La restitution de Pluton

Hervé du Mesnil (p. Couverture-Privilege du Roy).

LA
RESTITVTION
DE PLVTON.
A MONSEIGNEVR
L’EMINENTISSIME
CARDINAL DVC
DE RICHELIEV.

Des Mines & Minieres de France, cachées & detenues juſques à preſent au ventre de la terre, par le moyen deſquelles les Finances de ſa Majeſté ſeront beaucoup plus grandes que celles de tous les Princes Chreſtiens, & ſes ſujets plus heureux de tous les Peuples.

Ensemble la raiſon pourquoy leſdites Mines & Minieres ont eſté iuſques à preſent preſque inutiles & ſans profit à la Souveraineté & Maieſté Royale.

Par Martine de Bertereav, Dame & Barone de Beauſoleil, & d’Auffembach.

A PARIS,
Chez Hervé dv Mesnil, ruë S. Iacques, à la Samaritaine.

M. D C. X X X X.
AUEC PRIVILEGE DV ROI.

Semblablement du dixieſme deub au Roy, & ſurquoy il ſe doit prendre, ſelon les Ordonnances, Arreſts, & Reglemens des Chambres des Mines de tous les Princes Chreſtiens.

Auec la refutation de ceux qui croient que les Mines & choſes ſouſterraines, ne ſe peuuent trouuer ſans Magie, & ſans l’ayde des Demons.

Auſſi ſous quelles faces du Ciel ſe doiuent compoſer les inſtrumens & les verges pour trouuer les Metaux & les fontaines.

Et comme par une vraye Methode on peut trouuer les eaux minerales, & les vertus qu'elles apportent en paſſant par la diuerſité des veines des Metaux & Mineraux.

ÉPISTRE LIMINAIRE
À MONSEIGNEVR
L’ÉMINENTISSIME
CARDINAL DVC
DE
RICHELIEV.



MONSEIGNEVR
,

On a de couſtume de nous figurer l’Europe, auec la Couronne ſur la teſte, comme eſtant la Royne des autres parties du monde, par-ce qu’à la verité, elle contient dans ſes bornes un grand nombre de Royaumes & de Monarchies puiſſantes en grandeur, en loix, ſciences, armes, biens, richeſſes, & hommes, bons ouuriers en toutes ſortes d’arts, & dont les Monarques excellent autant en Religion & pieté qu’en puiſſance, ceux des autres contrées.

Mais ſi l’on vouloit figurer dignement la France, il l’a faudroit couronner comme la Reine des autres parties de l’Europe : Car il faut aduoüer, qu’entre les faueurs particulieres qu’elle a receuës du Ciel, en ce qu’elle eſt fertile en bleds, vins, fruicts, & autres choſes neceſſaires pour l’entretien de la vie humaine : C’eſt qu’elle eſt encores doüée de nobles qualitez en ſes hommes, qui ſurpaſſent les Alemans en conduites de Caualerie, les Suedois, & Danois en commerce, les Hollandois & Flamens en police. Les Anglois en Politeſſe & Ciuilité, les Eſpagnols en douceur & debonnaireté, bref tous les Europeans en bonnes mœurs, franchiſe d’humeur & naïfueté : Ce qui les rend non ſeulement eſtimables entre les autres Nations : Mais außi la Nature parlant en eux, ſemble tacitement dire par ces marques, qu’ils ſont nais pour commander à tout le monde, & regenter l’Vniuers.

En un ſeul point (MONSEIGNEVR) on a deu croire que le Royaume eſtoit deuancé par les autres, c’eſt à ſçavoir en celuy-cy, que manquant de moyens pour faire valoir les vertus dont ſes ſubjects ſont doüez, ils ſe ſont veus contraints de faire la Cour, tant à leurs voiſins, qu’aux plus eſloignez, pour tirer d’eux le nerf de la guerre, & l’ame du commerce, ſçauoir l’or & l’argent qui luy deffailloient, pour ſe faire redouter à ceux qui deuoient eſtre ſes tributaires. Mais aujourd’huy, Dieu vous ouure les yeux, & apprend à voſtre Éminence tres-auguſte, par moy qui ne ſuis qu’une femme, de laquelle il a, peut-eſtre, pleu à la diuine Bonté ſe ſeruir, aux fins de donner aduis des threſors & richeſſes enfermées dans les mines & minieres de France, comme il voulut autrefois ſe ſeruir de Ieannes d’Arques pour repouſſer les Anglois hors l’heritage, que ſes Ayeuls avoient laißé a ſa Majeſté.

Or ie ſupplie tres-humblement voſtre Éminence (Monſeigneur) ne point douter de l’aduis que ie luy donne ; ſur ce qu’aucuns la pourroient detourner, diſans : que juſques à preſent les mines n’ayant eſté deſcouuertes, il n’eſt pas croyable qu’il y en ait en ce Royaume, ou que s’il s’en trouue en ce Royaume quelques-vnes, elle ne peuuent apporter grand profit à la Couronne : Car outre ce que ie peux reſpondre, que comme on iuge du lyon par l’ongle, qu’ainſi à l’ouurage on cognoiſtra l’ouurier. Car ſi on faict l’honneur au ſieur du Chaſtelet mon mary, & à moy de nous employer, travaillans à nos propres frais, afin que perſonne ne ſoit trompé : C’eſt que le Ciel augmentant de iour à autre les trophées de ſa Majeſté par la ſage conduite de vostre Éminence : I’eſtime außi qu’il veut augmenter ſes finances, pour le rendre le plus redouté Monarque de la terre : Ie tire ceſte conſequence d’vn ſolide fondement, ſçauoir de la pieté Religieuſe, qui eſclate en ſa Majeſté, & au trauers du pourpre de voſtre Éminente grandeur, cultiuée par les vertus, & ſur tout par la crainte de Dieu, premier motif de la gloire, & des richeſſes dans la maiſon de l’homme de bien. La gloire accompagne deſia en tout ſa Majeſté, & voſtre Éminence. Et tout le monde aduoüe qu’elle doit eſtre enuironnée de lauriers & de palmes, puis qu’elle a genereuſement triomphé par vos diuins conſeils, & de ſes ennemis, & des rebelles tant dehors que dedans le Royaume.

Il ne me reſte donc plus que les richeſſes qui ſe preſentent, pour rendre la France heureuſe de tout point : La iouyſſance desquelles ne depend que d’vn ſimple commandement de ſa Majesté & de voſtre Éminence pour y trauailler, & d’vne authorité & pouuoir du Conſeil pour l’execution de ce que deſſus, dont on verra ſortir l’effect de mes promeſſes, au bien de l’Estat, & du ſoulagement du peuple.

Que s’il luy plaiſt, & à vous (MONSEIGNEVR) agréer ceſt offre, & me preſter la main, on cognoiſtra que les hommes apprennent tous les iours, & que les ſecrets de Nature ſe manifeſtent lentement & en leur ſaiſon. Et les François auront occaſion de remercier le Tout-Puiſſant, de leur auoir donné vn Prince plus heureux qu’Auguſte, & meilleur que Trajan, & aßiſté de la ſage & eſmerueillable prouidence de vostre Éminence, comme le ſeul Neſtor de noſtre ſiecle, durant le regne duquel le Ciel plus fauorable aura faict renaistre le ſiecle d’or. Ce ſera alors qu’à plus iuste tiltre i’auray merité d’eſtre qualifiée,


MONSEIGNEVR,


Voſtre tres-humble & obeïſſante ſeruante
Martine de Bertereau.
À MONSEIGNEVR
L’ÉMINENTISSIME
CARDINAL DVC DE
RICHELIEV.


SONNET.



ESprit prodigieux, Chef-d’œuure de Nature,
Élixir eſpuré de tous les grands Eſprits,
Puis que vous conduiſez noſtre bonne auenture,
Arreſtez un peu l’œil sur ces diuins Eſcrits.

Ces Eſcrits sont deſſeins, pour une Architecture,
Dont la ſaincte Beauté vous rendra tout eſpris,
Le Soleil & les Cieux conduiſent la ſtructure,
Et vous, vous conduirez cet ouurage entrepris.

La France & les François vous demandent les mines,

L’or, l’argent, & l’azur, l’aymant, les calamines,
Sont des Threſors cachez de par l’eſprit de Dieu.

Si vous authoriſez ce que l’on vous propoſe,
Vous verrez (Monseignevr) que ſans Metamorphoſe,
La France deuiendra bien-toſt vn Riche lieu.


De Bertereau.

LA
RESTITVTION
DE PLVTON.
A MONSEIGNEVR
l’Eminentißime Cardinal,
Dvc de Riche-liev.

Œuure auquel il eſt amplement traité des Mines, & minieres de France, cachées, & detenuës iuſqu’à preſent au ventre de la terre par le moyen deſquelles les Finances de ſa Majeſté ſerõt beaucoup plus grãdes, que celles de tous les Princes Chreſtiẽs, & ſes ſujets plus heureux de tous les Peuples.


IL n’importe pas de qui l’on ſoit conſeillé, pourueu que le conſeil ſoit bon. On en doit premierement faire l’eſpreuue, puis apres l’eſtimer, ſelon ce qu’il eſt trouué fructueux & profitable. Les Romains jadis rendirent de grands honneurs à des Oyes, comme s’il y euſt eu quelque choſe de diuin en ces Animaux ; d’autant que par leur cry, elles donnerent aduis de la priſe du Capitole, par les ennemis. Comme auſſi les Anciens Payens mettoient au nombre des Dieux ceux qui par art & induſtrie auoient deſcouvert quelque choſe, auparauant incogneüe aux Eſtats & Republiques ; quoy qu’ils fuſſent ſimplement hommes mortels comme les autres, l’Apotheoſe eſtoit leur recompenſe, & les acclamations populaires, le ſalaire de leurs inſtructions. L’Harpocrate placé en proſpectiue ſur les portes des Temples, qui leur eſtoient conſacrez, ayant le doigt ſur ſa bouche, n’eſtoit là en ceſte poſture, que pour deffendre de reueler le ſecret aux ſiecles aduenir, quoy que ceux (cõme i’ay deſia dict) auſquels on defferoit ces honneurs diuins, n’euſſent eſté que des hommes mortels.

Ie n’attens autre choſe que de la mocquerie de pluſieurs de ceux qui liront cet eſcrit, & peut-eſtre du blâme, quand ils verront qu’vne femme entreprend de donner des aduis à vn grand Roy, le miracle des Roys, & à ſon Conſeil, le Premier, & le plus Iudicieux du monde. Mais ſi des rieurs, & critiques Cenſeurs veulent prendre la peine de feuilleter l’Hiſtoire Sacrée, ils y liront qu’vne ieune fille eſtrangere conſeilla de Prince de Syrie Naaman de s’en aller vers le Prophete de la Paleſtine, lequel l’inſtruiroit des moyens qui ſeroient propres à guerir ſa Lépre. Il l’a creut, & ſ’en trouua bien. Auſſi ſi ie ſuis creuë à mon rapport, la repentance ne ſuyura point la creance, ains on verra par les effects, que mon deſſein eſt ſemblable à celuy de la ſeruante du Prince de Syrie, aſſçauoir de guerir de la pauvreté, ce grand & floriſſant Royaume, pauurete, di-je, que l’on a accouſtumé de nommer par raillerie, vne eſpece de ladrerie.

Mais quoy dira quelque autre, Qu’vne femme entreprenne de creuſer & percer les montagnes : Cela eſt trop hardy, & ſurpaſſe les forces, & l’induſtrie de ce ſexe, & peut eſtre, qu’il y a plus de iactance, & de vanité en telles promeſſes (vices dont les perſonnes volages ſont ordinairement remarquees) que d’apparence de verité. Ie renuoye cet incredule, & tous ceux qui ſe muniront de tels & ſemblables arguments, aux hiſtoires prophanes, où ils trouueront qu’il y euſt autrefois des femmes non ſeulement belliqueuſes & habiles aux armes, mais encore doctes aux arts, & ſciences ſpeculatiues, profeſſées tant Les fẽmmes peuuẽt eſtre belliqueuſes & doctes. par les Grecques, que par les Romaines. Penthaſilée auec ſes Amazones ſeront pour exemple. Nicoſtrata, & Aſpaſie, premierement maiſtreſſe, puis eſpouſe de ce valeureux Capitaine Pericles, Themiſtoclea ſœur du Philoſophe Pytagore, des opinions de laquelle il ſe ſert en pluſieurs lieux de ſes Eſcrits, Fabiola, Marcella, Euſtochium, auec leſquelles Sainct Hiroſme a eu conference, & vn nombre infiny d’autres authoriſeront ce que ie ſoûtiens.

Et bien que la cognoiſſance des Mines, comme choſe occulte, ſoit d’autant plus difficile à acquerir que moins elle eſt apparente ; ſi eſt-ce toutesfois qu’apres auoir vacqué trente ans, auec vn laborieux exercice à la parfaicte recherche de ceſt Art, eſtant moy meſme deſcendue dans les puits & cauernes des mines, (quoy qu’effroyables en profondeur) comme celles d’or & d’argent du Potozi, au Royaume du Peru, Mines des Indesdont les carrieres ſont appellées par les Eſpagnols, La Eſperança de la muerte, Deſpanto & de la fe &c. dans celles de Neuſoln, Cremitz, & Mines d’Hongrie.Schemnitz, au Royaume de Hongrie appellées par les Hongrois, & Allemans, Biberſtolen, Falkenſtain Duln, Kinnerfrbſtohn, Katſtaben, Lindenſtoln, Lingonſtobi, Obertagſtolen, Windiſchlenten, Vnder, Erbſtoln, Kottigſtolmcanderſtolus, Haſtang, &c. qui ont quatre & cinq cents toiſes de profondeur & au dedans, c’eſt à dire dans le fonds, & ſoubs la terre deux & trois lieuës de canaux, routtes, ou chemins, auec mille ou douze cents carrieres, chambres, ou cauernes, ou les ouuriers trauaillent depuis vn ſiecle d’années, où bien ſouuent ſe rencontrent de petits Nains, de la Nains, ou eſprits ſous-terrins. hauteur de trois ou quatre paulmes, vieux, & veſtus comme ceux qui trauaillent aux mines, aſſauoir d’vn viel robon, & d’vn tablier de cuir, qui leur pend au fort du corps, d’vn habit blanc auec vn capuchon, vne lampe, & vn baſton à la main, Spectres eſpouuentables à ceux que l’experience dans la deſcente des mines n’a pas encores aſſeurez : M’eſtant auſſi trouuée aux officines des fontes, aux ſeparations du groſſier d’auec le pur, & en ayant veu faire les eſpreuues, & les ayant faictes moy-meſme par longues années. Il faudroit eſtre vne ſouche, pour n’auoir vne experience certaine, en ce que, i’ay ſi long-temps practiqué, & tourné en habitude.

Ie ne ſuis pas venuë en France pour y faire mon apprentiſſage, ou contrainte par la neceſſité ; Mais eſtant paruenuë à la perfection de mon art, & deſirée par le feu Roy Henry le Grand, d’heureuſe memoire, & mandée, & ſolicitée de ſa part par le feu ſieur de Beringhen : nous y ſommes arriuez mon mary & moy, pour y faire voir ce que iamais on n’y a veu ; ayans au prealable pris licence, permiſſion, paſſeport & congé, de la ſacrée Maieſté, de laquelle il eſtoit Conſeiller, & Commiſſaire General des trois Chambres des mines d’Hongrie, y laiſſant Hercules du Chaſtelet vn de nos enfans en ſa place & exercice de ſa charge, & auons bien voulu obliger les François en cela, & monſtrer aux eſtrangers, que la France n’eſt pas deſpourueuë de mines & minieres, non plus que les Indes Orientales, & Occidentales, deſquelles le Roy d’Eſpagne tire vn grand proffit.

Les deſcouuertes en ſont faictes, & à ce deſſein auons employé, & voyagé neuf années entieres, auec vn nombre d’ouuriers, & mineurs Hongrois, & Allemans, par toutes les Montagnes de ce Royaume, & ce à nos propres frais & deſpens. Et apres auoir veu & conſideré les lieux où ſont les meilleures mines, de plus grand rapport, & plus faciles à ouurir, nous en auons apporté les eſpreuues à ſa Maieſté, & à nos Seigneurs de ſon Conſeil ; de ſorte qu’il ne reſte plus que de commencer les ouuertures & mettre l’ordre requis à telles entrepriſes. Ce qui ſe fera ſi toſt qu’il plaira au Roy, & à voſtre Eminence, Monſeigneur, nous donner la iouïſſance, des articles qui ont eſté accordez au Conſeil, dés l’année mil ſix cents trente quatre, & qui ſont encores entre les mains de Monſieur de Bretonvilliers Secretaire du Conſeil (au rapport de Monſieur d’Emery) & de commencer l’eſtabliſſement de cet ordre des mines treſ-vtile en toutes leurs parties tant au Roy, & à voſtre Eminence qu’à toute la France.

On pourra voir dans la declaration que i’ay miſe au jour auant celuy-cy, dez l’an mil ſix cents trente-deux, les veritables cauſes, pour leſquelles iuſques à preſent les grandes richeſſes qui ſont en France, ont eſté incognuës, & dirons ſeulement que les officiers des Mines de France, & qui en tirent les gages & les emolumens, ont trop d’offices, ce qui faict que leur eſprit eſt diuerti en trop de lieux & ne ſe tiennent point ſubjects à ce deuoir, ny dans les lieux ou ſont les mines, pour y trauailler continuellement, auec tous les autres Officiers, Mineurs, Fondeurs, Chaſſues, Eſſayeurs, & autres : car ſi cet ordre eſtoit en France, on recognoiſtroit promptement les graces & benedictions que le Cinq Regles qu’il faut ſçauoir pour cognoiſtre les mines, les metaux, les eaux & fõtaines. Createur a donné à ce Royaume. Et ſans eſtendre ce diſcours plus auant, ie diray qu’il y a cinq Regles methodiques, qu’il faut ſçauoir pour cognoiſtre les lieux où croiſſent les Metaux.

La premiere par l’ouverture de la terre, qui eſt la plus ſenſible & la moindre.

La ſeconde par les herbes & plantes qui croiſſent deſſus.

La troiſieſme par le gouſt des eaux qui en ſortent, ou que l’on trouue dans les Euripes de la terre.

La quatrieſme par les vapeurs qui s’efleuent autour des Montagnes, & Valées à l’heure du Soleil leuant.

La cinquieſme & derniere par le moyen de ſeize inſtrumens metalliques, & hydrauliques, qui s’appliquent deſſus : Or outre ces cinq Regles, & ſeize inſtruments, Il y a encores ſept verges Metalliques dont la cognoiſſance & pratique eſt tres neceſſaire, deſquelles nos Anciens ſe ſont ſeruis pour deſcouurir de la ſuperficie de la terre les Metaux, qui ſont dedans & en leur profondeur, & ſi les mines ſont pauures ou riches en metail. Comme auſſi pour deſcouurir la ſource des eaux auant que d’ouurir la terre, ſi elles ſont abondantes, & ſi le lieu de leur penchant eſt propre pour faire tourner les Moulins, & les rouës, joüer les ſoufflets, lauer les mines, & autres manufactures neceſſaires aux Officiers des Mines ; affin qu’à moindres fraits, moins de labeur, & de temps, on puiſſe mener à bonne fin ſon entrepriſe.

