La description géographique des provinces/Livre 1 - 41 à 49

Edition de E. Groulleau (p. 69-82).


De la province de Peim.         Chap.     XLI.



Ayans passé ceste province, s’en presente une autre appellée Peim, qui contient dix journées d’estendue en longueur, laquelle est subjecte au grand Cham. En icelle y a plusieurs villes & chasteaux, dont la plus fameuse & apparente s’appelle Peim, au pres de laquelle passe un fleuve, ou lon trouve des pierres precieuses, mesmement Jaspes, Cassidoines.jaspes & Cassidoines. Les habitans sont Mahumetistes, fort bons artisans & negotiateurs : aussi ont grande abondance de soyes, & de vivres. Il y a une Estrange coustume.coustume au pays, que quand un mary pour quelque cause s’absente & va en autre lieu, sans retourner en sa maison dedans le vingtiesme jour, il est loisible & permis à sa femme le delaisser, & prendre un autre mary. Le semblable est permis au mary apres qu’il sera retourné, de contracter (sans offense) mariage avec une autre femme.


De la province de Ciartiam.         Chap.     XLII.



Apres on vient à la province de Ciartiam, qui est soubz la domination du grand Cham, & contient plusieurs villes & chasteaux, desquelles la principalle & qui donne denomination au païs s’appelle Ciartiam. On y trouve es fleuves & rivieres plusieurs pierres precieuses, mesmement jaspes & cassidoines, lesquelles sont transportées par les marchans en la province de Cathai. Le païs de Ciarthiam est fort sabloneux, auquel y a plusieurs sources d'eaues ameres, qui est cause de rendre la terre maigre & sterile. Quand une armée estrangere passe par ceste province, tous les habitans d'icelle avec leurs femmes, enfans, famille, bestail & autres meubles s'en fuyent & retirent en une contrée voysine, ou ilz trouvent de bonnes eaues & pasturaiges : & y font leur sejour jusques à ce que toute l'armée de leurs ennemys soit passée. Et quand ilz fuyent ainsi devant leurs ennemys, le vent efface tellement l'impression de leurs piedz & vestiges à cause que le pays est sabloneux, qu'il est impossible de les suyvre à la trace. Mais si l'armée des Tartares y passe, attendu qu'ilz sont en leur subjection & obeissance, ilz ne s'en fuyent point, ains seullement destournent leur bestail, au moyen que les Tartares ne payent rien de leurs vivres, quand ilz marchent par pays en armes. Sortans de ceste province convient pieter le sablon l'espace de cinq journées, ou lon ne trouve que bien peu d'eaue qui ne soit ameres, & jusques à ce qu'on vienne à une ville appellée Lop. Et fault noter que toutes les provinces cy dessus declairées, assavoir Cuscar, Carcham, Cottam, Peim, & Ciartiam, jusques à la ville de Lop, sont situées & assignées au dedans des limites de la grande Turquie.


De la cité de Lop, & du grand desert.
Chapitre     XLIII.



