la Rose et ses filles vont à leur rencontre en repliquant :

— Ni vous ni d’autr’s n’auront ma fille.
Après[9] ma fille, que m’donn’rez-vous ?

Le chœur des prétendants revient :

— Un million d’or, n’est-ce pas assez ?

Madame la Rose et ses filles ripostent en s’avançant :

— Tournez vot’ cul, si v’s en allez.

Le chœur des prétendants se coupe alors en deus lignes parallèles qui s’avancent l’une vers l’autre en chantant :

— Mon Dieu, mon Dieu, que faut-il faire ?
Un’ si bell’ fille à marier.
— Faut-il encore y retourner
Pour savoir-e sa volonté ?

Les prétendants se remettent en ligne et le dialogue recommence :

— Bonjour…
— Ni vous…
— Deus millions d’or n’est-ce pas assez ?
— Tournez vot’ cul, si v’s en allez.
— Mon Dieu ! Mon Dieu ! etc.

La ronde continue de la même manière ; le soliste offre trois millions d’or, une robe d’or ou d’autres objets précieus, jusqu’à ce que la mère consente à céder sa fille.

— Prenez ma fille et v’s en allez.

Jeus de saut.

1387. À la corde. — À Liége, pour apprendre aus petits enfants à sauter à la corde, on tourne d’abord quatre tours « pour rire », en disant successivement les mots de la formulette suivante :

Bègèn, Pâtér, Nostér, Potchî !
« Béguine, Pater, Noster, Sautez ! »

Au quatrième tour de corde, l’enfant qui a eu le temps de saisir le rythme, doit s’élancer et « entrer dans les cordes ».

1393. À Liége, les fillettes se soumettent l’une après l’autre à l’exercice de la corde en disant ce qui suit (les barres détachent les mots qui se disent à chaque tour) :

Dans | com- | bien | d’an | nées
Se | ma- | rie | ra | -t-elle ? |
Un an, | deus ans, | trois ans, | … etc.

Le nombre d’années était indiqué par le moment où la sauteuse » faisait faute ». Si la faute arrivait avant l’énumération des nombres d’années, la fillette était condamnée à rester vieille fille.

1398. Le cheval fondu. Les joueurs se partagent en deus camps. Les uns se courbent à la file l’un derrière l’autre et les joueurs de l’autre bande sautent sur leur dos en essayant d’y rester tous ensemble pendant un certain temps.

Jeus d’adresse.

1400. Les petits enfants connaissent à Liége un jeu dans lequel ils s’amusent à prendre tour à tour un peu de poussière d’un tas au haut duquel ils ont planté un fétu ou une brindille.

1413. La tapette (jeu de billes). Le joueur n° 1 lance sa bille contre un mur ; elle rebondit, roule sur le sol et s’arrête. Le n° 2 imite le premier, et les autres font de même, en cherchant à donner à leur bille une direction telle qu’elle aille tchakté, litt. « choqueter », une de celles qui sont déjà sur le sol.

1419. Le bâtonnet. L’un des deus joueurs est chargé de faire rentrer dans un rond tracé sur le sol un petit bâton que l’autre a fait sauter en l’air et lancé au loin, à l’aide d’un autre bâton.

Devinettes (advina).

1433.


Si pat’, kwatr oûy, kwat’ orèy è deu tyès’ ;

Iy ! Notru-Dam, hél drol di byès’ !
« Sis pattes, quatre yeus, quatre oreilles
xxxxxxxxxx[et deus têtes ;
Ah ! Notre-Dame, quelle drôle de bête ! »
Réponse : Un cavalier sur son cheval.

1434.


On rodj vê ki potch out’ d’i-n blank hây.
« Un veau rouge qui saute outre
xxxxxxxxxx[d’une haie blanche. »
Rép. : La langue et les dents.

1435.


Dji so rwè è dji n’a nol koro-n ; dji so bon tchanteu è dji n’so nin muzisyin ; dj’a dè-z èsporon è dji n’so nin kavayîr ; dj’a ko tras’ è tras’ fœm è dji n’so nin maryé.
« Je suis roi et je n’ai nulle couronne ; je suis bon chanteur et je ne suis pas musicien ; j’ai des éperons et je ne suis pas cavalier ; j’ai encore treize et treize[10] femmes et je ne suis pas marié. »
Rép. : Un coq.