Ces verges ſont appellées & nommées dans les mines de Trente, & de Tyrol, où la langue Italiane eſt vulgaire & en vſage. Verga lucente, Verga cadente, ò focoſa, Verga ſalente, ò ſaltente, Verga batente, ò forcilla, Verga trepidante, ò tremente, Verga cadente, ò inferiore, Verga obuia, ò ſuperiore.

On remarque auſſi, que les lieux principaux, où ſe trouuent les mines de ce Royaume, ne ſont pas beaucoup fertils, d’autant que la terre qui s’occupe à nourrir les metaux, & les mineraux a moins de ſuc delicat à nourrir les bonnes plantes, & ſemble que Iob, grand Iob.c.28. Philoſophe, a voulu aſſeurer que tels endroits eſtoient naturellement ſteriles, diſant que les oyſeaux ne s’y arreſtent pas, comme recognoiſſans par vn inſtinct naturel, qu’il n’y croiſt point de grain pour leur nourriture. Semitam ignorauit auis, nec intuitus eſt eam oculus eius.

Auſſi ces mineraux croiſſent ordinairement dans le ventre des plus hautes montagnes, comme les Pyrenées, celles du Dauphiné, d’Auuergne, Viuarets, Prouence & autres ſemblables. Souuentesfois auſſi il s’en trouue dans les plaines campagnes : & peut-eſtre que le Poëte ne penſoit pas ſi bien rencontrer quand il dict,

Parturient montes.

Les Montagnes enfanteront

Les Hebreux en leur langue auſſi ſaincte que pleine de myſteres les nomment חךֵק harain, ceſt à dire enceintes, ou propres à enfanter.

Au ſurplus, il n’y a Prouince dans le Royaume, où il n’y ait des Mines de metaux, & ſemimineraux. Les Montagnes des Pyrenées, de la Comté de Foix, du Dauphiné, d’Auuergne, de Barn, du Languedoc, de Gaſcongne, du Lyonnois, Beaujoulois & Foreſts, de Poitou, de Lymoſin, de Borbonnois, de la Prouence, du Niuernois, de Velay en ſont pleines, & la Bretagne auſſi, (où i’ay eſté trauerſée en l’execution de ma commiſſion, par la Touche-Grippé, vn des plu méchans hommes & le plus grand ennemy du bien public que la Terre porte, cecy ſoit dict en paſſant ; affin que tout le monde le recognoiſſe pour tel,) Dans toutes leſquelles Prouinces nous auons trouué tous les Metaux & Mineraux que le Roy pourroit ſouhaiter pour le bien de ſes ſubjects, & en outre nous auons trouué des eaux minerales, pour la gueriſon des plus rebelles maladies.

Aſſauoir.

Aux Monts Pyrenées proche de Sainct Beat, vne bonne Mine qui a quantité d’Or.

A la montagne de Sault, encores vne Mine d’Or.

A vne lieuë de Lorde, vne bonne Mine d’argent.

A demy-lieuë de ſainct Bertrand, vne grande Mine de Criſtal, & deux de Cuivre, qui tiennent quantité d’argent.

Dans le Comté de Foix au lieu de Riuiere vne mine d’or.

A la montagne de Montrouſtaud, vne mine d’argent, & dans la meſme montagne, vne mine de Cuiure qui tient d’argent.

A la montagne de Cardazet, vne mine d’argent.

Au lieu appellé les minieres de l’Aſpic, vne mine de Plomb, contenant quelque portion d’argent.

Proche le village appellé Pech, & Chaſteau Verdun, trois mines vne de Plomb, vne de Cuivre, & l’autre de Fer.

Au lieu appellé d’Alſen, vne mine d’argent,

Au lieu de Signier, vingt & deux mines de Fer.

Au lieu des Cabanes, trois mines d’Argent, trois de Fer, & vne de Chriſtal, bon pour faire toutes ſortes d’ouurages & de vaſes.

Au lieu de Lourdat, vne mine d’or, & vne mine d’Argent, à demie lieuë dudit Lourdat.

Au lieu appellé Deſaſtie, vne mine d’Argent.

Au lieu de Couſou, vne mine d’Argent qui tient d’or.

En Languedoc, cinq mines de Iayet, au lieu appellé la Baſtide Delpeyrat, auſquelles mines, trois voire quatre cents hommes trauaillent tous les jours.

Au meſme terroir, vne mine de Vitriol.

Proche de Tournon, ſix mines d’Arquifou, ou Vernix qui tient Plomb, & Argent.

Dans la Comté d’Ales, ſix mines de Fer, & quatre de Charbon.

Dans le Marquiſat de Portes, trois mines de Fer, & 2. de Charbõ.

Au lieu de Malbois, vne mine d’Antimoine, & vne de Zain.

Au lieu du Bouſque, proche du Roſne, vne carriere de pierres à feu d’vne tres-belle couleur d’or.

Proche la Vaouſte, vne mine de Vernix, autrement Arquifou, qui tient de Plomb, & d’Argent.

A Lodeue, vne mine de Cuivre, qui tient d’Argent, vne de Chriſtal, & de Souffre.

Dans la Baronnie de Regues prés de Narbonne, vne mine d’or.

Au village de ſainct Iean, proche la ville des Vents, vne mine de Cuivre.

A vne lieuë du Vigan, vne mine de pierre d’Azur, & vne mine de Vert de terre, & cinq mines de Charbon.

Mines de Rouergue & Quercy.

Vne bonne mine de Cuivre au lieu de ſainct Felix de Sorgues.

Audit ſainct Felix au dioceſe de Vabres vne autre mine de Cuivre.

Vne mine d’argent proche la ville du Meux de Barres, dans la vallée de Combellon.

Vne mine de Cuivre au lieu de Torſſac.

Vne mine de Cuivre fort bon, proche la ville-neufue d’Agenois.

Au lieu de Najeat vne mine de Cuivre, & au deſſus vne mine d’Azur, ſoubz l’Egliſe parrochialle dudit Najeat.

Au lieu de Cremeaux huict mines de Charbons.

A Rodez, vne mine de Cuivre, proche le Chaſteau de Corbieres.

En Condonnois, vne mine d’or, dans la terre de Meſzin.

En Vellay & Geuaudam, vne mine de Saphirs blancs & bleus tres-bons.

Au terroir de ſainct Germain proche du Puy, à Eſpailly dans vn ruiſſeau appellé au langage du pays lou Riou Pegouliou, ſe trouue quantité de Grenats, Rubis, Hyacintes, Opalles tres bonnes & fines. Comme auſſi autour du Puy quantité de plaſtrieres de Hyp & de Tale, & quantité de pierres de meules de Moulin, comme auſſi au terroir de Blauaugy.

A Auſſonne vne mine de Iayet.

Proche le village D’o à la montagne d’Eſquierre vne mine d’argent.

Au lieu de Samatan trois mines de Turquoiſes.

Au lieu de Dizau quatre mines de Fer.

Proche la ville de Bigorre vne bonne mine de Plomb.

En Auuergne au lieu de Pegu vne bonne Mine d’Amatiſtes.

Sous le Chafteau d’Vſſon dans la vigne d’Anthoine du Vert, vne mine d’Azur.

A l’Abbaye de Menat des Marquaſſites, des pierres à feu, & vne mine de ſouffre.

Au village de Rouripces, prés de Pongibaut, & de la montagne du Puy, vne bonne mine d’Argent.

A Sinſ-andon, proche S. Aman vne mine de Cuiure.

Proche la ville de Brioude vne carriere de Marbre.

Proche de Langeat & de Brioude, vne mine d’Antimoine.

Le long de la riuiere de Langeat, quantité de pierres à meules pour aiguiſer les lancettes, raſoirs, ciſeaux, & autres inſtrumens.

Au lieu appellé Prunet, quatre mines d’ardoiſes groſſieres, appellées Ardoiſes de Matte, bonnes pour couurir les maiſons au lieu de tuiles.

Au lieu de Murat, pluſieurs carrieres de ſemblables Ardoiſes.

Mines de Prouence.

En Provence vne mine d’Argent au terroir du Luc, dioceſe de Frejus, & vne de Plomb à demie lieuë dudit Luc.

Vne mine d’Arquifou & Vernix à la montagne de Mondrieu.

Vne mine de Cuiure au terroir de Siſteron.

Vne autre mine de Cuiure au terroir de Verdaches, prés la ville de Digne, tenant d’or, & d’argent.

Vne mine de fer, au lieu de Barles.

Vne mine de plomb, au lieu de beau-Ieu.

Vne mine d’argent, au lieu de pierre-Fent.

Vne mine de plomb, au terroir de ſainct Trepet.

Vne autre mine de plomb ſous la montagne de Callas.

Vne mine de cuiure au terroir d’Yeres, contenant or & argent.

Vne mine de ſouffre rouge, & vne d’orpiment au terroir de la Molle.

Vne mine d’allum audit terroir de la Molle.

Vne mine de plomb proche la Chartreuſe, meſlée d’autres metaux.

Vne mine de Iayet au terroir de la Roque, comme auſſi vne de fer, & vne de cuiure.

Vne mine de vernix au terroir de Ramaticelle.

Vne mine de cuiure au terroir d’Aix.

Vne mine de vernix au terroir de Colombieres.

Vne mine d’or, & vne d’argent au terroir de Barjous.

Mines de Dauphiné.

En Dauphiné vne mine d’or à la montagne d’Auriau.

Des pierres & diamans ſemblables à ceux d’Alençon, proche la ville de Die.

Mine de Bourbonnois.

En Bourbonnois vne mine de plomb au village d’Vris[illisible].

Mines de Normandie.

En Normandie vne mine d’azur proche le Ponteau de mer.

Mines du Maine.

Au Maine vne mine de Cuiure en la foreſt du Talla dependant de la Ferté-Bernard, auec grande quantité d’Ardoiſes.

Mines de Foreſt.

En Foreſt, vne mine de vernix à ſainct Iulien.

Mines de Bretagne.

En Bretagne, vne mine d’Ametiſtes proche la ville de Lauion, comme auſſi vne mine d’Argent.

Mines de Picardie.

En Picardie vne mine d’Ambre jaune proche de Laon, & quantité de Tourbes.

I’ay trouué quantité d’autres mines tres-bonnes, deſquelles j’ay des eſchantillons, & des procés verbaux que mon mary en a fait, à la preſence des Iuges des lieux, & des Officiers de ſa Majeſté.

Voila, Monseignevr, des preuues certaines & irreuocables, pour monſtrer l’ignorance de ceux qui diſent qu’il n’y a point de mines en France : Et pour faire clairement voir, & toucher au doigt à toute la France, à voſtre Eminence, & à Noſſeigneurs du Conſeil de ſa Majeſté, la diligence que nous auons faicte pour la deſcouuerte des mines, les peines & labeurs que nous auons ſouffers, auec pluſieurs voleries & pertes de nos biens, & attentats ſur nos vies & perſonnes, que nous ferons voir à toute heure que nous en ſerons requis, par bonnes & valables informations, procés verbaux, & procedures faictes pardeuant les Iuges Royaux des Prouinces, où leſdites voleries & attentats ont eſté commis contre nous.

Mais pour retourner à noſtre diſcours, nul ne doit douter, qu’il n’y ait vn premier moteur & Createur de toutes choſes vniuerſelles, lequel par ſa puiſſance incomprehenſible a creé vn Eſprit vniuerſel à toutes les choſes Elementaires, afin que chacun produiſe ſon ſemblable, & c’eſt ce que pluſieurs ont appellé Ame vegetale, Esprit vniuerſel en toutes les choſes elementaires. animale, & minerale : Ce qui ſe peut prouuer iournellement dedans les Mines, où tous les metaux ont vn principe d’accroiſſement par vne liqueur vaporeuſe, qui ſort des matrices Metalliques, puis ſe forme comme huile gras, ou comme beurre, au bout duquel nous trouuons bien ſouuent l’or & l’argent fin : Et (choſe plus eſmerueillable à ceux qui n’ont la cognoiſſance de c’eſt Eſprit en chaque eſpece & indiuidu) C’eſt que ramaſſant ceſte humeur, ou liqueur huileuſe, qui eſt en petite quantité, & en faiſant proiection ſur le metal plus proche de ſa Preuue de la trãſmutation des metaux. nature, à force de feu le penetrera tellement qu’il le conuertira entierement & parfaitement en l’eſpece du metal, de la nature & matrice, d’où eſt ſorty cette humeur huilleuſe : Et ſi le ſecond eſt coagulé & fixé, il ſe reduira en poudre, qui parfaictement fera le ſemblable ; A ſçauoir s’il prouient de la matrice du plomb, il fera du plomb, ſi c’eſt du cuiure, du cuiure, de l’eſtain, de l’eſtain, de fer, du fer, de l’argent, de l’argent, de l’or, de l’or.

Ce qui me fait croire que le Prophete Eſdras liu. 4. 6. 8 Eſdras en a eu quelque cognoiſſance : car il a dit en ſon 4. liure chap. 8. que pour faire de l’or, il ne faut qu’vn petit de poudre. Et certainement nous recognoiſſons que tous les Metaux ſont homogenes, quoy qu’ils ſoient cachez dans l’Eterogeneite.

Bien eſt il vray, que ceſte premiere matiere metallique eſt tres-rare, & cogneuë de peu de gens, & le plus ſouuent meſpriſée des ouuriers des fodines, qui aiment mieux trouuer dans la largeur de la Veine quantité de bonne pierre qu’ils coupent auec le cizeau & le marteau, que de ramaſſer ce qui leur ſeroit inutile, & dequoy ils n’ont pas la cognoiſſance. C’eſt neantmoins choſe tres-aſſeurée que nos anciens Philoſophes en ont artiſtement composé ce grand Elixir Elixir des Anciens. ſi admirable, qui guerit toutes les maladies les plus incurrables, & purge les metaux de leur imperfection, & les porte au ſupréme degré où nature tendoit auec plus longues années.

Or la generation des metaux, & des mineraux, pour en parler en termes generaux, & ſelon que ie l’ay promis en ma veritable declaration de la deſcouuerte des mines de la France, il eſt certain qu’elle ſe fait par l’action des corps celeſtes & de la matiere d’exhalaiſõ chaude & ſeiche, enfermée dans les entrailles de la terre : auec telle difference toutesfois que la cauſe efficiente des pierres precieuſes & des metaux eſt vne, mais la materielle eſt diuerſe ; parce que quand l’exhalaiſon eſt fumeuſe & terreſtre, ne pouuant ouurir la terre pour ſe faire voye, elle s’épaiſſit & condenſe par la froideur d’icelle ; lors vne vapeur (dont il y a touſiours quantité dans les lieux ſouſterrains, à cauſe des eaux qui fluent inceſſamment) ſe meſlant à l’exalation par la contention & eſpeſſiſſement deuient boüe & fange, & ſe cuit ; Ainſi ceſte maſſe par la chaleur de ceſte exalaiſon chaude & ſeiche, s’eſpaiſſit, s’endurcit, & deuient pierre, & ſelon la diuerſité des veines de la terre, des conjonctions des aſtres ou planettes, & des differens aſpects du Soleil & des Eſtoiles, & encores des ſujets dont les exalaiſons & vapeurs ſont compoſées, les pierres ſont ou de prix, ou de nulle valeur, opaques ou tranſparantes, claires, ou diuerſement colorées.

Les metaux au contraire ſe font, & compoſent d’vne vapeur chaude & humide, & d’vn eſprit meſlé aux parties terreſtres auſquelles il s’vnit : car l’exalaiſon vaporeuſe par la longueur de temps eſt enceinte, affermie, & conſolidée par la froideur de la terre : Et ainſi s’engendrent les metaux fuſilles, leſquels tenans plus de nature aqueuſe que terreſtre, ſe peuuent reſoudre au feu, & non les pierres, qui tiennent plus de nature terreſtre, ce qui fait que facilement elles peuuent eſtre briſees, rompuës, & reduites en poudre.

Il y a vne autre eſpece troiſieſme de Mineraux, qui eſt mitoyonne entre les metaux & les pierreries, & neantmoins participante des deux, comme ſont les ſucculents, qui ont quelque gouſt, odeur, ou ſaueur, & de ceſte ſorte ſont l’orpin, l’arſenic, l’alun, le vitriol, le ſouffre, la glu, le bitume, & autres qui n’ont ny gouſt ny odeur, ny ſaueur, comme le criſtal & le verre.

I’ay dit que la cauſe efficiente des minéraux eſtoit vnique, ſçauoir le concours des influences celeſtes auec les quatre premieres qualitez. Auſſi les aſtres meſmes, qui influent pour la generation des metaux, dans les entrailles de la terre, comme dans leur matrice, influent auſſi pour la production des pierres dans les minieres. C’eſt pourquoy apres en auoir parlé generalement, il faut venir à l’eſpece pour en diſcourir en termes plus particuliers.

En ſuite donc de la matiere premiere des metaux qui eſt la terre auec l’eau, d’où ſortent les exhalaiſons & vapeurs : Il ſe forme premierement le mineral imparfait, crud, & diſpoſé à la cuiſſon, fluide encores toutesfois, & non fixe, & duquel tous les metaux ſont immediatement compoſez, & ce mineral eſt le mercure & le ſouffre.

Le mercure eſt vne ſubſtance aqueuſe meſlangée eſtroitement de terre fort ſubtile.

Le ſoufre eſt vne ſubſtance d’air gras, terreſtre, ſubtil, & deſſeiché par la chaleur, & ſelon les diuerſes vnions de ces deux materiaux deſſeichez dans les mines, dont ſe forment les diuerſes eſpeces de metaux.

Le plomb eſt geniture de vif argent impur, groſſier & puant auec du ſouffre impur.

L’eſtain eſt de vif-argent pur, & de ſouffre non encores eſpuré.

Le fer, de ſouffre impur, bruſlant & de vif-argent ſale & ord.

L’or de vif-argent pur, & de ſouffre rouge tres-pur, qui ne bruſle point.

Le cuiure eſt de vif-argent non tout à fait ord & ſale, & de ſouffre rouge & groſſier.

L’argent eſt de vif-argent net & clair, & de ſouffre qui ne bruſle point net & blanc.

L’acier eſt mine de fer, qui ſe purge, & s’eſpure à force de cuiſſon, & d’vn meſlange de poudres & ſels, d’où vient qu’il eſt moins vnctueux que les autres metaux, & pour cela il eſt plus facile à rompre que le fer.

Que ſi l’on demande d’où procede la diuerſité de leurs qualitez & couleurs auſſi bien que les pierres. Ie reſpons qu’il l’a faut rapporter à la cauſe efficiente des aſtres qui influent, & à la materiele des elemens, & aux actions de leur qualitez, leſquels eſtant diuers en nature & proprietez, le ſont auſſi en leurs actions & productions.