La cité de Lop est ample & spacieuse, située à l’entrée d’un grand desert entre Orient & Septentrion, les habitans sont Mahumetistes. Quand les marchandz estrangers veullent passer ce desert, ilz font provisions de toutes choses necessaires en la ville de Lop, ou ilz sejournent quelque temps pour ce faire, mesmement leur convient recouvrer de puissans asnes & chameaulx, lesquelz ilz chargent de vivres, & choses necessaires pour le chemin. Et quand emmy le desert les vivres leur commencent à defaillir, ilz tuent leurs asnes, ou les delaissent par les chemins, pour ce qu’ilz ne peuvent recouvrer aucuns fourrages à suffire pour les nourrir jusques a la fin du desert, mais gardent plus voluntiers les chameaulx, d’autant qu’ilz ne sont pas de si grande nourriture, & neantmoins portent de plus gros fardeaux. Description du desert de Lop.On trouve aucunesfois en ce grand desert des eaues ameres, mais le plussouvent s’en trouve de doulces, & n’est gueres journée (combien qu’a peine il puisse estre passé en trente journées) que lon ne trouve quelque peu d’eaue fresche, je diz peu, car quelque fois ne s’en trouve à suffire pour rassasier une compaignie de marchands qui y passera. Ce desert est fort montueux, & quand on vient à entrer en la plaine, on ne trouve que sablons, il est entièrement sterile & desplaisant, & ne s’y trouve aucune habitation d'hommes ne bestes, d'autant qu'il ne produict aucunes herbes ne pasturaiges. Illusions de malings espritz.C'est chose admirable qu'en ce desert on voit & oyt de jour, & le plus souvent de nuict diverses illusions & fantosmes de malings espritz, au moyen dequoy est besoing à ceulx qui y passent sur tout se donner garde d'eslongner la trouppe, & s'escarter de la compaignie, autrement à cause des montaignes & coustaulx ilz perdroient incontinent la veüe de leurs compaignons, & seroit bien difficile de les attaindre, mesmement qu'on oyt des voix de malings espritz, qui s'adressent à ceulx qui se sont ainsi distraictz & separez de leur compaignie, & les appellent par leurs propres noms, faignans la voix d'aucuns de la trouppe, & par ce moyen les destournent & divertissent de leur vray chemin, & les meinent à perdition, tellement qu'on ne sçait qu'ilz deviennent. On oyt aussi quelquefois en l'air des sons & accords d'instrumentz de musique, & le plussouvent de bedons & tabourins. Et pour ceste cause ce desert est fort dangereux & perilleux à passer.


De la cité de Sachion, & forme de leurs funerailles.         Chap. XLIIII.



Le desert passé on vient à la cité de Sachion, qui est située à l'entrée de la grande province de Tanguth, ou les habitans sont presque tous Mahumetistes, & y à bien peu de Chrestiens entre eulx, encores sont Nestorians. Semblablement on y trouve beaucoup d'idolatres, qui ont leur langaige particulier. Les habitans de ceste cité ne se mestent d'aucune traffique de marchandises, & seulement vivent des fruictz de la terre. Il y a aussi en la ville de Sachion plusieurs monasteres dediez à diverses idoles, ausquelz on faict de grans sacrifices & oblations, & Idolatrie abominable. à telz idoles diaboliques le pauvre peuple infidele porte reverence incroyable : Car quand à quelcun naist un enfant masle, le pere incontinent le recommande à un de leurs idoles, en l'honneur duquel deslors il nourrist en sa maison un mouton, puis apres & l'an revolu du jour de la nativité de l'enfant à la prochaine feste de l'idole, il presente avec grandes ceremonies & reverences ce mouton avec son enfant à l'idole, puis apres ayant tué & sacrifié le mouton, il le faict cuyre, & de rechef faict ses offrandes de la chair cuyte à l'idole, devant lequel elles demeurent pendues, jusques à ce que leurs iniques prieres & oraisons qu'ilz ont selon leur mode, accoustumé marmonner, soient dictes & finies. Et principalement le pere prie instamment l'idole d'avoir son fils en specialle recommendation, & de le conserver soubz sa garde & protection. Les prieres finies ilz prennent les chairs immolées & sacrifiées, lesquelles ilz portent en certain autre lieu, ou tous les parens s'assemblent, & avec grande devotion & solennité, mengent ces chairs. Et au regard des os, les gardent soigneusement en certain vaisseau propre & convenable.Forme de faire funerailles. Quant aux sepultures & funerailles des trespassez, ilz usent d'autres ceremonies : les proches parens donnent ordre de faire brusler les corps des desfunctz en ceste maniere : Premierement ilz demandent aux astrologues quand il est besoing jecter le corps mort au feu. Astrologues. Lesquelz s'enquierent de l'an, du moys, du jour, & de l'heure que aura esté né le desfunct, & sur ce ayans consideré sa constellation, ilz declairent le jour qu'il les conviendra brusler, les autres gardent en leurs maisons le corps mort, aucunesfois sept jours, aucunesfois un moys, quelque fois demy an. L'ayans enclos en un coffre, ou biere si ingenieusement joincte & assemblée, qu'il n'en peult sortir ne exhaller aucune mauvaise odeur, mesmes ilz embasment le corps d'espices aromatiques, & font peindre elegamment la biere, puis la couvrent d'un drap precieux, & par chascun jour qu'ilz tiennent le corps mort en leur maison, ilz font à l'heure du disner preparer une table au pres la biere, laquelle ilz font garnir de vins & viandes par l'espace d'une heure, estimans que l'ame du desfunct prend sa refection des choses apposées sur la table. Et quand il fault oster le corps pour le porter au feu, ilz demandent conseil aux astrologues par quel endroit ilz le doibvent mettre hors la maison. Car s'il y a quelque porte en la maison, qui des son commencement n'ayt esté construicte avec sa destinée heureuse selon leur mode, ilz le congnoissent, & declairent incontinent qu'elle n'est pas suffisante ne idoine, par laquelle on doibve passer le corps mort, mais les advertissent du lieu plus commode, ou commandent faire une autre porte & ouverture en la muraille. Et lors que le cadavre est porté par la ville, ilz font dresse par certains endroiz des tentes & pavillons couvertz de draps d’or & de soye, ou autres choses selon les facultez de defunct. Et quand on vient à passer par devant, ilz respendent en terre du vin & viandes delicates, ayans ceste folle persuasion que le defunct en l’autre monde sera grandement resjouy de telles choses. Oultre font cheminer devant le corps plusieurs menestriers jouans de diverses sortes d’instrumentz de musique en grande doulceur & harmonie. Estranges ceremonies en sepultures. Et quand ilz sont venuz au lieu destiné pour le brusler, ilz escripvent & peignent sur du papier & petites tablettes des figures d’hommes & femmes, ensemble de plusieurs deniers & richesses, lesquelles ilz font brusler avec le corps, & dient que le defunct aura en l’autre monde autant de serviteurs, & chambrieres, de bestail, deniers, & richesses, comme on aura faict brusler avec luy en peinture, & que en telles richesses & honneurs il vivra eternellement. Ceste damnable coustume & superstition est observée quasi par tous les Payens orientaulx quand ilz font brusler les corps morts.


