Le Chemin des ombres heureuses/Isménias
Édition du Mercure de France, (p. 21-22).
ISMÉNIAS
Ô Dieux, l’épigramme funèbre
que je veux gravée sur ma pierre
ne sera point une prière.
Qui prétendrait sans rire que là-haut,
dans l’Olympe riant, il y a des échos
répercutant les bruits de notre humain troupeau ?
Comment choisiriez-vous entre les vœux contraires
adressés à la fois par deux mortels sincères ?
et seriez-vous sereins devant notre misère ?
Quel serait mon blasphème et l’injure
en vous reconnaissant pitoyables et justes !
Plus d’un qui me valait n’a pas eu ma fortune.
Vous n’avez pas déchu de votre majesté ;
pour votre éloignement je vous ai révérés,
et ces mots que j’écris vous les ignorerez.