Et pour faire voir leurs ſympathies auec les elemens, il faut ſçauoir que la terre qui eſt froide & ſeiche conuient auec la Lune. L’eau qui eſt froide & humide auec Mercure & Saturne ; l’air chaud & humide conuient auec Iuppiter & Venus. Le feu qui eſt chaud & ſec conuient auec le Soleil & Mars. Et d’autant que Saturne eſt vn planette peſant, qui domine aux humeurs noires & atrabiliaires, auſſi le metal noir & peſant eſt ſa geniture, comme le plomb & les pierres qui tirent à ceſte couleur, comme l’Onix & l’Aymant.

Iuppiter domine aux ſanguins, & à tout ce qui eſt chaud & humide, auſſi l’eſtain luy eſt approprié, comme les pierres de couleur blanche, & les verdes, comme les eſmeraudes, & le criſtal de roche. En outre celles qui tirent ſur la couleur ſaffranée, ſelon l’aſpect de quelque autre Aſtre. Mars eſt le Pere du feu, auſſi les pierres violettes & purpurines, comme ſont les ametiſtes & les jaſpes de toutes couleurs reçoiuent & tiennent de la proprieté de leur pere & geniteur, qui eſt de rendre l’homme puiſſant & fort : mais eſtant regardées de Iupiter, elles chaſſent les fieures aiguës, cauſées de chaleur exceſſiues, & rappellent les temperamens. Le verre & l’airain jaunatre ſont auſſi attribuez à Mars. L’Or Roy des metaux eſt enfant du Soleil, n’admettant non plus de roüille en ſoy, que ſon pere d’obſcurité. Les pierres flamboyantes reçoiuent leur teinture de cet Aſtre, comme les eſcarboucles qui luiſent de nuit, comme les Chriſolytes & les Topaſes qui tiennent de la couleur d’or, les hyacinthes, les rubis balais, & autres de couleur rouge : La Pãthaure bigarée & marquetée de taſches noires, rouges, paſles & vertes, roſines, purpurines, & autres de meſme que la Panthere animal, dont elle porte le nom, ayant cette pierre autant de vertus, au teſmoignage d’Albert le grand, que de couleurs, rendant victorieux celuy qui la porte ſur ſoy, ou qui la regarde au leuer du Soleil.

Venus qui ſe plaiſt aux choſes humides, agreant l’eau autant ou plus l’air donne naiſſance au cuiure & au léton.

Le Berille, qui rend l’homme alaigre & amoureux (ce qui pulueriſe en l’eau guerit les douleurs de foye à qui en boit) luy eſt attribué.

Mercure de ſoy n’a aucune proprieté, s’il n’eſt conjoinct auec vne autre planette : auſſi les diuerſes couleurs meſlées, comme celles de l’arc en Ciel, & des queuës de Paon luy appartiennent. Il n’eſt ny maſle ny femelle, ains Hermaphrodite, ou Androgine. Entre les mineraux il gouuerne l’argent vif (qui en tire le nom de Mercure) les pierres bigarées, comme les Agathes & Porphirites le recognoiſſent particulierement.

S’il a conjonction auec Venus & Iuppiter, l’Eſmeraude luy appartient, ſi auec le Soleil la topaze luy conuient, rendant agreables aux Grands ceux qui la portent ; à cauſe de la dependance qu’elle a du Soleil : mais elle reçoit de Mercure la vertu de guerir les phrenetiques.

La Lune ſe conjoint auec tous les Aſtres aux ſignes du Zodiaque, ſelon ſes diuers aſpects & mouuements : C’eſt vne Eſpouſe commune, laquelle eſtant mitoyenne entre le monde celeſte ſuperieur, & le terreſtre inferieur communique auec tous. L’argent fixe reçoit d’elle l’influence & la generation. Et d’autant que les eaux de la mer, & des fleuues, ſuyuent ſes mouuemens, ainſi les ſuiuent auſſi les choſes froides & humides. Et ſi quelques pierres appartienent à ceſt Aſtre, ſe ſont particulierement les perles qui ſe forment dans les conches ou coquilles de mer, comme auſſi le corail ; (Mais lorsque le Soleil eſt en conjonction auec elle) auquel la couleur rouge appartient.

De ce que deſſus il eſt aiſé d’inferer pourquoy il n’y a point, ou peu de metaux qui ne ſoient meſlangez dans les mines ; d’autant que pluſieurs cauſes concurrentes enſemble à la production de leurs effects, chacune retient la vertu particuliere à produire l’effet qui luy eſt propre : Et parce qu’elles agiſſent en meſme temps & vniment, voila pourquoy les effects qui s’en enſuiuent ſe treuuent meſlangez. Ce qui peut arriuer non ſeulement de la part de la cauſe efficiente, mais auſſi de la materielle, pour exemple.

Il y a vne mine de plomb tout pur en Pologne, à la montagne de Kakaray, & c’eſt la feule que i’ay iamais veuë. Or philoſophant là deſſus, d’où cela pouuoit proceder, I’argumentois ainſi : ou c’eſt l’Aſtre dominant qui cauſe c’eſt effect, ou bien la matiere de ce metal : Or ce n’eſt pas l’Aſtre ; d’autant que Saturne gouuernant ce metal, il eſt à croire que le Soleil y contribue de ſon coſté ; veu que ſelon les Philoſophes, il eſt la cauſe vniuerſelle de tous les effects ſublunaires, d’où vient & procede ce dire commun, Sol & homo generant hominem, donc il faut de neceſſité qu’il ait eſté vni à la generation du plomb à Saturne : par conſequent le metal deuroit eſtre mellé, ce que n’eſtant point, il en faut rechercher vne autre cauſe qui ne peut eſtre que la materielle. Ce qui peut arriuer de ceſte forte, à ſçauoir que la vapeur eſtãt plus groſſiere & terreſtre, & la veine de la terre de la montagne contenant moins d’eſprit chaud & humide, qui rarefie aucunement, ce qui eſt rendu peſant & ſolide par la froideur reſtringente, y contribuent auſſi la qualité du planette : cela fait que la maſſe du metal demeure ſans autre mixtion que de terre.

Mais quant aux metaux, d’ordinaire, ils ſont mixtionnez comme le Mercure auec tous, le plomb auec l’antimoine & l’argent, le cuiure auec l’or & l’argent, & bien ſouuent auec le fer, l’or auec l’argent, le cuiure & le plomb, l’eſtain auec le plomb, & l’argent & le zain.

Vn Chef & conducteur des mines doit ſçauoir pluſieurs ſciences. De là vient, que ceux qui ſont maiſtres des mines, & qui ſont chefs & conducteurs doiuent auſſi eſtre meſlez, & ſçauoir tant la Theorie que la pratique d’vn bon nombre de Sciences, & Arts Liberaux & Mecaniques. Premierement ils doiuent ſçauoir l’Aſtrologie, qui eſt fondée ſur la cognoiſſance de la Nature & proprieté du Ciel & des Eſtoiles,L’Aſtrologie. pour afin qu’ils puiſſent preuoir les peſtes, les guerres, les famines, les inondations des eaux, pour couper les bois, fonder, baſtir, & eſtayer les mines, compoſer & fabriquer les ſeize inſtrumens, & les ſept verges metalliques & hidrauliques ſous les aſcendans des planettes, qui gouuernent les metaux & mineraux, à quoy on les veut appliquer pour la deſcouuerte d’iceux. Car chaque planette, comme nous auons dit, a gouuernement particulier ſur vn metal ou mineral : Comme par exemple, ſi on vouloit compoſer la verga lucente, ou le grand compas ſolaire auec ſes eſquilles Geotriques, & Hydroïques, pour trouuer les mines d’or, & ſçauoir s’il y a de l’eau deſſous ou deſſus la mine, & ſi elle ne paſſera point au trauers de quelque autre montagne, ou deſſous quelque riuiere, il le faut compoſer, le Soleil & les autres planettes eſtant ſituées, comme vous verrez par la figure du grand compas à la fin de ce liure : Et ainſi des autres inſtrumens.

Comme auſſi pour cognoiſtre les temperamens & inclinations des hommes ; car comme dit ſainct Thomas : Dieu tout-puiſſant, a accouſtumé de diſtribuer toutes les choſes qui ſeruẽt à l’vſage de l’homme, ſoit interieurement, ſoit exterieurement, par le moyen des Anges & des corps celeſtes : & au chap. 82. il dit que les corps celeſtes ſont cauſe de tous les mouuemens & alterations qui ſe font dans ce bas monde. Et au chap. 54. 86. & 89. il enſeigne en paroles expreſſes que Dieu regit & gouuerne les corps inferieurs, par le moyen des ſuperieurs : c’eſt à dire par les Cieux & par les Eſtoiles. Ce Alemã in lib. de aëre, aquis & loc. qui a obligé le docte Aleman de dire, que le Medecin ignorant de l’Aſtrologie, eſt ſemblable au Nautonnier qui ſingle en mer ſans rames ny gouuernail. Voicy ces paroles, ſine clauo, & ramis nauigat, naufragium tandem facturus, qui abſque ulla temporum, & Aſtrorum obſeruatione, Medicinam factitat ; Eſt enim Aſtrologia, dit le meſme Autheur : Medici oculus, cuius ſi fuerit expers, & inſcius, merito cæcus appellabitur. Medicus (dit auſſi le docte Valleriole)Valleriola lib. 3 enarrat. I. non poteſt diſſerere de morbi popularis natura, niſi prius conſiderauerit Aſtrorum ortum, occaſum, eorum præſertim qui in aëre, & hominibus magnas mutationes efficere ſolent (vt Canicula, Arcturi, Virgiliarum, &c.)

Ils doiuent auſſi ſçauoir l’ArchitectureL’Architecture. pour baſtir bien, & regulierement les fonderies, eſtayer les rochers, creuſer les puits, pour tirer les mineraux, faire tous engins hydrauliques & autres machines, comme traictoirs, tripaſtes, colloſſicoteres, ciclyces, acrouatiques chorobates, dioptres, porrectum, canaux, roües, Moulins, ſoufflets, & bref toute forte de maſſonnerie & charpenterie. La GeometrieLa Geometrie. auſſi leur eſt neceſſaire pour appliquer par operation manuelle, chaque partie en ſa neceſſité, & meſurer les latitudes, longitudes & profondeurs ſur la ſuperficie de la terre, & dans le fonds d’icelle.

L’ArithmetiqueL’Arithmetique., pour iuſtement allier au creuſol toutes ſortes de monnoyes, ſuiuant les ordonnances des Princes ſouuerains, & exactement cognoiſtre ce qu’elles tiennent de fin, comme auſſi pour ſçauoir au vray les eſpreuues de toutes les mines & minieres grandement differentes à celles des monnoyes.

Pour ſçauoir auſſi faire iuſtement, & dreſſer exactement les poids de fin, & cent, & compoſer les eſquilles des eſpreuues, dreſſer les comptes de tous les frais, ſçauoir en outre faire des inſtruments propres à diſcerner de la ſurface de la terre, les metaux qui ſont au dedans d’icelle.

La PerſpectiueLa Perſpectiue., pour auec bonne raiſon, donner le jour aux mines, aux officines, & au lieu des fontes.

La PeintureLa peinture., afin de repreſenter, & deſſeigner toute forte d’ouurages dedans & dehors les mines à leurs ouuriers, faire le plan deſdites mines, des fonderies, martinets & puits, auec la conduite des eaux, pour rapporter le tout fidelement au Prince que l’on ſert.

Encores leur eſt neceffaire laLa ſcience des eaux. ſcience des hydrauliques, pour enleuer du fond de la terre les eaux ſur la ſuperficie d’icelle, & les conduire à profit aux lieux neceſſaires, pour faire jouer les ſoufflets, battre & lauer les mines.

La IuriſprudenceLa Iuriſprudence. leur fait particulierement beſoin : car on doit ſçauoir les regles, couſtumes, & ordonnances, obſeruées en toutes les chãbres des mines de l’Europe : afin de rendre iuſtice equitable aux Ouuriers, Officiers & aſſociez ſelon les occurrences qui ſe preſentent tous les jours.

La cognoiſſance des languesLes langues. leur eſt auſſi fort neceſſaire, au moins de la Latine, Alemande, Angloiſe, Italienne, Eſpagnole, & Françoiſe, pour ſe faire entendre à tous les ouuriers, qui le plus ſouuent ſont de diuerſes nations.

IlsLa Medecine. ne doiuent non plus ignorer la Medecine Galenique, Chimique, & Aſtrologique pour ſe conſeruer des vapeurs arſenicales & autres veneneuſes, leſquelles ſans preſeruatif & remede certain font mourir prõptement tous ceux qui entrent aux lieux où elles ſont.

La Chirurgie auſſiLa Chirurgie. leur eſt neceſſaire pour ſçauoir promptement ſecourir, ceux qui ſe trouuent ſoubs quelques creuaſſes, qui ont les membres rompus ou bleſſez, & qui ſont attaquez de maladies perilleuſes.

La BotomieLa Botomie. & cognoiſſance des herbes qui nous monſtrent le lieu des Metaux, & meſmes des fontaines.

Il leur fautLa Pyrotechnie. encores auoir l’vſage de la Pyrotechnie ou ſcience des feux, pour donner exactement la chaleur en iuſte degré à la fonte des Metaux.

De plus il leur fautL’art de Lapidaire. cognoiſtre l’art de Lapidaire, pour parfaictement diſcerner les veines des Mines, les Fibres, les Roignons, & Speys, qui ſe trouuent dans icelles, & cognoiſtre les pierres fines d’auec les hapelourdes & faulſes, afin de les ſeparer.

Et principalementLa theologie. il leur eſt neceſſaire d’auoir la ſcience de la Theologie, pour en cas de neceffité (n’ayant dans les Mines ny Preſtres ny Miniſtres) conſeruer dans icelles, & parmy les Ouuriers, la pureté de la parole de Dieu, telle qu’elle nous eſt propoſée dans les ſainctes Eſcritures, ſans y rien changer, ne meller, nyDeut. 4. Prou. 30 Apoc. 11. Pſe. 12. Pſe. 18. 19. & 119. adiouſter ny diminuer ainſi comme luy meſme le commande, comme auſſi pour exhorter les malades priuez dans ces bas lieux de tout ſecours humain.

Car les Ouuriers eſtant de diuerſes nations, & de diuerſes religions, (principalement en Hongrie, comme Philipiſtes, Anabaptiſtes, Caluiniſtes, Luteriens, Zuingliens, Huiſſites, Vigandites, Majoriſtes, Oſiandriſtes, Antitrinitaires, Schimideliſtes, Antinomiens, Synergiſtes, Adiaphoriſtes, Stentifeldiſtes, Flaccians, Subſtanciaires, nouueaux Manicheans, Mahometiques) tous leſquels, quoy que moralement ils ſoient fort gens de bien, & fort zelez en leur Religion, & tres obeiſſans à leur Prince & a leur Superieur, ils ont neantmoins grand beſoin que leurs Generaux, & Principaux Conducteurs ſoient capables de les enſeigner & inſtruire à la voye de ſalut & dans la cognoiſſance de la foy de noſtre Seigneur Ieſus Chriſt.

FinalementLa Chymie. il faut plenement & entieremẽt ſçauoir la Chymie, pour ſeparer l’Homogene d’auec l’Eterogene le Semblable d’auec le Diſſemblable, & le Pur d’auec l’Impur, autrement on ſe met en hazard de perdre ſa peine & ſon temps, & auoir occaſion de ſe plaindre auec Orphée dans Ouide.

Omnis ibi effuſus labor.

En vain i’ay trauaillé, ma peine eſt inutile.

Ce qui arriue ſouuent à ceux, qui ignorans ceſt art, vendent l’or & l’argent meſlez auec le cuiure & le plomb, & parmi les autres métaux, & il ſe trouue qu’au lieu d’enrichir, ils multiplient leur tout en rien ; choſe à quoy les Roys & les Princes ſouuerains doiuent bien prendre garde, & n’employer toutes ſortes de perſonnes qui ſe preſentent à eux, pour trauailler & conduire leurs mines, s’ils ne font au prealable experts en tout ce que ie viens de ſpecifier, & s’ils ne ſçauent tirer l’or & l’argent de tous les metaux, ſans aucune diminution deſdits metaux, & s’ils ne ſçauẽt retrouuer leur plomb : car la perte du plomb, aux eſſais ordinaires porte beaucoup de deſpence, comme auſſi s’ils n’ont parfaite cognoiſſance de leurs Schlakes, Schlakeſtain, & Rupferlach : Car autrement ce ſeroit faire des frais pour n’en retirer aucun profit.

Or en toutes ces cognoiſſances, par la grace de Dieu, mon mary & moy ſommes experimentez, dont il a rendu tant de preuves deuant vn bon nombre de grands Monarques de la Chrſetienté, qu’il n’eſt plus loiſible d’en douter ; Mais comme i’ay dit cy-deuant, Ex vngue leonem cognoſcent, & que ie n’en ſois pas creuë, ſi on le veut voir, cela eſt fort facile.

Au ſurplus outre les cognoiſſances ſuſnommées, il eſt neceſſaire à ceux qui veulent entreprendre d’ouurir les mines, qui iamais ne le furent, d’auoir grandes ſommes de deniers, de bonnes correſpondances, & nombre d’aſſociez pour trouuer de l’argent à toute heure & ſans ceſſe pour payer les ouuriers, acheter les bois, les foreſts, & choſes neceſſaires, ce que peut mon mary en ce ſubiect : Si bien que s’il plaiſt à ſa Majeſté & à votre Eminence, Monseignevr, de faire verifier nos articles, deſquels Monſieur d’Emery a eſté Rapporteur, apres Monſieur Cornuel, & qui ſont entre les mains de Monſieur de Bretonuilliers depuis le voyage de Nancy ; On congnoiſtra euidemment qu’il eſt poſſible d’augmenter ſes finances ſainctement, & rendre ſon Royaume vn des plus puiſſants en mines de l’Vniuers. Car en FranceEn Frãce ſe trouue preſque de tout ce qu’on va chercher chez les eſtrangers. il ſe trouue preſque de tout ce qu’on va chercher chez les eſtrangers, ſauf les eſpiceries du Leuant, les Monſtres d’Affrique, les Elephans, les Lions, & autres animaux de haute ſtature de l’Aſie, les Caſtors de Canada, les plantes aromatiques des parties meridionales, choſes dont la France ſe peut paſſer aiſement, & qui ne ſont aucunement neceſſaires à la vie humaine, comme eſt le bled, le vin, les fruits, & les autres animaux propres & neceſſaires à l’entretien & nourriture de l’homme, que nous auons icy en abondance. Et en outre les metaux ſont en ce païs auſſi bien que chez les externes. Que ſi l’Eſpagne vante ſon Acier, & l’Allemaigne ſon Fer : Il y a en ce Royaume de tres-bonnes mines de Fer, & des hommes capables, pour en faire de tres-bon Acier, & auſſi bon que celuy de Piedmont ou d’Eſpagne. Meſmes nous auons des mines de Fer fort riches en argent, deſquelles ſa Majeſté peut tirer grande ſomme de deniers, outre le profit qui vient de ſon dixieſme, en obligeant les Maiſtres des Forges de faire faire l’eſſay de leur mine auant que de la fondre & d’en donner l’eſpreuue auec le billet du Maiſtre Eſſayeur au premier Iuge RoyalAduis utile au Roy. qui ſera obligé de l’envoyer au grand Maiſtre des Mines, ou au premier de ſes commis capable des eſpreuues des Mines, ou par luy deputé pour la viſite d’icelles, & de la capacité duquel il demeurera reſponſable à ſa Majeſté.