De la province de Camul.         Chap. XLV.



Camul est enclose audedans la grande province de Tanguth, & est subjecte à l’Empire du grand Cham. Elle contient plusieurs citez & bourgades, & se joinct de deux costez à deux deserts : asçavoir le grand deſert duquel avons cy dessus parlé, & un autre qui est moindre. Le pays est assez fertile & abondant en toutes choses necessaires pour la vie humaine. Les habitans ont langaige particulier, & semble qu’ilz ne sont nez, sinon pour eulx employer aux jeux, danses & esbatemens. Ils sont grans idolatres, fort adonnez au service des malings espritz, par la persuasion desquelz ilz observent telle coustume, que Hospitalité admirable. si aucun viateur passant par le pays s’arreste pour loger en la maison d’aucun d’entre eulx, incontinent le chef de la maison le reçoit à grand joye, & commande à sa femme, serviteurs, & famille, luy faire bonne chere, & luy obeir en toutes choses tant & si longuement qu’il vouldra sejourner en leur maison, puis se depart & ne retournera en son logis tant que son hoste en soit party, & ce pendant la femme obeist en toutes choses à cest hoste comme à son propre mary. Or les femmes du pays sont fort belles, & leurs mariz sont tellement abusez par leurs dieux qu’ilz estiment une chose digne de gloire & louenge de prostituer & abandonner leurs femmes aux estrangiers passans par le pays. Mais du temps que le Monguth grant Cham. grand Cham Monguth regnoit sur toute la Tartarie, apres avoir entendu ceste grande folie du peuple de Camul, leur manda qu’ilz n’eussent plus à observer & garder ceste coustume infame & deshonneste, mais plustost à conserver la pudicité de leurs femmes & n’en faire des hostelleries publiques, pour recevoir tous passans & viateurs, & que leur province ne fust plus infectée de si grande turpitude & infamie, dont les dessusdictz habitans de Camul ayans receu le mandement & vouloir de leur prince, furent grandement faschez & contristez, & par prieres, ambassades, & grands presens importunerent tellement le grand Cham qu’il revoqua son edict, luy faisans remonstrer qu’ilz avoient ceste tradition & coustume de leurs predecesseurs inviolablement observée & continuée : d’avantage qu’ilz s’asseuroient que par telle hospitalité & gracieuseté qu’ilz faisoient aux viateurs, ilz acqueroient la grace & bienveillance de leurs dieux, en sorte qu’ilz s’apercevoient leurs terres & possessions en prosperer, & estre plus fertiles. A cette cause le Roy Monguth ouyes leurs complainctes & remonstrances, leur accorda ce qu’ilz demandoient, en revoquant son edict, & leur manda Lettres du grand Cham. telles lettres en substance. « Pourtant qu’il me touchoit je vous avois mandé de supprimer ceste coustume detestable, & dont en tout le monde n’est mention de semblable. Mais puis que reputez à honneur vice, injure, & infamie, ayez entre vous ceste infamie comme la desirez. » Ces nouvelles avec lettres derogatoires au premier mandement furent receues à grande joye & festivité par tout ce peuple, lequel encores ce jourdhuy garde & observe ceste coustume.


