Traduction de Claude-Étienne Savary.
LE CORAN,

traduit de l’arabe, accompagné de notes, précédé d’un abrégé de la vie de Mahomet, tiré des écrivains orientaux les plus estimés.

Seconde partie.
Réédition de 1821 (première édition en 1782).

Publié à Paris et Amsterdam par G. Dufour, Libraire.
◄  Chapitre CIV Sourate 105 Chapitre CVI  ►


CHAPITRE CV.
L’Éléphant.

donné à La Mecque, composé de 5 versets.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Ignores-tu comment Dieu traita les conducteurs des éléphans[1] ?

2Ne tourna-t-il pas leur perfidie à leur ruine ?

3Il envoya des troupes d’oiseaux voltigeans sur leurs têtes ;

4Ils lançaient sur eux des pierres gracées par la vengeance céleste.

5Les perfides furent réduits comme la feuille de la moisson coupée.


  1. Le fait dont il est parlé dans ce chapitre est décrit ainsi par Gelaleddin.

    Abraha, roi de l’Arabie Heureuse et de l’Éthiopie, ayant bâti un temple à Sannaa, mit tout en usage pour y attrirer les pèlerins de la Mecque. Ce fut inutilement. Un des habitans de Canana porta si loin le mépris pour le nouveau temple qu’il y fit des ordures. Abraha jura de s’en venger, en renversant celui de la Mecque. Il marcha vers cette ville à la tête d’une armée. Une partie de ses soldats étaient montés sur des éléphans. Lui-même en montait un nommé Mahmoud. Lorsqu’il était sur le point de détruire la maison sainte, Dieu envoya des troupes d’oiseaux armés de pierres où étaient écrits les noms de ceux qu’elles devaient frapper. Ces pierres miraculeuses lancées sur les coupables brûlèrent les casques, les hommes, et les éléphans. Toute l’armée fut détruite. Ce miracle arriva l’année de naissance de Mahomet.

    Un nuage de sable brûlant, tel que le vent de sud-est en élève dans l’Arabie et l’Afrique, aura pu faire périr une partie de l’armée d’Abraha, et l’effet d’une cause naturelle aura passé pour un prodige.