En outre il y a en France du ſouffre vif de pluſieurs couleurs, blanc, gris, jaune, verd, & rouge, du Cinabre Mineral, qui contient quantité de Mercure. De cinq eſpeces d’Ambre, du Cendré, du Iaulne, de couleur de Miel, de couleur de Vin, & de couleur d’Or ; De neuf eſpeces d’Ocre, ſix de Sil, & quatre de terre Selenuſie, de Paretoine, de Bols auſſi bons que ceux d’Armenie, & trois bõnes mines de Melin, de douze eſpeces de Talc, deux mines d’Antorax. Il y a de la terre ſigillée auſſi bonne que celle du Leuant, & d’autre auſſi propre contre les poiſons que la terre de Malthe, quantité de pierres ſanguines, d’autres vulgairement appellées langues de ſerpens, propres à faire vaſes, en fin quantité d’Azur.

Que ſi l Angleterre ſe vante de ſon Plomb, & de ſon Eſtain, il y en a en France de pareil & en plus grande quantité. Si la Hongrie, la Dalmatie, & la baſſe Saxe ſe vantent de leurs mines d’Or & d’Argent, la France en contient de tres bonnes. Si l’Italie ſe vante de ſes Marbres, la France en a de toutes couleurs, & de beaux Porphires, Iaſpes & Albaſtres : Si Veniſe s’exalte de ſon criſtal, elle n’a en cela rien plus que la France : Si la haute Hongrie ſe glorifie de la diuerſité de ſes mines, la France en a de toutes ſortes & en abondance : cõme auſsi de tous mineraux, comme Salpetre, Vitriol blanc, vert & bleu. Elle a de quatre ſortes d’orpiment, ſçauoir du blanc, dit Arſenic, du jaune comme Or, du blaffard, qu’on nomme Roſagallum, & du rouge vulgairement appellé Sandarachi. Si la Pologne a ſes montagnes de ſel, la France a des Salines en grande quantité & en diuers endroits du Royaume, comme auſsi grand nombre de fontaines ſalées.

Pour les pierres, elle a grande quantité de carrieres de pierres de tailles, pierres à chaux, de meules de moulins, meules à aiguiſer lancettes, raſoirs, ciſeaux, & autres inſtrumens, & quantité de plaſtrieres & de gip, des pierres à feu, de l’Emery gris & rouge : Elle a comme i’ay dit cy-deſſus des mines de toutes pierreries fines, comme Amethiſtes, Agathes, Emeraudes, Hyacinthes, Rubis, Grenats, Saphirs, Turquoiſes, & meſme des Diamants, & en outre elle a des ruiſſeaux où il ſe trouue des Perles, & de toutes ſortes de Pierreries.

La France a auſſi de la Calamine, du Bitume, de la Poix, de l’Huile de Petrole, de la Houille, auſſi bonne que celle du Liege, & des Tourbes à bruſler pareillemẽt auſſi bõnes que celles de la Hollande : qui me faict dire que ſi l’Europe eſt vn racourcy du Monde, la France eſt vn abregé de l’Europe.

Or Monseignevr,Droit de dixieſme à ſa Majeſté. ſur toutes ces choſes-cy deſſus deſduites : Sa Maiesté a droict de dixieſme pour la ſouuerainneté de la Couronne, comme ont tous les autres Princes Chreſtiens, à ſçauoir ſur l’or, ſur l’argent, cuiure, fer, eſtain, plomb, Mercure, ou argent vif, Arquifoux ou Vernix, Orpiment, Arſenic, ſouffre, Selpetre, Sel Gemme, Sel Armoniac, Vitriol, Couperoſe, Alum de Roche, Alum de plume, Antimoine, Zain, Eſpiautre, Bol, terre ſigillée, Ocre, Charbon de terre, Tarc, Ambre, Iayet, Marbre, Iaſpe, Porphiſe, Plaſtre, Gip, meules de Moulin, à aiguiſer, Ardoiſes fines, griſes & noires, Ardoiſes groſſieres dittes de Matte, Goitran, Poix, Bitumes Petrole, Gõmes terreſtres, Emeri, Pierres à feu, Marchaſites, Pierre Calaminaire, Pierre ſanguine, Pierre-ponce, & toutes pierres fines & communes ; toutes terres minerales, ſalées & vitriolées, Houille, Tourbes, Azur, vert de terre, & toutes autres ſubſtances terreſtres, deſſus & deſſous la terre, & dedans les eaux, lequel dixieſme eſt maintenant inutile a ſa Majeſté, & ne s’en peut faire payer équitablement, que par perſonnes capables de leur connoiſſance, & qui ſçache diſtinguer les Metaux, mineraux, & ſemimineraux, les vns d’auec les autres, auec leur iuſte valeur, pour euiter aux fraudes & abus qui s’y pourroiẽt commettre, à faute de ladicte connoiſſance.

Maintenant, Monseignevr, ie deſduiray les raiſonsLes raisõs qu’on peut donner au Roy pour empeſcher d’ouurir ſes Mines., qu’on pourroit, ce me ſemble, mettre en auant pour deſtourner ſa Majeſté d’ouurir les Mines de ſon Royaume, & priuer l’Eſtat d’vn ſi grand bien, & puis par apres i’y reſpondray ponctuellement.

Premierement celuy qui regarde tout d’vn œil oblique & louche, dira en vn mot, que c’eſt vn abus de vouloir chercher des mines en France : de ſorte qu’il y en a encor pluſieurs en ceſt erreur qui croient, qu’il n’y en peut auoir.

L’autre voulant faire le prudent & preuoyant, dira que ce que i’en propoſe, n’eſt que pour attrapper quelque argent de ſa Majeſté, ainſi que pluſieurs par cy deuant, qui vrais charlatans ont aſſez promis, mais iamais rien effectué.

Vn troiſieſme plus equitable, regardant à l’intereſt des particuliers, objectera que peut eſtre, en ouurant les mines, on prendroit les terres des lieux ou ſe trouueroient leſdites mines & mineraux ſans recompenſer les proprietaires.

Vn autre, craignant de prendre l’incertain pour le certain alleguera le danger qu’il y a de faire ceſſer le commerce auec l’Eſtranger.

Vn autre doublant le coup pourra argumenter que s’il y euſt eu des mines en ce Royaume, les François n’euſſent eſté ſi long temps priuez de ceſte cognoiſſance.

Finalement, vn autre voulant trancher du Philoſophe, alleguera (aux fins de conclure à la negatiue) qu’on ne peut auoir cognoiſſance des choſes cachées ſous la terre, ſans Magie ou reuelation des demons.

Telles & autres objections m’ont eſté faites en diuers rencontres, & par diuerſes perſonnes.

A quoy ie reſponds,Reſponces aux raiſons ſuſdites. Premierement qu’il faudroit que ie fuſſe deſpourueuë de jugement & de raiſon, d’auoir employé trois cents mille liures, à la deſcouuerte des mines, ſans ce que nous y employons encores tous les jours auec hazard de noſtre vie en pluſieurs endroits, ſans certitude & aſſeurance d’en retirer les fruicts & emolumens.

Les ſages font touſiours leur profit du malheur d’autruy.

 … fœlix, quicunque dolore
Alterius, diſces poſſe carere tuo.

Secondement, de dire que c’eſt pour attraper quelque argent, ce que ie propoſe encores moins. Car au contraire nous offrons d’auancer les deniers, & frayer à la deſpence des ouuertures des Mines, comme nous auons fait pour la deſcouuerte d’icelles depuis dix ans, ſans auoir receu vn ſeul denier, ny ſecours de perſonne du monde, pourueu que le Roy nous face jouyr de nos articles.

Pour ce qui eſt objecté, touchant les particuliers, & proprietaires des lieux où ſont deſcouuertes, & ſe deſcouuriront les Mines ; Ie reſponds que le Roy a le principal intereſt pour ſes droits de ſouueraineté, neantmoins il y aura aſſez dequoy les rendre contens, arbitrio boni viri. Ioinct qu’ordinairement les mines ne ſe rencõtrent gueres qu’aux montagnes inhabitées & deſertes en telle part où ſont leſdites mines, à cauſe de l’ingratitude de la terre, qui nourrit les metaux dans ſon ventre pour iamais ne les mettre dehors que par force & violence, & par l’induſtrie des hommes ingenieux, reſſemblant à la mere de Georgias Epyrote qu’il fallut ouurir morte pour tirer l’enfant vif de ſes entrailles.

Quant au commerce qui ſe fait auec l’Eſtranger en temps de paix ; tant s’en faut que l’ouuerture des Mines le face diminuer, que pluſtoſt il s’en augmentera, au contentement des François ; d’autant que par ce moyen le Roy, auec vne grande quantité de finances, qui prouiendront de la Benediction du Ciel ſeulement, & non de la vente de nos Marchandiſes, pourra facilement diminuer les Tailles & les ſubſides de ſes ſubjects, & ſoudoyer cent mille hommes de guerre, qui ſeront touſiours prefts pour ſon ſeruice : Comme auſſi enrichir les ports des Mers de la France, les muniſſant d’vn bon nombre de Nauires, où Marchands, ou de guerre, ceux-la bien equippez pour paſſer les deſtroits des Barbares ſans danger, leſquels cauſent de grandes pertes à ce Royaume, (la ſeule ville de Marſeille ayant perdu plus de quatre millions, par les priſes que ceux de Thunis, & d’Arger ont faictes ſur eux), Ceux-cy pour courir ſur les pyrates & eſcumeurs de mer. le ne dis pas ſeulement en quelque petite eſtendue de la mer Mediterranée : mais auſſi iuſques où les Portugais ſe ſont auancez dans l’Aſie : d’autant que la France eſtant plus nombreuſe d’hommes que l’Espagne, elle ſe peut rendre puiſſante en mer & en terre auec l’argent de ſes Mines, qui ſeruira pour baſtir grand nombre de vaiſſeaux, & auec ſes hommes dont elle abonde, pour les remplir, quand meſmes il n’y auroit que les vagabonds,Moyens d’ẽployer en temps de paix, & faire gaigner la vie aux vagabons de la France. bateurs de paué, filous, coupeurs de bourſe, & autres inutiles à tout bien, lors qu’ils ſont en leur pleine liberté : Car par ce moyen on en pourroit purger la ville de Paris, & autres de ce Royaume, en les contraignant de ſeruir le Roy & l’Eſtat par mer : Comme auſſi par ce moyẽ les femmes, filles & enfans, qui ſouuent vont mendier aux portes, autant par couſtume que par neceſſité, ſeroient inſtruites aux arts Mecaniques, & ainſi les villes où il n’y auroit point de faineants, ſeroient rendues beaucoup meilleures, les ouurages de la main ſeroient enuoyées ſur mer, aux pays eſtrangers, & ceux qui y vaqueroient en rapporteroient le profit.

Les Cadets des pauures Nobleſſes en temps de paix trouueroient vne occaſion d’honneſte exercice, ſans deroger à leur qualité, & pourroient acquerir de la reputation, & des biens de fortune qui leur appartiendroient iuſtement, & au moins leur tourneroient à plus grand honneur que de courir tout le jour à la chaſſe pour ne rien prendre, que de piller le pauure païſan, ou ſe faire enrooller au nombre des coureurs de faux ſel, pour viure aux deſpens du partiſan, qui eſt proprement vn office d’Archer, non de Gentilhomme.

Qui voudroit obuier aux oiſifs, & en purger tout à faict la France,La loy du Roy Amaſis ſeroit utille en France. il faudroit (ie diray cecy auec voſtre permiſſion Monſeigneur) y eſtablir vne loy telle que celle qu’Amaſis eſtablit autrefois en Egypte, par laquelle chacun eſtoit obligé de rendre compte aux Magiſtrats des villes en quoy il auoit employé le temps toute l’année, & celuy qui l’auoit paſſée à ſes plaiſirs ſeulement eſtoit codamné à vne certaine peine.

Quant à ce que les Mines n’ont eſté deſcouuertes en ce Royaume iuſques à preſent, ce n’eſt pas vne conſequence neceſſaire, qu’il n’y en ait point, & ce ſeroit vne grande ignorance & ſtupidité, à celuy qui voudroit ainſi argumenter, ie ne fus iamais ſur la Mer & ne l’ay iamais veuë, donques il n’y en a point : car il faut qu’il s’en rapporte, & qu’il en croye ceux qui l’ont veuë ; Auſſi ceux qui doutent,Le ſieur de Roberual a eſté maiſtre des Mines & les a fait trauailler en France. ou qui ne croyent pas qu’il y ait des Mines en France, s’en doiuent rapporter à nous, & nous en croire, à nous diſ je qui en portons les eſpreuues & qui en auons faict les deſcouuertes, comme fut auſſi faict de quelques vnes par le ſieur de Roberual l’an de grace 1557 :

Sainct Auguſtin a nié jadis qu’il y euſt des Antipodes, par-ce que de ſon tẽps on ne croyoit que ſept ou huict Climats habitables au monde, & ne penſoit on pas alors qu’au dela de la ligne, il y eut des hommes ſous l’Equateur meſmes, par-ce que la Zone Torride eſt trop bruſlante : Mais l’experience a bien fait veoir le contraire.

Car Chriſtofle Colomb diſoitChriſtofle Colõb est mocqué du Conſeil du Roy. jadis il y a vn nouueau Monde, és Indes Occidentales ; qu’on me donne, & fourniſſe vn equipage ſuffiſant de vaiſſeaux pour y arriuer, ie les découuriray infailliblement : Alors on ſe moquoit de luy, peut eſtre par-ce qu’il n’eſtoit pas ſomptueuſement habillé, ni ſon train aſſez ſplendide, peut eſtre pour-ce qu’il n’auoit pas la mouſtache aſſez bien releuée, ny aſſez d’argent pour en donner à ceux qui ne font rien que par intereſt, tant la France eſt aueuglée, qu’elle n’eſtime pas qu’vne perſonne ſimplement veſtuë, puiſſe fçauoir quelque choſe.

Diogenes roulant ſon tonneau auec ſes haillons, n’euſt pas eſté en ce temps cy, bon Philoſophe à l’opinion du vulgaire, qui croit que la ſcience eſt incompatible, auec celuy qui ne fait grande parade d’habits & d’equipage. Vraye Bohemerie de ce temps, de laquelle les plus ruſez ſe ſeruent pour abuſer ceux qui le veulent eſtre : La cognoiſſance que i’ay de ces legeres volages humeurs, me fait ainſi parler auec raiſon & iugement.

Ie reuiens doncques à Chriſtofle Colomb, pour dire qu’au repentir des François, & au bien & auantage des Eſpagnols, (ennemis de la France) il a deſcouuert les Indes & les Mines d’icelles : mais nous, nous ne le deſcouurirons pas, car nous les auons deſcouuertes en France ; & de plus nous les ouurirons (Monseignevr) toutesfois & quantes il plaira à ſa Majefté, & à voſtre Eminence nous faire jouïr de nos articles, nous les baſtirons, nous eſtablirons l’ordre des Officiers qui ſont neceſſaires : Et bref nous les rendrons en eſtat de valoir, & de rendre à la Majeſté autant & plus, que celles des autres Princes Chreſtiens : & ferons vn parfaict eftabliſſement de tant de riches & precieuſes Mines, dont la France eſt enceinte, ne demandant qu’vn peu d’ayde pour nous enfanter l’abondance, le repos & les delices, la joye, & la victoire contre les ennemis des Lys, que le monde reuere, & que les Rois cheriſſent. Et alors tout le monde dira du Roy tres-Chreſtien, auec eſtõnement & verite, ce qui a eſté autre fois de Salomon, comme il eſt recité au premier liure des Rois chap. 23. & 24.Richeſſes de Salomon. Ainſi le Roy Salomon fut grand plus que tous les Rois de la terre, tant en richeſſes qu’en Sapience, & au 24. eſt dit que tous les habitans de la terre cherchoient de voir la face de Salomon, pour ouyr la Sapience que Dieu auoit miſe dans ſon cœur, & au 25. Que chacun luy faiſoit des dons, & luy apportoient des vaiſſeaux d’or & d’argent, des habillemens, des armes, des cheuaux & mules, des eſpiceries, & autres choſes precieuſes, & ce par chacun an. Or comme l’Eſcriture ſaincte eſt toute parfaicte en toutes ſes parties, auſſi elle s’explique elle-meſme par tout, nous apprenant & monſtrant au doigt & à l’œil la cauſe ſeconde (apres l’admirable benediction de Dieu) de ce triomphe, de ceſte pompe magnifique, & de ceſte gloire incomparable de Salomon, comblé d’honneur, d’amis, & de richeſſes : C’eſt que comme il appert au chap. 9. du meſme premier & troiſieſme liures des Rois ch. 26. 27. & 28. Le Roy Salomon equippa auſſi vne flotte en Hetrongeber prés d’Helots, ſur le riuage de la mer rouge au pays de Dem, & au 27. Et Hiram enuoya de ſes ſeruiteurs, gens de Marine, qui ſçauoient ce que c’eſtoit de la mer, auec les ſeruiteurs de Salomon en cette flotte, & au 28. Et ils vindrent en Ophir,Mines Dorphir. & prindrent de la quatre cens & vingt talents d’or & les apporterent au Roy Salomon.

Apres ces heureux voyages de Salomon (qui ont donné courage, & enſeigné la route à cette toiſon d’or, qui eſt ſi orgueilleuſe, & qui ſemble vouloir entrainer & mettre tout ſous l’ombre des colliers de cét ordre, plein de fruit, de bruit, & d’Amour.) Nous voyons au ſecond des Chroniques chap. 9 verſ. 10. 11. & 12. 20. & 21. que les richeſſes & opulences Royales de Salomon eſtoiẽt ſi majeſtueuſes en toutes leurs ſingularitez, que toute ſa vaiſſelle eſtoit d’or & les vaiſſeaux de la maiſon du parc de Liban eſtoient de fin & pas vn d’argent, d’autant que l’argent n’eſtoit rien eſtimé és iours de Salomon. Car les nauires du Roy alloient en Tharſis, & les ſeruiteurs de Giram, & les Nauires de Tharſis reuenoient de trois en trois ans vne fois, & apportoient de l’or, de l’iuoire, des ſinges, des paons, & des perroquets.