De la province de Chinchintalas.         Chap. XLVI.



Oultre Camul, on vient en la province de Chinchintalas, laquelle du costé de Septentrion joinct à un desert, & contient en longueur six journées, elle est bien peuplée de Citez & Chasteaux soubz la dition & seigneurie du grand Cham. Les habitans sont divisez en trois sortes, aucuns & bien peu, recongnoissent la foy Chrestienne, & sont Nestorians : autres sont Mahumetistes, les autres adorent les idoles. En ceste province y a une montaigne, en laquelle on trouve des mines d'acier & de bronze. Semblablement s'y trouvent des Sallemandres, desquelles par artifice ilz font du drap de telle proprieté, que s'il est jetté au feu il ne bruslera point : & se faict tel drap avec de la terre en ceste maniere, comme je l'ay aprins d'un de mes compaignons nommé Curficar, natif de Turquie, homme ingenieux & de grande industrie, & qui avoit la charge & superintendence des minieres du pays. On trouve en ceste montaigne une certaine mine de terre entremeslée de petitz filetz en forme de laine, laquelle ilz font desseicher au soleil, puis la broyent en un mortier de cuyvre, & la lavent afin que toute la terrestreité en sorte hors, & que les filetz par tel moyen soient purgez & nettoyez de toute immundicité : en apres les filent ainsi qu'on faict la laine, & font des draps, & quand ilz les veulent blanchir les jettent dedans un grand feu par l'espace d'une heure, puis les en retirent plus blancz que la neige sans estre aucunement endommagez, & en ceste maniere les nettoient & reblanchissent quand ilz sont salles & tachez, & ne leur fault autre lessive que le feu. Je ne veulx point en cecy parler de la Sallemandre qui est une espece de serpent ou lezard, qu'on dict vivre dedans le feu : car de cest animal je n'ay peu trouver

ne descouvrir aucune chose certaine en tout le pays d’Orient. Ilz disent à Rome avoir une nappe faicte de Sallemandre, en laquelle ilz gardent le sainct suaire de nostre Seigneur, & que autresfois elle a esté envoyée par un Roy des Tartares au Pape Romain.


De la province de Suchur.
Chap. XLVII.



