Le Chercheur de trésors

Traduction par Gérard de Nerval.
Garnier frères (p. 324-325).


LE CHERCHEUR DE TRÉSORS


Pauvre d’argent, malade de cœur, je traîne ici des jours bien longs ; la misère est le plus grand des maux, la richesse le premier des biens ! Il faut que je mette fin à mes peines, que je découvre un trésor… dussé-je pour cela sacrifier mon âme et signer ma perte avec mon sang !

Et je me mis à tracer des cercles et des cercles encore : une flamme magique les parcourut bientôt ; alors, je mêlai ensemble des herbes et des ossements, et le mystère fut accompli. Je creusai la terre à la place indiquée par les flammes, sûr d’y rencontrer un vieux trésor… La nuit autour de moi était noire et orageuse.

Et je vis une lumière de loin ; c’était comme une étoile qui s’avançait du bout de l’horizon : minuit sonna, elle se rapprocha de plus en plus, et je distinguai bientôt que cette clarté éblouissante était produite par une coupe enchantée que portait un bel enfant.

Des yeux d’une douceur infinie étincelaient sous sa couronne de fleurs ; il entra dans mon cercle magique, tout resplendissant de l’éclat du vase divin qu’il portait, et m’invita gracieusement à y boire, et je me dis : « Cet enfant, avec sa boisson merveilleuse, ne peut être l’esprit malin.

— Bois, me dit-il, bois le désir d’une vie plus pure, et tu comprendras mes avis : ne reviens plus en ces lieux, tourmenté d’une fatale avidité, n’y creuse plus la terre dans une espérance coupable ; travaille le jour, réjouis-toi le soir ; passe les semaines dans l’activité, les fêtes dans la joie, et des changements magiques s’opéreront dans ton existence. »