Or (Monseignevr) ſi les anceſtres de noſtre grãd Roy Louys le Iuſte, eſtant jadis occupés à vne infinité d’expeditions militaires & glorieuſes, n’ont point eu ce bonheur d’entendre ny de receuoir les ſalutaires & profitables conſeils de ceſt heureux Genois, ce deſcouureur de mondes nouueaux, ſi opulents & ſi riches, dont les ennemis de cette Couronne ont ſi bien ſceu ſe preualoir aux occaſions tant de la guerre, que de la paix : Si dis-je, le malheur des François a eſté ſi grand, que les Anceſtres de noſtre grand Roy n’ayent pas entrepris ces voyages du Perou & de l’Ophir, d’où l’Eſpagnol a puiſé tant, & tant de millions d’or & d’argent pour captiuer toute l’Europe ; Qu’aujourd’huy, Monseignevr, il plaiſe à ſa Majeſté, & à voſtre Eminence, eſcouter les veritables & palpables conſeils que mon mary & moy oſons donner à ſa Majeſté & à voſtre Eminence, pour l’accroiſſement de ſa gloire, le bien de ſes peuples, & l’honneur de la France, France qui eſt le ſeul & vnique joyau du monde, opulente en biens, en fruicts, & autres choſes neceſſaires à la vie de l’homme, & encores ſi remplie & ſeconde en treſors, qu’elle eſt ſuffiſante de le faire égaller à Salomon, tant en ſa gloire qu’en ſes richeſſes ; puis que Dieu le benit visiblement en toute ſa vie, tant en guerre qu’en paix.

C’eſt aduis (Monseignevr) ne va point à la foule des ſubjects de ſa Majeſté, ains au contraire à leur enrichiſſement, ce ne ſont point des creations de nouueaux Officiers : Nous demandons ſeulement la ſeureté des biens que nous auons employés, & des deniers que nous auons deſpencez, & que nous employerons & deſpenſerons cy apres, pour remplir vos coffres de Threſors, & de finances, pour enrichir vos ſujects, ouurant dans vos Prouinces des fontaines, qui jetteront l’or & l’argent gros comme le bras, & le tout par des moyens auſſi iuſtes & innocens que l’innocence méme.

Car (Monſeigneur) il ne fautGeneſe 2. point douter, que dés la creation du monde, Dieu ne les ait mis en cet Empire, en ce climat delicieux, en ce noble Royaume, comme en la terre d’Euilach, & auſſi bien qu’au Perou, affin que ſa Maieſté s’en ſerue à ſon beſoin, & à ſa neceſſité, pour vaincre ſes ennemis & ſoulager ſes peuples, & les arrouſer de pluſieurs Phiſons ceſt a dire de pluſieurs fleuues delicieux qui enuironnent ſes mines d’or & d’argent.

Quant à ſes ennemis (Monseignevr) il n’y en a plus au monde de deſcouuerts qui ne tremblẽt ; Dieu qui l’ayme, & le conſeille par voſtre prudente preuoyance, les a foudroyez, & foudroyera ceux qui reſtent par ſon bras, auſſi inuincible par les conſeils de voſtre Eminence, qu’infatigable par ſa nature. Toute l’Europe admire ſes Lauriers, & la France deſormais y pourra cueillir des Oliues de paix, & ſe refaire & reſtablir de tant de maux qu’elle a ſoufferts par les guerres paſſees.

He quoy (Monseignevr) ſeroit-il poſſible que ſa Majeſté, & ſon Conſeil, dont vous eſtes la Cynoſure, puiſſe refuſer qu’on ouure en France non vn puits, non vne fontaine, mais vn abiſme de richeſſes & de treſors infinis ? Qui ſont les plus prompts moyens pour reſtablir, ſelon vos auguſtes deſſeins, ſon Royaume en ſa premiere ſplendeur, en ſa premiere & ancienne gloire, & mettre ſes ſubjects en vn ſi profond, & ſi ſolide repos, qu’ils beniront eternellement les iours de ſon regne, & de voſtre ſage conduite ; pourueu ſeulement que les Laboureurs & Vignerons, en eſcorchant la premiere peau, & la ſurface de la terre, l’aydent à produire des treſors infinis, vtiles non ſeulement aux François, mais auſſi aux Eſtrangers, qui ne viuent quaſi que des fruicts de la France.

Combien augmenterons-nous, par nos heureux trauaux ceſte abondance ? Les moiſſons, Monseignevr, & les vendanges ne viennent qu’vne fois l’an en France, mais nos cueillettes ſe ferõt tous les iours, d’autant qu’à tous momens nous puiſerons des threſors infinis dedans le ventre de la terre, qui ne demande qu’à eſtre ouuerte, pour monſtrer à ſa Majeſté de combien de ſainctes benedictions Dieu par ſa toute puiſſance a coronné ſa vie Royale à cauſe de la iuſtice qu’il luy a donnée en ſa miſericorde.

Que ſa Majeſté doncques, Monseignevr, ouure les yeux à la lueur plaiſante de tant de grands treſors qui font encores cachez & à couuert dedans pluſieurs mines de vos Prouinces.

Ceux qui s’eſtonnentpourquoi les mines ont eſté ſi long temps inutiles en Frãce. de ce que les mines ont eſté ſi long temps cachées aux François, doiuent ſçauoir pour raiſon tres-veritable, que c’eſt d’autant qu’il ne s’eſt trouué iuſques icy aucun qui euſt la ſcience & cognoiſſance de les deſcouurir, ou bien que l’on a eu apprehenſion de la deſpenſe, lors qu’il euſt fallu percer des montagnes, & du plus haut & ſuperbe ſommet d’icelles, en faire des abiſmes, ou bien que les Miniſtres de l’Eſtat aux ſiecles paſſez, ont tenu en longueur ceux qui vouloient entreprendre leurs ouuertures, & par cette longueur inconſiderée, leur ont faict deſpendre leurs biens, & les ont contraincts de le retirer ailleurs, ſans que les Roisregnans alors ayent eſté deüement & plainement informez de la perte que ces meſpris & negligences apportoient à leurs finances. Car ſouuentefois (ô malheur du ſiecle où nous ſommes : pluſieurs regardent pluſtoſt leur intereſt particulier & preſent, que le ſoulagemẽt du pauure peuple. Peuple que la guerre, la peſte, & la famine, les trois fleaux, ains les foudres du Ciel, ont preſques eſcrazé ſoubs le mal-heur de ces miſeres pitoyables.

Peut-eſtre auſſi, que ceux qui y auoient faict quelque commencement, ont eſté troublés, vexez, & empeſchez en leurs ouurages, pour auoir leur bien, comme la Touche Grippé, lequel iniuſtement & ſans adueu m’a empeſché & trauerſé, en la Prouince de Bretagne : Car telles gens font capables de deſtourner & faire ceſſer l’ouuerture des Mines, voire meſmes de ruiner tous ceux qui fidellement veulent ſeruir le Roy au ſoulagement de ſon peuple. Mais ſi telles gens, ennemis du bien public, eſtoient grieſuement punis ſelon leurs crimes, les autres (auſſi enuieux qu’eux) regarderoiẽt deux fois à ce qu’ils veulent entreprendre. Car le retardement, de ſept ou huict iours ſeulement, qu’ils peuuent faire, ou cauſer malicieuſement au travail d’vne mine, eſt capable de ruiner, & l’entrepreneur & ſes aſſociez. La raiſon de cela eſt, que la mine, pendant ce tẽps, ſe rẽplit d’eau & qu’il faut de nouueau apporter beaucoup de peine, de frais, de deſpence, & de temps pour l’attirer, & cependant par la force des eaux, les eſtayemens & ſupports ſe rompent, les roües ſe briſent & fracaſſent, les canaux ſe ferment, & bref il faut recommencer tout comme ſi elles n’auoient iamais eſté ouvertes, &, ainſi la deſpence & le temps qu’on y a employé eſt inutil & perdu. A quoy on pourroit facilement obuier, & empeſcher vn tel deſordre, en efſtabliſſant vne chambre ſouueraine des Mines (comme il a eſté faict du regne du Roy Henry ſecond en l’an 1517. laquelle en attribuat la iuriſdiction ſouueraine à la Cour des Monnoyes à Paris, & y conſtituant pour Officiers ceux qui en ſeroient dignes & capables, & qui par effect entreroient dans les mines, & auroient la cognoiſſance du dedans & du dehors d’icelles, & la practique des inſtruments & des inſtructions de tous ceux qui ont quelque Office dans leſdites mines, comme il ſe fait dans toutes les mines de tous les Princes Chreſtiens, y faiſant exactement obſeruer & executer, les Ordonnances, Arreſts, & Reglemens faits ſur l’ordre & police d’icelles. Bel ordre que i’eſpere vn iour mettre en lumiere, pour l’inſtruction des François, & pour le bien de la France.

Finalement pour reſpondre à ceux qui tranchent par leur impertinence, & qui ſouſtiennent (aueuglez qu’ils ſont d’ignorance & de ſtupidité) qu’il faut eſtre MagicienQue les Mines ne ſe peuvẽt trouuer ſans l’aide des Demõs. pour trouuer les choſes cachées dedans les veines de la terre, ou bien qu’il n’y a que les Demons ſeuls qui en ont la cognoiffance : Ie dis, qu’il y a donc beaucoup de Magiciens au monde, & veux prouuer par là, ſelon la fantaiſie de ces ſcauantereaux, que ces Magiciens, ſi tels ſe doiuent appeller, ſont les plus vtiles aux Principautez par l’or & l’argent qu’ils leur fourniſſent, & qui ſont l’ame & les nerfs du commerce & de la vie actiue, tant dedãs, que dehors le Royaume : Par eux les villes & citez ſont conſeruées floriſſantes : Par eux les peuples ont toute ſorte d’abondance : Par eux les ennemis font repouſſez, les amis conſeruez, les ſoldars bien entretenus & diſciplinez, & bref pluſieurs autres benefices prouiennent aux Republiques par ces Metaux, qui ne ſont tirez d’ailleurs que des veines de la terre où ils ſont cachez, & leſquels font ſi neceſſaires, qu’à peine s’en peut-on paſſer, pendant le cours de ceſte vie humaine. Or eſt-il (ce diſent nos Cenſeurs) qu’on ne les peut tirer, ny auoir des lieux ſouſterrains, & cachez, que par la reuelation des Demons, qui les deſcouurent aux Magiciens, par le moyen deſquels nous en auons la cognoiſſance ; Doncques (ſe diſent ils) ces Magiciens ſont tellement neceffaires aux Republiques, qu’à peine s’en ſçauroit-on paſſer. Mais de ce Syllogiſme faux, quant à ſa matiere, s’enfuit vn nombre infini d’abſurditez. Car premierement il ne faudroit point condamner les Magiciens aux ſupplices, comme peſtes des ſocietez, ains au contraire il les faudroit ſoigneuſement rechercher, careſſer & precieuſement conſeruer, comme perſonnes tres-vtiles & vrais truchemens (s’il faut ainſi dire) de tant de treſors & richeſſes cachees & occultes, ſans leſquelles nous ſerions privez d’vne infinité de commoditez, & de biens qu’il a pleu à la diuine Bonté de verſer à pleines mains ſur les hommes, leſquels auec artifice en peuuent tirer de l’vſage.

Ils diſent auſſi que les Mineurs & renuerſeurs de terre ne pourroiẽt faire leur ſalut en ce trauail, qui ne reüſſiroit qu’apres auoir conſulté les Demons des Mines, par les Magiciens : Mais ſi cela eſtoit, les Rois & Potentats ſeroient eux-meſmes complices de ces impietez, voire meſmes autheurs d’vn crime ſi deteſtable, en permettant ces maluerſations & profanations. Meſmes l’Egliſe tollerant telle ſorte de gens ſans les pourſuiure par Anathemes & autres comminations, ſeroit elle-meſme ſoüillée de telles abominations ; car, qui non vetat peccare, cum poſſit iubet.

Mais ces Cenſeurs, ou pluſtoſt Reueurs, ont mal appris, & ſont mal informez des loix & des regles de nos diuines fodines, qui eſloignées de telles meſchancetez & ſuperſtitions, ne reçoiuentNul hõme vicieux n’eſt receu aux Mines. dans leurs ſocietez aucun homme vicieux, ny taſché d’aucun crime, ains tous ſont contrains, auant qui eſtre receus d’apporter bonne atteſtation de leur Eueſque ou Paſteur, auec bon certificat des Magiſtrats, Bourgmaiſtres, ou Echeuins du lieu de leur naiſſance, comme auſſi bon paſſeport & licence du Prince qu’ils ont ſerui ; (comme nous auons fait venant en France, ce que le Lecteur pourra voir, & en contenter ſa curioſité, à la fin de ce liure, & entre-autres, nous auons pris atteſtation du ſereniſſime Prince Henry de Naſſau Prince d’Orange, quand nous auons amené nos ouuriers d’Allemagne, en France, par la Holande) En ſomme les larrons,Exod. 10. Leui. 19. I. Cor. 6. Pier. 4. Iean. 3. c. I. Cor. 6. les parricides, & meurtriers ennemis du genre humain en font chaſſez ; comme auſſi les fornicateurs & adulteres, preuaricateurs, & ennemis des Commandemens de Dieu, & generalement tous crimes defendus par les Loix diuines & humaines n’y ſont point tolerez en façon quelconque.

Tout le mõde ſçait que le Plomb, le Fer, le Cuiure, qui ſont metaux fort communs, l’Or, l’Argent, plus rares, les pierres precieuſes, & autres, le mineraux ſucculens, & preſque tout ce qui nous ſert, n’eſt tiré que du fond de la terre : He quoy ſeroit il poſſible que ce fut que pure Magie ? Pauures gens qui travaillez aux carrieres & pierrieres, vous eſtes donc tous Magiciens, ſelõ la croyance de tels ignorans, comme la touche Grippé, qui s’eſt ſerui de ce pretexte, pour auec ſes griffes de harpie me rauir iniuſtement mon bien, & voler les mines du Roy.Les Demõs peuuent trãſmuer les metaux, et vn vray Philoſophe peut faire le ſemblable. Que diront ces indiſcrets & temeraires Iuges, qui attribuent tout ce qui eſt rare & ſecret à la Magie ? que diront ils de ceux qui ſçauent la tranſmutation des metaux, qui transforment le fer en cuiure, celuy-cy en argent, & l’argent en or ? ſont-ce des Demõs ou des hommes ? Les Demons peuuent naturellement (appliquant les actifs aux paſſifs) tranſmuer vne choſe en vne autre. Vn Philofophe auſſi qui ſçaura la vertu de Nature, peut ſemblablement produire le meſme effet, lequel ne ſera neantmoins ny Demon ny Magicien, non plus qu’Albert le Grand, ny Raymond Lulle, que l’on tient pour Beat, ny qu’vn bon nombre d’autres excellents perſonnages. C’eſt pourquoy ie cloray ce diſcours par ce mot de ſainct Auguftin, qui dit que l’homme groſſierS. Auguſtin cõtre les incredules. ne croid qu’à ſes yeux, ayant plus de chair que d’eſprit, n’ajouſtant foy qu’à ce qu’il void, & niant tout ce qu’il ne void pas. In homine carnali tota regula intelligendi eſt conſuetudo arguendi, quod ſolet videre credit, quod non ſolet, non credit. Que dira-on qu’vne femme allegue comme moy & face la leçon aux incredules ?Les femmes peuuent eſcrire ſelon leur ſçauuoir. voſtre Eminence Monſeigneur, me le pardonnera s’il luy plaiſt, & jugera, qu’ayant quelque cognoiſſance de la langue Latine & Italianne, la lecture ne m’en peut eſtre deffendue, ains permiſe, i’entens la lecture des lettres & liures qui ne ſont prohibez à celles de mon ſexe. Et en ſuitte ie me feruiray de tout ce qui peut renuerſer les opinions contraires aux ſalutaires & precieux aduis que ie donne à ſa Majeſté, & à voſtre Eminence, la ſuppliant tres humblement auoir agreable l’humble remonſtrance que ie luy faits touchant l’entrepriſe de mon mary, pour faire ouurir toutes les mines de ſon Royaume, deſquelles il a treſ-grande connoiſſance, laquelle demeureroit inutile au cas qu’il fuſt preuenu de la mort, choſe qui ſeroit de tres grãde perte, d’autant qu’il ſeroit tres difficile de recouurer des hõmes ſi expers en cet Art, & qui en aiẽt cõtracté vne plus grande, & vne plus longue habitude. Car l’occaſion vole & s’enfuit ſoudain, & bien ſouuent ſans eſpoir de retour, & le repentir accompagne & demeure touſiours à ceux qui ne l’ont arreſtée à ſon abort.

Iadis Homere s’offrit aux habitans de Cumes, pour rendre leur ville des plus fameuſes de la Grece, au cas qu’ils le vouluſſent nourrir aux deſpens du public, ce qu’ayans refuſé par le mauuais conſeil d’vn des Senateurs, ils en eurent du deſplaiſir, & s’en repentirent : car apres ſa mort ils publierent qu’il eſtoit l’vn de leurs compatriotes, tant il eſt veritable, que nous deſirons auidement ce qui nous eſt eſchappé, apres l’auoir eu a meſpris lors que nous le tenions en la main.

Les grandes peines que nous auons eues depuis [illisible] ans, à la deſcouuerte des mines, les dangers encourus, & les dangers de la vie, dont nous auons eſté menacez en faiſant le ſeruice de ſa Majeſté, font auſſi grandement conſiderables ; comme auſſi les grandes deſpences que nous auons faictes en tout ce temps-là, ce qui ne ſe peut autrement, cheminant inceſſamment de Prouince en Prouince, & ayant encores quantité d’hommes des païs eſtrangers, tres-capables en noſtre exercice, qui ont touſiours eſté payez de nos propres deniers, iuſques à ce que le ſuſnommé la Touche Grippé qui a eſté Preuoſt Prouincial en voſtre Duché de Bretagne, ait de ſon propre mouuement auec violence, contre toute Iuſtice, & au meſpris des loix, & de l’authorité Royale, ait di-je volé ma maiſon de Morlaix, pendant que i’eſtois au Parlement de Bretagne à Renes, pour y faire enregiſtrer voſtre commiſſion, & mon mary d’autre coſté à la viſite de la mine de la foreſt du Buiſſon Rochemares, auec le Subſtitut du Procureur du Roy dudict lieu, ouuert nos coffres, pris, pillé, & emporté tout ce qui eſtoit dedans, & en outre les mines, l’or & l’argent de ſa Majeſté, les inſtrumens meſmes pour deſcouurir les mines, & ceux qui ſeruent pour les eſſayer, & de plus les procés verbaux, papiers & memoires des lieux, de façon qu’il a faict autant de tort à ſa Majeſté, en cét acte meſchant & temeraire, que s’il auoit volé viſiblement vos finances, voire plus : car s’il les auoit volées ce ne ſeroit que pour vne fois, mais icy c’eſt vn vol, qui dure touſiours & durera, ſi ſa Majeſté (Monseignevr) ne s’en fait la juſtice à ſoy-meſme. Or qu’eſt-ce que merite, & quelle punition doit ſouffrir celuy qui fait tels excez & telles voleries, ſous l’authorité Royale ? Les Iuges qu’il plaira à ſa Majeſté, & a voſtre Eminence y commettre, le ſçauront mieux dire que moy. Ie me contenteray de dire ſeulement, que ce n’eſt pas là ſa premiere volerie, ce n’eſt qu’vne continuation toute auerée : car au premier mandement de ſa Majeſté, toute la Bretagne ſe pleindra de ſes concuſſions.

