PhilomélaJ. Hetzel, libraire-éditeur (p. 153-154).

LA RUINE



Mon âme était pareille aux ruines antiques,
Débris désespérés des monuments déchus,
Le lierre y cramponnait ses mille dofgts crochus,
Et des chœurs de serpents sifflaient sous les portiques.


On voyait s’accroupir dans les ravins branchus
La sorcière attentive à d’infâmes pratiques,
Et des démons, pareils à des épileptiques,
Crevassaient la muraille avec leurs pieds fourchus.

Mais l’œil de ma maîtresse a lui dans ce dédale ;
Elle a soigneusement défriché les moellons,
Tué chaque serpent, nettoyé chaque dalle.

Et maintenant, fermée au choc des aquilons,
Mon âme est une grande église synodale
Où j’adore sans fin ma sainte aux cheveux longs.