Despret frères (p. 36-37).

Le soleil, fatigué de luire sur le monde,
S’abaisse lentement sous la vague profonde.
À mes yeux apparaît une antique cité,
Où jadis habita l’aimable liberté ;
C’est la mère des arts, c’est la célèbre Athènes.
J’aperçois la tribune où tonnait Démosthènes
Quand au peuple il peignait la noirceur des tyrans ;
Elle a su résister à l’outrage des ans ;
Elle est là, sous la mousse et la ronce sauvage.
C’est ici que trônait un fier aréopage ;
De Saint-Paul c’est ici que l’éloquente voix,
Au milieu des païens retentit autrefois,
Quand à l’aspect des dieux que créa Praxitèle,

Il disait du Très-Haut la puissance immortelle.
Quel est ce monument ? c’est le vieux Parthénon,
Qui du grand Périclès éternise le nom ;
J’admire la splendeur de ce temple sublime
Où le marbre éclatant parle au cœur et s’anime.
S’étendent devant moi les champs de Marathon ;
Se lève au bord des mers le rocher d’où Platon,
À l’aspect d’un ciel pur, peignait en traits de flamme
La laideur du néant et la beauté de l’âme.
Voilà les défilés où de Léonidas
Sont morts en combattant les valeureux soldats,
Pour sauver leur pays d’une chaîne cruelle.
Que l’Hellénie, alors, était puissante et belle !
L’univers admirait sa gloire et sa grandeur ;
Mais que lui reste-t-il d’une antique splendeur ?
Mais que lui reste-t-il de tant de renommée ?
Ah ! tout s’est dissipé comme un peu de fumée.

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