1436.


I-n pítit’ madam avou ’n blank kot’, on djèn vizèdj è on rotch tchapê.
« Une petite dame avec un jupon blanc, un visage jaune et un chapeau rouge. »
Rép. : L’allumette soufrée.

1437.


Ronron ki pin,
Poyu ki l’atin,
Kan Ronron tchêra,
Poyu l’atrapra.
« Rond-rond qui pent,
Poilu qui l’attent,
Quand Rond-rond choira,
Poilu l’attrapera. »
Rép. : Un gland et un sanglier.

1439. À Liége, les devinettes commencent toutes par ces mots : kwè è-s don, vo ? « qu’est-ce donc, vous ? » ; le questionneur traîne un peu sur ce dernier mot pour tenir l’auditeur en suspens et préparer sa question.

1441. Pour demander si l’interlocuteur renonce à chercher la réponse d’une devinette, on lui pose à Liége la question suivante : Avé v’ magnî dèl djot’ asé ? « Avez-vous mangé du chou assez ? ».

Jeus de devinaille.

1443. A gardé byin… « Au gardez bien… » — Les joueurs sont assis au pied d’un mur, excepté le trimeur[11] et le directeur du jeu. Celui-ci va trouver chacun des joueurs et fait mine de déposer dans la main de chacun un objet qu’il tient ; il le remet en réalité à l’un d’eus, après avoir dit à chacun :

Gardez bien ce que je vous donne,
Car vous n’aurez jamais plus rien.

Quand il a fini, le trimeur revient, examine les joueurs et doit deviner celui qui a reçu l’objet. S’il tombe juste, il change de rôle avec celui qu’il a désigné (Liége).

1445. Le « devineur » se tient courbé contre un mur, tandis que d’autres viennent tour a tour sauter sur son dos et faire certains gestes convenus. Il doit deviner le geste qui a été fait. Voici quelques gestes traditionnels et le sens qu’on leur prête à Vottem : montrer un doigt signifie « couteau » ; le poing signifie « marteau », etc.

Jeus préparatoires.

1456. Avant de commencer la partie, les enfants déterminent à l’aide d’un petit jeu lequel d’entre eus doit se charger du rôle le plus désagréable, par exemple, aus jeus de course, le rôle de poursuivant. On procède ordinairement de la manière suivante :

Un des joueurs réunit les autres autour de lui ; il récite une petite formulette rythmée, et en appuyant sur les syllabes fortes, il désigne successivement ses petits amis ; celui qui est désigné sur la dernière syllabe est éliminé momentanément.

On répète ce manège autant de fois qu’il est nécessaire et quand il ne reste plus que deus enfants, celui d’entre eus qui est désigné doit prendre le rôle prescrit dans la partie.

Exemples de formulettes d’élimination :

1457.

Èn deu dik,
S’è vo k’a l’aspik,
S’è vo k’a la boum la la,
S’è vo k’ènn-è va.


Èn deu dik…
Èn deu dik…


Èn deu dik…

1458.

Rond | rond | gigot d’mouton (A) | qui compte pour
un (B) | pour deux | pour trois | pour quatre | pour cinq
pour six | pour sept | pour huit | pour neuf | pour le
grand | gros bœuf | .

(A) En disant cela, le petit garçon (ou la petite fille) fait de l’index quatre tours au fond de sa casquette (ou de son tablier).

(B) À partir de ce moment, l’enfant à chaque coupure du texte, désigne un de ses camarades, en allant de gauche à droite.

Jeus de calcul ou de hasard.

1463. Deus enfants tracent sur le sol un carré muni de ses diagonales et divisé en quatre carrés ègaus par des parallèles aus deus bases. Chacun des joueurs, en suivant certaines règles, fait circuler des jetons sur les lignes tracées.

1499. Babilô-n. — Il y a quelques années, il n’était pas rare de voir aus fêtes de village des colporteurs munis d’une petite tour en bois crier à tout venant Hay, babilô-n ![12] Le jeu consistait à jeter des dés dans la tour dite « tour de Babylone », sur la périphérie intérieure de laquelle était creusée une spire que les dés suivaient en descendant. On calculait le nombre de points marqués par les dés quand ils étaient par terre.

Jeus facétieus et attrapes.

