Séance du 17 mars 1921.
D. Mirimanoff. — La transformation de Lorentz-Einstein et le temps universel de M. Ed. Guillaume.
Dans une série de communications et d’articles, M. Ed.Guillaume a cherché à introduire dans la théorie de la relativité une représentation monoparamétrique du temps. Il a réussi à donner de ce problème une solution intéressante dans le cas où le nombre des systèmes de référence est égal à deux. Cette solution comporte, comme on sait, une interprétation géométrique simple.
Je me propose d’en donner une interprétation nouvelle. Je ferai voir que le paramètre de M. Guillaume ne diffère que par un facteur constant du temps d’un système particulier d’Einstein que j’appelle système médian[1]. À chaque couple de systèmes de référence correspond un système médian et un paramètre de M. Guillaume. On se rend mieux compte alors pourquoi le procédé de M. Guillaume n’aboutit plus lorsque le nombre des systèmes de référence est supérieur à deux. En effet, pour le nombre des systèmes médians et par conséquent celui des paramètres est supérieur à un et ces paramètres sont en général distincts.
1. Système médian. Soient et deux systèmes de référence d’Einstein animés l’un par rapport à l’autre d’un mouvement de translation uniforme le long des axes . Je suppose que la transformation de Lorentz-Einstein soit applicable à ces systèmes et que par conséquent les coordonnées et les temps soient liés par les relations
(1)
où , , étant la vitesse de par rapport à .
Envisageons maintenant un 3me système S parallèle à et et animé également d’un mouvement de translation le long de . Soit sa vitesse par rapport à . La transformation de Lorentz s’applique encore et l’on a
(2)
où et sont l’abscisse et le temps correspondants dans , , etc.
Supposons que la vitesse de par rapport à soit aussi égale à . Je dirai que le système est le système médian correspondant. Comment s’expriment en fonction de ? Pour le trouver il suffit d’exprimer en fonctions des paramètres (form. (2)) et ces derniers en fonction de et identifier les formules finales avec (1), ce qui donne
(3)
2. Contraction. Envisageons deux points et . Soient ; leurs coordonnées dans , et au même moment (temps d’Einstein du système médian). En vertu de (2)
Donc
(4)
Il n’y a donc pas de contraction, pourvu que et soient envisagés au même moment .
La réciproque est vraie, en d’autres termes : Si la contraction n’a pas lieu en adoptant le temps d’un système d’Einstein, ce système est le système médian.
3.
Autre relation. Soit
un point d’abscisses
et
dans
et
. On a, en remplaçant dans la
1re formule (1) le paramètre
par son expression en fonction de
et
(5)
en vertu de (3).
4. L’heure universelle de M. Guillaume. Soit une fonction quelconque de . Comme est const., est constant. Supposons et posons . Si au lieu du temps d’Einstein , on adopte le temps , la simultanéité n’est pas troublée. L’égalité (4) reste vraie, donc pas de contraction, l’égalité (5) s’écrit . Supposons en particulier que , d’où . L’équation (5) s’écrit
(6)
Multiplions la 2me équation du second groupe (2) par , il vient, en vertu de (3),
On tombe, comme on voit, sur l’équation qui définit le temps universel de M. Guillaume[2]. Par conséquent le temps défini par est bien le paramètre de M. Guillaume. Il ne diffère du temps du système médian que par le facteur constant .
5. Cas de trois systèmes. Envisageons trois systèmes parallèles animés d’un mouvement de translation uniforme parallèlement aux axes des . Soient les vitesse relatives de par rapport à , de par rapport à , de par rapport à et les paramètres de M. Guillaume. On aura alors en vertu de (6).
par exemple l’abscisse de est donnée par , celle de par . Les paramètres ne doivent pas être confondus entre eux.