Le Dernier Jour d’un Condamné
Le Dernier Jour d’un condamné, Texte établi par Gustave SimonImprimerie Nationale ; OllendorffRoman, tome I (p. 669).


XXIV


Ce vieux scélérat, il m’a pris ma redingote, car je ne la lui ai pas donnée, et puis il m’a laissé cette guenille, sa veste infâme. De qui vais-je avoir l’air ?

Je ne lui ai pas laissé prendre ma redingote par insouciance ou par charité. Non ; mais parce qu’il était plus fort que moi. Si j’avais refusé, il m’aurait battu avec ses gros poings.

Ah bien oui, charité ! j’étais plein de mauvais sentiments. J’aurais voulu pouvoir l’étrangler de mes mains, le vieux voleur ! pouvoir le piler sous mes pieds !

Je me sens le cœur plein de rage et d’amertume. Je crois que la poche au fiel a crevé. La mort rend méchant.