Choſe horrible en France, que ceux qui doiuent maintenir la Iuſtice, ſont les premiers à la violer, & corrompre, en quoy ( Monseignevr) ſa Majeſté doit auoir pareille jalouſie que Dieu, duquel elle porte l’image, quand auec le parjure on l’appelle en teſmoignage du menſonge : car ſous le voile & le pretexte de ſon authorité, pluſieurs excez, rapines & concuſſions ſe commettent par ce meſchant homme, comme ſi ſa Majeſté approuuoit ſes violences & ſes rapines, dont Monſeigneur, ie ne peux faire moins que de luy demander Iuſtice, puis que ſa Majeſté porte le nom & le tiltre de Iuſte. Toute la raiſon qu’il peut apporter pour defendre ſon forfait & ſon crime, (qui regarde, & heurte plus ſa Maieſté que nous) n’eſt autre choſe que la friuole & impertinente raiſon qu’il apporta lors, c’eſt à ſçauoir qu’il croioit qu’on ne peut trouuer les mines en terre ſans la magie, & ſans l’aide des Demons : à quoy ie penſe auoir tres-amplement ſatisfaict, rapportant neantmoins tout ce que i’en ay dit à la cenſure & iugemens des plus ſenſez & meilleurs eſprits.

Eſt auri me terra beat, ſi nomina jactãt,
Fac (Lodoice) tibi res probet acta magis.

La repreſentation des faces du Ciel aux heures & minutes de la fabrique de nos inſtrumens Geotriques, Hydroyques, & Metaliques, comme auſſi des ſept verges Metaliques & Hydroyques.



Les grands compas pour reconnoiſtre de la ſurface de la terre & des eaux, les Mines d’or, les Marchaſſites, la pierre d’azur, les talcz dorez, & pierre ſolaires, qui ſont ſous l’influence du Soleil ſe doiuent faire, le Ciel eſtant comme vous voyez, comme auſſi verga lucente

Les grandes Bouſſoles à ſept Angles, pour trouuer les Mines d’Argent, ſes Marchſſites, le Chriſtal de Roche, les Diamans qui ſont dans les pierres, & les pierres referentes à la Lune ſe doivent faire, le Ciel eſtant comme vous voyez, comme auſſi Verga cadente ô focoſa.

L’Aſtrolabe mineral, pour trouuer les mines de Cuiure, ſes Marchaſſites, Eſmeraudes, & autres pierres & mineraux, qui ſe referent à Venus ſe doit faire, le Ciel eſtant, comme vous voyez en la figure cy-deſſus. Et Verga ſalente ô ſaltante.

Le Cadran Mineral, pour trouuer l’Eſtain, le zain l’Eſpiautre, & toutes les pierres, & mineraux qui ſe referent à Iupiter ſe doit faire, le Ciel eſtant comme vous le voyez. Et Verga battente, ó Furtilla.

Le Geotrique mineral, pour cognoiſtre de la ſurface de la terre, les mines de Plomb, d’Antimoine, & toutes les pierres qui ſe referent à Saturne, ſe doit faire, le Ciel eſtant comme vous le voyez. Et Verga trepidante ô tremante.

Le Ratteau Mettallique, pour reconnoiſtre les mines de fer, & tout ce qui ſe refere à Mars, ſe doit faire, le Ciel eſtant, comme vous le voyez, Et Verga cadente ô inferiore.

L’hydroyque mineral, pour reconnoiſtre de la ſurface de la terre, le Mercure, le Cinabre mineral, & toutes les pierres & mineraux qui ſe referent ſous l’influence de Mercure, ſe doit faire, le Ciel eſtant comme yous voyez. Et la Verga obuia ô ſuperiore.

Or Monseignevr,


LEs Anciens qui ſe ſont pratiquez, & exercez à la ſcience des eaux, & a rechercher tous les ſecrets, pour trouuer des ſources, des puits & fontaines : Comme auſſi quelques ſoldats, pour trouuer les caches & les lieux ou eſtoit l’or & l’argent, & autres metaux que leurs ennemis auoient caché dans la terre, dans les puits, ou dans les riuieres, ſe font ſeruis du premier reietton fourcheu du bois de coudre ou noiſillier, lequel par vne vertu occulte, s’incline & s’abbaiſſe ſur les lieux ou ſont les ſources des eaux, & ſur les metaux qui ſont dans la terre & dans les eaux ; ce que fait auſſi la premiere branche dextre du palmier, prinſes ſous leur propre conſtellation, ſans laquelle obſeruation ils ſont de peu d’effect, voire meſmes ils ſont inutiles, à ceux qui ſont nais oppoſites à leur conſtellation, & qui ont leur afcendant pour ennemis. C’eſt pourquoy toutes ſortes d’hommes ne s’en peuuent pas ſeruir, ce qui oblige ceux qui veulent eſtre capables de trouuer promptement & ſans deſpence les ſources des eaux, les veines & matrices des metaux, d’auoir la cognoiſſance des ſeize inſtruments, & des ſept verges dont nous auons parlé cy-deſſus, & ſous quelles conſtellations ils doiuent eſtre faicts. Mais il me ſemble que i’oy deſia quelqu’vn qui aura plus de chair que d’eſprit, & d’experience de ces inſtruments & verges, qui dira, & ſouſtiendra opiniaſtrement que telles vertus ne peuuent eſtre en ces inſtruments ſans l’aide de quelque Demon qui les anime. Mais ie renuoye ces eſpris malades & mal timbrés, a la conoiſſance des vertus naturelles, ou ils apprendront, malgré qu’ils en ayent les ſympathies, & antipathies, que les choſes ont les vnes auec les autres. Et en outre ie luy feray ceſte reſponce, & luy demãderay, ſi vous croyez bien, que quãd on fait ces experiẽces par l’interuẽtion & le ſecours du Diable, elles peuuent produire des effets merueilleux, pourquoy & a quoy tient-il que vous ne vous puiſſiez auſſi perſuader, que Dieu, autheur de la nature n’ait le pouuoir de donner ces vertus & ces puiſſantes qualitez aux Metaux, aux racines, aux Arbriſſeaux, aux herbes, aux pierres, & a ſemblables choſes ? he quoy, ſeriez vous bien ſi malheureux que de croire que le diable ſoit plus puiſſant ou plus ingenieux que Dieu ? Que ce ſouuerain Maiſtre du monde, qui a creé le Demon meſme, auſſi bien que les metaux, les pierres, les arbriſſeaux, les herbes, les racines, & tout le reſte qui vit, & qui eſt dans la terre, dans les eaux, & en l’air, & qui a doué chaque chole de ſes proprietez, & de ſes perfections, pour le bien & pour la commodité de l’homme ?

Dauantage, il faut que ces incredules ſçachent qu’il eſt treſ-certain, puis que l’experience meſme le faict voir tous les iours, que l’ambre iaune ſortant pur de ſa matrice, attire la paille & l’enleue à luy. La pierre d’aymant, par laquelle, au rapport de Cardan, on peut faire des merueilles, comme d’eſcrire à quatre, & cinq cents lieuës de diſtance, ſans aucun meſſager & ce par la vertu que Dieu luy a donnée d’attirer le fer à elle, & de le tourner touſiours au Septentrion, ou elle a ſa matrice.

Le Crapau auſſi par vne vertu ſecrete, voyant la Bellette auant qu’elle l’aye veu, ouure ſa gueulle & quelque reſiſtance que face la Bellette, il faut quelle vienne entrer dans la gueulle du crapau, qui l’auale toute entiere. Diront-ils ces incredules, que tout cela ſe fait par le moyen des Demons ? Pour moy ie ne le croy pas, & ne croy pas auſſi que nos inſtrumens ſoient faits par le moyen d’iceux : Ains ils ont leurs vertus par la force & influence des Aſtres, & de la diuerſité des pierres d’aymant dans leſquelles, & hors leſquelles ils ſont appropriez.

La maniere & vraye methode pour trouuer les eaux, les fontaines, & les vertus quelles apportent en paſſant par la diuerſité des veines des Metaux & Mineraux.


AYant traicté (Monseignevr) des Metaux & mineraux, des pierres fines & communes, comme auſſi des choſes neceſſaires à vn Gouuerneur de Mines : Il me ſemble raiſonnable de traicter des eaux, & des proprietez qu’elles peuuent auoir, ſelon la Nature des lieux où elles paſſent, & où elles prenent leurs ſources, affin que les Ouuriers des Mines en puiſſent auoir dans leurs maiſons de bonnes & ſalubres, tant pour leur boire, de lectation, que autres vſages.

La Methode donc eſt telle, qu’au leuer du Soleil le Maiſtre qui veut trouuer l’eau, ſe couchera tout plat ſur ſon ventre, à la place, où il iugera trouuer de l’eau, là tenant ſon menton pres de la terre, ſouſtenu & appuyé de quelque choſe, il regardera exactement ceſte campagne, ainſi ayant ſon menton appuyé, il ne s’en ira vagant plus haut que le debuoir, ains demeurera immobile, & gardera vne hauteur niuelée à la proportion qui ſera neceſſaire.

Alors s’il apperçoit des humeurs, ou vapeurs ſourdantes & s’entrebrouillantes en l’air par tourbillons, c’eſt ſigne qu’il y a de l’eau.

Il luy faut encores conſiderer la Nature du pais, veu meſmement, qu’il y a des lieux où elle s’engendre, & d’autres où il ne ſi en trouue point du tout, ou fort peu.

Aux lieux de Crayeres, où croiſt la croye, elle y prouient ſimple, ſans grande abondance, mais elle n’eſt de bonne faueur.

En ſable fondant ſous le pied, elle y eſt foible & debile, & encores ſi on la rencontre en lieux bas, elle ſera limonneuſe, & fade à ſauourer.

En terre noire, on y trouue bien quelques ſueurs & gouttes rares, leſquelles s’y aſſemblent des pluyes & neiges de l’Hyuer, & croupiſſent aux endroits ſolides ; celles-là ſont d’aſſez bon gouſt.

En glaire, on y trouue des veines moyennes & non certaines, mais auſſi elles font accompagnées d’vne plaiſante ſuauité.

En ſablon meſlé, c’eſt à dire aſpre, rude, & tirant ſur le brun, & pareillement en l’Arene, & au Carboucle elles y ſont plus certaines & plus durables, voire meſmes (ce qui en eſt le meilleur) de fort bon gouſt.

En roche rouge, il y en a de bonnes & abondantes, ſi ce n’eſt (au moins) qu’elles s’eſpanchent par quelques creuaſſes.

Soubs les racines des montagnes, & dedans les roches biſes elles y ſont beaucoup plus copieuſes & affluentes, meſmes plus froides & plus ſaines que les autres.

En ſources champeſtres, on les trouue ſalées, peſantes, tiedes & fades, ſi ce n’eſt qu’elles tombent des montagnes & paſſent par deſſous la terre, puis viennent à ſe creuer parmi vn champ, ou qu’elles ſoient entourées & encourtinées de la ramure & branchange des arbres : Car en ce cas elles ſont auſſi delicates que les propres ſources qui naiſſent des montagnes.

Les ſignes particuliers pour recognoiſtre en quels quartiers de la terre il y aura de l’eau, outre tout ce que nous en auons cy deuant dict, ſont ceux cy.

Si naturellement il y naiſt du ſaule ſauuage, des roſeaux, de la menuë jonchée, des roſiers, du lierre, de la perſicaire, du pas d’aſne, des berles, & autres ſemblables eſpeces d’herbes, qui ne peuuent prouenir, ny eſtre alimentees ſans humeur. Mais il faut toutesfois prendre garde auſſi qu’il en croſt bien ſouuent au long de quelque mare ou foſſe, receuant la liqueur des pluyes, & celle qui coule des campagnes, là où elle croupit, & par la concauité ſe conſerue plus longuement qu’en autre lieu.

Or pour n’y eſtre trompé, il faut appliquer en ces lieux la verge de Mercure, qui demonſtre la quantité de l’eau & ſi on s’y doit arreſter ou non : mais plus aſſeurement on la doit chercher aux terroirs où ces herbes ou arbuſtes prouiennent ſans ſemer ny planter. Et au defaut de tous ſes ſignes, il faut faire vne foſſe en terre de la largeur de quatre pieds de tous coſtez, & de ſix de profondeur, & dedans icelle au coucher du Soleil, vous mettrez vn vaiſſeau d’airain, ou de plomb ſans meſlange, ou bien vn baſſin, lequel vaiſſeau vous oindrez d’huile d’Oliue par dedans, puis le renuerſerez la bouche contre bas, en apres couvrez la ſuperficie de ceſte foſſe ou de roſeaux, ou de feuillars, puis jettez de la terre par deſſus, & le laiſſez ainſi toute la nuit, le jour en ſuiuant allez la deſcouurir : Et ſi vous trouvez en voltre vaſe des petites gouttes de ſueur, aſſeurez-vous qu’il y a de l’eau en cet endroit.

Pareillement ſi vous mettez dedans ice le foſſe vn pot de terre non cuit, & le couurez comme deuant, quand vous viendrez à r’ouurir la foſſe, s’il y a de l’eau ſoubs la terre, voſtre pot ſera humide ou fellé, ou entrouuert à raiſon de la liqueur.

De plus ſi vous y jettez vne toiſon de laine & cardée, & que le iour d’apres vous en faciez ſortir de l’eau. en la tordant, ſoyez aſſeuré qu’il y aura grande abondance d’eau en ce lieu-là, & principalement ſi la verge lunaire s’incline grandement deſſus.

Dauantage, ſi vne lampe pleine d’huile & allumée, eſt miſe là dedans, & le iour enſuiuant, ſi elle ſe trouue n’eſtre point tarie, ains qu’il y ait de la meche & de l’huile de reſte, ou meſmes qu’elle ſe trouue humide, ce ſera ſigne qu’il y a de l’eau en ſon fonds.

Finalement ſi on fait du feu en icelle place tant que la crouſte de la terre ſe bruſle, & s’en eſchauffe interieurement, de maniere qu’il en ſorte vne vapeur nebuleuſe, croyez qu’il y a aſſeurement de l’eau.

Pour concluſion ſi vous appliquez la verge Lunaire & la Mercuriale deſſus, & qu’elles s’inclinent a moitié vers Orient, Occident, Septentrion, ou Midy, il eſt tres certain qu’il y a de l’eau du coſté où elles s’inclinent, & ſi elles ne baiſſent à moitié, c’eſt ſigne de bien peut d’eau.

Ces choſes faictes, ou à tout le moins vne d’icelles, & qu’il ſe monſtre aucun des ſignes ſuſdits, il faut faire creuſer vn puits : Mais ſi de fortune (comme ſouuent cela arrive) l’on rencontroit que ce fuſt vne ſource d’eau, il faut faire pluſieurs autres foſſes aux enuirons, leſquelles par moyennes tranchées reſpondront toutes en vn lieu.

Toutes les eaux ſe doiuent principalement chercher aux montagnes, & du coſté du Septentrion, d’autant que pour eſtre oppoſées au cours du Soleil, on les y trouue plus ſauoureuſes, plus ſaines, & en plus grande abondance.

Apres que ces eaux ſeront ainſi trouuées il les faut eſſayer, afin que les ouuriers, & ceux qui en boiront aux mines ne ſoient ſurpris de faſcheuſes maladies, comme goitres, pierres, gouttes, vlceres, catharres, & autres maladies que les eaux peuuent apporter par leur malignité & venenoſité.
Comme il faut eſprouuer les eaux.


IL faut prendre de ladite eau & la mettre dans vn vaſe de cuiure eſtaimé, & l’y laiſſer vingt-quatre heures, ſi elle n’y faict point de taſche, cela ſignifie qu’elle eſt fort ſaine.

Pareillement, ſi l’on fait boüillir de ceſte eau en vn chauderon bien net, & que l’on attende qu’elle ſe refroidiſſe : & puis qu’on la reſpande, ſi alors il ne demeure au fonds, ny grauelle, ny limon, on ſe peut aſſeurer qu’elle ſera tres bonne.

Comme auſſi ſi l’on met au feu des legumes, comme pois, febues, ou autres ſemblables, pour cuire en vn pot auec ceſte eau s’ils cuiſent viſtement, ce ſera ſigne qu’elle eſt bonne & ſalutaire,

Dauantage ſi on la voit en ſa ſource nette & luiſante, meſme qu’en quelque lieu qu’elle flue, ſi l’on void qu’il ne s’y engendre point de mouſſe ny de jonc, & que ſon canal ne ſoit ſoüillé d’aucune ordure, ains conſerue vne plaiſante pureté, tous ces ſignes la denoteront la ſubſtance en eſtre bonne & ſinguliere.

Les vertus & proprietez que les eaux attirent en paſſant par les veines des Metaux, Mineraux & Semimineraux.


APres auoir donné & enſeigné la maniere de trouuer les eaux, & d’en eſprouuer la bonté, il me ſemble (Monseignevr) qu’il eſt tres bon, voire meſmes tres-vtile au public (& principalement aux malades, de maladies Chroniques & hereditaires, ou cauſees par l’influence de quelque aſtre) d’enſeigner les vertus & proprietez qu’elles attirent en paſſant par les veines des metaux, mineraux & ſemimineraux, bien toutesfois que leurs vertus & proprietez tres puiſſantes & occultes, non plus que tous les autres remedes, tirez des vegetaux & des animaux, ne nous puiſſent pas garantir de la mort, mais ſeulement que la peuuent differer & retarder iuſques à vne autre ſaiſon, par la vertu que Dieu leur a donnée, n’ayant aucune autre force celle qu’il plaiſt à Dieu leur departir, & qui la fait agir & proſperer quand il luy plaiſt, & la rend inualide & de nul effect auſſi quand il luy plaiſt. C’eſt pourquoy ie dis hardiment, que ſi nous voulons obtenir ſanté & gueriſon de nos maladies, il nous faut auoir recours principalement à la grace de Dieu, afin qu’il donne la force & la vertu aux remedes dont nous deuons vſer, qui autrement n’auroiẽt aucune efficace ny valeur.

Or de tous les remedes dont nous pouuons vſer en nos maladies, les vns ſont tirez de l’influence, chaleur, mouuement & illumination des Cieux, & des aſpects des Aſtres, les corps humains eſtans diſpoſez, & plus ou moins ſuſceptibles de ſanté, ou de maladie, les vns que les autres ſelon la diuerſe ſituation des corps celeſtes, deſquels depend l’Hyuer & l’Eſté, le chaud & le froid, & la conſtitution des ſaiſons & de l’air, qui nous eſtant communiqué, & ayant puiſſance ſur nous, diſpoſe nos corps à la ſanté ou à la maladie.

Les autres ſont tirez des quatre Elemens, & premierement du feu, duquel l’vſage eſt tellement neceſſaire en toute la Medecine, que ſans iceluy, non ſeulement les medicaments, ains les alimens meſmes ne peuuent eſtre preparez.

En ſecond lieu de l’air, de la ſubſtance & qualitez duquel depend, ou la ſanté ou la maladie des hommes ; parce que ne pouuans viure ſans aſpirer l’air, s’il eſt bon, il ſera autheur de ſanté, s’il eſt vicié & corrompu il cauſe la maladie, & ſert de cauſe & de remede tout enſemble.

En troiſieſme lieu, de la terre, de laquelle il y a des eſpeces de ſi rares vertus, & tant recommandables, qu’elles ſont preferées à toutes choſes, tant precieuſes ſoient-elles. Comme les Bols, la terre ſigillée de l’Iſle de Lemnos, les Ocres, la terre Semienne, de Chios, de Malthe, & tant d’autres dont la France eſt pleine, comme nous auons monſtré & deduit cy deſſus.