Delaissans ceste province de Chinchintalas derriere, & tirans vers Orient, on trouve un chemin fascheux & qui se continue par dix journées entieres, sans rencontrer maison ne habitation, qu’en peu de lieux, mais iceluy passé on entre en la province de Suchur laquelle est bien peuplée de villages & bourgades, dont la principale ville est appellee Suchur, qui baille denomination à toute la province. On y trouve bien peu de Chrestiens, car les habitans sont presque tous idolatres, & sont subjectz & tributaires au grand Cham : ilz ne se mestent point de traffiques, mais vivent seulement des fruictz de la terre. En toutes les montaignes du pays se trouve quantité de la racine appellée RheubarbeRheubarbe, laquelle extraicte d’icelles montaignes, est transportée en diverses regions par les marchandz.


De la cité de Campition.         Chap.     XLVIII.



La cité de Campition eſt grande & fameuſe, & la principale de la province de Tanguth : En icelle habitent Chreſtiens, Mahumetiſtes, & idolatres, mais les idolatres ont pluſieurs monaſteres eſquelz ilz adorent & font ſacrifices à leurs idoles qui ſont faictz, ou de pierre, ou de bois, ou de terre, & dorez par deſſus. Les aucuns d’iceulx idoles ſont ſi grans qu’ilz contiennent dix pas en longueur, & ſont couchez & renverſez par terre, comme ſ’ilz repoſoient : aupres deſquelz y en a d’autres petitz proſternez comme pour faire honneur & reverence aux grandz. Ces idoles ont auſsi leurs preſtres & religieux particuliers, qu’on eſtime vivre plus honneſtement & ſainctement que les autres : car les aucuns obſervent chaſteté, & ſoigneuſement ſe gardent d’enfraindre & tranſgresser la loy de leurs dieux. Ilz comptent le cours de l’année par les lunes, & n’ont autres mois ne ſepmaines que ſelon le cours de la lune : en chacune lune ilz obſervent & feſtent cinq jours continuelz, pendant leſquelz ilz ne tuent aucune beſte ne oyſeau, & ne mangent chair, mais vivent plus ſobrement & honneſtement que es autres jours. Les idolatres de la ville de Campition ont telle couſtume que chacun d’eulx peult avoir en mariage trente femmes, voire plus ſi tant en peut nourrir, toutesfois la premiere eſpouſée ſera touſjours eſtimée la plus digne & plus legitime. Le mary ne reçoit aucun dot de sa femme en faveur de mariage, mais au contraire luy baille & assigne dot & avancement pour l’avoir en mariage, ou en bestail, ou en serviteurs, ou argent selon sa puissance & faculté. Si la femme est odieuse, & qu’il la desdaigne, il luy est loysible la repudier à son plaisir & vouloir. Aussi prennent à femmes de leurs parentes jusques au second degré, mesmes leurs belles meres, & plusieurs autres choses leur sont loysibles & permises que par deça nous reputons à grand peché & offense, ilz vivent en plusieurs choses quasi comme bestes, ce que je puis bien asseurer pour avoir congneu leurs meurs & manieres de vivre : car j’ay demouré en ceste ville de Campition avec mon pere & mon oncle l’espace d’un an entier pour aucuns affaires.


De la cité d’Ezine, & d’un autre grand desert.
Chapitre             XLIX.



De la cité de Campition y a douze journées jusques à la ville d’Ezine, qui est contigue du costé de Septentrion a un grand desert sablonneux. En ce pays y a grande quantité de chameaux, & autre bestail, & oyseaux de toutes sortes, mais les habitans sont idolatres, vivantz de leur revenu, & des fruictz de la terre, sans aucunement se mesler de marchandise. Toutesfois ceulx qui veulent passer le grand desert qui tire vers Septentrion, sont contrainctz faire leurs preparatifz en ceste ville d’Ezine : car ce desert dure bien quarante journées au paravant qu’il soit passé. Et ne se trouve en icelluy aucune herbe verde ne habitation, sinon en quelques coustaulx & vallées, ou bien peu de gens se retirent en temps d’esté, & en quelques endroitz on trouve des bestes saulvaiges : mesmement des asnes saulvaiges qu’on y voyt à grands trouppeaulx. Toutes lesquelles villes & provinces sont & dependent de la grande province de Tanguth.