1476. Un gamin demande à son camarade en lui montrant le coude : Kimin lom-t on soula ? « Comment nomme-t-on cela ? » Celui-ci répont : I-n koùt’ « une coude » [autre sens « une courte »]. Alors le farceur lui allonge une taloche en disant : Tin, vola ’n’ long’ « Tiens, voilà une longue ! »

1477. Un petit farceur demande d’un air innocent à son camarade : K’inmé-v mî, i-n peûr ou i-n pom ? « Qu’aimez-vous mieus, une poire ou une pomme ? » Selon les préférences de son ami, il lui décoche l’un des traits suivants :

I'n peûr ?
Vos’ pér è-st on voleur.
I-n pom ?
Vos’ pér è-st on brav om.
I-n djèy ?
Vos pér rèy.
« Une poire ?
Votre père est un voleur ? »
« Une pomme ?
Votre père est un brave homme. »
« Une nois ?
Votre père rit. »

1480. Les petits enfants s’amusent quelquefois à ajouter à chaque syllabe des mots une ou plusieurs syllabes qui ne comptent pas. Par exemple, à Liége, le mot viné « venez » se dira vi-gidi né-gédé.

1483. O safti « Au savetier ». Plusieurs enfants proposent de jouer « au savetier » à des camarades qui ne connaissent pas ce jeu. L’un est désigné pour commander, et les autres s’asseyent en rond, côte à côte. On convient que chacun doit faire exactement ce que le maître commandera. Après quelques exercices, le maître ordonne de battre le cuir. Alors, tous les initiés tapent sur le dos des novices. (Verviers.)

Questions facétieuses.

1487.


Wis’ aléf-t i, mamé Jèzu, kwan i-l aveu kwatr an ?

Réponse : I-l aléf so sink.
« Où allait-il, maimé[13] Jésus, quand il avait quatre ans ?

— Il allait sur (= approchait de) cinq. »

1488.


Si v’ vèyé-st i-n botrès’, avou kwè lî fré-f si boneûr (si bo neûr) ?

Rép. : Avou dè sirach.
« Si vous voyez une botresse[14], avec quoi lui ferez-vous son bonheur (sa hotte noire) ?

— Avec du cirage. »

1489.


Kè meu è-s’ ki lè fœm djâzè l’mon ?

Rép. : Li meu d’ fèvrîr.
« Quel mois est-ce que les femmes parlent
xxxxxxxxxx[le moins ?
— Le mois de février. »
Jeus de société.

1490. On pratiquait autrefois à Liége un jeu qui consistait, pour celui qui dirigeait, à poser à chacun la question : Ki mètré-v è m’bansté ? « Que mettrez-vous dans mon panier ? » Il fallait répondre par des mots en é, tels que tâvlê « tableau », tchapê « chapeau », etc. (A. Hock Liége sous le régime hollandais chap. XVI.)


  1. En parlant aus très petits enfants, on emploie généralement en wallon le possessif de la troisième personne.
  2. Sorte de pâtisserie commune, très croquante, analogue aus échaudés.
  3. À Liège, binamé « bien-aimé » se dit couramment dans le sens de « gentil, cher ».
  4. À Liège, le mot botresse s’emploie en français comme en wallon pour désigner des femmes de peine, véritables portefais en jupons. Elles s’attachent au dos une hotte d’osier (bo) qui leur sert à transporter du charbon, des fusils, etc.
  5. Interjection wallonne qui sert à Liége à exprimer à la fois la sensation du trop froid et du trop chaud.
  6. Variante : Je vous dis gaie (pron. guèy), madame la Rose (Herve).
  7. Est-il besoin de faire remarquer que ces petits chants sont presque toujours dans un français très corrompu ?
  8. Var. : fille Suzon (Vottem), fille Annon et fille en or (Herve).
  9. Après avec sens de pour.
  10. Ko tras’ è tras’ « encore treize et treize », expression wallonne consacrée pour dire : beaucoup.
  11. Le trimeur ou le patient, c’est celui « qui en est », « qui l’est », « qui en a », etc.
  12. L’exclamation hay ne peut être traduite exactement. Elle correspond assez aux mots « allons, venez » employés en français dans des cas analogues.
  13. Traduction en français de Liége du wallon mamé, équivalent enfantin de binamé « bien-aimé ».
  14. Voyez page 98 note 2.