CHAPITRE XXVI.


Continuation du même Sujet, enviſage ſous
les mêmes rapports.



On pouvoit guère eſpérer que dans une Révolution populaire, les eſprits s'arrêtaſſent au point deſiré, qui fixe les bornes ſalutaires du Pouvoir & de la Liberté, & accorde l'énergie du Gouvernement avec la sûreté des droits individuels. Les inconvéniens que nous éprouvons tirent en grande partie leur ſource d'une erreur ſur cet objet important & délicat. Si nous n'évitons d'y retomber, dans toutes les tentatives que nous pourrons faire pour corriger & améliorer notre Gouvernement, nous irons de chimère en chimère ; nous eſſayerons chagements ſur chagemens ; mais nous n'en ferons vraiſemblablement jamais aucun d'important qui rende notre Etat plus heureux.

L'idée de reſtreindre le Pouvoir légiſlatif dans les moyens de pourvoir à la défenſe commune, eſt une de ces innovations qui doivent leur origine à un amour de la liberté plus ardent qu'éclairé. Nous avons vu cependant qu'elle n'a pas eu un ſuccès bien étendu dans ce pays même Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/306 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/307 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/308 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/309 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/310 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/311 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/312 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/313 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/314 Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/315

Mais c'eſt un malheur auquel nous ſerons bien moins expoſés ſi nous reſtons unis, que ſi nous nous ſéparons : il eſt même trop vraiſemblable que nous y ſuccomberions dans la dernière ſuppoſition. Il eſt difficile de ſe figurer l'Union menacée par des dangers aſſez formidables pour néceſſiter une force militaire, capable de nous inſpirer pour notre liberté de juſtes alarmes ; ſur-tout ſi l'on réfléchit aux ſecours que nous pouvons tirer de la milice, qui doit toujours être regardée comme une force auxiliaire très-puiſſante dans l'état de déſunion ; le contraire ſeroit non-ſeulement vraiſembable, mais preſqu'inévitable, comme nous l'avons déjà démontré dans un autre Chapitre.