De la terre auſſi ſont prins les Metaux, les mineraux, de toutes ſortes les pierres tant precieuſes qu’autres, dõt la Frãce abõde en quantité. Les animaux auſſi en viennẽt, les parties, & excremens d’iceux, les infectes, les arbres, les plãtes, leurs fleurs, leurs fruits, leurs ſucs, leurs eſcorces, & racines & generalement tout ce qui prouient & naiſt tant de la ſuperficie de la terre que des entrailles d’icelle.

Quant aux remedes, & medicaments, qui ſe tirent des eaux, comme les poiſſons, les parties d’iceux, & leurs excremens, les plantes, & autres choſes qui naiſſent & s’amaſſent, tant és lieux maritimes, que Paluds humides : la nature s’eſt monſtrée ſi prodigue & ſi opulente, en la varieté d’iceux, & des facultez qui en prouiennent, qu’il ſemble que ce ſeul Element, eſt plus fertile en la diuerfité de ſes eſpeces, & en la rareté des vertus excellentes, dont ſont doüées les choſes aquatiques que tous les autres Elemens enſemble.

L’eau ſimple potable de toutes fontaines & riuieres, ne doit auoir aucune qualité remarquable aux ſens, ny en gouſt & ſaueur, ny en couleur : Ne doit auſſi eftre peſante, ains legere : car tãt plus elle eſt legere, & plus elle eſt ſaine & profitable à la ſanté. Telle eau eſt incontinent eſchauffée par le feu, & auſſi incontinent refroidie à l’air froid & humide de ſa nature, elle eſt propre a temperer l’ardeur des viſceres, eſchauffez dedans le corps, ou par intemperature ſimple, ou par fievres & obſtructions, à humecter la ſiccité des parties ſolides, aduenuë par la conſomption de l’humeur radical. En fin ceſt le breuuage ordinaire que Dieu a donné, dés le commencement du monde à tous peuples & nations de la terre, & non ſeulement aux hommes, mais auſſi à tous animaux, leſquels ne pourroient ſubſiſter en façon quelconque ſans ceſt Element.

Les autres eaux qui ont quelque qualité remarquable, ou au gouſt, comme celles qui ſont de ſaueur acie, ſallee, poignante, & amere ; ou à la veuë, comme celles qui ſont troubles, de couleur azurée, noire, où tirante ſur le verd, ou qui ſont de ſubſtance groſſiere, ou peſante plus que l’ordinaire de l’eau potable, encores qu’elles ne ſoyent ſalubres, pour l’vſage ordinaire de la vie, à ceux qui ſont ſains ; toutesfois elles ne laiſſent pas d’eſtre profitables, & apporter beaucoup d’vtilité pour la reparation de la ſanté, eſtans hors de leurs limites, & pour la gueriſon des maladies. Tellement que quiconque voudra faire iugement de la vertu & faculté de telles eaux, il eſt beſoin qu’il les compare auec l’eau commune & potable, pour ſçauoir en nos verges de combien de degrez & de qualitez, elle eſt diſtante d’icelle, ſoit en gouſt, ſoit en couleur, ſoit en poids & ſubſtance.

Telles eaux Medicales, Metalliques, & ont eſté remarquées de toute ancienneté, abonder en pluſieurs pays, & ſe remarquent encores tous les iours par la curieuſe obſeruation & nouuelles deſcouuerte que i’en ay faite dans la Hongrie, Allemagne, Boheme, Sileſie, Tirol, Italie, Eſpagne, Eſcoſſe, Suede, & Liege, où i’ay rencontré pluſieurs fontaines incogneues, auſquelles les François meſmes ont eu recours pour la gueriſon de pluſieurs maladies : Et en France i’en ay deſcouuert ſi grande quantité, & en tant d’endroits, qu’il me faudroit vn grand volume entier pour en faire la deſcription : & ſemble veritablement que Dieu l’ayt voulu embellir par deſſus toutes autres regiõs, & la rendre illuſtre par la celebrité de telles fontaines, comme celles que i’ay remarquées en Languedoc, Prouence, Dauphiné, Gaſcongne, Bourdelois, Auuergne, en beaucoup d’endroits du Foreſts, Bourbonnois. Niuernois, en France, Normandie, Bretagne & autres lieux. La deſcription deſquelles i’eſpere en peu de temps mettre en lumiere auec leurs vertus & facultez, & en outre la Methode comme il en faut vſer : car elles ſont de diuerſes qualitez, comme ſalées ou nitreuſes, ou alumineuſes, vitrioleuſes, ou ſulfurées, bitumineuſes, ferrogineuſes, plombeuſes, ou autrement, parce qu’elles rapportent la qualité, ſaueur, & faculté du ſel nitre, de l’alun, du vitriol, du ſouffre, du bitume, du fer, du plomb, & autres.

Les eaux ſalées ſont propres pour les intemperatures froides & humides, & pour les maladies produites d’excez, de froid & humidité, pour les hydropiſies, douleurs de nerfs, cauſées de froid, pour les gouttes, paraliſies, aſthmes, fluxions ſur la poictrine, douleurs & maladies d’eſtomach froides & humides, rumeurs froides & pituiteuſes, & pour la gratelle.

Les nitreuſes ont les meſmes effects, & ſont encores plus fortes, mais toutesfois moins aſtringentes, & plus abſterſiues, guariſſent les grateleux, les vlceres des oreilles, diſcutent les tumeurs, & chaſſent le bruit, le bourdonnement, & tintement d’icelles, diminuent les tumeurs & enflures des eſcrouëlles, & ſont fort purgatiues, ſans violence, & ſans diminuer l’appetit.

Les alumineuſes, ſeruent à ceux qui crachent & vomiſſent ordinairement le ſang, ſont propres aux flus des hemorroides & de la matrice, quand elle eſt extraordinaire : De plus, elles ſont profitables aux femmes qui ſont ſubjectes de perdre leur fruit, & auorter aux ſueurs trop perfuſes & exceſſiues aux varices des jambes, aux paralitiques, & d’autres, qui ont leurs membres mutilez, pource qu’elles ouurent les poroſitez des veines, puis purgent les parties affligées, & par la force de leur chaleur, en chaſſent hors la maladie contraire, ſi bien que les langoureux en ſont ſouuentesfois reſtituez en leur premiere ſanté.

Les vitrioleuſes deſſeichent, & ſont aſtringentes, en detoupant les viſceres, pleins d’obſtructions, & eſchauffez, elles les rafraichiſſent, & ſont propres pour ouurir & deſopiler le foye, la ratelle, les reins, & la veſſie, ouurent les veines de la matrice, & attirent les purgations menſtruelles aux filles & femmes, ouurent les hemorroides, & les reſſerrent auſſi, elles ſont auſſi fort conuenables aux vices & infirmitez de tous les viſceres du ventre inferieur, arreſtent le flux immoderé des femmes, & des hemorroides, purgeant les viſceres de toutes obſtructions, & ſont meſmement propres aux eſcroüelles, à la pierre, grauelle, & aux fieures quartes, & hongariques.

Les ſulfureuſes font propres à reſchauffer les nerfs refroidis, à les ramollir, & en appaiſer les douleurs, mais elles affoibliſſent & fubuertiſſent l’eſtomac, effacent toutes tumeurs, duretez & vices du cuir, ſont fort recommandables pour l’hydropiſie, galepſore, vieux vlceres, défluctions ſur les jointures, tumeurs, & duretez de la ratte, obſtructions du foye, paraliſies, ſciatiques, à toutes gouttes, aux maladies veneriennes, à toutes maladies de poulmons, aux aſthmes, aux toux vielles & recentes, aux catarres, tombans ſur la poictrine, & à toutes apoſtemes & pourritures du corps.

Les bitumineuſes rempliſſent le cerueau de vapeurs, offençant les inſtrumens des nerfs, des ſentimens, eſchauffent & ramolliſſent principalement la matrice, la veſſie, & gros inteſtins, & ſont propres à l’hydropiſie.

Les ferrugineuſes ſont propres à l’eſtomac, à la ratte, aux reins, aux obſtructions deſdicts viſceres, du foye, & de la matrice, purgent les reins, chaſſent la pierre, ouurent les veines de la matrice & des hemorroides, fortifient & roborent les parties par leſquelles elles paſſent.

Les plombeuſes ſont propres aux fieures quartes, aux cancers, aux fiſtules, aux vieux vlceres & malins, à l’elephantie, ou ladrerie, rafraichiſſent fort, & temperent l’ardeur des viſceres.

Celles qui viennent des mines de cuiure, aydent aux gouttes & douleurs de jointures, aux aſthmatiques, nephritiques, vlceres malins & ambulatoires, & aux viels loups.

Celles qui tirent leur ſource des mines d’airain, ſont propres aux maladies des yeux, aux tumeurs de la gorge, & aux amigdales, aux inflammations, & aux vlceres veroliques de la bouche & de la luette abbaiſſée, & relaxée.

Celles qui ſortent des mines d’or fubuiennent aux palpitations continuelles du cœur, aux coliques & inflammations des inteſtins, greſles, fiſtules, gouttes, epilepſie, vertigue, migraine, & auſſi aux vlceres internes.

Celles qui viennent des mines d’argent, ſont propres aux douleurs inueterées de la teſte, aux fols, aux manies, parce qu’elle purge l’humeur groſſiere & viſqueuſe. Elles ſont auſſi fort propres aux demangeſons du corps, aux petites gales, à la puanteur de la bouche, aux catherres, & au tremblement de teſte, & de membres.

Celles qui viennent des mines de Mercure ſont bonnes & ſalutaires à la groſſe verolle, aux vlceres durs & calleux aux nodus, & aux puſtules, reſoluent les tumeurs froides, font tres-bonnes à la paraliſie, aux cancres, & noli me tãgere, & à toutes douleurs de jointures.

Parmy ces diuerſitez d’eaux, il y en a qui ſont mellées & qui participent de pluſieurs metaux, mineraux, & ſemimineraux, & des terres où elles paſſent, & par conſequent elles peuuent produire de grands effects aux maladies, qu’vn vray Philoſophe Chimique peut recognoiſtre par leurs eſpreuues, leſquelles i’eſpere monſtrer en mon grand Laboratoire des Dieux & Deeſſes, que ie mettray en bref, comme ie croid auec la grace de Dieu, en lumiere, pour le contentement des vrais Philoſophes, & amateurs des ſecrets de Nature, de tous les metaux, animaux & vegetaux.

Quoy qu’il en ſoit (Monseignevr) & quelque proprieté qu’ayent les choſes du monde, ie dis pour la concluſion de ce traicté, que Omnis res procedit ab illo, qui eſt ſumma, & vltima ſcientia, ſcilicet à Deo viuo, verò, & benedicto, cui ſit honor, & gloria per infinita ſæcula,

Amen.



PASSEPORT DE LA
Sacrée Majeſté Imperialle au ſieur Iean du Chaſtelet, Baron de Beauſoleil, pour reuenir en France.


NOs Ferdinandus ſecundus Dei gratia Electus Romanorum Imperator, ſemper Auguſtus, Germaniæ, Hungariæ, & Bohemiæ Rex Archidux Auſtriæ, Dux Burgundiæ, Steinkarendten, Vvirtz Burghi ſuperioris ; [illisible] & ſuperioris Sileſiæ, Marchio Morauiæ Comes in Hapſburgh Tirol &c. Omnibus & ſingulis L L. N. N. Electoribus, tam ſæcularibus, quàm Eccleſiaſticis ; Comitibus, Baronibus, Nobilibus, Militibus, clientibus, Ciuibus, Burgenſibus ſacri Romani Imperij Præcipue vero, tributorum, vectigalium, quæſtionum quarumcumque præſidibus, exactoribus, vt & eorum officiarijs, miniſtriſue, ad quem vel ad quos, hoc ſimbolum itinerarij libelli (quod vulgò paſſeport vocamus) defertur, vel legendum porrigitur fauorem impartimur.

Venerabiles igitur, & illuſtres Electores, Principes generoſi Comites, Barones ſtrenui, nobiliſſimi reuerendi, chariſſimi, & fideliſſimi : Notum vobis facimus. L. L. N. N. Et declaramus quod quidem adhuc menſe Septembris elapſo anno milleſimo ſexcenteſimo vigeſimo nono, porrectorem huius, chariſſimum, & fideliſſimum noſtræ Domin. Joannem du Chaſtelet, Baronem de Beauſoleil, ex humillima eius coram nobis comparatione, oblationeque officiorum ac ſeruitij, cum ſingulari ei indulta, & demandata commiſſione, in Regnum noſtrum Hungariæ obligauerimus, commiſſarium conſtituerimus, ad Mineralia clementer deputauerimus ; Vtque huic Maximo operi, majori cum fructu, & commodo præfici, præeſſe, ac prodeſſe poſſet, inſigni honoris inſuper titulo, conſiliarij ſcilicet noſtra Majeſtatis donauerimus & condecorauerimus ex ſingulari gratia ac effectu. Quoniam vero poſt expeditionem illam feliciter in effectum deductam, prænominato Baroni non placuerit ad aliam nouam, hoc tempore turbulento, hic ſe accingere, ſed licentiam à noftra Cæſarea Majeſtate ad tempus explorauit, conſequenter implorarit ad alia regna, & loca inuiſenda : & ob id litteras testimoniales, ac commendatitias nostræ Imper. Majestatis (quas ſibi omnino neceſſarias ad hoc iter feliciter perficiendum ſupplicatus) obſequentiſſime, & humillime ſibi communicari, & indulgeri rogarit, honeſtæ huic illius petitioni deeſſe nõ voluimus, verum voti eum compotem fore clementer decreuimus. Petimus proinde & abſentes rogamus, L. L. N. N. nostris autẽ ſubjectis ſeuere mãdamus, vt ſupradictum Baronem de Chastelet, Conſiliariũ in noſtrum, Commiſſarium mineralium) vnà cum ſuis Satellitibus, vxore, liberis, equis, & ſimilib°, omniq; ſupellectile, per loca iuridiſctioni veſtra ſubiecta, quam fieri ea res potest commode, cõmunicatione nempe curruum, equorum &c. tranſitum liberum, é à predonibus immunẽ cõcedatis, vectigalibusque, datijs, ac tributis, ratione ſui, ſuorumque ac bonorum, non grauetis, vel granari curetis, quo eò facilius, & maturius cum Reipublicæ, ſui ſuorũq; bono, iter, cui ſe tã accinxit, abſoluere queat, facietis hac in re L. L. N. N. quod nobis gratũ exoptabile l. l. n. n. Nostro Imperio verò ſubiecti, mandato & intentioni noſtræ clementiſſimæ debité ſatisfacient. Datvm Viennæ, vigeſimo nono Martii ; anno milleſimo ſexcenteſimo trigeſimo, Imperij nostri Allemanici vndecimo, Hungarici duodecimo, Romani decimo tertio. Sic ſignatum, Ferdinandus manu propria, & inferius ſcribitur, Ad mandatum Electi Domini Imperatoris proprium, Maximilianus Brenner, Petrus Oſoffma, cum ſigillo.


PASSEPORT DV
Sereniſſime Prince d’Orange, au ſieur du Chaſtelet, & à ſa femme, reuenants du ſeruice de l’Empereur pour s’en aller en France, auec cinquante Mineurs Allemans, & dix Hongrois.


FRANCOIS HENRY, par la grace de Dieu Prince d’Orange ; Comte de Naſſau, Moeurs, Bueren, Leerdams, Marquis de la Veere, & Bliſſingues, Seigneur & Baron de Breda, Dieſts, Gouuerneur de Gueldres, Holande, Zelande, Weſtfriſe, Capitaine general, & Admiral des Prouinces vnies des païs bas.

S’en allant le ſieur Iean du Chaſtelet Baron de Beauſoleil Commiſſaire general des mines de Hongrie, & Conſeiller de ſa ſacrée Majeſté Imperiale, auec ſa femme, ſes enfans, ſeruiteurs ; ſeruantes, hardes, & bagage, d’icy par le Brabant en France.

Nous ordonnons à tous Officiers, gens de guerre tant à pied comme à cheual, & à tous autres eſtans au ſeruice de ceſdites Prouinces vnies, & ſoubs noſtre charge & commandement, de le laiſſer librement & franchement paſſer, comme dit eſt, & apres s’en retourner par ces Prouinces, ou tel autre chemin que bon luy ſemblera, en Allemagne, ſans en ce à luy, ny aux ſiens donner, ou faire ſouffrir eſtre donné, ou faict aucun empeſchement, trouble, ou deſtourbier, ains au contraire, toute aide, faueur & aſſiſtance requiſe, pourueu qu’il ne ſe face rien au preiudice de cet Eſtat, ſous pretexte de ce paſſeport, qui durera l’eſpace de trois mois. Faict à la Haye ce quatorzieſme d’Octobre, mil ſix cens trente. Signé François Henry de Naſſau. Et plus bas, par ordonnance de ſon Excellence Iunius, & ſcellé des Armes de ſon Excellence.




Commißion de Monſieur le Mareſchal Deffiat, pour faire la recherche des mines & minieres de France.



ANthoine de Ruzé Marquis Deffiat, Conſeiller du Roy en ſes Conſeils, Cheualier des Ordres de ſa Majeſté, Superintendant general des Finances & des mines & minieres de France : Au ſieur Iean du Chaſtelet ſieur & Barõ de Beauſoleil Salut, noſtre [illisible] conforme à l’intention de ſa Majeſté eſtant de deſcouurir, faire valoir & tirer vtilité au bien & accroiſſement de l’Eſtat & du ſeruice de ſa Majeſté, de toutes les mines & minieres de ce Royaume inutiles ou de peu de fruit iuſques à preſent : Et ayant eſté deuëment informez par rapport de l’eſtude & recherche tres-exacte & particuliere que vous auez touſiours faicte pour acquerir la cognoiſſance de la Nature de tous metaux & mineraux, & notamment des lieux & matrices qu’ils ſe tirent en ce Royaume, que par cette eſtude vous eſtes paruenu à cette cognoiſſance tres parfaicte, auez deſcouuert tous les lieux où leſdites mines ſont plus abõdãtes en ce Royaume, & quelles ſont les meilleures, les plus vtiles, & les plus faciles à ouurir & deſcouurir. Et encores que par eſſay tres-certain vous pouuez cognoiſtre la qualité & degré de bonté deſdits metaux & mineraux. A ces causes, & autres particulieres conſiderations, Nous en vertu du pouuoir à nous donné par ſa Majeſté : Vous auons commis, ordonné & deputé, commettons, ordõnons, & deputõs par ces preſentes pour vous trãſporter en tous les lieux & Prouinces de ce Royaume eſquels vous iugerez & ſçaurez eſtre leſdites mines & minieres de quelque nature qu’elles ſoient, les ouurir & faire ouurir entierement, des matieres ſuffiſamment pour les eſſais, faire leſdits eſſais, & recognoiſtre feulemẽt à cette fin dreſſer forges & fourneaux, y tenir des vſtancilles neceſſaires, à employer, & vous ſeruir en tout ce que deſſus, de telles & tãt de perſonnes qu’il verra bon eſtre. Ce fait nous donner fidel aduis des lieux & natures deſdites minieres, & de l’vtilité qui s’en pourra tirer ; afin d’en reſoudre & arreſter par apres ce que nous verrons à l’auantage des affaires de ſa Majeſté : vous en donnant plain pouuoir & mandement ſpecial, priant & requerant à cette fin tous Gouuerneurs des Prouinces, Baillifs, Seneſchaux, Preuoſts, Iuges & autres Officiers du Roy, Monſeigneur, generalement qu’ils ayent à vous laiſſer libre en l’execution plaine, entiere, paiſible de tout ce que deſſus, circonſtances & dependances, & ce nonobſtant tous autres pouuoirs par nous donnez que nous voulons ne prejudicier à ces preſentes, auſquelles en foy de ce : Nous auons faict mettre le ſeel de nos Armes, & les auons ſignées de noſtre main. A Paris le dernier iour de Decembre mil ſix cens vingt-ſix, & ſeellé ainſi ſigné Anthoine de Ruzé, & au bas eſt eſcrit par mondit ſeigneur. Signé Ferrier.

