Voyage de Marco Polo, Texte établi par Eugène MüllerDelagrave (p. 291-292).
XXXIII
Du royaume d’Éli.


En sortant de la province de Comar et allant vers l’occident, on trouve à trois cents milles le royaume d’Eli, qui a son roi particulier et une langue particulière. Les habitants sont idolâtres. Le roi est très riche et possède de grands trésors ; mais il n’a pas un grand peuple, quoique le pays soit fortifié par nature. Il y croit une grande quantité de poivre, de gingembre et d’autres aromates. Si quelque navire chargé est obligé de relâcher dans cette province, par tempête ou par nécessité, les habitants s’emparent de tout ce qu’il y a dans le vaisseau et disent aux commandants : « Vous aviez résolu d’aller ailleurs avec vos marchandises, mais notre dieu et la fortune vous ont adressés ici : c’est pourquoi nous profitons de ce qu’ils nous envoient. »