Les preſentes ont eſté regiſtrées és regiſtres de la Cour ſuiuant l’arreſt par elle ce jourd’huy donné à Thoulouſe en Parlement le huictieſme de Iuillet mil ſix cens vingt-ſept, ſigné Demalenfant.

Regiſtrées ſuiuant l’arreſt huy donné à Bordeaux, en Parlement, le douzieſme Iuin mil ſix cens vingt ſept, ſigné Defaux.

Les preſentes ont eſté enregiſtrées és regiſtres de la Cour de Parlement de Prouence, pour en jouir par l’impetrant aux qualitez contenues en l’arreſt ſur ce donné par ladite Cour ce iourd’huy dixieſme Decembre mil ſix cens vingt-ſept, ſigné Eſtienne.


Lettres d’atache du Roy ſur la Commißion de Monſieur le Mareſchal Defiat.


LOvis par la grace de Dieu, Roy de France & de Nauarre, A nos Amez & ſeaux Conſeillers les gens tenans nos Cours de Parlement de Paris, Rouen, Dijon & Pau, & à tous autres nos Iuſticiers & Officiers qu’il appartiendra ſalut, doutant que fiſſiez difficulté de faire regiſtrer la Commiſſion emanée de feu noſtre tres-cher couſin le ſieur Mareſchal Defiat Intendant des mines & minieres de France, du dernier Decembre mil ſix cens vingt-ſix, & ſuiuant icelle ſouffrir à noſtre cher & bien-amé le ſieur du Chaſtelet Baron du Beauſoleil, faire la recherche & deſcouuerte deſdites mines & minieres dans vos reſſorts, ledit ſieur de Beauſoleil occupé à ladite recherche & deſcouuerte és reſſorts de nos autres Parlemens, ne vous l’ayant preſentée dans l’an d’icelle, & du viuant dudit ſieur Defiat, de l’aduis de noſtre Confeil, qui a veu noſtre Commiſſion, Arreſts de verification en nos Cours de Parlement de Bordeaux, Thoulouze, Prouence, Rennes, ayans les certificats de la deſcouuerte qu’il y a faite de pluſieurs deſdites mines & minieres & preuues d’icelles, attachez ſoubs le Contreſeel de noſtre Chancellerie. Vous mandons, ordonnons & à chacun de vous en droict ſoy, ainſi qu’il appartiendra tres-expreſſement enioignons que la ſuſdite Commiſſion dudit feu ſieur Defiat vous avez à faire regiſtrer, & ſuiuant icelle ſouffrir & permettre audit ſieur de Beauſoleil ſe tranſporter en tous les lieux & endroicts, de voye, reſſorts eſquels il iugera & ſçaura eſtre leſdites mines & minieres de quelque nature qu’elles ſoiẽt, les ouurir & faire ouurir, en tirer des matieres ſuffiſamment pour faire les eſſais & recognoiſſances, auſſi dreſſer forges & fourneaux, & y tenir les vſtancilles neceſſaires employer & ſe ſeruir de telles & de tant de perſonnes qu’il aduiſera ainſi qu’il a eſté faict eſdits reſſorts de Bordeaux Thoulouze, Prouence & Rennes, pour du tout nous donner par luy fidel aduis des lieux & natures deſdictes mines & minieres & l’vtilité qu’il s’en pourra tirer, affin d’en ordonner cy apres ainſi que nous aduiſerons conformement à ladicte commiſſion que voulons ſortir ſon plain & entier effet & laquelle à cete fin nous auons confirmée & continuée par ces preſentes pour ce ſignées de noſtre main, ceſſant & faiſant ceſſer tous troubles & empeſchemens au contraire nonobſtant laditte ſurennation, oppoſition ou appellations quelconques, dont ſi aucunes interviennent, Nous retenons & reſeruons la cognoiſſance à nous & à noſtre Confeil, & icelle interdite à toutes nos Cours & Iuges quelconques Edits, Ordonnances, Mandements, defences priuileges de Paris, clameur de Haro, Chartres & lettres à ce contraires : Auſquelles nous deſrogeons, commandons au premier noſtre Huiſſier, Sergent, ou Archer faire pour l’execution des preſentes tous ſes exploicts, ſignifications & contraintes neceſſaires, ſans demander congé ne pareatis : Car tel eſt noſtre plaiſir. Donné à Paris l’vnzieſme iour d’Aouſt, l’an de grace mil ſix cens trente deux. Et de noſtre regne le vingt-trois. Signé Lovis, par le Roy, de Lomenie, ſeellé de cire jaune.




Seconde Commißion pour continuer la recherche des Mines.


CHarles de la Porte ſieur & Marquis de Lamelleraye, Conſeiller du Roy en ſes Conſeils d’Eſtat & Priué, Cheualier des Ordres de ſa Majeſté, Lieutenant general au gouuernement de Bretagne, exerçant la charge de Capitaine general, & grand Maiſtre de l’artillerie, grand Maiſtre & ſur-Intendant general des Mines & Minieres de France, Au ſieur lean du Chaſtelet, Baron du Beauſoleil, Conſeiller d’Eſtat de l’Empire, Cheualier de l’Ordre ſainct Pierre le Martyr, & du ſainct Office, ſalut Comme par lettres du feu ſieur Mareſchal Defiat, Confſiller de ſa Majeſté en ſes Conſeils d’Eſtat & Priué, Cheualier de ſes Ordres, ſur-intendant des Finances & deſdites Mines & Minieres, du dernier iour de Decembre mil ſix cens vingt-ſix, regiſtrées és Cours de Parlement de Thoulouſe, Bourdeaux, Prouence & Bretagne, & en noſtre Greffe, Vous ayez eſté commis & deputé pour faire generale recherche des Mines & Minieres de ce Royaume, païs, terres & ſeigneuries de l’obeïſſance de ſa Majeſté, à quoy vous ayez vaqué auec telle affection & diligence à vos propres couſts & deſpens, que vous auez trouué & deſcouuert nombre de mines d’or & d’argent, plomb, & autres metaux, mineraux, & ſemimineraux, meſmes des pieres precieuſes, tant fines que communes, deſquelles il peut reuenir grande vtilité à ſa Majeſté & à la choſe publicque pour auoir l’ordre du trauail, deſquelles mines vous faites à preſent vos diligences : Et d’autant que nous ſommes aduertis qu’en faisãt voſtre recerche deſdites mines, vous auez trouué pluſieurs perſonnes qui les trauaillent & font trauailler ſecrettemẽt, & la plus part à l’heure de nuit sãs aucune permiſſion de ſa Majeſté, ny de nous, & de ceux qui ont eu noſtredicte charge, & de noſtredict Lieutenant General, & vendant la terre ou pierre deſdites mines aux eſtrangers, qui fruſtrent la France des profits de la fonte & affinement d’icelles : Novs a ces cavses, attendant qu’il aye pleu à ſa Majeſté Nous ordonner de pouruoir à l’ordre du trauail deſdites mines ſur les propoſitions qui en ont eſté par vous faictes à plain confians en voſtre capacité & experience au fait deſdits trauaux des mines, affection & fidelité au ſeruice de ſa Majeſté & du public, Vous auons en conſequence de la Commiſſion dudit feu ſieur Mareſchal Defiat de nouueau commis & deputé, commettons & deputons par ces preſentes, pour continuer la recherche & perquiſition generale deſdites mines & minieres, metaliques & non metalliques de quelque matiere, qualité, & condition qu’elles ſoient, dont il peut reuenir de l’vtilité à ſa Majeſté en toute l’eſtẽduë de ce Royaume, païs, terres & ſeigneuries de ſon obeïſſance, & les ayans trouuées dreſſées, bons & fidels procés verbaux en preſence & aſſiſtance des Officiers des lieux, ou autres perſonnes publicques, de la qualité, nature & valeur deſdites mines, en tirer des eſchantillons pour en faire les Eſſais pour ce faict & rapporte pardeuers nous efſre ordonné ce que de raiſon. Si vovs mandons & commettons auſſi par ces preſentes de faire ſaiſir & mettre ſoubs la main de ſa Majeſté ; par le premier Huſſier ou Sergent ſur ce requis, & à leur defaut par lean le Meſle Georges Bouchery Archers deſdites mines, & minieres, qu’à ce faire nous auons commis & commettons toutes & chacunes les mines & minieres de ce Royaume, de quelque nature, qualité & condition qu’elles ſoient, auec les inſtrumens ſeruants au trauail d’icelles, & tout ce qui en depend, que Vous trouuerez eſtre ou auoir eſté ouuertes & trauaillées ſans expreſſe permiſſion de ſa Majeſté ou de nous, noſdits predeceſſeurs, ou noſtre Lieutenant general & ſans auoir payé les droits de la Couronne, & faire donner aſſignation auſdits delinquants & à tous oppoſans à l’execution des preſentes deuant Nous ou noſtre Lieutenant General ou Officiers par luy ſubrogez au ſiege de l’Admirauté, mines & minieres de France, proche la grande ſalle du Palais, pour ſe voir condamner au payement des droits de ſa Majeſté : Et aux peines tant ciuiles que criminelles portées par les Edits & Ordonnances, Loix, Statuts & Reglemens deſdites mines, faire commandement à tous Greffiers, Notaires, Sergents & autres perſonnes publiques ou particulieres qui ſont ſaiſies d’aucuns tiltres, papiers, & enſeignements des ouuertures & trauaux qui ont eſté faicts deſdites mines d’ancienneté, ou depuis peu, de les exhiber & repreſenter l’Huiſſier, Sergent Royal, ou Archer deſdites mines, qui ſera porteur des preſentes, pour en eſtre faict extraicts deuëment collationnez, & en cas de refus ou delay, les aſſigner pardeuant Nous, ou noſtredit Lieutenant General audit lieu, pour en dire les cauſes, & le voir condamner en tous les deſpens, dommages, & intereſts du diuertiſſement ou retardement des droits de ſa Majeſté, & cependant pour eſuiter au deperiſſement deſdites mines, & conformement à l’ordre du Roy François premier de l’an mil cinq cens cinquante ſept, vous permettons de faire mestre celles deſdites mines en trauail, qui ſont exploitées ſans permiſſion vallable ou abandonnées, à la charge de nous en faire aduertir ou noſtredit Lieutenant General pour en auoir permiſſion particuliere dans trois mois apres, & ce ſuiuant les termes de l’art, nonobſtant oppoſitions ou appellations quelconques, pour leſquelles ne ſera differé a ce que les droits de ſa Majeſté y puiſſent eſtre perceus. De ce faire, Vous donnons pouuoir, authorité, commiſſion & mandement ſpecial par ces Preſentes, en vertu du pouuoir à nous donné par ſadite Majeſté : Mandons & commandons à tous ceux ſur leſquels noſtre pouuoir s’eſtend qu’à vous en ce faiſant, ils entendent & obeïſſent, Prions et reqverons tous Gouuerneurs & Lieutenans Generaux pour ſa Majeſté, és Prouinces Gouverneurs, Capitaines des places particulieres, Iuges, Officiers, Conſuls, Capitouls, Maires, Eſcheuins, & autres perſonnes de Commandement, de Vous preſter ayde, ſecours & main forte, en eſtant requis, à ce que la force demeure au Roy, offrant faire le ſemblable pour eux lors que requis en ſerons. En teſmoin dequoy Nous auons fait mettre & appoſer le ſeel de la Iuriſdiction Royale deſdites mines & minieres, & ſigné par noſtre Greffier, A Paris, le dix huictieſme iour d’Aouſt mil ſix cens trente quatre. Signé Aubry.

Les preſentes ont eſté regiſtrées en la Cour és regiſtres, ſuiuant l’Arreſt par elle ce iourd’huy donné à [illisible] en Parlement le vingt cinquieſme Septembre mil ſix cens trente quatre, ſigné de anuhac.

Regiſtrées ſuiuant l’Arreſt huy donné [illisible] en Parlement le quinzieſme Feurier mil ſix cens trente cinq, ſigné de Fau.

Le Seigneur d’Alincourt Marquis de Villeroy, Vicomte de la foreſts Thaumier, &c. Cheualier des Ordres du Roy, Conſeiller en ſes Conſeils d’Eſtat & Priué, Capitaine de cent hommes d’armes de ſes Ordonnances, Gouuerneur & Lieutenant general pour ſa Majeſté en la ville de Lion, pays de Lyonnois, Foreſts & Beaujolois.

Veu les Lettres du Roy, parleſquelles ſa Majeſté veut que le ſieur du Chaſtelet Baron de Beauſoleil face la recherche & deſcouuerte des mines & minieres de France : Nous en tant qu’à nous eſt, l’y auons permis & permettons de ce faire en l’eſtenduë de noſtre Gouuernement : Mandons & ordonnons à tous Officiers du Roy & autres dans l’eſtenduë de noſtredicte charge de l’y donner pour ce toute aſſiſtance, ſuiuant la volonté de la Majeſté. Fait à Viury le quatrieſme d’Octobre mil ſix cens trente-cinq. Signé, & plus bas par mondit Seigneur Du Muy Halincourt, & ſeellé de ſes Armes.


Le Comte de Tournon & de Rouẞillon Cheualier des Ordres du Roy, Conſeiller en ſes Conſeils, Capitaine de cent hommes d’armes de ſes Ordonnances, Mareſchal de ſes Camps & armées, &c. Lieutenant general en Languedoc.


VEv les Lettres du Roy, par leſquelles ſa Majeſté veut que ledit ſieur du Chaſtelet, Baron de Beauſoleil face la recherche & deſcouuerte des mines & minieres de France : Nous en tant que nous eſt, luy auons permis & permettons de ce faire en l’eſtendue de noſtre charge, mandons & ordonnons à tous Officiers du Roy, & autres dans l’eſtenduë de noſtre-dicte charge de luy donner pour ce toute aſſiſtance ſuiuant la volonté de ſa Majeſté. Fait en noſtre chaſteau de Tournon, le huictieſme iour de Nouembre mil ſix cens trente cinq. Signé, Tournon. Et plus bas par Monſeigneur, Parmentier, & ſeellé de ſes Armes.




Le grand Prieur de Champagne Mareſchal des Camps armées du Roy, Intendant general de la Nauigation & commerce de France, Gouuerneur pour ſa Majeſté de Brouage, la Rochelle, pays Daulnis & Iſles adjacentes.


VEv par Nous coppie deuëment collationnée des Lettres patentes de ſa Majeſté, du vnzieſme Aouſt mil ſix cens trente & deux portant Commiſſion auſieur Baron de Beauſoleil de ſe tranſporter par tout le Royaume, afin de vacquer à la deſcouuerte des mines, Coppie pareillement collationnée d’vne Commiſſion de Monſieur le grand Maiſtre de l’Artillerie, mines & minieres de France, addreſſantes au dit ſieur Baron de Beauſoleil à l’effect que deſſus, en date du dix-huictieſme Aouſt mil ſix cens trente quatre : Nous, en tant qu’à nous eſt, auons conſenty & conſentons l’execution deſdites Lettres & Commiſſion par toute l’eſtenduë de noſtre Gouuernement. Faict à la Rochelle ce ſeizieſme May mil ſix cens trente ſept, Signé, le Commandeur de la Porte. Et plus bas par Monſeigneur, Guibourt, & ſeellé de ſes armes.

Que Dieu faſſe pleuuoir, ou ne le faſſe pas,
Il ne peut contenter tous les hõmes ça bas.


FIN.
PRIVILEGE
du Roy.


LOVIS par la grace de Diev Roy de France et de Navarre. A nos Amez & feaux Confeillers, les gens tenans nos Cours de Parlement, Bailliſs, Seneſchaux, Preuoſts, leurs Lieutenans & autres nos Iuſticiers & Officiers qu’il appartiendra, ſalut. Nos bien amez le Sieur Baron de Beauſoleil, & la Dame ſa femme, nous ayant remonſtré qu’ils ont compoſé vn liure des deſcouuertes des Mines & Minieres qu’ils ont fait de noſtre authorité en noſtre Royaume, & par l’ordre de noſtre grand Maiſtre & ſur-Intendant General des Mines, & du liure intitulé la Restitvtion de Plvton, lequel faiſant cognoiſtre à nos ſubiects & aux Eſtrangers que la France eſt remplie de tous les metaux & mineraux qu’on ſçauroit ſouhaiter, il eſt neceſſaire qu’il ſoit imprimé. Nous ayant à ceſte fin les expoſants fait tres humblement ſuplier leur accorder nos Lettres de Priuilege & permiſſion de faire imprimer ledit liure, & defences à tous Libraires d’en entreprendre l’impreſſion. A ces cavses Nous auons auſdits expoſans permis & permettõs par ces preſentes de faire imprimer le ſuſdit liure, vendre & debiter iceluy pendant ſept ans, à la charge d’en mettre deux exemplaires en noſtre Bibliotheque, & vn és mains de noftre tres-cher & feal Cheualier le Sieur Seguier Dautry Chancellier de France : Faiſons deffences à tous Libraires & Imprimeurs, & tous autres d’imprimer ou faire imprimer ledit liure, ny le vendre pendant ledit temps de ſept ans, que par le conſentement des Expoſans, ou celuy ou ceux qui auront charge d’eux, à peine de mil liures d’amende, & de confiſcation des exemplaires, deſpens, dommages, & intereſt enuers les Expoſans, & ladite amende applicable moitié à nous, & l’autre moitié au denonciateur. Voulons qu’au vidimus des preſentes qui ſera inſeré audit liure, foy ſoit adiouſtée comme à l’original d’icelles. Mandons au premier noſtre Huiſſier ou Sergent ſur ce requis faire pour l’execution des preſentes tous exploits requis & neceſſaires, ſans que pour ce il ſoit tenu demander autre congé ne permiſſion : Nonobſtant toutes choſes à ce contraires : Car tel eſt noſtre plaiſir. Donné à Paris le vingtieſme iour d’Auril, l’an de grace mil ſix cens quarante, & de noſtre regne le trentieſme. Par le Roy en ſon Conſeil.

Matharerl.